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L'Afrique pâtit des subventions des pays du Nord

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L'Afrique pâtit des subventions des pays du Nord

Afrique Renouveau: 
Producteurs de coton au Burkina Faso : les cours mondiaux en baisse. Photo : ©Jorgen Schytte
Photo : ©Jorgen Schytte
Producteurs de coton au Burkina Faso : les cours mondiaux en baisse. Photo : ©Jorgen Schytte

L'une des nombreuses différences entre les pays développés et les pays en développement sur le plan économique tient au fait que les premiers subventionnent les agriculteurs tandis que les seconds leur imposent des taxes. Mais quel lien existe-t-il entre l'Afrique et les subventions agricoles accordées au Canada, au Japon, aux Etats-Unis et dans l'Union européenne ? Un lien direct.

Les pays développés subventionnent leurs agriculteurs à hauteur de près de 250 milliards de dollars par an, soit plus de 25 fois le montant annuel qui, selon les estimations de l'ONU, est nécessaire pour lutter contre le VIH/sida dans le monde. Les subventions influent sur les cours mondiaux car elles encouragent les agriculteurs des pays développés à exporter davantage de produits agricoles qu'ils ne le feraient sinon. Les politiques agricoles des pays développés devraient donc intéresser au plus haut point l'Afrique et le reste du monde.

L'agriculture a été et continuera, dans un avenir proche, d'être l'épine dorsale de l'économie de l'Afrique subsaharienne. Le secteur emploie près de 70% de la population active. C'est la principale source de recettes d'exportation dans la région.

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Producteurs de coton au Burkina Faso : les cours mondiaux en baisse.

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Photo : ©Jorgen Schytte


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Les subventions agricoles accordées dans les pays développés réduisent les prix mondiaux, et donc le revenu des agriculteurs africains. Selon des études de la Banque mondiale, les subventions accordées aux Etats-Unis réduisent, à elles seules, de 250 millions de dollars le revenu annuel que les agriculteurs de l'Afrique de l'Ouest tirent de l'exportation de coton. L'Union européenne subventionne aussi fortement ses agriculteurs. L'Union européenne qui, sur la base de l'avantage comparatif serait un importateur net de nombreux produits agricoles, est le deuxième exportateur de ces produits (après les Etats-Unis).

En 1993, pendant les derniers jours de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), organisme prédécesseur de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), un accord avait été conclu pour que les pays développés réduisent leurs subventions agricoles. Toutefois, au moment même de la conclusion de l'accord, il était apparu qu'il contenait de nombreuses lacunes et que les réductions qu'on pouvait en attendre ne seraient que modestes.

Qui plus est, les pays pouvaient, à leur entière discrétion, accroître les subventions aux produits "sensibles". Il s'agit, en pratique, des produits dont les producteurs exercent une grande influence politique.

En mai 2002, le Président George Bush a signé une loi sur l'agriculture aux termes de laquelle les subventions augmenteront de 83 milliards de dollars sur une période de 10 ans. Les subventions aux producteurs de coton s'accroîtront ainsi de plus de 60%. Il s'ensuit que, toutes choses étant égales, les producteurs de coton d'Afrique de l'Est et de l'Ouest et des autres régions en développement ne peuvent pas s'attendre à une augmentation des prix du coton avant longtemps.

Il est possible que le préjudice subi par les pays africains du fait des subventions agricoles américaines dépasse les avantages que ces pays pourraient retirer de la loi sur la croissance et les potentialités de l'Afrique, qui accorde un accès préférentiel aux produits africains sur le marché américain.

Les pays africains doivent continuer à inciter les Etats-Unis et les autres pays développés à réduire les subventions agricoles. Celles-ci peuvent sembler avantageuses pour les pays importateurs de produits alimentaires, mais en réalité certains de ces pays sont devenus importateurs de produits alimentaires en partie à cause de ces subventions. Les pays africains doivent se rappeler qu'une hausse des cours mondiaux encouragerait leurs propres agriculteurs à produire davantage, ce qui pourrait faire de ces pays des exportateurs nets de produits agricoles. Cela dit, les pays africains doivent aussi continuer à réduire les impôts auxquels sont assujettis les agriculteurs.

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* Richard Mshomba (originaire de Tanzanie), est professeur associé d'économie à La Salle University en Pennsylvanie (Etats-Unis). Il est l'auteur de 'Africa in the Global Economy' (Lynne Reinner Publishers: Boulder, Colorado, 2000), sélectionné par Choice magazine comme 'ouvrage universitaire remarquable' de l'année. L'Afrique pâtit des subventions des pays du Nord

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