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L'Afrique est de nouveau menac茅e par une famine telle qu'elle n'en avait pas connue depuis une vingtaine d'ann茅es. D'apr猫s les donn茅es du Programme alimentaire mondial (PAM), quelque 38 millions d'Africains risquent de souffrir de la faim ; beaucoup d'entre eux y succomberont si les secours d'urgence n'arrivent pas 脿 temps. A la mi-2002, les conditions de famine 茅taient surtout pr茅sentes en Afrique australe, mais vers la fin de l'ann茅e, elles se manifestaient avec la m锚me force dans la Corne de l'Afrique, et 脿 une moindre 茅chelle, dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et centrale ().

Un enfant assis parmi des sacs de c茅r茅ales envoy茅s d'urgence au Lesotho : L'aide d'urgence est essentielle, mais "acheminer simplement des vivres ne suffit pas", a d茅clar茅 le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan : Il faut 茅galement s'attaquer 脿 la pauvret茅 et aux autres causes de la famine.

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Photo : 漏PAM / R. Lee

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"C'est une crise sans pr茅c茅dent, qui exige une r茅ponse sans pr茅c茅dent", a affirm茅 le Directeur ex茅cutif du PAM, James Morris, 脿 l'occasion de la s茅0ance du Conseil de s茅curit茅 du 3 d茅cembre, consacr茅e 脿 la menace que constitue pour la paix et la s茅curit茅 internationales la crise alimentaire en Afrique. "L'ampleur du d茅sastre qui se d茅roule actuellement sur le continent n'a pas 茅t茅 pleinement saisie par la communaut茅 internationale... Un effort exceptionnel est n茅cessaire si l'on veut 茅viter la catastrophe. Le statu quo ne suffit plus."

Au cours du d茅bat, M. Morris et d'autres orateurs ont soulign茅 divers facteurs qui contribuent 脿 la crise actuelle :

• la s茅cheresse et autres conditions climatiques d茅favorables dans de nombreux pays concern茅s, qui ont engendr茅 de faibles r茅coltes et la hausse du prix des denr茅es alimentaires ;
• l'effet incapacitant du VIH/sida, qui r茅duit la facult茅 des personnes infect茅es 脿 surmonter les ravages de la faim et d茅stabilise les syst猫mes agricoles, en d茅cimant par millions les rangs des agriculteurs les plus productifs d'Afrique ;
• les conflits arm茅s et l'agitation politique, comme en C么te d'Ivoire, en R茅publique d茅mocratique du Congo, au Soudan et au Zimbabwe, et les difficult茅s rencontr茅es par des pays qui sortent d'un conflit r茅cent, comme l'Angola, l'Ethiopie, l'Erythr茅e et la Sierra Leone ;
• des politiques 茅conomiques inadapt茅es, notamment dans le secteur agricole, qui ont abouti, dans de nombreux pays concern茅s, 脿 des investissements insuffisants dans la production agricole, dans l'infrastructure rurale ou dans les services sociaux de base. Cette situation est aggrav茅e par le faible cours des exportations agricoles africaines sur les march茅s mondiaux.

L'objectif le plus pressant pour les organismes de secours est de mobiliser une aide suffisante en vivres, soins m茅dicaux et autres secours pour pr茅venir l'h茅catombe dans les pays frapp茅s par la s茅cheresse. Cela ne sera pas facile, car les annonces de contributions sont bien inf茅rieures aux besoins. Pourtant, comme l'a soulign茅 le 16 d茅cembre le Directeur ex茅cutif adjoint du PAM, Jean-Jacques Graisse, 脿 l'occasion du lancement de la campagne internationale "Alerte 脿 la faim en Afrique", "des progr猫s sont possibles 脿 condition que la volont茅 politique y soit".

Les causes profondes des cycles r茅currents de la famine en Afrique soulignent par ailleurs la n茅cessit茅 d'accorder une attention particuli猫re aux strat茅gies de promotion 脿 long terme de la paix et du d茅veloppement. "Acheminer simplement des vivres ne suffit pas", a d茅clar茅 le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan, dans un discours prononc茅 le 9 d茅cembre 脿 l'Universit茅 de Columbia de New York et consacr茅 aux femmes, au sida et 脿 la famine en Afrique australe.

S茅cheresse et infection

Dans les sept pays d'Afrique australe les plus gravement touch茅s, pr猫s de 16 millions de personnes ont de toute urgence besoin d'aide alimentaire 脿 cause, principalement, de la s茅cheresse. Si l'on esp茅rait initialement des pluies suffisamment abondantes pour sauver la saison 2002-2003 apr猫s les maigres r茅coltes du d茅but de 2002, ces espoirs se sont maintenant 茅vanouis. Selon le Syst猫me d'alerte rapide aux risques de famine de l'Agency for International Development des Etats-Unis, d'importantes r茅gions productrices de c茅r茅ales de l'Afrique du Sud, du Zimbabwe et du Mozambique ont enregistr茅 des pr茅cipitations "tr猫s restreintes" au cours des derniers mois de 2002. Bien que l'Afrique du Sud elle-m锚me ne soit pas menac茅e par la famine, le Bureau r茅gional de l'ONU 脿 Johannesburg a not茅 que les pluies insuffisantes pour les r茅coltes de ma茂s, de bl茅, de tournesol, de sorgho et de soja auraient de graves cons茅quences au-del脿 des fronti猫res de l'Afrique du Sud, ce pays 茅tant le principal exportateur alimentaire de la r茅gion.

Dans son discours du 9 d茅cembre, M. Annan a not茅 que la plupart des pays d'Afrique australe touch茅s par la s茅cheresse luttent 茅galement contre la grave 茅pid茅mie de sida. "Ce n'est pas une co茂ncidence, car le sida et la famine sont directement li茅s", a d茅clar茅 le Secr茅taire g茅n茅ral. L'un de ces liens tient au r么le d茅volu aux femmes africaines, qui constituent la plus grande partie de la main-d'oeuvre agricole et sont depuis longtemps au coeur de la lutte de leurs communaut茅s contre la famine. De fait, "ce n'est pas seulement la force de ces femmes que le sida est en train de miner, mais avec elle, les comp茅tences, l'exp茅rience et les r茅seaux qui ont permis 脿 leurs familles et communaut茅s de se maintenir".

C'est pourquoi, estime le Secr茅taire g茅n茅ral, la communaut茅 internationale "devra associer l'aide alimentaire 脿 de nouvelles m茅thodes agricoles et au traitement et 脿 la pr茅vention du VIH/sida". Il faudra 脿 cette fin notamment int茅grer les syst猫mes d'alerte rapide et d'analyse des risques de VIH et de famine, introduire de nouvelles techniques agricoles adapt茅es 脿 une main-d'oeuvre moins nombreuse, intensifier les efforts en vue d'茅liminer les pr茅jug茅s li茅s au VIH, formuler des strat茅gies cr茅atives et ambitieuses de soins et de soutien aux populations les plus vuln茅rables, surtout les orphelins et autres jeunes des communaut茅s frapp茅es par le sida. "Avant tout, ce nouvel effort international doit placer les femmes au coeur de notre strat茅gie de lutte contre le sida", pr茅cise le Secr茅taire g茅n茅ral.

"Tol茅rance z茅ro"

Les troubles politiques sur le continent ne font que compliquer la situation. En Afrique australe, le Zimbabwe compte le plus grand nombre de personnes touch茅es par la famine, 6,7 millions, en raison d'un 茅norme d茅ficit c茅r茅alier de 1,5 million de tonnes. Bien que la s茅cheresse constitue la principale cause des mauvaises r茅coltes du pays, les observateurs attribuent 茅galement la situation aux tensions politiques et 脿 une r茅forme agraire contest茅e. Lorsque des membres du parti au pouvoir au Zimbabwe ont saisi des r茅serves alimentaires du PAM en octobre pour les distribuer 脿 leurs partisans, M. Annan a r茅affirm茅 la position de "tol茅rance z茅ro" de l'ONU face 脿 la distribution de vivres sur la base d'affiliation politique.

Depuis la signature de l'accord de paix d'avril 2002 en Angola, la longue guerre civile s'est consid茅rablement att茅nu茅e. Paradoxalement, cette situation a provoqu茅 un accroissement de la demande de vivres et d'autres secours, car, avec la fin des combats, des centaines de milliers d'Angolais auparavant hors de port茅e des organismes d'assistance, peuvent 锚tre aid茅s. Au d茅but de 2002, le PAM fournissait des vivres 脿 environ un million de personnes ; ce nombre est pass茅 脿 1,8 million d茅but d茅cembre. De surcro卯t, en d茅but d'ann茅e, 100 000 r茅fugi茅s angolais exil茅s en Zambie ou en R茅publique d茅mocratique du Congo devaient commencer 脿 rentrer chez eux.

Le PAM a indiqu茅 que les annonces de contributions ne suffisaient pas 脿 r茅pondre aux besoins accrus de l'Angola. En octobre, le Programme a demand茅 241 millions de dollars pour nourrir 1,5 million de personnes. Fin d茅cembre, pourtant, seul un tiers environ de ce montant 茅tait garanti. Sans contributions suppl茅mentaires, les r茅serves du PAM s'茅puiseront en mars. Et 脿 ce moment-l脿, le nombre d'Angolais d茅pendant de l'aide alimentaire pourrait bien atteindre les 2,1 脿 2,4 millions de personnes.

"La pauvret茅 est 脿 la source"

De graves risques de famine apparaissent 茅galement dans la Corne de l'Afrique, notamment en Ethiopie et en Erythr茅e, deux ans seulement apr猫s la fin d'un conflit d茅vastateur entre les deux pays. L'ONU, le Gouvernement 茅thiopien, les organismes d'assistance et les organisations non gouvernementales (ONG) estiment, apr猫s avoir pris en compte les effets des pr茅cipitations insuffisantes et irr茅guli猫res en Ethiopie, qu'environ 11,3 millions de personnes ont besoin de plus de 1,4 million de tonnes de vivres d'ici 脿 la mi-2003, et que la situation alimentaire de trois autres millions de personnes devra 锚tre 茅troitement suivie (sur une population totale de 67 millions d'habitants). Un appel commun ONU-Ethiopie, lanc茅 le 7 d茅cembre, pr茅vient que la crise risque d'锚tre aussi grave que la famine de 1984-1985, qui a co没t茅 la vie 脿 environ un million de personnes.

Une 茅tude entreprise par le Syst猫me d'alerte rapide estime en fait que les conditions actuelles sont plus mauvaises encore que lors de la derni猫re grande famine qu'a connue l'Ethiopie. Selon l'茅tude, de trois 脿 cinq millions d'Ethiopiens pauvres des zones rurales seraient g茅n茅ralement incapables de subvenir 脿 leurs besoins alimentaires, m锚me pendant les bonnes ann茅es. Beaucoup d'autres disposeraient de faibles r茅serves c茅r茅ali猫res, en raison des mauvaises r茅coltes pr茅c茅dentes. En cons茅quence, le nombre de personnes d茅pendant de l'aide alimentaire est bien plus 茅lev茅 qu'en 1984-1985, p茅riode 脿 laquelle huit millions d'habitants ont re莽u des secours. Comme ailleurs en Afrique, note le rapport du Syst猫me d'alerte rapide, la haute pr茅valence du VIH/sida contribue 脿 l'indigence, ralentissant la productivit茅 du travail et affaiblissant les m茅canismes d'adaptation traditionnels.

Distribution de vivres en Ethiopie.

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Photo: 漏PAM / Wagdi Othman

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Par ailleurs, le lourd endettement ext茅rieur de l'Ethiopie 颅 environ six milliards de dollars 颅 r茅duit ses capacit茅s d'importation de vivres, le pays devant rembourser plus de 160 millions de dollars par an au titre du service de la dette. De leurs c么t茅s, les cr茅anciers commerciaux priv茅s r茅clament quelque 500 millions de dollars, principalement au titre d'indemnit茅s pour les entreprises nationalis茅es sous le pr茅c茅dent r茅gime militaire. "Que ces r茅clamations soient justifi茅es ou pas sur le plan juridique, l'Ethiopie n'a pas de quoi payer", affirme Justin Forsyth, responsable de strat茅gie chez Oxfam, qui s'est associ茅e aux autres organisations non gouvernementales pour demander des all猫gements plus importants de la dette afin d' aider ce pays en crise.

De surcro卯t, l'Appel commun ONU-Ethiopie affirme que "la chute des cours de la principale culture commerciale de l'Ethiopie, le caf茅, sur les march茅s internationaux limite la capacit茅 du Gouvernement 脿 intervenir financi猫rement face 脿 la crise". Lors du lancement de l'Appel d'urgence, le Premier Ministre 茅thiopien, Meles Zenawi, a soulign茅 le besoin de s'attaquer 脿 ces carences fondamentales "non pas apr猫s la fin de la crise, mais en parall猫le. Il nous faut formuler des strat茅gies de lutte contre la pauvret茅, qui est 脿 la source du probl猫me", a-t-il d茅clar茅.

"Rude r茅alit茅" en Erythr茅e

En Erythr茅e, pays voisin, environ un million de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, soit le tiers environ d'une population totale de 3,3 millions d'habitants. Ici aussi, la situation s'explique avant tout par la s茅cheresse grave et persistante, la pire que le pays ait connue depuis qu'il a obtenu son ind茅pendance de l'Ethiopie en 1993. C'est ainsi que la r茅gion de Barentu, qui produit normalement environ 80 % du sorgho, principale denr茅e alimentaire du pays, a eu des r茅coltes quasiment inexistantes en 2002. Les repr茅sentants du PAM 脿 Asmara, capitale de l'Erythr茅e, signalent que les taux de malnutrition infantile et d'abandons scolaires sont en hausse, et que dans certains d茅partements un cinqui猫me du b茅tail a d茅j脿 p茅ri.

En octobre, le Secr茅taire g茅n茅ral adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Kenzo Oshima, a effectu茅 la tourn茅e des camps de personnes d茅plac茅es incapables de rentrer chez elles, leurs terres ayant 茅t茅 min茅es ou leurs maisons d茅truites au cours du r茅cent conflit entre l'Ethiopie et l'Erythr茅e. "En ce moment, les Erythr茅ens devraient engager d'importantes ressources pour parer aux cons茅quences r茅siduelles de la guerre, mais ils en sont incapables en raison de la s茅cheresse", explique-t-il. C'est pourquoi, pr茅cise M. Oshima, la fourniture de l'aide alimentaire doit s'accompagner de la mise en place de programmes de reconstruction, de rapatriement en toute s茅curit茅 des r茅fugi茅s et des personnes d茅plac茅es, de d茅minage et de r茅duction de la pauvret茅. "Si ces probl猫mes restent sans r茅ponse, on risque de se retrouver dans la m锚me situation d'urgence dans quelques ann茅es", pr茅vient M. Oshima.

En novembre, l'ONU a sollicit茅 163 millions de dollars pour l'assistance humanitaire et la reconstruction de l'Erythr茅e en 2003. Sur ce total, 56 millions environ seraient r茅serv茅s au financement de programmes de rapatriement, de d茅minage, de construction de logements, de soins de sant茅, d'茅ducation, d'approvisionnement en eau, de lutte contre le VIH/sida et autres. Satisfaire ces besoins risque toutefois d'锚tre une t芒che difficile. En effet, fin d茅cembre, on avait enregistr茅 脿 peine neuf millions de dollars d'annonces de contributions sur les 105 millions demand茅s au titre de l'aide alimentaire, secteur que les donateurs sont pourtant souvent le plus dispos茅s 脿 soutenir.

"Le risque que des milliers de personnes meurent de faim est une triste r茅alit茅", a d茅clar茅 Patrick Buckley, repr茅sentant du PAM 脿 Asmara. "Les bateaux qui transportent l'aide alimentaire de l'茅tranger mettent des mois 脿 arriver, et, compte tenu de l'ampleur de la crise, chaque jour compte."

La guerre, encore la guerre

Les conflits sont aussi un important facteur de crise en Afrique. Au Soudan, pays voisin, 20 ann茅es de guerre civile ont rendu 2,9 millions d'habitants d茅pendants de l'aide alimentaire. Si l'accord d'octobre 2002 conclu entre le Gouvernement et le principal groupe d'opposition du sud aboutit 脿 un cessez-le-feu, un "nouveau chapitre" pourrait alors s'ouvrir pour l'aide humanitaire au Soudan, a indiqu茅 M. Oshima, permettant aux organismes d'assistance d'atteindre des populations auparavant inaccessibles. Les besoins d'aide ext茅rieure n'en seraient alors que plus importants.

En Afrique centrale, o霉 la s茅cheresse n'a pourtant pas jou茅 un r么le majeur, un grand nombre de r茅fugi茅s ou de personnes d茅plac茅es ont tout de m锚me besoin d'une assistance, notamment en R茅publique d茅mocratique du Congo, en Ouganda ou en R茅publique du Congo.

En Afrique de l'Ouest, il y a deux groupes de pays touch茅s par la famine, pour des raisons bien distinctes. Dans cinq pays situ茅s dans la r茅gion aride du Sahel (Cap-Vert, Gambie, Mali, Mauritanie et S茅n茅gal), plus d'un demi million de personnes en tout souffrent des effets de la s茅cheresse. En outre, d'apr猫s les 茅valuations du PAM, 791 000 personnes, pour la plupart des r茅fugi茅s et des personnes d茅plac茅es, ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence dans quatre pays de la c么te sud-ouest du continent qui sont le th茅芒tre de conflits : le Lib茅ria, la Sierra Leone, la Guin茅e et la C么te d'Ivoire.

Ces statistiques risquent toutefois de sous-estimer l'effet r茅el de la crise ivoirienne, qui a 茅clat茅 en septembre sous la forme d'une v茅ritable guerre civile. D'apr猫s un Appel "茅clair" interorganisations lanc茅 fin novembre par le Bureau de l'ONU de la coordination de l'assistance humanitaire, il pourrait bien y avoir 1,5 million de personnes d茅plac茅es en C么te d'Ivoire, en plus de 1,2 million d'Ivoiriens "affect茅s par la guerre". Ces chiffres n'incluent pas les r茅sidents 茅trangers (originaires surtout du Burkina Faso et du Mali), qui ont d没 锚tre 茅vacu茅s dans leurs pays, ou les r茅fugi茅s install茅s pr茅c茅demment en C么te d'Ivoire en raison de conflits dans leur propre pays (surtout le Lib茅ria et la Sierra Leone). D'apr猫s l'ONU, si l'on comptabilise toutes les populations touch茅es par le conflit en C么te d'Ivoire et dans les pays limitrophes, leur nombre total d茅passerait largement les quatre millions de personnes. Il est vrai que tous n'auraient pas forc茅ment besoin d'aide alimentaire internationale.

Tourn茅e du Directeur ex茅cutif du PAM, James Morris, dans l'Afrique australe frapp茅e par la famine.

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Photo: 漏PAM / Brenda Barton

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Mobiliser l'opinion

L'augmentation de l'aide dont a besoin l'Afrique survient 脿 un moment o霉 il est de plus en plus difficile d'obtenir les fonds et l'aide alimentaire n茅cessaires aux op茅rations humanitaires. Le Directeur du PAM, James Morris, note que dans les ann茅es 80 les programmes de d茅veloppement agricole 脿 long terme repr茅sentaient les trois-quarts des activit茅s du Programme. Mais 脿 mesure de la d茅saffection des donateurs pour ce type d'activit茅s et de la multiplication des conflits sur le continent, la priorit茅 a 茅t茅 accord茅e aux op茅rations de secours, auxquelles le PAM consacre 脿 pr茅sent 80 % environ de son budget.

Pourtant, m锚me le financement de ce type d'op茅rations est en recul, souligne M. Morris. Sur le budget total de 1,4 milliard de dollars allou茅 aux activit茅s du PAM en Afrique en 2003, les donateurs ne s'茅taient engag茅s 脿 verser au d茅but du mois de d茅cembre dernier que 700 millions environ. A la fin de d茅cembre, de nouveaux dons du Japon, de l'Allemagne, du Canada et de la Banque africaine de d茅veloppement ont port茅 la contribution des donateurs 脿 l'appel du PAM pour l'Afrique australe (脿 l'exclusion de l'Angola) 脿 317 millions de dollars, montant toujours inf茅rieur d'un tiers aux besoins de la r茅gion jusqu'en mars 2003.

Afin de renforcer la solidarit茅 internationale avec l'Afrique, le PAM travaille avec les autres organismes d'assistance et les ONG afin de faire conna卯tre la pr茅carit茅 de la situation alimentaire du continent. D茅but d茅cembre, les repr茅sentants du PAM, de l'Agency for International Development des Etats-Unis, et de 15 organisations de secours humanitaires am茅ricaines se sont r茅unis 脿 Baltimore. Ils ont lanc茅 脿 cette occasion une campagne mondiale d'aide aux millions d'Africains menac茅s par la famine. "Nous lan莽ons un appel aux gouvernements, aux associations de citoyens, aux organisations caritatives priv茅es, aux institutions religieuses et aux simples citoyens pour qu'ils reconnaissent l'茅norme ampleur de la crise qui se profile en Afrique et qu'ils y r茅pondent en grand nombre et de toute urgence."

L'"Alerte 脿 la famine en Afrique" lanc茅e par le PAM le 16 d茅cembre n'est qu'un 茅l茅ment de la campagne. Un concert, consacr茅 脿 la lutte contre la faim en Afrique auquel ont particip茅 1 200 personnes, a eu lieu 脿 Tokyo le 9 d茅cembre. Des universit茅s et 茅tablissements d'enseignement secondaire et primaire de l'Ontario (Canada), de l'Etat am茅ricain du Montana et d'ailleurs ont organis茅 des veill茅es, des je没nes, et d'autres manifestions analogues pour cr茅er un mouvement de solidarit茅 avec l'Afrique. Des groupes de pression de Hong Kong ont incit茅 les autorit茅s locales 脿 apporter leur concours financier 脿 la lutte contre la famine en Afrique.

Pour l'instant, indique le Directeur ex茅cutif adjoint du PAM, il s'agit de manifestations de solidarit茅 isol茅es, qui pourraient bien se multiplier 脿 mesure que l'ampleur de la crise appara卯t au grand jour. "Les simples citoyens ont un r么le capital 脿 jouer pour 茅viter la famine en Afrique", pr茅cise-t-il. "Il est en effet indispensable qu'ils se joignent 脿 cette campagne pour demander instamment 脿 leurs gouvernements de r茅pondre avant qu'il ne soit trop tard aux besoins des populations qui ont faim."