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Depuis la fin de l'ann茅e derni猫re, la r茅gion du Darfour tout enti猫re, 脿 l'ouest du Soudan, conna卯t l'une des situations d'urgence les plus graves auxquelles le monde est confront茅. Plusieurs milliers de villageois ont 茅t茅 tu茅s alors que les forces arm茅es soudanaises et une milice b茅n茅ficiant de l'appui du gouvernement s'efforcent de r茅primer l'insurrection locale. L'ONU estime que quelque 2 millions de personnes, dont un grand nombre ont d没 abandonner leur domicile 脿 cause du conflit, ont un "besoin urgent d'aide." Par ailleurs, 130 000 personnes ont fui vers le Tchad voisin.

Le Darfour, a indiqu茅 fin mai au Conseil de s茅curit茅, Jan Egeland, le Secr茅taire g茅n茅ral adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU, risque de devenir "la pire catastrophe humanitaire de notre 茅poque." L'ONU a lanc茅 un appel de fonds pour obtenir 236 millions de dollars pour les op茅rations de secours d'urgence destin茅es au Darfour et plus de la moiti茅 de cette somme a 茅t茅 promise au cours d'une r茅union des bailleurs de fonds qui s'est tenue le 3 juin.

Attaques ethniques

Bien que le Soudan souffre souvent de la s茅cheresse, la crise actuelle est d'origine essentiellement politique. "Une politique de terre br没l茅e se pratique partout dans le Darfour et se traduit notamment par la destruction syst茅matique des 茅coles, des puits, des semences et des ressources vivri猫res a d茅clar茅 M. Egeland au d茅but du mois d'avril. J'estime qu'il s'agit l脿 d'un nettoyage ethnique. Il n'y a pas d'autre terme pour qualifier ces attaques car elles ont pour cibles principales les Four, les Zaghawa, les Massalit et certaines autres communaut茅s originaires d'Afrique noire."

Compte tenu de la gravit茅 de la situation, le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan, a invit茅 le Pr茅sident du Soudan, Omar Al Bachir, 脿 d茅sarmer les milices et 脿 faciliter l'acc猫s du personnel des organisations humanitaires. Il lui a 茅galement demand茅 d'assurer un cessez-le-feu humanitaire pour permettre la distribution de vivres et faciliter le d茅ploiement d'observateurs de l'Union africaine.

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"Une politique de terre br没l茅e se pratique partout dans le Darfour et se traduit notamment par la destruction syst茅matique des 茅coles, des puits, des semences et des ressources vivri猫res. J'estime qu'il s'agit l脿 d'un nettoyage ethnique."
-- Jan Egeland, Secr茅taire g茅n茅ral adjoint aux affaires humanitaires

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Le Conseil de s茅curit茅 a, par ailleurs, d茅clar茅 le 25 mai qu'il "condamne fermement" les actes qui compromettent le r猫glement pacifique de la crise. Il s'est 茅galement d茅clar茅 profond茅ment pr茅occup茅 par les informations selon lesquelles des violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire sont perp茅tr茅es, "en particulier des actes de violence 脿 caract猫re ethnique."

Litiges internes

C'est depuis la fin des ann茅es 80 que des affrontements arm茅s se produisent au Darfour. Ils sont dus en partie aux conflits qui opposent les 茅leveurs de b茅tail aux agriculteurs s茅dentaires en ce qui concerne l'acc猫s 脿 la terre. En 2003, ces affrontements se sont brusquement intensifi茅s alors que deux mouvements rebelles faisaient leur apparition. C'est surtout aupr猫s des communaut茅s rurales four et massalit et des 茅leveurs zaghawa que les rebelles trouvent leurs alli茅s. Ils accusent le gouvernement central de Khartoum non seulement de marginaliser le Darfour mais aussi de soutenir les 茅leveurs nomades arabes dans les diff茅rends qui les opposent aux autres groupes.

Face 脿 cette situation, les forces arm茅es r茅guli猫res soudanaises ont entrepris d'importantes op茅rations militaires. Par ailleurs, une milice irr茅guli猫re arabe, connue sous le nom de Djandjawid, a 茅t茅 constitu茅e. Selon un rapport publi茅 le 7 mai par le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, nombre des attaques contre les civils ont 茅t茅 men茅es par des combattants Djandjawid se d茅pla莽ant 脿 cheval et qui souvent, entrent dans les villages afin d'en tuer les r茅sidents.

Bien que les pouvoirs publics aient soutenu que les Djandjawids constituent une force autonome, le rapport de l'ONU laisse entendre qu'un grand nombre de miliciens ont 茅t茅 pay茅s et arm茅s par le gouvernement. En outre, les attaques dirig茅es contre les villageois, se sont assorties d'attaques par des h茅licopt猫res arm茅s et de bombardements a茅riens. Les missions sur le terrain du Haut Commissaire des Nations Unies ont 茅galement permis d'茅tablir que les rebelles ont eux-m锚mes commis des violations des droits en enlevant notamment des enfants pour les obliger 脿 servir dans leurs forces.

Le rapport de l'ONU a constat茅 des "signes inqui茅tants de violations massives des droits de l'homme" commises aussi bien par les forces arm茅es r茅guli猫res que par les Djandjawids. "Il est clair que la terreur r猫gne au Darfour." Les victimes appartenant surtout 脿 certains groupes ethniques, qui s'identifient comme "noirs" pour se diff茅rencier des personnes d'origine arabe, le rapport a 茅galement not茅 que le conflit a pris "une dimension ethnique, voire raciale, inqui茅tante." Un grand nombre des actions auxquelles l'arm茅e et les milices se sont livr茅es "pourraient constituer des crimes de guerre et /ou des crimes contre l'humanit茅".

La paix dans le sud?

Le drame du Darfour survient alors que l'autre grand conflit que conna卯t le Soudan, dans le sud, semble s'acheminer vers un r猫glement global. Le 26 mai, le Gouvernement soudanais et les rebelles du Mouvement/Arm茅e de lib茅ration du peuple soudanais ont sign茅 les trois protocoles finals d'un accord de paix. Ceux-ci pr茅voient un partage du pouvoir et des recettes p茅troli猫res pendant une p茅riode provisoire de six ans et demi 脿 l'issue de laquelle les Soudanais du sud d茅cideront par r茅f茅rendum s'ils souhaitent continuer 脿 faire partie du Soudan ou bien constituer un 脡tat autonome.

Cet accord s'engage 脿 mettre fin 脿 une guerre qui dure depuis plus de 20 ans et a fait 1,5 million de victimes en m锚me temps qu'elle a d茅plac茅 quelque 4 millions de personnes dans le sud du Soudan. Les insurg茅s continuent de s'opposer aux efforts d茅ploy茅s par les pouvoirs publics afin d'imposer la loi islamique -- la charia -- dans une r茅gion o霉 le christianisme et l'animisme pr茅dominent.

Bien que le conflit du Darfour ne poss猫de pas les m锚mes dimensions religieuses que celui du sud (les participants, des deux c么t茅s, 茅tant presque tous musulmans), on continue de craindre qu'il ne compromette le processus de paix dans le sud.

Mais si la paix prend racine au Sud-Soudan, les tensions que conna卯t le reste du pays pourraient bien s'att茅nuer. Le jour de la signature des protocoles, M. Annan, a appel茅 toutes les parties au Darfour "脿 saisir l'茅lan" cr茅茅 par le processus de paix dans le sud afin de parvenir 脿 un r猫glement politique dans leur r茅gion.听