Le faible niveau de diversification 茅conomique de l'Afrique est un facteur majeur de la fragilit茅 茅conomique du continent. En outre, la pand茅mie de la COVID-19 a amplifi茅 les risques de d茅pendance excessive des pays 脿 l'茅gard d'une seule ressource naturelle comme le p茅trole.
L'Afrique est dot茅e d'abondantes ressources naturelles, y compris des min茅raux, et les b茅n茅fices de leur exportation constituent une source majeure de revenus pour de nombreux pays.
L'Alg茅rie, l'Angola, la Libye et le Nigeria produisent ensemble une part importante du p茅trole brut mondial ; l'Afrique du Sud et plusieurs autres pays africains sont une source majeure de la production mondiale d'or.
Le Botswana, la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC) et la Sierra Leone sont des sources importantes de diamants. D'autres min茅raux strat茅giques tels que le chrome, le coltan, la bauxite et le mangan猫se se trouvent dans plusieurs pays africains. En outre, le continent produit une bonne partie des bois durs tropicaux du monde, du caf茅, du cacao et du caoutchouc.
Le fait de d茅pendre d'une seule activit茅 茅conomique ou d'une gamme 茅troite d'exportations et d'importations est pr茅judiciable 脿 une 茅conomie nationale. Les Nations unies ont fortement d茅conseill茅 aux pays africains de trop d茅pendre des produits de base issus de l'industrie extractive et leur ont conseill茅 de diversifier leur base 茅conomique.
La Banque mondiale pr茅voit qu'en raison de la pand茅mie de la COVID-19, les 茅conomies d'Afrique subsaharienne pourraient conna卯tre une r茅cession, la croissance du PIB devant passer de 2,4 % en 2019 脿 une fourchette comprise entre -2,1 % et -5,1 % en 2020.
Dans un document intitul茅 "African Competitiveness : Qu'est-ce que les ressources naturelles ont 脿 voir avec cela ? Shanta Devarajan, un ancien 茅conomiste de la Banque mondiale, James Cust et Pierre Mandon, 茅galement 茅conomistes, ont soutenu que les ressources naturelles ne sont pas n茅cessairement 脿 l'origine de la traditionnelle 芦听maladie hollandaise听禄 (le paradoxe d'une ressource naturelle qui nuit 脿 l'茅conomie g茅n茅rale d'un pays ou encore la mal茅diction des mati猫res premi猫res) ; ils affirment plut么t que les ressources naturelles entra卯nent un boom des d茅penses publiques qui, 脿 son tour, affecte consid茅rablement la comp茅titivit茅.听
La th茅orie de M. Devarajan explique pourquoi la mal茅diction des ressources a 茅t茅 omnipr茅sente dans les 茅conomies africaines.
Son article - et d'autres documents de recherche sur le sujet - a 茅t茅 publi茅 par le Consortium pour la recherche 茅conomique en Afrique (AERC), une institution de recherche et de renforcement des capacit茅s.
L'objectif de l'AERC est de mettre les d茅cideurs politiques africains au courant des connaissances mondiales sur la mani猫re de g茅rer les ressources naturelles dans des conditions durables.
L'Afrique a fait des progr猫s socio-茅conomiques au cours des deux derni猫res d茅cennies, mais une diversification 茅conomique aurait aid茅 脿 construire des bases plus solides pour un d茅veloppement rapide. Les 茅conomies qui ne sont pas diversifi茅es ont connu un d茅clin de la croissance, accompagn茅 d'une faiblesse des institutions, ainsi que d'un ralentissement des efforts de transformation structurelle et 茅conomique.
Les 茅conomies affaiblies faute de diversification pourraient ressentir les effets des crises mondiales telles qu'une pand茅mie. La faiblesse des syst猫mes de sant茅 et sont des pr茅occupations majeures dans les r茅gions sous-d茅velopp茅es.听
, un organisme de politique et de recherche ax茅 sur le d茅veloppement durable, souligne que "les nations africaines font partie de celles qui sont prises au d茅pourvu [par la pand茅mie], contraintes par la faiblesse chronique des infrastructures sanitaires et la d茅pendance 脿 l'茅gard des cha卯nes de valeur mondiales".
L'IIED avertit en outre que la d茅pr茅ciation des devises due 脿 l'augmentation des d茅ficits des comptes courants cr茅era des difficult茅s pour les pays qui d茅pendent fortement des importations de produits alimentaires et de p茅trole.
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La diversification 茅conomique apr猫s la COVID-19
Par cons茅quent, les pays, en particulier ceux qui sont les plus expos茅s, doivent mettre en 艙uvre des politiques et des strat茅gies fond茅es sur des donn茅es probantes qui favorisent la diversit茅 茅conomique.
L'une de ces strat茅gies est l'inclusion financi猫re, motiv茅e par la r茅volution num茅rique, pour favoriser l'int茅gration des march茅s et des activit茅s de production 脿 un co没t de transaction beaucoup plus faible. Les plateformes num茅riques peuvent 茅galement stimuler la productivit茅 agricole gr芒ce 脿 des paiements rapides pour les produits, au partage d'informations et aux activit茅s agro-industrielles.
La recherche et l'innovation doivent jouer un r么le essentiel dans le renforcement de la r茅silience 茅conomique.
Une autre strat茅gie consiste 脿 supprimer les obstacles restrictifs au commerce, notamment intra-africain, ainsi qu'au commerce avec d'autres r茅gions. Les obstacles au commerce comprennent des politiques d'importation et d'exportation lourdes, des taxes commerciales et des proc茅dures douani猫res compliqu茅es. Heureusement, la mise en 艙uvre de la zone de libre-茅change continentale africaine (AfCFTA) devrait permettre de lever ces obstacles.
En outre, l'augmentation de la fabrication locale, notamment par les agro-industries, permettra de rem茅dier aux perturbations caus茅es par une d茅pendance excessive 脿 l'茅gard des importations de denr茅es alimentaires en provenance de l'ext茅rieur du continent. Chaque pays peut optimiser son avantage comparatif et son expertise.
Le renforcement des capacit茅s institutionnelles et le recours aux ressources renouvelables sont des mesures que les pays peuvent prendre. Les 茅nergies renouvelables contribueront 脿 r茅duire l'exploitation des mati猫res premi猫res utilis茅es pour produire de l'茅nergie par les centrales 茅lectriques au gaz et au p茅trole.
Ces strat茅gies n茅cessitent une augmentation des investissements et une injection de capitaux - du secteur priv茅, du secteur public et des investissements directs 茅trangers - dans une s茅rie de d茅veloppements 茅conomiques et infrastructurels qui r茅duiront les co没ts de transaction et offriront un espace au secteur priv茅 pour faire des b茅n茅fices.
Il est conseill茅 d'adopter une approche progressive dans la mise en 艙uvre pour r茅sister aux chocs des crises futures.
Il est vrai que plusieurs pays africains ont adopt茅 des visions strat茅giques pour le d茅veloppement. Toutefois, certains n'ont pas r茅ussi 脿 mettre en 艙uvre des politiques et des strat茅gies appropri茅es pour mettre en 艙uvre leurs visions, perdant ainsi la confiance des citoyens et du secteur priv茅.
L'importance de la diversification 茅conomique et de la transformation 茅conomique structurelle n'est plus un sujet 脿 d茅bat. Le maintien du statu quo dans le cadre de la reprise post-pand茅mique ne fera que renforcer les difficult茅s 茅conomiques.
La question essentielle est de savoir 脿 quelle vitesse les pays peuvent formuler et mettre en 艙uvre des politiques pour favoriser une reprise rapide et se pr茅munir contre une fragilit茅 future. L'histoire a montr茅 qu'il est facile d'introduire des r茅formes pendant une crise comme celle que nous traversons actuellement. L'Afrique doit agir rapidement.
Le professeur Njuguna Ndung'u est professeur associ茅 d'茅conomie 脿 l'universit茅 de Nairobi, au Kenya, et a 茅t茅 gouverneur de la Banque centrale du Kenya de mars 2007 脿 mars 2015.
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