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Afrique Renouveau : Comment la Banque mondiale aide-t-elle des pays comme le Kenya et d'autres 脿 vaincre et 脿 faire face 脿 l'impact de la pand茅mie COVID-19 ?

M. Jaramillo : Nous nous sommes attach茅s 脿 aider des pays comme le Kenya 脿 r茅pondre 脿 la pand茅mie COVID-19 par un effort mondial massif. Au cours des trois premiers mois de la pand茅mie, nous avons pu approuver rapidement 100 cr茅dits d'urgence pour la sant茅 dans 100 pays, dont le Kenya, la Somalie, l'Ouganda et le Rwanda.

Pour le Kenya en particulier, nous avons effectu茅 脿 la mi-mars un d茅caissement d'urgence tr猫s rapide au titre d'un projet en cours de 10 millions pour que le gouvernement commence imm茅diatement 脿 acqu茅rir des kits de test, des 茅quipements de protection individuelle (EPI), des r茅actifs de laboratoire et d'autres fournitures essentielles. Cela a permis au Kenya d'adapter les installations pour l'isolement et d'autres actions d'urgence. D茅but avril, nous avons approuv茅 un premier pr锚t de 48 millions de dollars pour compl茅ter les besoins de financement du minist猫re de la sant茅 et de l'ensemble du syst猫me de sant茅.

La crise s'茅tant aggrav茅e et ayant affect茅 l'茅conomie au sens large et les moyens de subsistance des populations, nous avons d茅clench茅 la deuxi猫me 茅tape, qui consiste en un cr茅dit concessionnel d'un milliard de dollars pour aider le gouvernement 脿 continuer 脿 financer ses op茅rations et 脿 fournir des services publics. En outre, nous avons augment茅 les allocations de la Banque mondiale aux programmes de protection sociale au Kenya.

Nous continuons 脿 soutenir l'initiative Inua Jamii qui aide les familles pauvres, les orphelins et les personnes 芒g茅es. Quelque 1,1 million de familles kenyanes ont b茅n茅fici茅 de ce programme. Nous voulons donner la priorit茅 au soutien aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME), qui fournissent des emplois et des moyens de subsistance 脿 de nombreux Kenyans ordinaires.

Qu'en est-il de la relance? Comment la Banque mondiale pourrait-elle aider ?听

Il y a trois grandes priorit茅s pour le Kenya qui, je pense, sont 茅galement tr猫s pertinentes pour le reste de l'Afrique de l'Est. La premi猫re concerne l'emploi et les PME, qui sont l'茅pine dorsale de l'茅conomie. Nous aidons 脿 relancer ces PME, dont beaucoup sont dirig茅es par de jeunes entrepreneurs et engagent de nombreux jeunes.

Le deuxi猫me est l'approfondissement de l'茅conomie num茅rique. La capacit茅 num茅rique s'est av茅r茅e 锚tre un outil inestimable pendant cette pand茅mie, permettant aux gens de travailler 脿 domicile et aux enfants de poursuivre leur scolarit茅. M锚me les patients peuvent acc茅der 脿 des conseils m茅dicaux par des moyens num茅riques et, bien s没r, nous avons des paiements num茅riques et d'autres services financiers num茅riques.

L'茅conomie num茅rique fera partie de notre fa莽on de faire des affaires 脿 l'avenir. Le Kenya est un leader mondial dans ce domaine, et je pense qu'il doit continuer 脿 锚tre un bon exemple pour l'Afrique et pour le monde. Mais il faut investir davantage dans le secteur pour que 100 % des Kenyans ordinaires aient acc猫s 脿 la large bande.

Le troisi猫me secteur est celui de l'eau et de l'assainissement. Une fois de plus, la pand茅mie a r茅v茅l茅 quelque chose que nous savions d茅j脿, 脿 savoir que nos pays souffrent de p茅nuries d'eau chroniques, que les grandes villes et les centres 茅conomiques manquent cruellement d'eau et que l'agriculture est souvent entrav茅e par la s茅cheresse. Trop de Kenyans n'ont pas acc猫s 脿 l'eau et 脿 l'assainissement. Par exemple, dans les comt茅s du nord et du nord-est du Kenya, l'acc猫s 脿 l'eau potable n'est accessible qu'脿 moins de la moiti茅 de la population et seul un tiers a acc猫s 脿 des installations sanitaires am茅lior茅es.

Quelles sont vos principales r茅alisations au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en Somalie ?

La Banque mondiale a pour mission d'茅liminer la pauvret茅 dans le monde et de promouvoir une prosp茅rit茅 partag茅e, et je suis tr猫s fier du travail que nous avons accompli dans tant de domaines. Nous sommes impliqu茅s dans l'am茅lioration de la sant茅, de l'茅ducation, des filets de s茅curit茅 sociale, de la durabilit茅 environnementale et de l'agriculture, ainsi que dans le soutien au secteur priv茅. Je suis 茅galement fier de la r茅ponse de COVID-19 de ces derniers mois. Je me r茅jouis de nos projets agricoles au Kenya et dans d'autres pays.

Le projet d'agriculture intelligente du Kenya, 茅valu茅 脿 250 millions de dollars, vise 脿 accro卯tre la productivit茅 agricole et 脿 renforcer la r茅silience des petits exploitants agricoles et des communaut茅s pastorales face aux risques du changement climatique. Il est tr猫s novateur, car il encourage la recherche et forme les agriculteurs aux meilleures pratiques intelligentes en mati猫re de climat.

J'appr茅cie 茅galement le soutien que nous avons apport茅 au programme de bons 茅lectroniques que le gouvernement kenyan a 茅tendu aux petits exploitants agricoles pauvres. Ces agriculteurs re莽oivent des transferts pour acheter des semences et des engrais.

Au Rwanda, nous avons contribu茅 脿 am茅liorer l'acc猫s 脿 l'茅lectricit茅. En 2009, seulement 6 % de la population rwandaise avait acc猫s 脿 l'茅lectricit茅 ; aujourd'hui, c'est environ 40 %. En outre, 100 % des h么pitaux et 80 % des 茅coles du Rwanda sont maintenant connect茅s 脿 l'茅lectricit茅.

En Ouganda, au cours des trois derni猫res ann茅es, nous avons mobilis茅 500 millions de dollars de subventions pour aider les r茅fugi茅s et leurs communaut茅s d'accueil 脿 am茅liorer les installations sanitaires, l'茅ducation, les services d'eau, entre autres. Cette aide vient appuyer l'admirable politique d'ouverture de l'Ouganda 脿 l'茅gard des r茅fugi茅s.

Enfin, nous avons normalis茅 les relations entre la Banque mondiale et la Somalie par l'apurement de tous les paiements en suspens dus 脿 la banque, au FMI et 脿 d'autres organismes. La Somalie, pour la premi猫re fois depuis pr猫s de trois d茅cennies, a d茅sormais acc猫s aux ressources de la Banque mondiale. J'ai bon espoir que cela contribuera 脿 remettre le pays sur les rails.

Comment la Banque mondiale aide-t-elle le Kenya 脿 atteindre ses objectifs de d茅veloppement ?

Je suis fier de l'Initiative pour le d茅veloppement du Nord et du Nord-Est (NEDI) que la Banque mondiale a lanc茅e en 2018, avec un financement d'un milliard de dollars. Les r茅gions du nord et du nord-est du Kenya sont historiquement mal desservies et affichent des performances inf茅rieures 脿 la moyenne nationale en ce qui concerne les indicateurs de d茅veloppement. Nous nous sommes concentr茅s sur l'茅lectricit茅, l'eau, les activit茅s agricoles et pastorales et la sant茅, et nous essayons d'aider cette r茅gion et ces comt茅s 脿 am茅liorer les moyens de subsistance de leurs habitants.

Le second est la d茅concentration. Nous avons plusieurs projets en cours tels que le Kenya Accountable Devolution Programme et le Kenya Devolution Support Programme qui visent 脿 aider les gouvernements des comt茅s 脿 d茅marrer, en leur fournissant une assistance technique et en renfor莽ant leurs capacit茅s. Pour la premi猫re fois depuis l'institution d'un gouvernement d茅centralis茅, deux des gouvernements de comt茅 ont fait l'objet d'un audit favorable.

Pour l'avenir, quels sont les domaines dans lesquels les pays africains doivent s'engager en mati猫re de gouvernance ?

La corruption est un probl猫me. La Banque mondiale se joint 脿 tous les gouvernements et citoyens pour lutter contre ce probl猫me. Au cours de mon mandat, nous avons fait pression pour renforcer la transparence, les contr么les internes et les audits afin d'茅viter les abus de fonds publics.

Nous avons soutenu la mise en place (au Kenya) du portail d'information sur les march茅s publics , qui publie des milliers de contrats gouvernementaux attribu茅s, avec des informations sur le montant, l'entreprise sous contrat et les propri茅taires de cette entreprise. Il contient m锚me des informations sur l'organisme gouvernemental et les employ茅s qui ont constitu茅 le jury de s茅lection. C'est un excellent exemple de la mani猫re dont les outils num茅riques peuvent 锚tre utilis茅s pour promouvoir la transparence et la responsabilit茅 au sein du gouvernement.

Nous devons continuer 脿 renforcer les institutions, les processus et les capacit茅s.

Comment la Banque mondiale soutient-elle les m茅nages les plus vuln茅rables ?

Nous avons plusieurs projets ax茅s sur ce point. Je voudrais en souligner deux. Un projet novateur au Kenya, et je pense que c'est le premier du genre, s'appelle le Programme d'assurance du b茅tail du Kenya qui a 茅t茅 lanc茅 en 2015. Ce projet assure les 茅leveurs, principalement dans les comt茅s pauvres arides et semi-arides, contre la perte de leur b茅tail en cas de s茅cheresse. Pour ce faire, il a recours 脿 l'imagerie par satellite. Si une perte de p芒turage est d茅tect茅e par le satellite, un versement 脿 la famille est d茅clench茅. L'ann茅e derni猫re, nous avons assur茅 20 000 familles vuln茅rables et nous essayons de passer 脿 la vitesse sup茅rieure.

Le deuxi猫me projet est le projet d'emploi et d'opportunit茅s pour les jeunes du Kenya, qui vise 脿 former les jeunes, 脿 les aider 脿 obtenir leur premier emploi et 脿 les rendre productifs.

Nous nous sommes 茅galement engag茅s 脿 autonomiser les femmes pour que le Kenya maximise leur productivit茅 茅conomique et approfondisse les r茅sultats du d茅veloppement. La banque soutient le gouvernement dans l'int茅gration de l'茅galit茅 des sexes dans la conception et la mise en 艙uvre des projets. La pand茅mie COVID-19 a mis en 茅vidence la vuln茅rabilit茅 des femmes et des filles 脿 diverses formes de violence sexiste (GBV), avec une augmentation spectaculaire des cas signal茅s ces derniers mois.

Comment la Banque mondiale traite-t-elle les niveaux 茅lev茅s d'endettement des pays ?

Malheureusement, de nombreux pays africains ont des niveaux d'endettement relativement 茅lev茅s, ce qui signifie qu'ils n'ont pas suffisamment de ressources fiscales pour r茅pondre 脿 la crise et aider les personnes et les PME 脿 pr茅server les emplois. Il est important de maintenir des niveaux d'endettement mod茅r茅s pour pouvoir r茅pondre 脿 des chocs inattendus. Et nous sommes heureux de continuer 脿 travailler avec les pays pour renforcer les cadres budg茅taires. Lorsque la pand茅mie sera ma卯tris茅e et que les 茅conomies commenceront 脿 se redresser, la priorit茅 sera alors de s'attaquer au probl猫me de la dette.听