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L鈥檜n des 350 000 K茅nyans d茅plac茅s par les combats qui ont fait rage apr猫s la tenue en d茅cembre d鈥檜ne 茅lection contest茅e. Cette crise a eu de lourdes r茅percussions 脿 l鈥檌nt茅rieur du pays et au-del脿 de ses fronti猫res.

Photo: Reuters / Zohra Bensemra

La vague de violence qui a fait un millier de victimes et d茅plac茅 350 000 personnes au Kenya 脿 la suite des 茅lections semble s鈥櫭猼re calm茅e. Un accord de partage du pouvoir conclu fin f茅vrier entre le Gouvernement et les dirigeants de l鈥檕pposition permet d鈥檈sp茅rer un retour 脿 la stabilit茅. 脡tant donn茅 le r么le de locomotive 茅conomique du Kenya dans la r茅gion de l鈥橝frique de l鈥橢st, cette crise apparemment br猫ve a d茅j脿 eu de lourdes r茅percussions 茅conomiques et sociales au-del脿 des fronti猫res et une reprise des conflits risquerait d鈥檃voir des effets d茅vastateurs.

La violence a 茅clat茅 au Kenya le 30 d茅cembre lorsque Mwai Kibaki, pr茅sident sortant, a 茅t茅 d茅clar茅 vainqueur des 茅lections pr茅sidentielles devant Raila Odinga, malgr茅 les objections de l鈥檕pposition et des observateurs qui estimaient que le d茅compte des voix 茅tait entach茅 de nombreuses irr茅gularit茅s. En plus des attaques de groupes arm茅s des deux camps, le barrage par les manifestants des principales routes reliant le Kenya aux pays voisins a nui au commerce et 脿 la production manufacturi猫re de la r茅gion.

Ces barrages et d鈥檃utres perturbations ralentiront probablement la croissance 茅conomique dans toute la r茅gion. Avant les troubles, les cinq pays de la Communaut茅 d鈥橝frique de l鈥橢st 鈥� Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi et Ouganda 鈥� s鈥檃ttendaient 脿 voir leur produit int茅rieur brut cumul茅 cro卯tre de 6听% en 2008. Les 茅conomistes pr茅voient maintenant que le taux de croissance de la r茅gion sera inf茅rieur d鈥檃u moins 1,5 point de pourcentage.

Mais les r茅percussions de la crise ne s鈥檃rr锚tent pas l脿. Le barrage des routes et le saccage des voies ferr茅es ont 茅galement nui 脿 l鈥檃pport d鈥檃ide humanitaire aux groupes vuln茅rables de l鈥橢st de la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC) et du Sud-Soudan.

L鈥檃ccord de partage du pouvoir, n茅goci茅 au nom de l鈥橴nion africaine par Kofi Annan, ancien Secr茅taire g茅n茅ral, avec l鈥檃ppui d鈥檜ne 茅quipe r茅gionale de l鈥橭NU, a permis de mettre fin 脿 la violence. Cependant, Donald Steinberg, pr茅sident-adjoint de l鈥橧nternational Crisis Group, centre de r茅flexion et de suivi des conflits dont le si猫ge est 脿 Bruxelles, estime qu鈥檌l faut 茅galement, pour emp锚cher une reprise des conflits, rem茅dier aux in茅galit茅s sociales et 茅conomiques du Kenya. 鈥淟e Kenya, indique-t-il, sert de base aux op茅rations de secours men茅es en Somalie et au Soudan, de centre r茅gional des 茅changes commerciaux et investissements et de point d鈥檃ncrage pour la stabilisation 脿 long terme du Rwanda, de l鈥橭uganda et du Burundi.鈥�

Noeud de transport

Devant le Conseil de s茅curit茅 de l鈥橭NU en f茅vrier, le Secr茅taire g茅n茅ral adjoint de l鈥橭NU aux affaires humanitaires, John Holmes, a d茅clar茅 que la crise du Kenya avait eu de particuli猫rement graves r茅percussions dans la r茅gion car ce pays constitue depuis longtemps le coeur du r茅seau de transport de l鈥橝frique de l鈥橢st.

Plus de 80 % des importations ougandaises passent par le port de Mombasa, ainsi que toutes les exportations du Rwanda. Les 茅changes commerciaux et l鈥檃ide humanitaire apport茅e au Burundi, 脿 l鈥橢st de la RDC, 脿 certaines r茅gions du nord de la Tanzanie et au Sud-Soudan transitent 茅galement par ce port. Ces pays risquent donc 鈥渄鈥櫭猼re durement touch茅s par les violences et les troubles鈥� qui se sont produits au Kenya, a expliqu茅 M. Holmes.

Un camion incendi茅 par des protestataires k茅nyans: le barrage de routes et de voies ferr茅es a gravement perturb茅 le commerce avec les pays voisins.

Photo: Panos / Sven Torfinn

Le commerce et l鈥檃ctivit茅 茅conomique ont 茅t茅 gravement perturb茅s dans cette r茅gion qui s鈥檈fforce activement de parvenir 脿 l鈥檌nt茅gration 茅conomique. La plupart des marchandises qui passent par le port sont 茅galement achemin茅es par le Corridor du Nord, un r茅seau de routes qui traversent le Kenya jusqu鈥檃ux pays voisins. Chaque jour, quelque 4听000 v茅hicules l茅gers, 1听250 camions et 400 bus empruntent ce r茅seau pour transporter plus de 10 millions de tonnes de cargaison vers le Soudan, l鈥橭uganda, le Rwanda et le Burundi. En janvier et d茅but f茅vrier, une quarantaine de barrages routiers ill茅gaux les en ont emp锚ch茅s.

Pour leur ouvrir la voie, l鈥檃rm茅e k茅nyane a commenc茅 en f茅vrier 脿 assurer la s茅curit茅 des v茅hicules voyageant en convoi. Mais les convois sont lents et entra卯nent des co没ts suppl茅mentaires. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l鈥橭NU estime que le prix de l鈥檈ssence a augment茅 de 50 % dans certains cas en Ouganda, dans l鈥橢st de la RDC et au Burundi. Le prix des produits p茅troliers a plus que doubl茅 脿 Kigali (Rwanda) et de graves p茅nuries ont incit茅 le gouvernement 脿 rationner la consommation d鈥檈ssence.

D鈥檃pr猫s l鈥橝ssociation des producteurs manufacturiers ougandais, le prix des denr茅es alimentaires a augment茅 d鈥檈nviron 15 % et le taux d鈥檌nflation a atteint 6,5 % en janvier, contre 5,1 % le mois pr茅c茅dent. 脌 la mi-f茅vrier, les producteurs manufacturiers avaient perdu 43 millions de dollars du fait des retards occasionnels, de la destruction de produits et du ralentissement de la production. Le fisc ougandais a annonc茅 un manque 脿 gagner de recettes fiscales pouvant atteindre 600听000听dollars par jour, 脿 cause de la perturbation des 茅changes commerciaux.

Les secours menac茅s

La perturbation de l鈥檃pport d鈥檃ide alimentaire et d鈥檃utres formes d鈥檃ssistance humanitaire 脿 environ 7 millions de r茅fugi茅s et de personnes d茅plac茅es dans la r茅gion est 茅galement pr茅occupante. Bon nombre d鈥檈ntre eux d茅pendent pour leur survie du soutien direct du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies et d鈥檃utres groupes humanitaires. Le PAM fait transiter chaque jour un millier de tonnes de denr茅es alimentaires par le port de Mombasa. D鈥檃pr猫s Alistair Cook, charg茅 de la logistique au PAM, les barrages routiers de longue dur茅e menacent de famine les r茅fugi茅s. 鈥淚l s鈥檃git d鈥檜n probl猫me tr猫s pr茅occupant鈥�, a d茅clar茅 le porte-parole du PAM, Peter Smerdon.

L鈥檃utre trajet possible, qui passe par la Tanzanie, entra卯ne des co没ts sup茅rieurs de 20 % et dure deux semaines de plus. Il faudrait d鈥檃bord acheminer l鈥檃ide par la route de Mombasa 脿 Dar es-Salaam sur 1000 km, et ensuite par voie ferr茅e sur 980 km jusqu鈥檃ux entrep么ts et centres meuniers du PAM situ茅s 脿 Isaka, dans l鈥檕uest de la Tanzanie. De l脿, il faudrait ensuite traverser en bateau le lac Victoria pour atteindre Port Bell (Ouganda) et arriver en camion au Sud-Soudan et en RDC.

M. Holmes a d茅clar茅 au Conseil de s茅curit茅 que la situation au Kenya avait incit茅 le Bureau de la coordination des affaires humanitaires 脿 envisager de telles solutions de remplacement. Mais l鈥檃cheminement de l鈥檃ide 脿 travers un Kenya en paix, a-t-il ajout茅, 鈥渞este de loin la meilleure solution鈥�.

Les r茅fugi茅s constituent un autre sujet de pr茅occupation. 脌 l鈥檋eure actuelle, seul l鈥橭uganda accueille des r茅fugi茅s du Kenya 鈥� environ 12听000 personnes. La reprise des conflits entra卯nerait un afflux plus important de K茅nyans dans les pays voisins, dont certains sont encore instables sur le plan politique. Les cons茅quences humanitaires de ces nouvelles perturbations, a d茅clar茅 M. Holmes, 鈥減ourraient 锚tre beaucoup plus graves que ce que nous avons vu jusqu鈥檌ci鈥�.

Le Kenya lui-m锚me compte environ 90听000 r茅fugi茅s du Sud-Soudan et 160听000 de Somalie. L鈥檌nstabilit茅 au Kenya, si elle se poursuivait, pourrait compromettre l鈥檃pport de denr茅es alimentaires et d鈥檃utres services 脿 ces r茅fugi茅s.

D茅pendance excessive

Cette crise a mis en lumi猫re la 鈥渄茅pendance excessive鈥� du reste de la r茅gion 脿 l鈥櫭ゞard de l鈥檌nfrastructure de transport du Kenya, et notamment du port de Mombasa, note Abe Selassie, repr茅sentant du Fonds mon茅taire international en Ouganda. Il est pr茅vu depuis un certain nombre d鈥檃nn茅es de r茅duire cette d茅pendance, sans que les mesures n茅cessaires aient 茅t茅 prises. L鈥檕l茅oduc du Kenya, qui approvisionne les centres de stockage de l鈥檕uest du Kenya, devait 锚tre prolong茅 jusqu鈥檈n Ouganda de fa莽on 脿 r茅duire les co没ts et 脿 茅viter de devoir transporter du p茅trole par voie routi猫re en Ouganda, au Rwanda, dans l鈥檈st de la RDC et au Burundi. Mais le projet a pris du retard.

Le p茅trole et les autres importations destin茅s 脿 l鈥橭uganda peuvent 锚tre achemin茅s par la Tanzanie, mais la route s鈥檃rr锚te au lac Victoria et il faut ensuite transporter les produits par bateau. L鈥橭uganda ne dispose d鈥檃ucun bateau en bon 茅tat.

En janvier, le Rwanda a sign茅 un accord qui devrait lui permettre d鈥檕btenir des produits p茅troliers achemin茅s par voie ferr茅e depuis le port principal de Dar es-Salaam. Mais la distance et le mauvais 茅tat des routes et voies ferr茅es tanzaniennes rendent co没teuse cette op茅ration. Les experts estiment qu鈥檈n am茅liorant son infrastructure, la Tanzanie pourrait jouer un r么le plus important dans l鈥櫭ヽonomie de la r茅gion.

Lors d鈥檜ne r茅union de banquiers de la Communaut茅 d鈥橝frique de l鈥橢st (CAE), le Secr茅taire g茅n茅ral de cet organisme r茅gional, Juma Mwapachu, a d茅clar茅 que les perturbations 茅conomiques 脿 ce jour 鈥� et le risque qu鈥檈lles se poursuivent si la situation ne revient pas bient么t 脿 la normale 鈥� inqui猫tent particuli猫rement les cinq 脡tats membres de la Communaut茅. 鈥淣ous devons nous attaquer 脿 la question de l鈥檌nfrastructure int茅gr茅e鈥�, a-t-il d茅clar茅, afin 鈥渄鈥櫭﹙iter 脿 l鈥檃venir les r茅percussions d鈥檜ne crise comme celle que conna卯t actuellement le Kenya鈥�. Les d茅bats ont essentiellement port茅 sur les diff茅rents moyens de renforcer les autres itin茅raires de transport.

La confiance des investisseurs

La crise du Kenya risque fort d鈥檃mener les investisseurs 脿 douter de la stabilit茅 de ce pays, indique Razia Khan, responsable de la division de recherches sur l鈥橝frique de la banque britannique Standard Chartered Bank. Cela pourrait affaiblir la confiance qu鈥檃ccordent les investisseurs non seulement au Kenya, 鈥渕ais plus g茅n茅ralement 脿 l鈥橝frique鈥�.

Les entreprises paient d茅j脿 un lourd tribut. Une grande partie des produits transform茅s et biens industriels achet茅s dans la r茅gion viennent des usines k茅nyanes, g茅r茅es par des investisseurs locaux et 茅trangers. Le pr茅sident de l鈥橝ssociation du secteur manufacturier du Kenya, Steven Smith, estime que ce secteur a vu son activit茅 diminuer de 35 % en janvier et pr茅voit un recul de 20 % de la production en avril. La croissance du produit int茅rieur brut du Kenya pourrait 锚tre r茅duite de 3 %, en raison de pertes de personnel et de d茅bouch茅s commerciaux, ce qui freinerait 茅galement la croissance du reste de la r茅gion.

La crise politique k茅nyane, a d茅clar茅 脿 des journalistes de la r茅gion le Secr茅taire g茅n茅ral de la CAE, M. Mwapachu, 鈥渃r茅e des conditions difficiles et complexes pour la CAE, pour la promotion des investissements, ainsi que pour les entreprises鈥�. Les flux commerciaux r茅gionaux ont ralenti et les recettes fiscales et b茅n茅fices des entreprises ont diminu茅, a-t-il ajout茅. 鈥淣ous ne pouvons promouvoir et attirer des investissements viables et assurer de v茅ritables 茅changes commerciaux intrar茅gionaux qu鈥櫭� condition de b茅n茅ficier d鈥檜ne paix et d鈥檜ne stabilit茅 durables.鈥�

Risques et d茅bouch茅s

Pour certains pays de la r茅gion, l鈥檌nstabilit茅 茅conomique du Kenya ne constitue pas seulement un risque mais offre 茅galement de nouvelles possibilit茅s. Jusqu鈥櫭� r茅cemment encore, le Kenya 茅tait l鈥檜n des principaux producteurs de pyr猫thre, un extrait de plante qui entre dans la fabrication des insecticides les plus s没rs et les plus efficaces. En 1998, le Kenya a export茅 13听000 tonnes de pyr猫thre, soit 90 % de la production mondiale. La fleur dont est extrait le pyr猫thre pousse dans la vall茅e du Rift, la r茅gion la plus touch茅e par les violences. Les plantations n鈥檕nt pas encore eu lieu cette ann茅e. Le Rwanda et la Tanzanie cultivent 茅galement cette fleur et le centre rwandais de traitement du pyr猫thre a r茅cemment attir茅 des investissements 茅trangers devant tripler la production.

Toutefois l鈥檃daptation aux r茅glementations europ茅ennes et am茅ricaines qui r茅gissent les importations prend un certain temps. Si les acheteurs ne sont pas approvisionn茅s suffisamment rapidement, la p茅nurie de pyr猫thre pourrait les conduire 脿 passer 脿 des produits de substitution synth茅tiques, ce qui serait n茅faste aux horticulteurs de toute l鈥橝frique de l鈥橢st. 鈥淣os clients doivent investir beaucoup d鈥檃rgent dans la production de produits contenant du pyr猫thre鈥�, a expliqu茅 脿 des journalistes Manfred Pfersich, du Centre k茅nyan d鈥檌nformations sur le pyr猫thre, situ茅 en Autriche. 鈥淪鈥檌ls ne sont pas s没rs d鈥櫭猼re approvisionn茅s, ils pr茅f猫rent investir dans autre chose."

Le Kenya est 茅galement le premier exportateur mondial de th茅 noir, mais la crise, qui vient s鈥檃jouter 脿 la s茅cheresse, r茅duira la production de 7 %, d鈥檃pr猫s les estimations de l鈥橭ffice k茅nyan du th茅. Sri Lanka, deuxi猫me producteur mondial, voit d茅j脿 ses recettes augmenter du fait de la p茅nurie et de la hausse du prix du th茅 dans le monde. 鈥淟a situation politique du Kenya joue en notre faveur鈥�, reconna卯t Lalith Hettiarachchi, pr茅sident de l鈥橭ffice du th茅 de Sri Lanka.

Le Kenya fournit 茅galement 36 % des fleurs coup茅es de l鈥橢urope, ainsi que des fruits et l茅gumes. Quarante pour cent des exportations horticoles du Kenya viennent de la vall茅e du Rift. L鈥檌nterruption de ces exportations pourrait 锚tre une aubaine pour les horticulteurs de l鈥櫭塯ypte, du Maroc et de certains pays d鈥橝frique de l鈥橭uest.

Le tourisme, la principale source de recettes du Kenya, devait 脿 l鈥檕rigine rapporter un milliard de dollars en 2008. L鈥橭ffice du tourisme du Kenya s鈥檃ttend 脿 une reprise rapide dans ce secteur maintenant que la crise semble 锚tre r茅gl茅e. Mais un regain de violence pourrait entra卯ner les visiteurs vers d鈥檃utres pays de la r茅gion qui offrent un climat et une faune et une flore similaires. 鈥淣os plages de Mombasa ne manquent pas de concurrence鈥�, admet Fred Kaigwa, directeur des tour-op茅rateurs du Kenya. 鈥淟es compagnies de charters n鈥檃nnuleront probablement pas leurs vols et pr茅f茅reraient les rediriger vers la Tanzanie, Maurice, le Botswana et l鈥橝frique du Sud."

Face 脿 la reprise de la violence au Kenya et 脿 ses risques de r茅percussions dans l鈥檈nsemble de la r茅gion, les donateurs ont fait pression pour que le probl猫me soit rapidement et v茅ritablement r茅gl茅. Avec la signature de l鈥檃ccord de partage du pouvoir, le pays semble s鈥櫭猼re engag茅 dans la bonne voie. Mais les experts reconnaissent qu鈥檌l reste beaucoup 脿 faire pour garantir la paix. 鈥淣ous ne pouvons pas nous permettre d鈥櫭ヽhouer, a d茅clar茅 M. Annan. Il ne s鈥檃git pas du sort de partis politiques ou d鈥檌ndividus. Il s鈥檃git du Kenya et de sa r茅gion.鈥�