En 1997, la regrett茅e Diana, princesse de Galles, marqua les esprits lorsqu鈥檈lle apparut sur des photos arborant une tenue de protection lors de la visite d鈥檜n champ de mines antipersonnel en Angola 脿 l鈥檕ccasion d鈥檜ne campagne de sensibilisation.
Apr猫s sa rencontre avec Sandra Thijika, 芒g茅e de 13 ans, qui avait perdu une jambe en marchant sur une mine, la princesse a d茅clar茅 aux m茅dias, 芦鈥塉鈥檃i lu que l鈥橝ngola d茅tenait le pourcentage le plus 茅lev茅 d鈥檃mput茅s au monde... notamment qu鈥檜ne personne sur 333 avait perdu un de ses membres, le plus souvent, suite 脿 des explosions de mines. 禄 Elle pr茅conisa une action mondiale visant 脿 faire face 脿 la menace.
Deux ans plus tard, le 1er mars 1999, la Convention sur l鈥檌nterdiction de l鈥檈mploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (茅galement appel茅e Convention sur l鈥檌nterdiction des mines antipersonnel ou simplement Convention d鈥橭ttawa) entrait en vigueur.
En 2018, 164 脡tats, dont 50 脡tats africains, l鈥檃vaient sign茅, s鈥檈ngageant 脿 s鈥檃bstenir听 芦 d鈥檈mployer, de mettre au point, de produire, d鈥檃cqu茅rir, de conserver, de stocker ou de transf茅rer les mines terrestres antipersonnel.鈥壜�
N茅anmoins, 20 ans apr猫s l鈥檈ntr茅e en vigueur du trait茅, on compte encore plus de 50 millions de stocks de mines terrestres, dont la plupart en Angola, en Afghanistan, au Cambodge, au Tchad et en Iraq, selon l鈥橝ssociation am茅ricaine non partisane pour le contr么le des armes.
La Campagne internationale pour l鈥檌nterdiction des mines terrestres (ICBL), un r茅seau d鈥橭NG, reste optimiste quant au progr猫s accompli dans l鈥檃pplication de la Convention d鈥橭ttawa. Vingt-huit 脡tats ont compl猫tement 茅radiqu茅 et mis fin 脿 leur emploi, dont l鈥橝frique du Sud, le Mozambique (d茅clar茅 d茅barrass茅 de la menace en 2015), Madagascar, l鈥櫭塼hiopie et le Tchad, estime t-elle.
Acteurs non 茅tatiques
Si l鈥檃pplication du trait茅 semble suivie chez les 脡tats, la difficult茅 majeure r茅side chez les acteurs non 茅tatiques qui se livrent 脿 l鈥檈mploi d鈥檈ngins explosifs improvis茅s (EEI), dont les mines terrestres.
Le conseiller en EEI aupr猫s du Service de la lutte antimines des Nations Unies (SLAM), Byran Sand, entend par EEI, tout objet 芦鈥塧ctiv茅 par la pr茅sence, la proximit茅 ou le contact avec une personne.鈥壜�
芦鈥塋es EEI peuvent 锚tre class茅s en trois grandes cat茅gories,鈥壜�, d茅clare Sand. 芦鈥塋es EEI d茅clench茅s par la victime, lesquels satisfont 脿 la d茅finition d鈥檜ne mine terrestre ; les engins 脿 temporisation qui sont programm茅s pour se d茅clencher 脿 un moment pr茅cis ; et les engins t茅l茅command茅s qui sont d茅clench茅s par la pression d茅lib茅r茅e ou non du commutateur.鈥壜�
Tandis que l鈥檈mploi des mines terrestres diminue, M. Sand affirme qu鈥檕n enregistre une augmentation du nombre d鈥橢EI employ茅s par les acteurs non 茅tatiques. 芦鈥塋es EEI constituent une menace s茅rieuse car les personnes qui n鈥檕nt pas acc猫s aux munitions de l鈥櫭塼at se tournent vers les engins improvis茅s.鈥壜�
M. Sand ajoute que les groupes terroristes tels que Boko Haram au Nigeria et Al-Shebab en Somalie emploient les EEI comme des instruments de terreur 芦鈥塸our mettre 脿 mal le succ猫s de l鈥檃pplication de la Convention d鈥橭ttawa.鈥壜�
Les EEI sont aussi impr茅visibles que les mines, mais peu on茅reux et plus faciles 脿 fabriquer.
Impact ?
M. Sand, montrant du doigt une veste-suicide pos茅e sur la table affirme que 芦鈥塮abriquer un EEI comme celui-ci est un probl猫me de 20 dollars n茅cessitant une solution 脿 un million de dollars.禄
芦鈥塋e co没t d鈥檜n AK-47 rapport茅 脿 ses effets est 茅lev茅 compar茅 au co没t d鈥檜n EEI qui peut ruiner beaucoup plus de vies et de biens d鈥檜ne valeur de centaines de milliers de dollars. Les EEI repr茅sentent les armes pr茅f茅r茅es des groupes terroristes 脿 travers l鈥橝frique et le monde.鈥壜�
La Convention d鈥橭ttawa sur l鈥檌nterdiction des mines ne cible que les mines terrestres, et non la gamme compl猫te des EEI.
脡tant donn茅 la dynamique pluridimensionnelle des EEI, la r茅glementation est complexe, admet M. Sand. 芦鈥塈l est difficile d鈥檃ppliquer la r茅glementation aux objets technologiques. Si je d茅clenche un EEI au moyen d鈥檜n t茅l茅phone portable, comment savoir si ce t茅l茅phone est utilis茅 脿 des fins inoffensives ou malveillantes?鈥壜�, s鈥檌nterroge-t-il ?.
Du point de vue de l鈥橭NU, M. Sand d茅clare que les EEI constituent une entrave 脿 la capacit茅 d鈥檃pporter de l鈥檃ide humanitaire. 芦鈥塒renons l鈥檈xemple du Nigeria et du Cameroun, ils r茅affectent des ressources qui devraient 锚tre consacr茅es 脿 des fins autres que la lutte contre les EEI,鈥壜� rel猫ve-t-il.
L鈥橴A s鈥檈fforce d鈥櫭﹍aborer une strat茅gie de lutte contre les EEI, tandis que l鈥橭NU m猫ne le m锚me combat 芦鈥塧fin qu鈥檜ne approche pangouvernementale ou institutionnelle globale puisse 锚tre adopt茅e...de sorte que tout le monde soit sur la m锚me longueur d鈥檕nde,鈥壜� fait savoir M. Sand.
L鈥橴nion Africaine
Par exemple, le SLAM a r茅alis茅 une cartographie de l鈥檌nt茅gralit茅 du syst猫me onusien, laquelle a d茅montr茅, contre toute attente, que 28 agences travaillent avec des personnes et des groupes affect茅s par les EEI. Le SLAM envisage l鈥檃doption d鈥檜ne approche syst茅mique cibl茅e
et unifi茅e.
En ce qui concerne la d茅sactivation des mines terrestres, beaucoup reste 脿 faire. Les pays durement touch茅s tels que le Mozambique, l鈥橝ngola et la Somalie, d茅ploient des outils technologiques tels que le radar 茅lectromagn茅tique et se servent de rongeurs pour d茅tecter et neutraliser les mines.
Les documents militaires, les cartes et les informations recueillies aupr猫s des populations locales ont 茅galement 茅t茅 d茅terminants dans la d茅tection des mines terrestres. 芦鈥塁鈥檈st un travail de longue haleine et de collaboration avec la population locale, le gouvernement, la soci茅t茅 civile et les ONG,鈥壜� pr茅cise M. Sand.芦鈥塋鈥橭NU joue un r么le de coordination. C鈥檈st un processus de grande envergure qui n茅cessite des ressources.鈥壜�
Le SLAM s鈥檈fforce 茅galement, en d茅pit de ses ressources limit茅es, d鈥檃pporter du soutien aux victimes. M. Sand affirme : 芦鈥塏ous souhaitons aider les survivants 脿 reb芒tir leurs vies. Par exemple, nous avons invit茅 un survivant [au si猫ge de l鈥橭NU 脿 New York] 脿 t茅moigner 禄.
芦 Nous avons besoin de mettre davantage nos ressources 脿 disposition du plus grand nombre 脿 travers le monde. 禄 Le SLAM, conclut-il, r锚ve d鈥檜n monde o霉 plus personne ne meurt 脿 cause des mines terrestres ou des EEI.听 听
