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Le renforcement de l'unit茅 africaine est un objectif recherch茅 depuis longtemps sans jamais avoir 茅t茅 atteint. Alors que l'on comprend mieux aujourd'hui la n茅cessit茅 de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale et les raisons des 茅checs pass茅s, de nouveaux efforts visent 脿 resserrer les liens 茅conomiques et politiques entre les nombreux pays du continent. Ce dossier examine les principales difficult茅s 脿 surmonter avant de parvenir 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 : d茅velopper les 茅changes commerciaux entre pays africains, construire davantage de routes et d'autres infrastructures, r茅former les institutions r茅gionales, accro卯tre la transparence et la participation du public et coordonner plus 茅troitement les initiatives du secteur priv茅 et du secteur public. La plupart des interviews et autres informations ont 茅t茅 obtenues par听Afrique Relance听lors du Forum africain du d茅veloppement organis茅 脿 Addis-Abeba (Ethiopie) par la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique du 3 au 8 mars 2002 et consacr茅 au th猫me : "D茅finir les priorit茅s de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale".

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Afrique Relance, Vol.16 #2-3 (septembre 2002), page 10

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Concr茅tiser l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 africaine

De nouvelles strat茅gies ax茅es sur la participation du public et des r茅sultats concrets

Le renforcement de l'unit茅 africaine est un objectif recherch茅 depuis longtemps sans jamais avoir 茅t茅 atteint. Alors que l'on comprend mieux aujourd'hui la n茅cessit茅 de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale et les raisons des 茅checs pass茅s, de nouveaux efforts visent 脿 resserrer les liens 茅conomiques et politiques entre les nombreux pays du continent. Ce dossier examine les principales difficult茅s 脿 surmonter avant de parvenir 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 : d茅velopper les 茅changes commerciaux entre pays africains, construire davantage de routes et d'autres infrastructures, r茅former les institutions r茅gionales, accro卯tre la transparence et la participation du public et coordonner plus 茅troitement les initiatives du secteur priv茅 et du secteur public. La plupart des interviews et autres informations ont 茅t茅 obtenues par听Afrique Relance听lors du Forum africain du d茅veloppement organis茅 脿 Addis-Abeba (Ethiopie) par la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique du 3 au 8 mars 2002 et consacr茅 au th猫me : "D茅finir les priorit茅s de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale".

Par Ernest Harsch

Il existe 脿 la p茅riph茅rie de Porto Novo (B茅nin) une route de terre qui ne porte aucun nom. Peu fr茅quent茅e dans la journ茅e, elle est parcourue la nuit par de gros camions qui slaloment entre les nids de poule et apportent du p茅trole et d'autres marchandises provenant du Nig茅ria, juste de l'autre c么t茅 de la fronti猫re. Aucun officier des douanes n'inspecte ces produits, qui ne sont pas non plus comptabilis茅s dans les statistiques officielles des 茅changes commerciaux du B茅nin. Et, pourtant, la vente de ces produits permet de r茅pondre aux besoins des consommateurs et de faire vivre des milliers de petits exploitants r茅partis dans l'ensemble du pays.

Comme le B茅nin, les 53 pays d'Afrique ont tous leur propre drapeau, leur propre constitution, leur propre capitale et leurs propres services de douane. Ils sont s茅par茅s par des fronti猫res clairement indiqu茅es sur la carte. Mais, pour beaucoup d'Africains moyens, ces divisions comptent moins que leurs points communs : ils savent qu'ils sont tous africains et qu'ils ont int茅r锚t 脿 renforcer les liens politiques, 茅conomiques et humains de part et d'autre des fronti猫res nationales.

Dans leurs discours, pendant les conf茅rences officielles et dans les trait茅s, les dirigeants politiques se montrent depuis longtemps favorables 脿 une plus grande 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 des pays et des r茅gions d'Afrique, bien que peu de r茅sultats aient 茅t茅 obtenus en pratique. Au cours des derni猫res ann茅es, ce concept est devenu plus important, ainsi qu'en t茅moigne l'inauguration officielle de l'Union africaine en juillet dernier (voir "Les d茅buts officiels de l'Union africaine"). Face 脿 l'intensification de la concurrence internationale, estime M. K.Y. Amoako, Secr茅taire ex茅cutif de la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale africaine doit s'acc茅l茅rer pour que le continent puisse s'adapter "mieux 脿 la mondialisation".

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Il est essentiel de relier les pays africains pour que l'茅conomie du continent s'am茅liore.

Photo : 漏ONU

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L'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 pr茅sente de nombreux avantages. L'茅largissement des march茅s r茅gionaux donne aux producteurs et aux consommateurs africains davantage de possibilit茅s, bien au-del脿 des march茅s parfois restreints de leurs propres pays. Le Pr茅sident alg茅rien Abdelaziz Bouteflika a 茅voqu茅 deux "vertus" de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 茅conomique r茅gionale. Elle peut r茅duire les co没ts de la mise en place d'infrastructures essentielles, comme les transports, les communications, l'茅nergie, les syst猫mes d'approvisionnement en eau et la recherche scientifique et technologique, qu'un pays ne peut souvent financer 脿 lui seul. En m锚me temps, l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 facilite les investissements 脿 grande 茅chelle en "renfor莽ant l'attrait que pr茅sentent nos 茅conomies et en r茅duisant les risques".

La volont茅 d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ne vient pas seulement des dirigeants. A de nombreux niveaux de la soci茅t茅, les Africains s'efforcent de tisser davantage de liens les uns avec les autres. Pour certains, ces relations existent d茅j脿. Pour d'autres, elles restent 脿 forger.

En 2000, des groupes de la soci茅t茅 civile africaine ont organis茅 une caravane qui, apr猫s 锚tre partie du Cap (Afrique du Sud), a sillonn茅 des dizaines de pays du continent. Le but de cette op茅ration 茅tait de promouvoir l'unit茅 africaine "d'en bas", d'apr猫s M. David Gakunzi, militant du Burundi qui a particip茅 脿 l'organisation de cette caravane.

Plus r茅cemment, en mai, dans le cadre d'une exposition organis茅e 脿 Dakar (S茅n茅gal) et r茅unissant des oeuvres de toute l'Afrique, l'un des artistes, Mansour Ciss, a cr茅茅 un bureau de change. On pouvait y 茅changer non seulement de v茅ritables devises, comme le franc CFA et l'euro, mais aussi une nouvelle "devise virtuelle" de sa conception, "l'afro". L'id茅e d'une seule devise africaine peut sembler "insens茅e" aujourd'hui, estime M. Ciss, mais, un jour, elle deviendra une r茅alit茅.

De plus solides bases

L'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale du continent a 茅t茅 r锚v茅e par bon nombre de dirigeants africains et a donn茅 lieu 脿 la cr茅ation en 1963 de l'Organisation de l'unit茅 africaine (OUA). Au fil des ans, beaucoup d'autres institutions ont 茅t茅 cr茅茅es dans diff茅rentes r茅gions de l'Afrique. Mais elles n'ont dans l'ensemble gu猫re contribu茅 脿 accro卯tre le commerce ou les autres 茅changes entre pays africains. Dans de nombreux cas, c'est avec leurs anciennes puissances coloniales que beaucoup de pays continuent d'entretenir le plus de relations.

Le bilan de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale en Afrique est pour l'instant peu r茅jouissant, et beaucoup d'alliances r茅gionales se caract茅risent par des initiatives non coordonn茅es, des conflits politiques et de faibles 茅changes commerciaux intra-r茅gionaux. Cependant, les analystes observent que certains des facteurs ext茅rieurs et int茅rieurs qui ont frein茅 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 de l'Afrique par le pass茅 se sont quelque peu r茅sorb茅s ces derni猫res ann茅es, et qu'il y a donc lieu de se montrer prudemment optimiste (voir "Des conditions plus favorables 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ?").

Les Africains ont 茅galement tir茅 les enseignements de l'茅chec de leurs initiatives pr茅c茅dentes. Nombre de partisans de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 adoptent donc maintenant une approche moins ambitieuse et plus pratique. A leur avis, l'Afrique doit s'unir non seulement pour renforcer sa pr茅sence sur la sc猫ne internationale, mais aussi pour r茅pondre aux besoins concrets de sa population. "Je veux parvenir 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 intra-africaine", a d茅clar茅 M. Amoako, "pas pour obtenir une part chim茅rique du commerce mondial, mais, en premier lieu, parce que notre vie ici s'en trouvera am茅lior茅e. Cela permettra aux hommes d'affaires africains de travailler ici. Cela r茅duira les co没ts et am茅liorera la situation difficile du consommateur africain. Nous devons b芒tir pour nous-m锚mes. Si nous le faisons, d'autres nous suivront".

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L'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ne peut 锚tre obtenue en adoptant seulement des programmes politiques ou en privil茅giant exclusivement la situation 茅conomique.

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Les initiatives entreprises r茅cemment t茅moignent 茅galement d'une perspective plus globale. Contrairement 脿 ce qu'il avait 茅t茅 d茅cid茅 lors des initiatives pr茅c茅dentes, l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ne peut 锚tre obtenue en adoptant seulement des programmes politiques ou en privil茅giant exclusivement la situation 茅conomique. "Nous ne pouvons jamais s茅parer les imp茅ratifs politiques et 茅conomiques", note M. Adebayo Olukoshi, directeur g茅n茅ral du Conseil pour le d茅veloppement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), bas茅 脿 Dakar.

D'apr猫s M. Tajudeen Abdul-Raheem, pr茅sident du Mouvement pan-africain, un groupe de la soci茅t茅 civile bas茅 en Ouganda, l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 politique et l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 茅conomique de l'Afrique sont "inextricablement li茅es" et passent par la d茅mocratisation des organisations r茅gionales africaines, une plus grande circulation des biens et des individus entre pays et des mesures collectives de lutte contre des probl猫mes transfrontaliers, comme le sida, le travail des enfants et la traite des femmes. Et puisque les pays africains sont si nombreux 脿 锚tre en guerre, affirme l'ancien Secr茅taire g茅n茅ral de l'OUA, Salim Ahmed Salim, la paix doit figurer au coeur de toute strat茅gie d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍.

Face aux obstacles auxquels se heurtent les efforts d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale en Afrique, les partisans d'une plus grande unit茅 ont d茅fini plusieurs conditions 脿 satisfaire :

-- faire participer plus activement 脿 tout programme d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 les associations de la soci茅t茅 civile, les groupements professionnels, les cadres et d'autres secteurs

-- parvenir 脿 un 茅quilibre entre les initiatives 茅conomiques du secteur public et celles du secteur priv茅

-- concilier les int茅r锚ts parfois contradictoires de pays diff茅rents par leur taille, leurs ressources naturelles et leurs r茅sultats 茅conomiques

-- proc茅der 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 脿 un rythme qui soit 脿 la fois ambitieux et r茅aliste

-- rationaliser les nombreuses institutions r茅gionales de l'Afrique, afin de r茅duire les efforts redondants et l'inefficacit茅.

Un "grand bond en avant"

Lors du Forum africain du d茅veloppement organis茅 en mars par la CEA 脿 Addis-Abeba (Ethiopie), de nombreux membres de la soci茅t茅 civile et d'associations professionnelles se sont dits frustr茅s d'avoir quasiment 茅t茅 tenus 脿 l'茅cart des institutions r茅gionales (voir听Afrique Relance,听avril 2002). Si les tentatives d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ont jusqu'ici 茅chou茅, estiment-ils, c'est en grande partie parce que les dirigeants africains n'ont pas consult茅 leurs citoyens lors de l'茅laboration de strat茅gies et de programmes d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍. "Le probl猫me est li茅 au manque de confiance vis 脿 vis de nos peuples", explique Maria Nzomo, professeur 脿 l'universit茅 de Nairobi.

En outre, de nombreux Africains se heurtent 脿 de multiples probl猫mes lorsqu'ils voyagent ou qu'ils entretiennent des contacts avec des pays voisins. Les petits fabricants ont du mal 脿 obtenir les licences d'importation ou d'exportation n茅cessaires. Les repr茅sentants de commerce sont r茅guli猫rement harcel茅s aux postes de douane. Des voyageurs ordinaires doivent souvent verser des pots-de-vin pour franchir sans encombre les postes de police.

Les hommes d'affaires africains doivent souvent patienter de 6 脿 8 semaines avant d'obtenir un visa pour se rendre dans d'autres pays africains, alors que les citoyens du Royaume-Uni ou de la France peuvent aller dans de nombreux pays africains et obtenir un visa 脿 l'arriv茅e. Le secteur priv茅 national a rarement 茅t茅 mentionn茅 dans les programmes d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale de l'Afrique, fait observer M. Taingam Bekoutou, directeur-g茅n茅ral de la Chambre de commerce et d'industrie du Tchad, et n'a pas non plus 茅t茅 consult茅 脿 propos des taxes impos茅es aux entreprises africaines.

La situation 茅volue peu 脿 peu. Juste apr猫s le Forum africain du d茅veloppement, des repr茅sentants de la soci茅t茅 civile africaine se sont r茅unis 脿 Addis-Abeba pour envisager comment participer davantage aux initiatives r茅gionales, et en particulier au Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l'Afrique, adopt茅 l'an dernier 脿 l'茅chelle du continent par des dirigeants africains. En avril, une consultation similaire a eu lieu au si猫ge de la Banque africaine de d茅veloppement (BafD) 脿 Abidjan (C么te d'Ivoire), et en juin, des repr茅sentants de la soci茅t茅 civile africaine se sont de nouveau r茅unis 脿 Addis-Abeba pour rencontrer des hauts fonctionnaires de l'OUA et des dirigeants africains, dont le Pr茅sident nig茅rian Olusegun Obasanjo.

Pour favoriser la participation du secteur priv茅 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale, la BafD apporte son soutien 脿 une initiative baptis茅e "Table ronde des entreprises africaines". Le groupe organisera l'an prochain en Afrique du Sud un forum consacr茅 脿 l'investissement, avec l'appui de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Afrique du Sud et de la Communaut茅 茅conomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Avec le concours du Programme des Nations Unies pour le d茅veloppement, l'initiative "table ronde" a entrepris un projet

"d'e-commerce" visant 脿 aider les entreprises africaines 脿 acc茅der plus facilement aux moyens de communication qu'offre Internet. En octobre dernier, elle a lanc茅 un grand programme de renforcement des sites de transbordement maritime des c么tes de l'Afrique de l'Ouest, qui devrait b茅n茅ficier de 100 millions de dollars d'investissements provenant d'une entreprise africaine bas茅e au Togo et au Nig茅ria, Ecomarine, et d'une entreprise am茅ricaine. "Voil脿 ce que j'appelle une v茅ritable 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍, explique Alhaji Bamanga Tukur, pr茅sident d'Ecomarine et directeur g茅n茅ral de la table ronde des entreprises africaines. Cela facilitera la circulation de personnes, de biens et de services et favorisera le commerce entre Etats."

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Pour beaucoup d'Africains, aller dans un pays voisin reste difficile et laborieux.

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Photo : 漏HCR

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Mais il reste beaucoup d'autres efforts 脿 fournir. Lors du Forum africain du d茅veloppement, Adebayo Adedeji, ancien Secr茅taire ex茅cutif de la CEA et principal architecte de bon nombre de tentatives pr茅c茅dentes d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍, a incit茅 les participants au Forum 脿 faire "le grand bond en avant" qui consiste 脿 confier au peuple africain la ma卯trise de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale. Sans l'appui de la population, estime-t-il, on ne peut accomplir grand chose. (Voir interview, p. 16.)

L'Etat et le march茅

Les premi猫res approches de l'Afrique en mati猫re d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale, comme le Plan d'action de Lagos de 1980, tendaient 脿 accorder 脿 l'Etat un r么le pr茅pond茅rant. Mais nombre de gouvernements africains n'avaient ni les ressources financi猫res ni la cr茅dibilit茅 politique qui leur auraient permis de mettre en oeuvre les politiques correspondantes, m锚me 脿 l'int茅rieur de leurs fronti猫res. Certains 茅taient paralys茅s par la guerre civile ou en conflit avec un ou plusieurs de leurs voisins, ce qui a frein茅 les progr猫s en mati猫re de coop茅ration.

Les crises 茅conomiques qui se sont abattues sur la plus grande partie de l'Afrique 脿 la fin des ann茅es 70 et au d茅but des ann茅es 80 n'ont fait que nuire davantage aux efforts d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍. Elles ont 茅galement permis aux pays donateurs et aux institutions financi猫res internationales comme le Fonds mon茅taire international (FMI) et la Banque mondiale de pr茅coniser une grande r茅forme des politiques 茅conomiques. Les programmes d'ajustement structurel que les pays africains ont alors adopt茅s sous pression ont abouti 脿 la privatisation de centaines d'entreprises publiques, 脿 une lib茅ralisation g茅n茅ralis茅e du commerce int茅rieur et international et 脿 une contraction importante des secteurs publics africains.

Malgr茅 la suppression des barri猫res tarifaires et autres obstacles au commerce, les 茅changes entre les pays africains n'ont pas beaucoup augment茅. La plupart des pays africains ont continu茅 脿 exporter des produits de base vers les pays industrialis茅s et 脿 importer des produits finis venant d'autres continents. Tant que les pays africains ne sont pas en mesure de produire davantage de biens manufactur茅s pouvant 锚tre vendus aux pays voisins, "les mesures de lib茅ralisation des 茅changes -- aussi nombreuses soient-elles -- ne suffiront pas 脿 faire augmenter sensiblement le volume du commerce r茅gional", a d茅clar茅 en mars le Secr茅taire g茅n茅ral adjoint de l'OUA, Lawrence O.C. Agubuzu, au Forum africain du d茅veloppement.

En fait, parce que ces politiques de lib茅ralisation ont ouvert les march茅s africains aux produits manufactur茅s provenant des industries du Nord, les fabricants locaux n'ont tout simplement pas pu faire face 脿 cette concurrence. Des centaines d'entre eux ont d没 fermer boutique, ce qui n'a fait qu'affaiblir davantage la production industrielle et a rendu les 茅conomies africaines encore plus d茅pendantes 脿 l'茅gard des exportations de cacao, de coton, de cuivre et d'autres mati猫res premi猫res.

Le jeu des forces du march茅 contribue aussi 脿 exacerber les in茅galit茅s entre pays. Le Pr茅sident de l'Alg茅rie, M. Bouteflika, a signal茅 que la lib茅ralisation du commerce "ne peut servir de base 脿 un processus de v茅ritable 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍. Les in茅galit茅s en mati猫re de production tendront 脿 cr茅er des d茅ficits commerciaux intenables..."

Face 脿 ces risques, de nombreux partisans de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale estiment maintenant qu'il ne faut pas r茅duire davantage la part de Etat, ce dernier devant au contraire jouer un r么le actif. "L'approche minimaliste du r么le de l'Etat ne convient pas", a d茅clar茅 le Ministre sud-africain des transports, Dullah Omar, au Forum d'Addis-Abeba. Ce dont les pays africains ont besoin, a-t-il poursuivi, ce sont des Etats solides et d茅mocratiques qui peuvent former de v茅ritables partenariats avec le secteur priv茅. Leurs efforts conjugu茅s permettront d'am茅liorer les routes, les circuits commerciaux et d'autres infrastructures essentielles de la r茅gion.

"Privil茅gier simplement la lib茅ralisation ne marchera pas", a d茅clar茅 le Premier Ministre 茅thiopien, Meles Zenawi. Il a cit茅 l'exemple des pays de l'Asie de l'Est, dans lesquels les partenariats form茅s avec les gouvernements ont aid茅 de fa莽on d茅cisive les entreprises locales 脿 se d茅velopper, et leur ont permis de s'imposer 脿 l'茅chelle mondiale. "C'est ce que nous allons faire, quoi qu'en disent le FMI et la Banque mondiale."

Concilier divers int茅r锚ts

Comme dans d'autres r茅gions du monde, l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale se heurte avant tout 脿 la grande diversit茅 des pays africains, qui diff猫rent par leur taille, leurs ressources naturelles, leur degr茅 de d茅veloppement et leurs relations avec les march茅s mondiaux. Minuscule, le B茅nin n'a pas les m锚mes int茅r锚ts 茅conomiques que son gigantesque voisin p茅trolif猫re, le Nig茅ria. Les co没ts et les avantages des accords commerciaux r茅gionaux ne sont pas les m锚mes en Afrique du Sud et au Malawi. D'apr猫s le Ministre adjoint des transports et des travaux publics du Malawi, Jan Sonke, la lib茅ralisation du commerce r茅gional s'est traduite au Malawi par un afflux de meubles bon march茅 import茅s d'Afrique du Sud, ce qui a caus茅 la faillite de nombreux fabricants locaux de meubles.

"Je veux parvenir 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 intra-africaine, pas pour obtenir une part chim茅rique du commerce mondial, mais, en premier lieu, parce que notre vie ici s'en trouvera am茅lior茅e. Cela permettra aux hommes d'affaires africains de travailler ici. Cela r茅duira les co没ts. Cela am茅liorera la situation difficile du consommateur africain."
-- K.Y. Amoako, Secr茅taire ex茅cutif de la CEA

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Pour que l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale aboutisse malgr茅 ces probl猫mes, note M. Amoako, il est absolument n茅cessaire de proc茅der 脿 un "d茅veloppement 茅quilibr茅 et 茅quitable", de fa莽on 脿 ce que tous les pays finissent par y trouver leur compte.

Ali el-Agraa, expert soudanais de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale qui enseigne maintenant 脿 l'universit茅 Fukuoka de Tokyo, note que "tout ce qui va 锚tre fait sera d茅s茅quilibr茅", puisque les pays diff猫rent par leurs capacit茅s et leur situation de d茅part. L'un des objectifs des organisations r茅gionales devrait donc 锚tre de compenser ces in茅galit茅s. Il cite le cas de l'Union europ茅enne, qui dispose de nombreux "fonds structurels" et autres m茅canismes permettant d'aider les pays qui ont un secteur industriel plus faible ou un taux de ch么mage plus 茅lev茅. Il faut que les gouvernements n茅gocient en connaissance de cause des moyens de rem茅dier 脿 ces in茅galit茅s, estime-t-il. "Cet objectif ne peut 锚tre atteint par le seul jeu des forces du march茅."

Lorsqu'ils adh猫rent 脿 des alliances r茅gionales de grande envergure, "qu'est-ce que les petits Etats peuvent attendre en contrepartie ?", demande le g茅n茅ral Luis Silvain Goma, Secr茅taire g茅n茅ral de la Communaut茅 茅conomique et mon茅taire d'Afrique centrale (CEMAC). Estimant que les plus grands Etats africains ont une "obligation de solidarit茅", il cite en exemple le fonds commun sur les tarifs douaniers de la Communaut茅 de d茅veloppement de l'Afrique australe : les revenus provenant des droits de douane r茅gionaux sont distribu茅s au profit des membres de la Communaut茅 les plus petits et les plus pauvres. L'Union douani猫re de l'Afrique australe et la CEDEAO ont des m茅canismes de compensation comparables.

Certains pays africains craignent que la r茅duction ou l'茅limination des tarifs douaniers per莽us sur les 茅changes commerciaux avec leurs partenaires r茅gionaux les prive d'une source importante de recettes publiques. En janvier 2000, par exemple, les tarifs sur les 茅changes intra-r茅gionaux de biens produits 脿 l'int茅rieur de l'Union 茅conomique et mon茅taire ouest-africaine (UEMOA), qui comprend huit pays, ont 茅t茅 compl猫tement 茅limin茅s. Les sources de revenus 茅tant de mani猫re g茅n茅rale limit茅es, la perte des revenus provenant des droits de douane aurait pu fragiliser la situation fiscale de certains gouvernements. Mais l'UEMOA dispose d'un m茅canisme permettant de compenser ce manque 脿 gagner et b茅n茅ficiant avant tout aux pays pauvres sans littoral faisant partie de l'Union (voir tableau).

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Compensation des Etats membres听
de l'UEMOA, 2001*

听Pays听millions de francs, CFA听Niger听4 997听Mali听4 996听Burkina Faso3 122听B茅nin2 579听S茅n茅gal1 520听Togo958听C么te d'Ivoire听83听Guin茅e-Bissau听41

* Au 30 novembre 2001.

Source : ONU Afrique Relance, d'apr猫s des donn茅es de l'UEMOA.

Au sein du March茅 commun de l'Afrique orientale et australe, neuf pays ont 茅tabli en ao没t 2000 une zone de libre 茅change. Cette zone de libre 茅change est 茅galement dot茅e d'un m茅canisme de compensation similaire. Certains analystes de la r茅gion estiment que ce m茅canisme ne sera que temporaire, puisque l'augmentation des 茅changes commerciaux finira in茅vitablement par stimuler les revenus de ces pays provenant des taxes sur la valeur ajout茅e, qui 脿 terme d茅passeront les revenus pr茅c茅demment per莽us sur les tarifs douaniers.

Ambitieux, mais r茅aliste

Lors du forum de la CEA de mars dernier, les participants ont soulign茅 脿 quel point il 茅tait important de proc茅der 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 de fa莽on plus syst茅matique et d茅lib茅r茅e. Pour certains, il s'agissait surtout d'aller plus vite. "La mondialisation exige un rythme plus rapide, a d茅clar茅 M. Delphin Rwegasira, directeur ex茅cutif du Consortium africain de recherches 茅conomiques. Pour profiter des avantages de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 mondiale, l'Afrique doit 脿 son avis abandonner l'approche "tourn茅e vers l'int茅rieur" qu'elle a suivie par le pass茅 et faire preuve 脿 la place d'un "r茅gionalisme ouvert".

D'autres recommandent la prudence. Evoquant les capacit茅s limit茅es de l'Afrique et les influences contraires des tendances 茅conomiques mondiales, Fantu Cheru, professeur 脿 l'American University de Washington, a conseill茅 de suivre une strat茅gie de "bon sens". "Nous ne pouvons tout simplement pas nous ruer sur une 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 茅conomique ambitieuse", a-t-il expliqu茅. "Nous devons construire de nombreux ponts avant de pouvoir traverser la rivi猫re."

M. Amoako s'est employ茅 脿 concilier ces deux points de vue. Jusqu'ici, a-t-il affirm茅, l'Afrique a proc茅d茅 脿 l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 r茅gionale de "fa莽on ponctuelle et 茅volutive", avec par moment une "effroyable lenteur. Mais maintenant nous adoptons des d茅lais beaucoup plus serr茅s". En m锚me temps, a-t-il poursuivi, les gouvernements africains doivent s'int茅resser de tr猫s pr猫s 脿 l'encha卯nement et aux cons茅quences de leurs actions. "Le choix du rythme 脿 suivre devrait 锚tre ambitieux, mais le rythme devrait 锚tre r茅aliste."

En outre, d'apr猫s certains experts, il n'est pas n茅cessaire -- ni possible -- que tous les pays ou groupes de pays progressent au m锚me rythme. Gr芒ce 脿 leur devise commune et 脿 l'茅limination des tarifs douaniers au sein de l'Union, les 茅conomies de l'UEMOA sont d茅j脿 plus int茅gr茅es que les 茅conomies d'autres pays de la CEDEAO, ce qui incite les autres membres de la CEDEAO 脿 renforcer leurs efforts en mati猫re d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍.

Simplification

La rapidit茅 -- et l'efficacit茅 -- avec laquelle l'Afrique s'int猫grera d茅pendront en grande partie de la r茅forme de ses institutions r茅gionales. Il s'agit non seulement de permettre au sein de ces institutions une plus grande participation des associations de la soci茅t茅 civile et des groupes d'int茅r锚ts locaux, mais aussi de simplifier la multitude d'organisations qui existent sur le continent. Outre les institutions continentales telles que l'Union africaine, on compte plus d'une dizaine de "communaut茅s 茅conomiques r茅gionales" g茅n茅rales. Il existe 茅galement plus d'une centaine d'autres groupes multinationaux ou bilat茅raux ayant pour vocation de favoriser la coop茅ration dans certains secteurs, comme les t茅l茅communications, l'aviation, le transport maritime, la banque, la gestion des rivi猫res, l'agriculture, etc.

Cr茅茅es 脿 diff茅rentes 茅poques et 脿 diff茅rentes fins, ces communaut茅s r茅gionales font souvent double emploi, par leurs structures, leur mission ou la composition de leurs membres, et d茅fendent m锚me parfois des objectifs contraires. "En fait, ces pi猫ces du puzzle ne s'embo卯tent pas bien", explique M. Amoako.

Presque tous les gouvernements africains appartiennent 脿 au moins deux de ces communaut茅s r茅gionales (), ainsi qu'脿 un grand nombre de groupes de d茅fense d'int茅r锚ts particuliers. Etant donn茅 leurs priorit茅s budg茅taires importantes, ils sont souvent incapables de s'acquitter de leurs nombreuses contributions et quotes-parts. En 1993, le COMESA et la CEMAC avaient r茅ussi 脿 percevoir presque toutes les contributions des membres, mais en 1998, ils n'en obtenaient plus que la moiti茅. Et m锚me lorsque les pays sont en mesure de s'acquitter de leur quote-part, fait observer M. Adedeji, "ces ressources allou茅es aux organisations r茅gionales sont des ressources dont on prive la population de ces pays".

Dans l'ensemble, affirme M. Amoako, "le syst猫me actuel de l'Afrique est trop complexe, trop redondant et n茅cessite trop de mobilisation politique et d'argent pour les r茅sultats obtenus". L'un des principaux d茅fis que devront relever les dirigeants africains dans les ann茅es 脿 venir consistera 脿 trouver des moyens de simplifier la "pl茅thore d'institutions charg茅es de l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍".

Il ne devrait pas seulement s'agir, ajoute M. Amoako, de r茅duire les co没ts superflus. Avant tout, il faudra "cr茅er de solides institutions, capables de donner 脿 tous les membres d'importants avantages". L'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 de l'Afrique est certes un processus complexe, mais l'enjeu est important et d茅terminera 脿 terme "notre avenir politique et 茅conomique".

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Des progr猫s in茅gaux parmi les r茅gions africaines

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Pendant la seconde moiti茅 des ann茅es 90, certains progr猫s en direction d'une plus grande 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 茅conomique ont 茅t茅 constat茅s au sein des divers groupements r茅gionaux africains, d'apr猫s la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). Son premier rapport annuel sur l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 en Afrique, qui devrait 锚tre publi茅 dans son int茅gralit茅 cette ann茅e, examine divers probl猫mes d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 en Afrique et cherche 脿 茅valuer quantitativement les liens qu'ont nou茅s entre eux les pays africains. "Dans l'ensemble, une tendance nette se dessine vers une plus grande 颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍", peut-on lire dans l'introduction du projet de rapport, publi茅 en mars au Forum du d茅veloppement africain, 脿 Addis-Abeba.

Outre l'examen des indices de chaque communaut茅 茅conomique r茅gionale, le rapport a cr茅茅 son propre indice d'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 africaine. Il combine des donn茅es extraites de huit secteurs d'activit茅s : commerce, argent et finances, transports, communications, industrie, 茅nergie, alimentation et agriculture, formation de la main d'oeuvre et march茅s du travail. Chaque secteur est affect茅 d'un coefficient de pond茅ration (de 34 % pour le commerce et de 15 % pour le transport). En attribuant une valeur de 100 en 1994, le rapport constate que l'indice a l茅g猫rement augment茅 dans les 12 r茅gions 茅conomiques 茅tudi茅es pour atteindre une moyenne de 120 en 1999.(.)

Ces progr猫s sont toutefois in茅gaux. Trois r茅gions 茅conomiques se trouvent clairement en t锚te : l'Union 茅conomique et mon茅taire ouest-africaine (UEMOA), la Communaut茅 茅conomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communaut茅 de d茅veloppement de l'Afrique australe (SADC). La Communaut茅 茅conomique des pays des Grands Lacs (CEPGL), qui comprend le Rwanda, le Burundi et la R茅publique d茅mocratique du Congo, est la plus mal class茅e, en grande partie parce que la r茅gion a 茅t茅 en proie 脿 des guerres incessantes. De m锚me, les guerres au sein de l'Union du fleuve Mano (UFM), qui est compos茅e de la Guin茅e, du Lib茅ria et de la Sierra Leone, ont aussi engendr茅 des performances insuffisantes au d茅part, bien que l'颈苍迟茅驳谤补迟颈辞苍 ait quelque peu progress茅 ces derni猫res ann茅es, une fois que les combats se sont r茅sorb茅s au Lib茅ria.