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Une nouvelle journ茅e bien remplie commence au si猫ge de Doxa Worldwide Movers, une soci茅t茅 de d茅m茅nagement d鈥橝ccra (Ghana). Le directeur, Matthew Ackun, v茅rifie une derni猫re fois les instructions de livraison. Deux camions charg茅s de meubles, d鈥檃ppareils m茅nagers et de v锚tements entament leur exp茅dition de 380 kilom猫tres vers Lagos (Nig茅ria). 脌 trois fronti猫res de l脿, une famille ayant r茅cemment d茅m茅nag茅 compte recevoir ses affaires 脿 temps.

De meilleures routes faciliteraient les voyages et le commerce interafricain.

Photo: africaphotos.com / Robert Grossman

鈥淟es camions arriveront l脿-bas dans seulement huit heures鈥�, assure M. Ackun. M锚me s鈥檌l ne s鈥檃git pas d鈥檜n temps record, c鈥檈st bien mieux qu鈥檌l y a seulement un an. 鈥淟es routes 茅taient tellement 茅troites qu鈥檈lles ne laissaient passer que deux voitures 脿 la fois, une dans chaque direction. Nos camionneurs mettaient toute une journ茅e 脿 n茅gocier les nids-de-poule, les virages difficiles et les innombrables contr么les d鈥檌ci au Nig茅ria. 脌 pr茅sent, les routes sont mieux goudronn茅es, dit-il, et dans la plupart des zones urbaines l鈥檃utoroute est 脿 double voie. On livre trois fois plus vite."

Si le trajet est maintenant plus rapide, c鈥檈st gr芒ce aux efforts d茅ploy茅s par les dirigeants de la r茅gion pour terminer l鈥檃utoroute c么ti猫re ouest-transafricaine de 4 500 kilom猫tres, reliant Nouakchott (Mauritanie) 脿 Lagos (Nig茅ria). Le Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD) a insuffl茅 aux pays de la r茅gion l鈥櫭﹍an n茅cessaire pour achever l鈥檃utoroute qui les relie. Ce programme, con莽u par des Africains et pour l鈥橝frique, vise 脿 doter le continent d鈥檜n r茅seau de transport moderne capable de renforcer leurs liens 茅conomiques et leurs 茅changes commerciaux.

Le commerce intra-africain ne repr茅sente qu鈥檈nviron 10 % de la totalit茅 des 茅changes ext茅rieurs des pays du continent, le niveau le plus faible de toutes les r茅gions du monde. De l鈥檃vis de la Commission 茅conomique de l鈥橭NU pour l鈥橝frique, le probl猫me vient du fait que les r茅seaux ferr茅s et routiers du continent ont 茅t茅 construits le plus souvent pour desservir les ports plut么t que relier les pays de la r茅gion.

Contrari茅t茅 permanente

La mauvaise infrastructure routi猫re est une source de contrari茅t茅 permanente pour Doxa Worldwide Movers lorsqu鈥檈lle doit acheminer au Niger des marchandises provenant de la C么te d鈥橧voire, du Togo, du B茅nin, du Nig茅ria et d鈥檃illeurs. 鈥溍嘺 fait partie du travail鈥�, explique M. Ackun.

Cette soci茅t茅 a prosp茅r茅 depuis sa cr茅ation il y a 10 ans, mais les soucis se sont multipli茅s aussi. M. Ackun a expliqu茅 脿 Afrique Renouveau que pour transporter des conteneurs au Lib茅ria, il faut souvent les envoyer d鈥檃bord dans les centres de triage d鈥橢urope, pour les faire revenir ensuite en Afrique. Les troubles sociaux, l鈥檃bsence de concurrence, le mauvais 茅tat des r茅seaux routiers et les nombreux contr么les constituent les principales raisons du co没t 茅lev茅 des transports dans la r茅gion.

鈥淟鈥檃cheminement d鈥檜n containeur d鈥檈nviron sept m猫tres de long vers la Grande-Bretagne co没te 1 000 dollars, pr茅cise M. Ackun. Mais il en co没te 2 300 pour le transporter au Lib茅ria, pays voisin. Sur la route, il peut y avoir jusqu鈥櫭� cinq contr么les au Ghana, six au Togo, six au B茅nin et facilement 20 dans le seul Nig茅ria. Parfois pour de bonnes raisons, pour nous prot茅ger contre les vols 脿 main arm茅e, mais parfois les autorit茅s profitent de la situation鈥�. Il esp猫re que d茅sormais les conditions de transport seront meilleures gr芒ce aux efforts du NEPAD pour am茅liorer le syst猫me routier et simplifier les d茅marches aux fronti猫res.

鈥淟e Gouvernement ghan茅en a beaucoup fait pour am茅liorer son r茅seau routier. 脟a se fait peu 脿 peu, mais 莽a avance. Je dirais que depuis quatre ans, ils ont construit environ 60 %, peut-锚tre plus, du tron莽on ghan茅en de l鈥檃utoroute. C鈥檈st bon pour les affaires鈥�.

Les pays d鈥橝frique de l鈥橭uest ont achev茅 plus de 83 %, soit 3 777 kilom猫tres, de l鈥檃utoroute c么ti猫re, selon la Communaut茅 茅conomique des 脡tats de l鈥橝frique de l鈥橭uest (CEDEAO). Ce projet, l鈥檜n des plus ambitieux jamais entrepris dans la r茅gion, est ex茅cut茅 dans le cadre du NEPAD. Les travaux qui restent 脿 faire portent principalement sur les tron莽ons reliant le Lib茅ria, la C么te d鈥橧voire et la Sierra Leone. Des ann茅es de conflit ont d茅truit la plupart des infrastructures de ces pays qui ne s鈥檈n remettent qu鈥櫭� peine. Les autres pays membres de la CEDEAO sont le B茅nin, le Burkina Faso, Cap Vert, la Gambie, le Ghana, la Guin茅e, la Guin茅e-Bissau, le Mali, le Niger, le Nig茅ria, le S茅n茅gal et le Togo.

Encourager le commerce

鈥淐ette autoroute devrait fortement stimuler les activit茅s 茅conomiques de la r茅gion, en particulier le commerce, en facilitant l鈥檃cc猫s des personnes et marchandises aux march茅s locaux et r茅gionaux, fait remarquer Ini Urua, responsable du NEPAD 脿 la Banque africaine de d茅veloppement (BAfD). L鈥檌ntention du NEPAD est pr茅cis茅ment de supprimer les barri猫res entre pays africains.鈥� Des services de transport peu fiables et on茅reux entravent le d茅veloppement des affaires et ont un effet dissuasif sur les investissements en Afrique, ajoute-t-il.

L鈥橝frique a besoin d鈥檜n meilleur r茅seau de transport. La Banque mondiale estime qu鈥檃fin de se doter d鈥檌nfrastructures adapt茅es, les pays africains devraient consacrer, dans les 10 prochaines ann茅es, environ 4 % de leurs produits int茅rieurs bruts annuels 脿 la seule construction de routes, investissement tr猫s lourd compte tenu des nombreux autres besoins du continent. La BAfD, la Banque mondiale, l鈥橴nion europ茅enne, la Banque ouest-africaine de d茅veloppement, l鈥橝gence danoise de d茅veloppement international et des pays donateurs tels que le Japon contribuent au financement des travaux du r茅seau routier.

La construction de l鈥檃utoroute c么ti猫re ouest-africaine est cruciale, mais les pays sans littoral, comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger doivent pouvoir acc茅der aux ports de leurs voisins. Ces pays, observe M. Urua, acquittent des droits de douane faramineux pour l鈥檈xportation ou l鈥檌mportation de leurs produits. Parfois, leurs camionneurs doivent traverser deux ou trois pays pour se rendre dans les ports et doivent effectuer des d茅marches compliqu茅es pour d茅douaner leurs marchandises. Le NEPAD a encourag茅 les pays 脿 adopter ensemble des mesures visant 脿 diminuer les co没ts de transport et r茅duire la dur茅e des trajets.

Mais l鈥檃m茅lioration du r茅seau routier aurait d鈥檃utres avantages. D鈥檃pr猫s Perspectives 茅conomiques de l鈥橝frique 2005-2006, publi茅 par l鈥橭rganisation de coop茅ration et de d茅veloppement 茅conomiques et la BAfD, environ 10 % du nombre total de d茅c猫s recens茅s en 1999 sur les routes dans le monde se sont produits en Afrique subsaharienne, r茅gion qui ne compte pourtant que 4 % environ de l鈥檈nsemble des v茅hicules immatricul茅s dans le monde. De meilleures routes r茅duisent le nombre d鈥檃ccidents et sauvent des vies. En outre, les voyages sont plus confortables lorsque les routes sont goudronn茅es, sans poussi猫re ni nids-de-poule. La dur茅e du voyage 脿 l鈥櫭ヽole et au travail s鈥檈n trouve r茅duite.

Au-del脿 des promesses

Les grandes d茅clarations, c鈥檈st bien beau, mais ce sont les faits qui comptent, affirme pour sa part le Pr茅sident du S茅n茅gal, Abdoulaye Wade. 鈥淥n parle d鈥檜nit茅 africaine, on veut l鈥檜nit茅 africaine. En attendant, on ne dispose m锚me pas d鈥檜n r茅seau routier nous permettant d鈥檃ller d鈥檜n pays 脿 l鈥檃utre. Depuis 1960, chaque pays construit ses routes, mais chez nous, au S茅n茅gal, on ne peut m锚me pas conduire jusqu鈥檈n Guin茅e voisine ou d茅cider d鈥檃ller au Mali par la route. Pourquoi ? Parce que leurs routes n鈥櫭﹖aient pas notre probl猫me. Chacun de nous a voulu avoir son propre petit r茅seau."

Farouche partisan du NEPAD, M. Wade estime que les pays doivent conjuguer leurs ressources et imaginations. 鈥淪i on a une strat茅gie globale, on pourra dire : 鈥極ui, il nous faut une bonne route pour aller au Mali d鈥檃bord et au Niger ensuite, et jusqu鈥檃u Tchad et la R茅publique centrafricaine鈥欌��.