"Je veux que mes enfants vivent dans un monde o霉 l'Afrique est repr茅sent茅e et o霉 les histoires africaines sont racont茅es par des Africains, et non un r茅cit 茅labor茅 par quelqu'un d'autre qui ne sait pas ce qui se passe sur le continent", d茅clare Elizabeth Kperrun-Eremie, une innovatrice du Nigeria.
La prise de conscience du fait que les langues africaines sont en train de mourir et que la prochaine g茅n茅ration d'Africains pourrait grandir sans pouvoir parler les langues indig猫nes et sans conna卯tre leur culture, ainsi que le d茅sir de pr茅server les langues locales, l'ont pouss茅e 脿 cr茅er Tesem, une application t茅l茅phonique interactive qui apprend aux enfants des mots en anglais et dans certaines langues indig猫nes africaines.
Lors d'une conversation avec des innovateurs africains au cours de la r茅cente conf茅rence Africa Dialogue Series (ADS) 2021, Mme Kperrun-Eremie, qui avait d茅j脿 cr茅茅 une application de contes populaires, a d茅clar茅 que Tesem 茅tait sa contribution 脿 la pr茅servation de la culture par la technologie.
L'application a 茅t茅 bien accueillie tant en Afrique que dans la diaspora, r茅pondant ainsi 脿 la demande croissante de ce type de produits.
La conversation 茅tait l'une des nombreuses activit茅s organis茅es lors de la quatri猫me 茅dition de l'ADS, qui s'est tenue en mai sur le th猫me "Identit茅 et propri茅t茅 culturelles : remodeler les mentalit茅s". Le th猫me 茅tait tir茅 du th猫me de l'Union africaine (UA) pour 2021, "Arts, culture et patrimoine : Leviers pour construire l'Afrique que nous voulons".
Les deux th猫mes sont ancr茅s dans l'aspiration 5 de l'Agenda 2063 de l'UA, qui envisage une Afrique dot茅e d'une forte identit茅 culturelle, d'un patrimoine commun, de valeurs partag茅es et d'une 茅thique.
Pour contribuer 脿 faire 茅voluer les mentalit茅s et 脿 changer le discours sur le continent, l'ADS a pr茅sent茅 quotidiennement, tout au long du mois de mai, le patrimoine culturel riche et diversifi茅 du continent. Les activit茅s de l'ADS de cette ann茅e, vastes et inclusives, ont permis d'accro卯tre la participation d'un 茅chantillon repr茅sentatif de la population aux discussions sur le continent. Elles ont permis de c茅l茅brer l'identit茅, la culture, l'histoire et les r茅alisations du continent, et de r茅unir les principales parties prenantes pour discuter des d茅fis et des opportunit茅s pour l'Afrique. Les conversations, qui ont eu lieu au cours des trois premi猫res semaines de mai, ont aliment茅 le forum de politique publique de trois jours, du 26 au 28 mai, organis茅 autour de r茅unions pl茅ni猫res au niveau politique, contribuant ainsi 脿 influencer les politiques.
Les activit茅s virtuelles comprenaient des expositions d'art et d'innovation, des conversations avec des universitaires et des experts, des artistes, des cin茅astes et des jeunes parmi beaucoup d'autres, de la musique et des documentaires sur l'histoire de l'Afrique, le tout refl茅tant le riche patrimoine culturel et la diversit茅 de l'Afrique. Des militants, des anthropologues, des arch茅ologues, des architectes, des membres de la soci茅t茅 civile, des 茅conomistes, des 茅ducateurs, des historiens, des innovateurs, des professionnels des m茅dias, des chercheurs et des d茅cideurs politiques, entre autres, ont partag茅 leurs connaissances et leurs id茅es pour acc茅l茅rer le d茅veloppement de l'Afrique.
Le r么le du cin茅ma dans la promotion de l'identit茅 culturelle, l'utilisation de la culture pour des innovations qui r茅pondent aux d茅fis 茅mergents, le pouvoir des mus茅es pour favoriser l'unit茅 et la coh茅sion sociale, le r么le de l'art dans la consolidation de la paix, la contribution des industries culturelles et cr茅atives 脿 la croissance 茅conomique et la valeur des connaissances indig猫nes dans la r茅solution des probl猫mes modernes, figuraient parmi le large 茅ventail de sujets abord茅s.
"Gr芒ce 脿 ces activit茅s, nous avons encourag茅 le d茅bat sur la culture, 茅tant entendu que la culture va au-del脿 des d茅monstrations artistiques et implique un profond sentiment d'appartenance 脿 une communaut茅 qui est pr锚te 脿 s'approprier son propre d茅veloppement. C'est le v茅ritable pouvoir de la culture en tant que d茅clencheur du d茅veloppement durable", a d茅clar茅 Mme Cristina Duarte, Secr茅taire g茅n茅rale adjointe et Conseill猫re sp茅ciale pour l'Afrique.听
Mme Fatima Kyari Mohammed, observatrice permanente et chef de mission de l'Union africaine aupr猫s de l'ONU, a ajout茅 que la compr茅hension de la mani猫re dont la culture et les traditions ont aid茅 les populations africaines 脿 survivre et 脿 s'adapter pendant des g茅n茅rations dans le pass茅 pourrait 锚tre la cl茅 du d茅veloppement de politiques durables pour att茅nuer les d茅fis futurs et acc茅l茅rer le d茅veloppement.
M. Issimail Chanfi, repr茅sentant permanent des Comores aupr猫s des Nations unies et pr茅sident du Groupe africain pour le mois de mai, a soulign茅 l'importance de modifier les mentalit茅s et de changer les perceptions afin que l'Afrique cesse d'锚tre consid茅r茅e comme un continent ayant besoin d'aide et soit per莽ue comme un acteur 茅gal sur la sc猫ne mondiale.
"Le pass茅 et le pr茅sent de l'Afrique regorgent de r茅ussites, comme on a pu le constater lors de l'ADS", a-t-il d茅clar茅, notant que de grandes civilisations sont n茅es sur le continent sans l'aide d'acteurs ext茅rieurs. Il a ajout茅 que des projets ambitieux comme l'Accord de libre-茅change continental africain (ZLECAf) sont en cours, ce qui indique que les pays africains sont pr锚ts 脿 mener une nouvelle approche du d茅veloppement, mais pour y parvenir, ils ont besoin de partenaires engag茅s qui respectent le r么le de l'Afrique en tant qu'acteur mondial et veillent 脿 ce que les in茅galit茅s pass茅es ne soient pas utilis茅es pour maintenir un d茅s茅quilibre mondial.
"Certes, la culture 茅voque des traditions ancestrales, un lien avec notre fier pass茅 et notre puissant sentiment d'identit茅 aujourd'hui, mais elle nous fournit 茅galement des pistes pour tracer notre avenir, un avenir prosp猫re et pacifique", a d茅clar茅 le professeur Eddy Maloka, directeur g茅n茅ral du M茅canisme africain d'茅valuation par les pairs. 听
"La culture peut et doit jouer un r么le pour aider l'Afrique 脿 r茅茅crire son r茅cit et ses aspirations en mati猫re de d茅veloppement, notamment celles de l'Agenda 2063 et des objectifs de d茅veloppement durable (ODD)", a-t-il soulign茅.
L'ADS a permis d'amplifier les voix des experts africains, d'exposer le monde 脿 des faits inconnus et 脿 des histoires in茅dites sur le patrimoine culturel, l'histoire et la base de connaissances du continent, et de cr茅er un riche r茅pertoire d'informations sur l'Afrique pouvant servir de r茅f茅rence au-del脿 de l'茅v茅nement de plusieurs semaines.
"Au cours de ce mois de l'ADS, nous avons constat茅 qu'un nouveau r茅cit est en effet possible, si seulement nous donnons la parole aux experts africains", a d茅clar茅 M. Chanfi.听
L'ADS annuel est l'茅v茅nement phare du Bureau du conseiller sp茅cial pour l'Afrique (OSAA). Il offre une plateforme pour d茅fendre l'Afrique et ses d茅fis en mati猫re de d茅veloppement. Il vise 茅galement 脿 cr茅er un nouveau r茅cit qui refl猫te la vision de l'Afrique telle qu'elle est inscrite dans l'Agenda 2030 pour le d茅veloppement durable et l'Agenda 2063 de l'UA.
