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Les Africains analysent le Nouveau Partenariat

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Les Africains analysent le Nouveau Partenariat

Des débats sont engagés sur le développement, la démocratie et les relations mondiales
Afrique Renouveau: 

Dans toute l'Afrique, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) fait de plus en plus parler de lui. Ce ne sont plus seulement quelques dirigeants gouvernementaux et conseillers spécialisés qui débattent de la stratégie à suivre. Des parlementaires, des représentants de la société civile, des chefs religieux et aussi des syndicalistes cherchent à se faire entendre. Certains estiment que le NEPAD est sur la bonne voie et incitent les dirigeants africains à passer rapidement au stade de la mise en oeuvre. D'autres redoutent que le plan soit foncièrement inadapté. Quelles que soient leurs opinions, tous semblent accepter que le Nouveau Partenariat, officiellement adopté en juillet 2001 par les chefs d'Etat africains, constitue désormais le principal cadre de développement du continent. La communauté internationale est du même avis. Le NEPAD a été examiné en détail lors du sommet du Groupe des huit pays industrialisés (G-8) en juin dernier et adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 4 novembre (voir page précédente). Ces derniers mois, le NEPAD a suscité de plus en plus d'intérêt de la part de la population :

-- Fin octobre, près de 200 législateurs de toute l'Afrique se sont réunis au Bénin pour avaliser le Nouveau Partenariat et envisager des moyens de le faire progresser. En reliant leurs problèmes nationaux au plan continental, les parlementaires ont renforcé les "liens de solidarité" dans toute l'Afrique, a commenté M. Adrien Houngbedji, président de l'Assemblée nationale du Bénin.

-- Quelques jours plus tard, à Durban (Afrique du Sud), il a été demandé à des juristes participant à un congrès de soutenir les objectifs du NEPAD en promouvant la justice et le respect de la loi.

-- Au Sénégal, de futurs fonctionnaires et juges reçoivent maintenant une formation aux objectifs et priorités du Nouveau Partenariat, et les campus universitaires présentent des séminaires et ateliers sur le sujet. Une association de "clubs du NEPAD" a vu le jour et sera chargée de diffuser des informations sur le programme, au départ dans les 11 régions du Sénégal et par la suite dans les pays voisins. "Notre objectif est de promouvoir le NEPAD auprès de la population africaine", explique M. Babacar Diagne, président de l'association.

Bien que divers gouvernements et groupes de la société civile aient entamé des débats sur le NEPAD, la consultation de la population n'en est qu'à ses débuts. Dans l'ensemble, le Nouveau Partenariat n'est pas bien connu. Le texte du NEPAD n'a généralement pas été distribué en dehors des milieux gouvernementaux et rares sont les Africains ayant un accès rapide ou abordable à Internet leur permettant de télécharger la version en ligne de ce long document ().

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Ce que le NEPAD cherche à obtenir, a déclaré le Président sénégalais Abdoulaye Wade à l'ONU en septembre dernier, ce sont des "partenariats, et non de l'aide".


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Les participants à un forum organisé à Abuja (Nigéria) par des organisations non gouvernementales ont affirmé que peu d'efforts avaient été faits pour mettre en oeuvre le NEPAD à l'échelle nationale, bien que le Gouvernement du Nigéria en ait été l'un des plus fervents défenseurs sur la scène internationale. Au Ghana, Mme Ama Benyiwa-Doe a admis qu'elle-même et d'autres membres du parlement "ne comprenaient pas le NEPAD".

Les partisans du Nouveau Partenariat reconnaissent qu'il s'agit là d'un problème. "Il faut que le NEPAD soit mieux expliqué et mieux compris par tous les participants au développement", ont déclaré les ministres africains de la finance, de la planification et du développement économique, réunis à Johannesburg (Afrique du Sud) les 19 et 20 octobre derniers. Pour que le plan ait un véritable impact sur les conditions de vie et les moyens de subsistance de la population africaine, ont-ils dit, il sera essentiel "de faire participer les parlements et les participants du secteur privé et de la société civile à des stratégies de développement définies par les pays eux-mêmes".

C'est également ce qu'a affirmé le professeur Adebayo Adedeji, ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, au cours d'un forum organisé à New York sur le NEPAD : "Tant que la maîtrise du NEPAD n'appartiendra pas à la population africaine, à sa société civile et aux simples citoyens, l'initiative ne s'imposera pas à l'échelle nationale. Et si tel est le cas, le plan est condamné d'avance."

Dépendre de l'extérieur ?

Le Nouveau Partenariat souligne à quel point il est nécessaire pour l'Afrique de mobiliser davantage de ressources sur le plan intérieur, en augmentant l'épargne et les investissements nationaux, en améliorant la collecte d'impôts, en rationalisant les dépenses publiques et en luttant résolument contre la corruption. Dans ce contexte, le NEPAD considère que les soutiens extérieurs ­ les "partenariats" ­ viennent compléter la volonté et l'action de l'Afrique. Cependant, parce que la première grande présentation du NEPAD s'est faite devant les dirigeants des principaux pays industrialisés, le partenariat a pu donner l'impression de dépendre surtout d'appuis extérieurs : de l'augmentation de l'aide et de la réduction de la dette, d'un meilleur accès des exportations de l'Afrique aux marchés des pays du Nord et de nouveaux flux importants d'investissements étrangers.

Lors d'une consultation réunissant en avril 2002 à Abidjan (Côte d'Ivoire) la Banque africaine de développement et des groupes de la société civile africaine, ces derniers se sont interrogés sur la démarche proposée dans le Nouveau Partenariat. "Cette vision d'avenir consiste avant tout à vendre l'Afrique à l'extérieur", peut-on lire dans un résumé des prises de position de la société civile. "Il manque une stratégie interne".

Quelques dirigeants africains ont exprimé la même inquiétude. Lors du lancement de l'Union africaine à Durban, début juillet, le dirigeant libyen Muammar Kadhafi a affirmé que le NEPAD cherchait à imposer à l'Afrique le "modèle démocratique occidental", contraire aux religions et traditions africaines. Dans le courant du même mois, le Président gambien Yahya Jammeh a déclaré que, sans critiquer le NEPAD même, il craignait que sa mise en oeuvre soit tributaire de "la mendicité" vis-à-vis de l'extérieur. "Les gens en ont assez de mendier, a-t-il ajouté, et d'une Afrique de mendiants". A la fin du mois de juillet, le Président de la Namibie, Sam Nujoma, a affirmé, à propos du NEPAD, qu'il fallait faire attention à ne pas "succomber aux idéologies et aux influences étrangères".

D'autres dirigeants africains nient vouloir perpétuer la dépendance de l'Afrique vis-à-vis de l'aide. Ce que le NEPAD cherche à obtenir, a déclaré le Président sénégalais Abdoulaye Wade à l'ONU en septembre dernier, ce sont des "partenariats, et non de l'aide". Avant tout, a-t-il insisté, l'Afrique doit pouvoir produire davantage de biens et augmenter ses recettes en devises en exportant davantage sur les marchés mondiaux.

Mais même en faisant de leur mieux, les pays africains resteront confrontés à de graves déficits financiers pendant encore un certain temps. C'est pour cette raison, a déclaré le Ministre sud-africain des finances, Trevor Manuel, aux ministres réunis à Johannesburg, que l'Afrique doit bénéficier d'une augmentation de l'aide et d'une réduction plus importante de la dette. Il faut toutefois que ces flux d'aide soient plus prévisibles qu'ils ne l'ont été au cours des dernières années et "renforcent les stratégies de développement des pays bénéficiaires".

Solliciter des investissements

Le Nouveau Partenariat signale également qu'il est nécessaire pour l'Afrique d'attirer nettement plus d'investissements étrangers directs (IED). Certains dirigeants africains accordent une importance particulière à ce mode de financement. Le Président Wade, qui mentionne souvent le rôle que pourraient jouer les investissements étrangers en stimulant la croissance et le développement, a contribué à organiser à Dakar, en avril dernier, une conférence sur le financement du NEPAD à laquelle ont assisté de nombreux investisseurs privés d'Afrique et d'ailleurs. Le mois suivant, le Nouveau Partenariat a été présenté à un salon du tourisme organisé en Afrique du Sud, qui réunissait 1 300 entreprises de 70 pays. En septembre, une conférence régionale ouest-africaine sur l'appui du secteur privé au NEPAD a rassemblé à Ouagadougou (Burkina Faso) plusieurs centaines de participants.

De l'avis de nombreux experts, l'Afrique présente un énorme potentiel en matière d'investissements et suscite de plus en plus d'intérêt. L'an dernier, les flux d'IED en direction de l'Afrique ont atteint, contre toute attente, un sommet de 17 milliards de dollars, soit près du double de l'année précédente, d'après les estimations publiées en septembre par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Mais il ne s'agit que d'une infime partie des flux mondiaux d'IED. Et ces investissements ne bénéficient qu'à un nombre très restreint de pays africains, qui sont soit des grands producteurs de pétrole comme l'Angola et le Nigéria, soit des pays plus industrialisés, comme l'Afrique du Sud et le Maroc.

Constatant à quel point il est difficile, même pour l'Afrique du Sud, d'augmenter considérablement les IED, M. Adedeji a averti, lors du forum de New York de juillet dernier, que "les principes de base du NEPAD doivent être examinés de façon plus critique et réaliste, afin d'éviter les conséquences négatives qu'entraînerait la non réalisation d'attentes élevées". De même, le Secrétaire général adjoint de l'ONU, Ibrahim Gambari, a constaté la "déception dans certains milieux africains" face aux engagements limités pris au sommet du G-8 (voirAfrique Relance, septembre 2002). Il a vivement prié les partisans du Nouveau Partenariat de ne pas "s'illusionner".

Mondialisation et ajustement

En affirmant que l'Afrique doit trouver des moyens de mieux maîtriser la mondialisation, le Nouveau Partenariat est loin d'avoir fait l'unanimité parmi les groupes de la société civile africaine. Peu d'Africains ayant retiré des avantages concrets de l'intégration mondiale des marchés ­ mais beaucoup d'entre eux en ayant subi les conséquences négatives ­ la mondialisation tend à être associée au libre jeu des forces du marché et à des inégalités croissantes entre riches et pauvres. Lors d'une conférence organisée à Accra (Ghana) en avril dernier, deux grandes organisations non gouvernementales et universitaires, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique et le Third World Network-Africa, ont critiqué les stratégies qui préconisent "l'intégration inadéquate de nos économies à l'ordre mondial". A propos du NEPAD, les deux groupes voient "au coeur du plan une orientation économique néo-libérale, qui reprend les programmes d'ajustement structurel des deux dernières décennies sans tenir compte des effets désastreux de ces programmes".

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A mesure que l'on se rapproche du stade de la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat, il est probable que la participation de la société civile s'intensifie dans les différents domaines prioritaires du plan.


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A peu près au même moment, l'organisation de l'unité syndicale africaine, qui représente la plupart des fédérations syndicales de l'Afrique, a regretté que le NEPAD semble "se fonder en très grande partie" sur des principes néo-libéraux. Dans une déclaration publiée ultérieurement, 40 groupes africains de la société civile et du secteur des droits de l'homme ont catégoriquement rejeté le Nouveau Partenariat, arguant que le plan "accepte les principes fondamentaux du cadre néo-libéral" sur lequel s'appuient les programmes d'ajustement structurel.

En juin, le Conseil sud-africain des églises a regretté que la "vision du NEPAD manque de clarté, à cause de la priorité accordée à l'intégration mondiale et à la croissance rapide du secteur privé".

Comme l'ont fait remarqué certains partisans du NEPAD, ces affirmations sont affaire d'interprétation. Le document appelle en effet à une plus grande intégration de l'Afrique aux marchés mondiaux, mais recommande aussi un certain nombre d'éléments qui ne figuraient pas dans les programmes d'ajustement structurel : le rôle important que devraient jouer les États en facilitant le développement des routes, des réseaux électriques et autres infrastructures, la diversification de la production agricole et industrielle et une plus grande intégration régionale au sein de l'Afrique.

Le NEPAD ne mentionne explicitement les programmes d'ajustement structurel qu'à deux reprises. Le Nouveau Partenariat exige que les pays industrialisés fassent eux aussi l'objet d'ajustements structurels, en cessant de protéger les secteurs d'activité avec lesquels rivalisent les pays en développement. En Afrique même, le NEPAD note que les programmes d'ajustement structurel "n'ont apporté qu'une solution partielle", principalement en supprimant les distorsions de prix et "n'ont pas accordé assez d'importance aux prestations de services sociaux".

Cependant, certains groupes de la société civile ont affirmé que le Nouveau Partenariat ne tenait pas suffisamment compte des questions de développement social. A l'occasion des célébrations du 1er mai organisées à Dakar, M. Alioune Sow, qui préside l'une des plus grandes fédérations syndicales du Sénégal, a déclaré au Président Wade que sa fédération regrettait "l'absence de dimension sociale du NEPAD". Le Conseil sud-africain des églises a reproché au plan "d'ignorer les effets sociaux très négatifs" qu'entraîne dans les communautés pauvres la privatisation rapide des services sociaux de base.

Et les femmes ?

Plusieurs sections du NEPAD abordent les questions de l'égalité des sexes et de l'accroissement du pouvoir d'action des femmes. L'un des principaux objectifs à long terme du Nouveau Partenariat en matière de développement durable consiste à "promouvoir le rôle des femmes dans toutes les activités". Il s'agit plus précisément d'éliminer les disparités entre filles et garçons dans l'enseignement primaire et secondaire (d'ici à 2005), d'accorder une attention particulière à la réduction de la pauvreté parmi les femmes, de faire en sorte que les exploitantes agricoles aient accès à des prêts et puissent améliorer leur productivité et d'accorder une assistance aux femmes entrepreneurs.

Parmi les réactions favorables qu'a suscitées le NEPAD, des Africaines participant à une conférence internationale de femmes d'affaires organisée fin juin à Dakar se sont engagées à contribuer au financement de la mise en oeuvre du NEPAD.

D'autres se sont montrés plus critiques. Lors de la réunion organisée en avril avec la Banque africaine de développement, plusieurs groupes de la société civile ont dénoncé une "lacune importante" du Nouveau Partenariat, qui selon eux "ne tient pas suffisamment compte des questions relatives à l'égalité des femmes". Au cours d'une autre conférence organisée à Nairobi le même mois, Mme Sara Hlupekile Longwe, originaire de Zambie, a déclaré que le NEPAD "ne tenait quasiment aucun compte des inégalités entre les sexes". Si le Nouveau Partenariat reconnaît qu'il est nécessaire de garantir l'égalité des sexes en matière de développement économique et social, affirme-t-elle, il reste muet sur les questions relatives à l'égalité en matière de démocratie et de gouvernance. Mme Mariamé Ouattara, coordinatrice du Réseau des femmes africaines économistes, a fait en novembre dernier la même remarque, constatant à propos du NEPAD "un silence quasi-complet sur la question des droits des femmes africaines".

Dans une certaine mesure, les dirigeants africains ont pris note de ces préoccupations. Les chefs d'Etat réunis à l'occasion du lancement de l'Union africaine ont rendu publique dans le cadre du NEPAD une déclaration consacrée à la démocratie et à la bonne gouvernance qui souligne l'importance des droits fondamentaux, notamment pour les femmes. "Dans l'action que mène l'Afrique en faveur de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la reconstruction économique, était-il écrit dans la déclaration, les femmes ont un rôle central à jouer. Nous acceptons cette obligation impérative..."

Les intérêts particuliers des femmes pourraient aussi susciter davantage d'attention à mesure que les pays africains passent au stade de la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat. Dans un document portant sur les répercussions du NEPAD pour les dirigeants africains, distribué à la conférence ministérielle de Johannesburg tenue en octobre, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) a noté que certains pays créent des équipes chargées des sexospécificités, afin que les stratégies nationales de réduction de la pauvreté tiennent compte de la situation des femmes pauvres.

La CEA a souligné "l'innovation prometteuse" que constituait la budgétisation sexospécifique, méthode déjà employée en Afrique du Sud et en Tanzanie, selon laquelle les budgets publics sont analysés en fonction de l'impact des différents postes auprès des femmes (voirAfrique Relance, avril 2002). Les "budgets sexospécifiques, est-il écrit dans ce document, donnent aux associations de femmes et à la société civile les moyens de comparer les dépenses publiques aux engagements internationaux et nationaux en faveur de l'égalité des sexes".

Droits et démocratie

Le Nouveau Partenariat reconnaît que le développement de l'Afrique "ne peut se réaliser en l'absence d'une véritable démocratie, du respect des droits de l'homme, de la paix et de la bonne gouvernance" et engage les dirigeants africains à promouvoir ces principes dans leurs pays et à l'échelle régionale. Le NEPAD envisage de créer un mécanisme "d'évaluation intra-africaine" qui permettrait aux Africains de suivre les progrès réalisés (voir page 10). Certaines associations de la société civile estiment que les références aux droits de l'homme et à la bonne gouvernance qui figurent dans le NEPAD ne sont que de belles paroles. Dans une déclaration portant sur le NEPAD, les participants à un "Forum populaire" organisé en juin à Bamako (Mali) ont affirmé que "les élites africaines qui ont détourné des fonds jouissent toujours de l'impunité". Doutant des capacités d'autodiscipline des dirigeants africains, les participants ont souhaité que des enquêtes internationales soient ouvertes sur "ces profits mal acquis" et qu'une cour internationale punisse les délits économiques.

Cependant, beaucoup d'autres militants de la démocratie et défenseurs des droits de l'homme ont accueilli favorablement la dimension politique du NEPAD. Même parmi ceux qui doutent de la motivation des dirigeants africains, certains considèrent que le document est un moyen d'action utile permettant de se rapprocher de ces objectifs.

"Le NEPAD est fondamentalement un programme en faveur des droits de l'homme", affirme M. Azzédine Abdel, président du Comité algérien des droits de l'homme. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, organisation panafricaine dont le siège est à Banjul (Gambie), a consacré plusieurs séances à l'examen du NEPAD. Le Président de la Commission, Kamel Rezag-Bara, espère beaucoup du "consensus audacieux [du plan] en matière de bonne gouvernance, de transparence, de développement et du règne du droit".

Au cours d'un séminaire sur le NEPAD organisé en février 2002 à Dar es-Salaam (Tanzanie), deux défenseurs kényens des droits de l'homme, le révérend Jephthah Gathaka et le professeur Smokin Wanjala, ont déclaré craindre que le Nouveau Partenariat ne soit qu'une déclaration de principes émanant des mêmes "dirigeants politiques africains qui sont en grande partie responsables du malaise que connaît aujourd'hui le continent". Ils ont néanmoins reconnu que le NEPAD était différent des initiatives africaines précédentes dans la mesure où "on y reconnaît, pour la première fois, que l'incurie du pouvoir politique, se caractérisant par des violations des droits de l'homme, la mauvaise gestion économique et la corruption, est la cause du problème africain".

Le mécanisme d'évaluation intra-africaine, dont l'objectif est d'amener les dirigeants africains à rendre compte de leurs actes, a notamment suscité beaucoup d'intérêt. Les défenseurs des droits de l'homme souhaitent s'assurer que ce mécanisme ne sera pas seulement géré par les membres des gouvernements. Les participants à un séminaire sur le NEPAD et la société civile organisé à Addis-Abeba en mars ont recommandé que la société civile prenne part au mécanisme d'évaluation, afin que ce dernier soit transparent et accessible. Lorsque le Comité de mise en oeuvre du NEPAD a publié en juin un ensemble de recommandations détaillées portant sur la structure et le fonctionnement du mécanisme d'évaluation, il a explicitement indiqué que les équipes d'évaluation devraient, au cours de leurs déplacements dans les pays concernés, consulter "des représentants des organisations de la société civile (y compris les médias, les universitaires, les syndicats, les entreprises et les associations professionnelles)."

Un plus grand rôle de la société civile

A mesure que l'on se rapproche du stade de la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat, il est probable que la participation de la société civile s'intensifie dans les différents domaines prioritaires définis par le plan. Si le NEPAD a pour l'instant suscité des réactions opposées, le Ministre sénégalais des relations avec le parlement, Mamadou Diop Decroix, a remarqué au cours d'un séminaire organisé en juillet dernier que différents secteurs de la société avaient chacun une responsabilité essentielle à assumer en vue d'assurer le succès du plan. A cette occasion également, le président de la principale fédération sénégalaise d'organisations non gouvernementales, M. Bouba Diop, a rappelé que "la participation citoyenne doit animer et imprégner ce processus de renaissance africaine".

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