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Trente neuf ans apr猫s le lancement de l'Organisation de l'unit茅 africaine (OUA) cr茅茅e pour mettre fin au colonialisme et unir les peuples de l'Afrique, les dirigeants du continent ont inaugur茅 en juillet dernier 脿 Durban (Afrique du Sud) l'organisation qui lui succ茅dera, l'Union africaine. Cette nouvelle organisation h茅rite de la dimension panafricaine de l'OUA mais est investie d'une mission de plus grande envergure, afin de r茅pondre aux d茅fis d'une mondialisation rapide. "Il est temps que l'Afrique occupe sur la sc猫ne internationale la place qui lui revient", a d茅clar茅 lors de l'inauguration le Pr茅sident de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki. "Il est temps de mettre fin 脿 la marginalisation de l'Afrique."

Au lancement de l'UA, de gauche 脿 droite : Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Kofi Annan (ONU), Joaquim Chissano (Mozambique), Gnassingb茅 Eyad茅ma (Togo), Muammar Kadhafi (Libye).

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Photo : 漏ONU / Eskinder Debebe

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L'OUA a contribu茅 脿 la d茅colonisation du continent, mais on lui a souvent reproch茅 de ne pas s'锚tre pr茅occup茅e de nombreux autres probl猫mes, comme la pauvret茅 croissante et la fragilit茅 茅conomique de l'Afrique. Pendant la plus grande partie des quarante derni猫res ann茅es, la plupart des gouvernements membres de l'OUA n'茅taient pas 茅lus d茅mocratiquement.

De plus en plus nombreux sont ceux qui r茅clament une "Union africaine qui soit responsable devant le peuple de l'Afrique, et non pas uniquement devant les Etats d'Afrique", a d茅clar茅 Mme Lalla Ben Barka, Secr茅taire g茅n茅rale adjointe de la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique, lors d'un colloque de la soci茅t茅 civile organis茅 avant le lancement de l'UA. "Ils veulent une Union africaine 茅nergique".

Vaste et complexe

Alors que l'OUA 茅tait en principe une organisation politique, l'UA fait de l'int茅gration 茅conomique la principale condition 脿 l'unit茅 politique. Elle r茅unit tous les anciens membres de l'OUA. (Le Maroc ne fait toujours pas partie de l'UA, car il s'est retir茅 de l'OUA en 1984 en signe de protestation contre l'entr茅e du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole qui fait 脿 ses yeux partie de son territoire.)

L'Union compte cr茅er 17 organes constitutifs, dont quatre ont vu le jour 脿 Durban : l'Assembl茅e, la Commission, le Conseil ex茅cutif et le Comit茅 des repr茅sentants permanents.

Le principal organe de d茅cision, l'Assembl茅e des chefs d'Etat, se r茅unira tous les ans et le Pr茅sident Mbeki en sera le premier pr茅sident. Vient ensuite le Conseil ex茅cutif, compos茅 de Ministres des relations 茅trang猫res. La Commission, qui supervisera les affaires courantes de l'UA, comprendra 10 membres, dont 5 femmes, selon le r猫glement. Si茅geant 脿 Addis-Abeba (Ethiopie), elle sera pr茅sid茅e provisoirement par le Secr茅taire g茅n茅ral sortant de l'OUA, Amara Essy. Enfin, le Comit茅 de repr茅sentants permanents se compose d'ambassadeurs et autres personnalit茅s accr茅dit茅es aupr猫s de l'UA.

A Durban, les chefs d'Etat ont aussi d茅cid茅 d'茅tablir un Conseil de la paix et de la s茅curit茅, compos茅 de 15 nations. D'apr猫s la Charte constitutive de l'UA, l'organisation a le droit "d'intervenir [sur d茅cision de l'Assembl茅e] en cas de crimes de guerre, de g茅nocide et de crimes contre l'humanit茅". Faute de disposer de tels pouvoirs, l'OUA avait 茅t茅 s茅v猫rement critiqu茅e, surtout lors du g茅nocide de 1994 au Rwanda. A terme, une force de r茅serve de maintien de la paix, compos茅e de contingents d'arm茅es africaines, sera cr茅茅e et plac茅e sous la supervision du Conseil de s茅curit茅.

Un m茅canisme d'茅valuation interafricaine sera 茅galement 茅tabli, dans le cadre duquel les chefs d'Etat s'engagent 脿 faire preuve de bonne gouvernance et de bonnes pratiques et 脿 茅valuer leurs performances mutuelles. Le mandat et la structure de ce m茅canisme n'ont pas encore 茅t茅 pr茅cis茅ment 茅tablis, mais les diplomates r茅unis 脿 Durban ont indiqu茅 que les membres seraient libres d'y participer ou non. Cependant, le projet inqui猫te certains, qui redoutent que les pays donateurs se servent de ce m茅canisme pour surveiller les affaires int茅rieures des membres de l'UA.

Vers une participation plus diverse

A l'avenir, l'Union compte cr茅er un Parlement panafricain dont au moins un cinqui猫me des repr茅sentants devra 锚tre de sexe f茅minin. Contrairement 脿 l'OUA, l'UA a fait de l'茅galit茅 entre les sexes l'un de ses principes. Cette obligation d'avoir au moins un cinqui猫me de femmes parmi les parlementaires repr茅sente un progr猫s notable par rapport aux l茅gislatures nationales de beaucoup de pays africains. "L'Afrique est le seul continent 脿 avoir pris un tel engagement, en ce qui concerne l'int茅gration des femmes au sein de ses institutions continentales", a constat茅 le Centre et le r茅seau de ressources des femmes du Zimbabwe.

L'UA pr茅voit d'茅tablir 脿 terme une Cour africaine de Justice. Mais un premier projet de Cour africaine des droits de l'homme et des peuples n'a 茅t茅 ratifi茅 que par quelques nations. Les associations de la soci茅t茅 civile de l'Afrique et d'autres continents estiment que tout d茅pendra de l'茅tendue des pouvoirs conf茅r茅s 脿 un nouveau syst猫me judiciaire panafricain.

L'UA "ne r茅ussira que si elle remplace la culture d'impunit茅 par une culture de responsabilit茅", explique le directeur pour l'Afrique de l'organisation am茅ricaine Human Rights Watch, M. Peter Takirambudde.

Le Conseil 茅conomique, social et culturel est un autre organe de l'UA qui pourrait, selon les associations de la soci茅t茅 civile, contribuer 脿 diversifier la participation. Ses membres devraient 锚tre issus des organisations sociales et 茅conomiques non gouvernementales des pays membres. Le Conseil sera un important organe de politique g茅n茅rale de la Communaut茅 茅conomique africaine, dont la cr茅ation est l'un des objectifs 脿 long terme de l'UA. Cependant, il reste encore 脿 茅tablir le Conseil. L'Assembl茅e en d茅terminera les fonctions, les pouvoirs et la composition.

"Il est regrettable que l'accent ait initialement 茅t茅 mis sur les pouvoirs ex茅cutifs de l'Union", a d茅clar茅 脿 Durban le Secr茅taire g茅n茅ral du Mouvement panafricain, Tajudeen Abdul-Raheem. "Il s'agit maintenant de d茅terminer quelles institutions permettront aux Africains moyens de s'exprimer."