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Tourisme responsable au Kenya

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Tourisme responsable au Kenya

Préserver l’environnement et combattre la pauvreté figurent au programme du NEPAD
Afrique Renouveau: 
Alamy Images / David Keith Jones

L’hôtel Severin Sea Lodge, situé sur l’immense plage de Bamburi près de Mombasa, compte 400 chambres donnant sur l’océan Indien. Les clients qui y passent leurs vacances viennent d’Europe, d’Afrique ainsi que du Kenya. La mer y est propre et l’hôtel fait de son mieux pour qu’elle le reste.

Tourists view wildlife at a Kenyan reserve Dans une réserve du Kenya, des touristes observent les animaux sauvages.
Photo: Alamy Images / david Keith Jones

“Le Severin a été le premier hôtel au Kenya à engager à temps complet un responsable de l’environnement, explique M. Andrew Stuart, directeur de l’hôtel. Nous sommes aussi le premier hôtel à avoir eu une station d’épuration biologique afin d’éviter de rejeter les eaux usées dans l’océan, de le polluer et de menacer la faune marine."

Cette station d’épuration traite les eaux usées des chambres, des cuisines et de la buanderie, qui, une fois propres, s’infiltrent dans le sol à travers les coraux. Elle traite jusqu’à 150 000 litres d’eau par jour, ce qui représente la quantité d’eaux usées produite par 1500 personnes. L’hôtel dispose d’un système de recyclage complet : papier, plastique et verre sont confiés à des revendeurs qui les recyclent. On encourage également les clients à ne pas laisser de détritus sur la plage.

L’hôtel fait partie d’un nombre croissant d’établissements participant à un programme de protection des côtes du Kenya, qui s’étendent sur 1420 kilomètres, de la frontière avec la Somalie au nord à celle de la Tanzanie au sud, et dont la réputation a fait le tour du monde. De vastes étendues de mangrove, de prés salés, de marais et de récifs de corail, qui abritent une flore et une faune hautes en couleurs, enrichissent le paysage. Les visiteurs qui affluent chaque année sur les plages du Kenya ont fait du tourisme la deuxième activité économique après l’agriculture. Le Gouvernement du Kenya a lancé de nombreux projets novateurs en collaboration avec le secteur privé, dans le but de concilier prospérité économique et préservation de l’environnement.

Protéger l’environnement : ‘dans notre intérêt’

“Nous devons chercher ensemble des solutions pour que les touristes puissent continuer à profiter des attraits du Kenya tout en prévenant la destruction de ce que précisément ils viennent voir, déclare M. Stuart. C’est la politique de Severin Sea Lodge. Nous prenons d’importantes mesures pour protéger l’environnement dont nous dépendons. C’est dans notre intérêt économique."

L’exploitation des richesses de la nature africaine pour mettre fin à la pauvreté, dans une perspective viable, est un principe central du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Le Gouvernement du Kenya héberge à Nairobi l’Unité côtière et marine (COSMAR) du NEPAD, dont l’objectif principal est d’aider les pays africains à enrayer la dégradation des milieux marins et côtiers.

“Les côtes de l’Afrique présentent d’immenses richesses naturelles, mais elles sont soumises à un trop grand nombre de pressions contradictoires, note M. James Kamula qui coordonne le projet COSMAR à Nairobi. L’environnement est de plus en plus mis à rude épreuve à cause de la surexploitation continuelle de ses ressources. Cela menace la productivité de l’écosystème des zones côtières, et par conséquent la croissance économique. Le COSMAR aide les pays membres à tenir compte des préoccupations environnementales dans toutes leurs politiques et leurs plans d’action”, a-t-il expliqué à Afrique Renouveau.

D’après un rapport de l’ONU sur le tourisme durable au Kenya, les stations touristiques situées sur la côte attirent plus de 60 % du million de touristes qui visitent chaque année le pays. Le secteur touristique emploie 11 % de la main d’œuvre kenyane. Il diversifie l’économie et bénéficie à d’autres secteurs comme les transports, la restauration, les spectacles et l’industrie textile. Cette fréquentation touristique est excellente pour les affaires, mais met à rude épreuve les plages les plus populaires.

Sensibiliser

Sept pays — le Kenya, le Sénégal, le Nigéria, le Ghana, le Mozambique, les Seychelles et la Tanzanie — participent à un partenariat public-privé du COSMAR qui vise à promouvoir un tourisme responsable.

Le COSMAR explique qu’un projet de tourisme responsable doit, entre autres, veiller à ce que les collectivités locales bénéficient des revenus générés dans leur région. Selon le responsable du développement de l’écotourisme du Severin Sea Lodge, Marion Teichmann, “un des aspects de notre programme est de sensibiliser et de faire connaître l’environnement, les moyens de subsistance des communautés locales et les difficultés qu’elles rencontrent. Nous offrons une excursion d’une journée au cours de laquelle nos clients visitent une école. Ils ont l’occasion de parler avec les enseignants et les élèves et de s’informer des efforts faits au Kenya dans le domaine de l’éducation. Après cette sensibilisation, de nombreux visiteurs veulent apporter leur aide."

Ce projet aide l’école primaire baptiste Utange de Mtwapa, située sur la côte près de Mombasa. M. Teichmann explique que l’école a un très haut niveau scolaire mais que la plupart des familles qui y envoient leurs enfants vivent d’une agriculture de subsistance et ont des difficultés à payer les droits d’inscription. “L’école a un programme qui permet de parrainer un enfant intelligent mais nécessiteux en payant ses droits d’inscription”. À présent, 14 enfants sont ainsi parrainés.

M. Nathael Malau, qui s’occupe du financement de l’école, atteste que les visites des clients du Severin Sea Lodge leur font prendre conscience des difficultés des élèves et leur donnent un moyen d’agir. “Grâce à ce programme de parrainage, les visiteurs apportent une aide véritable à la communauté, particulièrement aux familles nombreuses. Celles-ci ont du mal à s’acquitter des droits d’inscription pour tous leurs enfants et les parents ne veulent pas non plus avoir à décider quel enfant aura une bonne éducation."

Sun ‘n Sand Beach Resort, un hôtel de la côte nord du Kenya, développe aussi, en collaboration avec le Gouvernement, le tourisme responsable. L’hôtel a, en collaboration avec Microsoft et le Ministère de l’éducation, parrainé un projet d’écoles informatisées du NEPAD visant à fournir des ordinateurs et un accès Internet à l’école primaire de Kikambala dans le district de Kilifi. Ce projet bénéficiera aux quelque 2 500 élèves de l’école.

La plupart des entreprises kenyanes, affirme Andinide Makumbi, Directeur de l’hôtel Sun ‘n Sand, se préoccupent plus de leurs profits que de leurs responsabilités sociales envers les communautés locales. Il lance un défi aux hôteliers : pratiquer un tourisme responsable afin d’avoir un impact positif sur la vie des Kenyans pauvres. “Le profit par lui-même n’est jamais une mesure de succès”, dit-il.