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Une bonne éducation, base du leadership féminin

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Une bonne éducation, base du leadership féminin

—Selon la femme politique togolaise Kafui Adjamagbo-Johnson
Franck Kuwonu
Afrique Renouveau: 
9 Avril 2019
Togolese politician and former presidential candidate Kafui Adjamagbo-Johnson
Kafui Adjamagbo-Johnson.
Kafui Adjamagbo-Johnson.

L’accès limité des Africaines à une éducation de qualité, aux connaissances et aux ressources les empêche d’obtenir des postes à responsabilités sur le continent, explique Kafui Adjamagbo-Johnson, une militante des droits des femmes en Afrique de l’Ouest. Un autre problème est que les femmes – en particulier en zones rurales –

ont un contrôle limité des finances, des moyens de productions et des terres.

De fait, l’avancement des femmes progresse encore lentement, indique Mme Adjamagbo-Johnson, commentant pour Afrique Renouveau l’évolution de l’engagement politique et professionnel des femmes et de la défense de l’égalité des sexes au Togo, son pays natal, ainsi qu’en Afrique de l’Ouest.

Mme Adjamagbo-Johnson travaille pour Femmes, droit et développement (WiLDAF),Women in Law and Development in Africa), un groupe de défense des droits des femmes panafricain opérant dans 27 pays africains et dont le siège se trouve à Harare au Zimbabwe.

En outre, elle est la tête de la plus grande coalition de partis politiques au Togo. Il y a quatre ans, elle s’est présentée à la présidentielle mais a retiré sa candidature avant l’élection.

La mission de WiLDAF est d’aider à l’autonomisation des femmes par la promotion de leurs droits et l’augmentation de leur participation aux niveaux communautaires, national et international, en instaurant des stratégies liant le droit et le développement. Mme Adjamagbo-Johnson travaille depuis plus de vingt ans avec les organisations de défense des droits des femmes.

« Je pense à des escaliers, dont nous avons gravi quelques marches, mais dont il reste beaucoup à monter pour atteindre le sommet », répond-elle lorsqu’on évoque le leadership des femmes en Afrique.

Elle estime qu’en dépit de certaines avancées politiques, tel que l’accès à la présidence ou au gouvernement dans quelques pays, les droits des femmes ne sont toujours pas pleinement respectés et celles-ci ne sont pas incitées à prendre des responsabilités.

“Il n’y a pas d’alternative à l’accès à l’éducation et au savoir”, indique –t-elle, et ajoute qu’ “il est bien que les parents reconnaissent que garçons comme filles méritent de recevoir une éducation. »

L’UNESCO estime que la moitié des 130 millions de filles ayant entre 6 et 17 ans qui ne vont pas à l’école dans le monde se trouve en Afrique, de même que la moitié des 15 millions de filles en âge d’aller à l’école ne s’y rendront sans doute jamais.

“Que les filles aillent à l’école ne suffit pas ; elles doivent pouvoir y rester et suivre un cursus complet une fois inscrites”, souligne Mme Adjamagbo-Johnson.

La directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore, est du même avis : « Quand une fille atteint l’âge d’aller à l’école, sa famille est-elle en mesure financièrement de l’y envoyer et de l’y laisser ? Ou la gardera-t-elle à la maison pour effectuer les tâches ménagères tandis que ses frères apprennent ? »

“Si elle a la chance d’aller à l’école”, poursuit Mme Fore, “aura-t-elle accès à des toilettes séparées ? Ainsi qu’aux informations et aux infrastructures dont elle a besoin quand elle a ses règles ? »

“Et, plus tard, lorsqu’elle songera à chercher du travail, aura-t-elle accès à des formations – y compris en informatique ? Ou en science, en technologie, en ingénierie ou en maths ? »

Ayant occupé des fonctions de haut niveau au Togo, Mme Adjamagbo-Johnson se considère très chanceuse pour sa génération. Par rapport à son expérience en politique, elle note que persiste un système patriarcal. « Tous mes collègues pensaient que j’étais qualifiée pour avoir un poste politique », raconte-t-elle, « ils me considéraient comme une partenaire égale, mais il ne leur venait pas à l’esprit qu’en tant que femme, je pouvais avoir des besoins différents des leurs, auxquels il fallait répondre. »

Pour participer à la vie politique et sociale, les femmes doivent gérer famille et travail, estime-t-elle. Outre le besoin d’éducation, c’est « l’un des plus grands défis pour un véritable exercice du pouvoir politique par les femmes en Afrique. »