Les cybermenaces se multiplient en Afrique. L'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) a indiqué en mai 2024 que le continent était exposé à diverses formes de cyberattaques, notamment le phishing, l'extorsion numérique et d'autres escroqueries en ligne. L'organisation a noté que « la compromission des courriels d'entreprise est en augmentation sur le continent et constitue une menace importante pour le secteur financier ».
Le rapport ajoute qu'avec 90 % des entreprises africaines dépourvues des protocoles de cybersécurité nécessaires, le PIB du continent a chuté de plus de 10 %. Mais une militante se défend.
Favour Chioma Ugwoke, 24 ans, analyste dans un centre d'opérations de sécurité et testeur de pénétration, a décidé de trouver des moyens de protéger les individus et les organisations contre la cybercriminalité après que sa mère a été victime d'une escroquerie par hameçonnage.Ìý
« J'ai été dévastée lorsque cela est arrivé à ma mère. Je me suis sentie impuissante, mais cela a allumé un feu en moi », explique-t-elle dans une interview. Les attaques de cybersécurité comme celle dont sa mère a été victime sont de plus en plus fréquentes.
Selon un rapport 2024 du Global Cybersecurity Index, un pourcentage important d'utilisateurs d'Internet dans le monde a été confronté à des cybermenaces telles que le phishing, les escroqueries en ligne et l'usurpation d'identité. En Afrique, l'adoption croissante du numérique a rendu les individus vulnérables, le Nigeria enregistrant un nombre important d'internautes signalant des incidents de cybercriminalité.
« Ce qui a commencé comme un moyen de protéger ma mère s'est transformé en une passion pour la protection des autres », explique Favour. Malheureusement, les agresseurs de sa mère n'ont jamais été identifiés - un résultat courant dû à l'utilisation par les cybercriminels d'outils d'anonymisation avancés et à la nature transfrontalière de leurs opérations.
Ce revers a néanmoins servi de catalyseur à la campagne de sensibilisation de Mme Favour. Forte de son expérience, elle explique que les jeunes adultes (18-34 ans) sont le plus souvent victimes d'hameçonnage et de fraude en ligne en raison de leur utilisation intensive des plateformes numériques, tandis que les adultes plus âgés (55+) comme sa mère sont plus susceptibles d'être la cible d'escroqueries telles que l'usurpation d'identité, souvent en raison d'une connaissance limitée du monde numérique.
Impact positif
Le travail de Favour fait une grande différence. Elle a formé plus de 1 000 personnes à la cybersécurité et à la sécurité numérique. Selon elle, un grand nombre de ses stagiaires ont accédé à des postes dans le domaine des technologies de l'information, et ses efforts ont contribué à une diminution significative des attaques par hameçonnage réussies parmi les bénéficiaires.Ìý
Elle organise des sessions de formation individuelles et collectives, en partenariat avec une organisation de cybersécurité de premier plan, CyberSafe, afin de sensibiliser les individus et de leur donner les connaissances nécessaires pour se protéger. Son travail met en évidence le lien entre la pénétration croissante de l'internet en Afrique et la multiplication des cybermenaces.
« Je protège les particuliers et les organisations contre les cyberattaques en surveillant leurs systèmes de sécurité et en veillant à ce que les données restent sûres et accessibles », explique-t-elle.
« La prolifération rapide des plateformes numériques, favorisée par des smartphones abordables et un accès élargi à l'internet, a créé de nouvelles opportunités pour les cybercriminels », note Mme Favour. « Si la technologie offre des possibilités sans précédent, elle exige aussi une plus grande vigilance pour éviter qu'elle ne soit utilisée à mauvais escient.
Elle ajoute que « l'avenir de l'Afrique réside dans sa capacité à adopter la technologie et à donner à ses habitants les moyens de mener l'innovation ».
Les défis
En tant que femme dans un domaine dominé par les hommes, Mme Favour a dû relever sa part de défis, notamment rencontrer des personnes qui pensent que les femmes n'ont pas besoin d'être dans ce domaine. « Je n'ai jamais laissé cela m'empêcher d'avancer », insiste-t-elle. « Je pense que la diversité est essentielle pour résoudre les problèmes complexes de cybersécurité. Ìý
La formation continue dans le domaine de la cybersécurité est également cruciale. « Rester à jour dans le domaine de la cybersécurité est un défi, car le paysage évolue très rapidement. Je me fais un devoir de suivre l'actualité et les tendances du secteur par le biais de divers blogs, forums, webinaires et sites d'information sur la cybersécurité », explique Mme Favour.
Se tourner vers l'avenir
Elle est optimiste quant au potentiel de l'Afrique à devenir un leader de l'innovation en matière de cybersécurité. « Je vois un avenir où l'Afrique sera à la pointe de l'innovation en matière de cybersécurité. Nous avons le talent et la volonté nécessaires pour y parvenir ».
Aux jeunes qui s'intéressent à la cybersécurité, elle donne un conseil : « N'ayez pas peur de commencer modestement. Apprenez les bases, développez vos compétences et ne cessez jamais d'apprendre. Célébrez vos petites victoires et ne soyez pas trop dur avec vous-même lorsque vous rencontrez des échecs.
« Chaque projet m'a appris quelque chose de nouveau », conclut-elle, soulignant son dévouement inébranlable à la construction d'un avenir numérique plus sûr et plus innovant pour les Africains.