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Sur un lopin de terre non loin de son 茅picerie, Dinnah Kapiza pr茅sente diff茅rents types d鈥檈ngrais, expliquant leur mode d鈥檈mploi. Les agriculteurs locaux rassembl茅s autour d鈥檈lle lui posent des questions sur les avantages et inconv茅nients de chaque type d鈥檈ngrais qu鈥檈lle vend dans son magasin, 脿 une soixantaine de kilom猫tres de la capitale du Malawi, Lilongwe.

Distribution d鈥檈ngrais et de semences au Malawi : les commer莽ants proposent 脿 la fois des produits et des conseils aux agriculteurs.

Photo: Alamy Images / Steve Morgan

Cette commer莽ante de 58 ans fait partie de la nouvelle g茅n茅ration d鈥欌�渁gro-d茅taillants鈥� qui ne se contentent pas de vendre leurs produits, mais sont habilit茅s 脿 conseiller leurs clients sur la meilleure mani猫re de s鈥檈n servir.

鈥淒es clients qui ach猫tent, ce n鈥檈st pas tout, explique Mme Kapiza 脿 Afrique Renouveau. Il faut aussi qu鈥檌ls sachent quel engrais correspond le mieux 脿 leurs besoins et comment s鈥檈n servir. Les produits chimiques, il ne faut pas les manier n鈥檌mporte comment. La plupart peuvent tuer. En tant qu鈥檃gro-d茅taillants agr茅茅s, on a le droit de faire des d茅monstrations sur des lopins pr茅vus pour cela. Lorsqu鈥檕n me pose des questions sur un article particulier, je r茅ponds : 鈥榁enez voir vous-m锚me comment 莽a marche.'"

Et Mme Kapiza de pr茅ciser : 鈥淧arce que mes conseils les aident, ils reviennent acheter mes produits. C鈥檈st de la publicit茅 et cela aide aussi les gens. Nous am茅liorons les m茅thodes agricoles, et par cons茅quent la s茅curit茅 alimentaire et la situation 茅conomique. En fin de compte, tout le monde y gagne.鈥�

La lutte pour la nourriture

Les petits agriculteurs africains ont du mal 脿 r茅pondre aux besoins alimentaires du continent. La mauvaise qualit茅 des sols explique en grande partie leur incapacit茅 脿 produire suffisamment d鈥檃liments pour nourrir les quelque 204 millions d鈥橝fricains qui souffrent de la faim et de la malnutrition, affirme Maria Wanzala, sp茅cialiste associ茅e au Nouveau Partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD).

鈥淟es sols de l鈥橝frique perdent tous les ans l鈥櫭﹒uivalent de plus de quatre milliards de dollars d鈥櫭﹍茅ments nutritifs, pr茅cise cette conseill猫re en utilisation d鈥檈ngrais. Pourtant, les petits agriculteurs n鈥檜tilisent que peu ou pas d鈥檈ngrais pour nourrir les sols 茅puis茅s, 脿 peine huit kilos par hectare, contre 100 kilos par hectare en moyenne ailleurs dans le monde."

La r茅duction de la faim sur le continent doit commencer, 脿 son avis, par l鈥檈nrichissement de ces sols appauvris. L鈥檃m茅lioration de la situation agricole fait partie des priorit茅s du NEPAD, le plan de d茅veloppement de l鈥橝frique. En juin, les partisans du NEPAD ont tenu un sommet sur les engrais 脿 Abuja (Nig茅ria), qui a rassembl茅 des chefs d鈥橢tat et diff茅rentes parties int茅ress茅es. A l鈥檌ssue de la r茅union, les participants ont adopt茅 un plan d鈥檃ction en 12 points qui pr茅voit, entre autres, l鈥檃doption de mesures concr猫tes, d鈥檌ci la fin 2007, pour 茅largir l鈥檃cc猫s des agriculteurs aux engrais par la mise en place de r茅seaux d鈥檃gro-d茅taillants dans les zones rurales.

Aider les agriculteurs

Aaron Kamwaza est l鈥檜n de ceux qui ont b茅n茅fici茅 de la mise en place de ces r茅seaux de distribution. Il cultive du ma茂s, des arachides et des l茅gumes pr猫s de l鈥櫭﹑icerie de Mme Kapiza. Then end following sentence after lui a permis d鈥檃m茅liorer ses rendements.

鈥淟e sol ici est tr猫s, tr猫s pauvre. Sans les engrais, vous n鈥檈n tirez pas grand-chose, explique-t-il. C鈥檈st pourquoi je suis content que ce magasin vende tout ce dont le village a besoin. 脟a nous permet d鈥櫭ヽonomiser de l鈥檃rgent et du temps. On n鈥檃 plus 脿 aller en ville."

Si les agriculteurs n鈥檕nt pas de produits, leurs connaissances ne servent 脿 rien, souligne Richard Chapweteka, directeur national du Citizens Network for Foreign Affairs (CNFA). Son association se propose de trouver de nouveaux moyens d鈥檃ccro卯tre les revenus agricoles en renfor莽ant les moyens dont disposent les agriculteurs et entrepreneurs.

Gr芒ce au financement accord茅 par la Fondation Rockefeller des Etats-Unis, le CNFA a constitu茅 un fonds de garantie permettant 脿 des n茅gociants comme Mme Kapiza d鈥檃jouter 脿 leur inventaire des produits agricoles 鈥� engrais, semences, petits outils et pesticides.

M. Chapweteka pr茅cise qu鈥檜ne 茅tude r茅alis茅e pour le compte du Gouvernement malawien en 2000 sur les probl猫mes rencontr茅s par les agriculteurs de ce pays a r茅v茅l茅 que la distance que ces derniers devaient parcourir pour aller acheter des semences, des engrais et autres fournitures constituait un grand obstacle.

L鈥檕ctroi de cr茅dits garantis, estime-t-il, est tr猫s important pour des commer莽ants comme Mme Kapiza, qui ne peut pas obtenir de pr锚ts bancaires.

鈥淚l 茅tait difficile d鈥檕btenir un pr锚t sans caution, se souvient Mme Kapiza. Gr芒ce 脿 ce syst猫me, les soci茅t茅s me donnent des produits. Je dois les rembourser dans les 30 jours, et je respecte toujours les 茅ch茅ances. En fait, on finit par me donner plus que ce que garantit le CNFA."

Mme Kapiza dessert environ 9 000 habitants. Au d茅part, elle leur vendait des articles de base comme du pain et de l鈥檋uile de cuisson. Comme les affaires p茅riclitaient, elle a diversifi茅 son offre. 鈥淢es ventes ont augment茅 de 70 % depuis que je propose 茅galement des semences, des pesticides et des engrais鈥�, constate-t-elle.

Perspectives encourageantes

Ses affaires marchent tellement bien qu鈥檈lle emploie d茅sormais quatre personnes : deux caissiers et deux gardes. Confiante et optimiste, elle ne ressemble plus du tout 脿 la personne qu鈥檈lle 茅tait, sept ans auparavant, quand sa vie avait sembl茅 s鈥檃rr锚ter 脿 la mort de son mari. C鈥檈st 脿 ce moment-l脿 que Mme Kapiza a ouvert son commerce, pour tenter de subvenir aux besoins de ses 10 enfants. A pr茅sent, dit-elle, elle a bon espoir de pouvoir en ouvrir au moins deux de plus.

鈥淟orsque la volont茅 d鈥檃ccomplir quelque chose est l脿, allez-y, n鈥檋茅sitez pas. Ne pensez pas qu鈥檌l faut laisser tomber parce que votre mari n鈥檈st plus l脿. C鈥檈st le conseil que je donne aux femmes. Le CNFA nous accorde des cr茅dits, c鈥檈st nous qui travaillons dur鈥�, dit-elle.

M. Chapweteka se d茅clare satisfait du fonds de garanties. 鈥淥n n鈥檃 enregistr茅 au cours des cinq derni猫res ann茅es que moins de 5 % de cas d鈥檌nsolvabilit茅 sur 450 agro-d茅taillants, ce qui est n茅gligeable. Nous sommes tr猫s satisfaits de l鈥檕p茅ration. Des programmes r茅ussis, comme celui-ci, il faudrait en lancer 脿 bien plus grande 茅chelle, car les projets pilotes ne m猫nent nulle part. Des initiatives lanc茅es dans toute l鈥橝frique sous les auspices du NEPAD devraient offrir de nouvelles possibilit茅s et march茅s aux agriculteurs du continent鈥�, estime-t-il.

Mme Wanzala, la sp茅cialiste des engrais du NEPAD, en convient : 鈥淟e projet du Malawi est un exemple du type de programme qu鈥檈ncourage le NEPAD. Une femme comme Dinnah Kapiza, qui r茅ussit 脿 augmenter ses revenus en 茅tant l鈥檜n des meilleurs agro-d茅taillants de sa r茅gion, tout en aidant les agriculteurs 脿 se procurer des engrais, c鈥檈st pr茅cis茅ment ce que nous voulons r茅aliser partout en Afrique.鈥�