Dans un entretien avec Kingsley Ighobor 脿 Luanda, la capitale de l'Angola, Amadeu de Jesus Leit茫o Nunes 茅voque les projets agricoles de son pays, son partenariat fructueux avec la Conf茅rence des Nations Unies sur le commerce et le d茅veloppement (CNUCED) et l'Union europ茅enne (UE) pour promouvoir le d茅veloppement 茅conomique, son soutien aux femmes et aux jeunes entrepreneurs, la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf), et bien plus encore. Voici des extraits de leur conversation.
Amadeu de Jesus Leit茫o Nunes
La premi猫re question est simple : L'Angola est-il pr锚t 脿 faire des affaires ?
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L'Angola est pr锚t 脿 faire des affaires depuis longtemps. Si nous analysons l'histoire de l'Angola avant l'ind茅pendance, le commerce 茅tait tr猫s prosp猫re, si prosp猫re que l'Angola n'importait que des produits suppos茅s superflus. Nous 茅tions tr猫s autosuffisants en termes de nourriture.
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O霉 souhaiteriez-vous que l'茅conomie angolaise se positionne ?
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Notre ambition 脿 court terme est de ne pas d茅pendre autant des exportations de p茅trole. Nous voulons diversifier l'茅conomie.听
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Cela signifie qu'il faut augmenter la production de presque tous les biens, et pas seulement des biens primaires. Nous devons augmenter la production agricole pour nourrir notre population et acc茅l茅rer l'industrialisation de notre pays. Nous devons 茅galement augmenter la production destin茅e 脿 l'exportation, avec une valeur ajout茅e au niveau de la transformation.
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Sur quels produits primaires souhaitez-vous mettre l'accent ?
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Il s'agit des c茅r茅ales, comme le ma茂s, le riz, les haricots, et des prot茅ines animales, comme les 艙ufs et le poulet. C'est pourquoi nous avons des programmes importants comme听
- PLANAG脙O, qui vise 脿 promouvoir la production agricole de c茅r茅ales,听
- PLANOAPESCA, pour la promotion de la p锚che, et听
- PLANOAPECU脕RIA, pour la promotion et le d茅veloppement de l'茅levage.
Le programme gouvernemental pour l'agriculture soutient-il le secteur priv茅 ?
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Dans ces trois grands programmes, l'脡tat et le secteur priv茅 sont align茅s. L'implication du secteur priv茅 est fondamentale dans le cadre institutionnel de l'脡tat.听
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Naturellement, les terres arables appartiennent 脿 l'脡tat, et l'脡tat accorde des concessions pour ces terres 脿 des entit茅s priv茅es, en particulier 脿 des fins agricoles.
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Existe-t-il des mesures incitatives telles que des garanties de financement pour le secteur priv茅 ?
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Oui, il existe des incitations importantes. Pour les programmes que nous devons d茅velopper, des banques comme le Banco Nacional de Angola [la banque centrale angolaise] offrent des incitations telles que des financements 脿 des taux d'int茅r锚t inf茅rieurs 脿 ceux propos茅s par les banques commerciales.听
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Pour les produits essentiels, nous r茅duisons la taxe sur la valeur ajout茅e, qui passe de 14 % 脿 5 %.
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Ces initiatives soutiennent le secteur priv茅.
Quelles sont les principales destinations des exportations et quels sont les produits export茅s ?
脌 l'exception du p茅trole, l'Angola exporte des fruits, en particulier des bananes, des ananas et des avocats. Nos exportations sont destin茅es aux pays voisins, comme le Congo, ainsi qu'脿 l'Europe et 脿 la Chine.
Entrepreneurs, artistes, op茅rateurs commerciaux et d'autres encore ne tarissent pas d'茅loges sur le programme Train for Trade II. Pourquoi pensez-vous que le partenariat du gouvernement avec la CNUCED et l'UE a 茅t茅 efficace jusqu'脿 pr茅sent ?
Tout d'abord, le programme Train for Trade II s'appuie sur les r茅sultats positifs du programme Train for Trade I.
Deuxi猫mement, la structure du projet a 茅t茅 bonne. Comme vous le savez, ce projet comporte sept composantes diff茅rentes, et cette relation fonctionne bien. Notre minist猫re [le minist猫re de l'industrie et du commerce] a la responsabilit茅 politique institutionnelle d'assurer la liaison avec les autres institutions concern茅es, et celles-ci ont accept茅 notre r么le de minist猫re coordinateur听
Enfin, nous avons la chance d'avoir un repr茅sentant de la CNUCED en Angola qui aide 脿 cr茅er un consensus, qui a une attitude proactive et qui sait comment s'engager et discuter avec les autres institutions.
Le programme se termine en d茅cembre. Quelle sera la suite ?
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Lors d'une r茅union avec l'UE, nous avons exprim茅 notre int茅r锚t et notre volont茅 de poursuivre le programme. Nous aimerions en effet qu'il se poursuive, m锚me si nous devons chercher d'autres sources de financement.
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La nouvelle ambassadrice de l'UE vient de pr茅senter ses lettres de cr茅ance. Nous allons la rencontrer et lui pr茅senter notre proposition de poursuivre le programme.
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De nombreux jeunes b茅n茅ficiaires du programme attendent du gouvernement qu'il leur facilite la t芒che. D'autres experts, au sein du gouvernement et de la CNUCED, ont formul茅 des recommandations 脿 ce sujet. Vous engagez-vous 脿 faciliter leur adoption ?
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Oui. Nous avons de nombreux programmes de soutien aux nouveaux entrepreneurs. Le minist猫re de l'茅conomie et de la planification coordonne ces m茅canismes. D'autres minist猫res contribuent 茅galement de mani猫re significative 脿 l'esprit d'entreprise.听
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Par ailleurs, l'Institut national d'appui aux micro, petites et moyennes entreprises (INAPEM) dispose d'une plateforme qui rassemble toutes les institutions 艙uvrant 脿 la promotion de l'esprit d'entreprise.
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Enfin, le minist猫re de l'茅conomie et de la planification a organis茅 un ou deux forums de startups avec beaucoup de succ猫s. Ils ont accueilli environ 300 startups et esp猫rent en accueillir 1 500 lors du forum de l'ann茅e prochaine.
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Pr茅voyez-vous de tirer parti de la ZLECAf, qui permettra la libre circulation des biens et des personnes et 茅liminera la plupart des droits de douane sur les marchandises ?
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Nous travaillons avec la Commission 茅conomique des Nations Unies pour l'Afrique sur une strat茅gie nationale de mise en 艙uvre de la ZLECAf. Nous pensons que d'ici mai ou juin 2024, nous l'aurons mis en place.听
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Je dis toujours qu'en Afrique, nous sommes concurrents parce que la plupart des biens que nous produisons en Angola sont les m锚mes que ceux de la Namibie, de la Zambie ou du Congo. Nous devons donc rechercher la compl茅mentarit茅 - offrir des biens et des services qui compl猫tent ceux de nos voisins. C'est pourquoi j'ai demand茅 脿 la CEA d'analyser notre strat茅gie pour trouver des m茅canismes compl茅mentaires que nous pourrions mettre en place avec nos voisins.听
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Prenons l'exemple des transports. L'Afrique du Sud poss猫de une industrie automobile, mais le pays ne fabrique pas toutes les pi猫ces de la voiture. De m锚me, les pi猫ces d'un avion Airbus proviennent de diff茅rents endroits - le moteur peut venir d'Angleterre, les ailes d'Allemagne, les si猫ges du Portugal ou d'Espagne - et l'assemblage se fait ensuite 脿 Toulouse, en France. Il s'agit d'une compl茅mentarit茅 n茅cessaire.
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Sur le plan conceptuel, certains pr茅sentent la ZLECAf comme un projet transformateur, capable de cr茅er des millions d'emplois et de redresser l'Afrique. Qu'en pensez-vous ?
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Sur la base de mon exp茅rience et de ma connaissance de ces questions en Europe o霉 j'ai 茅tudi茅, la ZLECAF est notre aspiration ; elle ne r茅ussira que gr芒ce 脿 un engagement politique s茅rieux de la part de nos pays.听
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Sans cet engagement, la ZLECAf n'est qu'un instrument de plus, et chaque pays peut faire des affaires 脿 sa mani猫re. Un tel engagement a exist茅 en Europe. Les pays ont r茅ussi 脿 d茅velopper l'UE jusqu'脿 ce qu'elle soit aujourd'hui.
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脢tes-vous tr猫s optimiste quant 脿 sa r茅ussite ?
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J'ai de l'espoir, mais je dis 脿 mes coll猫gues [les ministres du commerce] que le succ猫s passe par un dialogue permanent, des explications et le soutien des citoyens. Nous pouvons avoir une super-structure comme la ZLECAf, mais nous devons vraiment impliquer nos populations - les entrepreneurs, les entreprises, le secteur priv茅, les 茅tudiants et le monde universitaire.听
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Souvent, avec nos programmes, nous ne rassemblons pas tout le monde, ce qui signifie que nous ne pouvons pas 锚tre inclusifs. Si nous parvenons 脿 锚tre inclusifs, nous pourrons aller de l'avant.听
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Les femmes repr茅sentent environ 70 % des commer莽ants transfrontaliers informels en Afrique. Comment le gouvernement soutient-il les femmes commer莽antes ?
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Oui, les femmes r茅alisent un pourcentage important du commerce informel. Nous avons un programme, financ茅 par l'UE, pour convertir l'茅conomie informelle en 茅conomie formelle. Le minist猫re des affaires sociales, de la famille et de la promotion de la femme est pleinement impliqu茅 dans ce programme.听
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脌 Bailundo, un village de Huambo, nous avons rencontr茅 un groupe de femmes qui appliquaient ce qu'elles avaient appris 脿 l'universit茅 de Huambo 脿 leur entreprise de production de miel. Elles auraient besoin d'un peu de soutien de la part du gouvernement.听
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La production de miel a augment茅 dans tout le pays. Toutes les r茅gions du pays - Huambo, Cuando Cubango, Moxico, etc. - produisent du miel. Lorsque nous nous rendons 脿 des foires commerciales locales, nous voyons beaucoup de miel, et c'est du miel de qualit茅.
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Un homme m'appelle sans cesse pour me dire : "Je ne sais pas comment je vais vendre mon miel. Je n'ai m锚me pas de voiture pour transporter mon miel. Je vais perdre le miel. Le miel va se g芒ter." Imaginez des gens comme lui dans tout le pays !
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Nous devons donc travailler sur la certification et tout ce qui ajoute de la valeur. Par ailleurs, le programme Train for Trade II propose un programme sur le miel, et je pense que nous devrions l'explorer plus vigoureusement.
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D'apr猫s ce que vous savez de la structure industrielle, du commerce et du d茅veloppement de l'Angola, comment voyez-vous ce pays dans les cinq prochaines ann茅es ?
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Le gouvernement s'efforce d'am茅liorer les conditions de vie des citoyens. Nous travaillons tous 脿 la r茅alisation de la s茅curit茅 alimentaire. Je suis convaincu que nous pouvons r茅duire consid茅rablement notre d茅pendance 脿 l'茅gard des importations pour certains produits, augmenter la production de nombreux autres produits et garantir la s茅curit茅 alimentaire.
