Comme l’a montré mon pays, la Chine, une forte croissance dans l’industrie manufacturière est un moteur essentiel du développement durable, et comme l’indique un , a un impact important sur le bien-être économique et social. Ce rapport examine des données de tous les pays et compare la valeur ajoutée manufacturière par habitant ainsi que la compétitivité aux indicateurs de pauvreté, de santé, d’inégalités, d’éducation, d’emploi et de développement humain. Les résultats fournissent des preuves statistiques claires sur le lien étroit entre le processus d’industrialisation et l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des populations.
L’Afrique reste la région la moins industrialisée du monde, un seul pays sur l’ensemble du continent, l’Afrique du Sud, étant actuellement considéré comme industrialisé. Tout le monde s’accorde à reconna?tre que cela doit changer, et je crois que c’est possible.
Un changement fondamental dans la structure des économies des nations africaines est nécessaire. L’industrie, en particulier l’industrie manufacturière,? devra représenter une part plus importante des investissements, de la production et du commerce à l’échelle nationale. On prévoit que l’, qui sera opérationnel le 1er janvier 2021, ouvrira de nouvelles possibilités en développant le commerce intra-africain et en favorisant un environnement susceptible d’intéresser des investissements étrangers directs sur le continent. Il y a aussi la perspective de voir une grande partie des 100 millions d’emplois à forte intensité de main-d’?uvre quitter la Chine et être délocalisés dans les pays africains1.
Mais pour saisir ces occasions, il est impératif que tous les pays d’Afrique, individuellement et ensemble, s’engagent pleinement dans un programme de transformation industrielle qui reflète le r?le crucial de l’industrie dans le développement du continent. Il convient d’accorder la plus haute priorité à l’industrialisation dans le programme de développement socioéconomique.
L’Afrique ne doit pas suivre la même voie de l’industrialisation que celle empruntée en Europe et en Amérique du Nord. Son développement industriel doit être inclusif et durable?: inclusif, pour que tous les secteurs de la société puissent participer à l’industrialisation et en bénéficier, et durable, afin que l’environnement soit sauvegardé.
On ne soulignera jamais assez l’importance de promouvoir des méthodes plus propres et plus efficaces en termes de ressources pour accro?tre la production manufacturière et de dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement. Nous ne pouvons pas nier que l’un des effets secondaires de l’industrialisation a été son empreinte environnementale considérable. Aucun pays n’a encore totalement résolu la gestion des déchets, la purification de l’eau et la pollution. Toutefois, l’expérience montre que des interventions respectueuses de l’environnement dans les industries manufacturières peuvent être très efficaces et réduire considérablement la dégradation de l’environnement.
? mesure que les industries existantes en Afrique se développent, elles doivent utiliser les capacités technologiques actuelles pour atteindre une production industrielle plus propre. De nouvelles usines industrielles doivent être construites pour s’assurer que les modes de production sont durables. Le développement industriel ne doit pas porter atteinte à l’environnement, polluer l’air et l’eau ni produire des émissions nocives de gaz à effet de serre. La transformation des processus de production et des modèles commerciaux, associée à un choix judicieux des technologies, apportera des solutions aux redoutables défis environnementaux de notre époque. De plus, il est dans l’intérêt des entreprises de s’engager dans des modes de production durables, car cela réduit le gaspillage des ressources co?teuses et contribue à accro?tre la compétitivité.
L’?thiopie est un exemple montrant comment l’industrialisation peut créer des emplois et améliorer les moyens de subsistance sans nuire à l’environnement. Selon Lelise Neme, Commissaire de la Commission éthiopienne d’investissement et ancienne Directrice générale de l’Ethiopa Industrial Parks Development Corporation, le Gouvernement a investi près de 1,3 milliard de dollars dans la construction d’une douzaine de parcs industriels. Ceux-ci ont attiré de grandes entreprises de Chine, d’Inde, de la République de Corée, du Sri Lanka, de la Province chinoise de Ta?wan et ont créé plus de 50 000 emplois permanents dont 85?% sont occupés par des femmes2.
L’un des premiers parcs industriels est situé à Hawassa, une ville située au sud de l’?thiopie, qui compte environ 300?000 habitants. L’Hawassa Industrial Park, qui a ouvert ses portes en juillet 2016, est le parc industriel phare du Gouvernement éthiopien, qui est décrit comme étant le premier parc industriel textile à zéro émission en Afrique, doté d’infrastructures et d’équipements de pointe. Arvind Envisol, une entreprise indienne de traitement des eaux usées, fournit au parc des solutions de gestion des eaux usées industrielles, avec l’intention de les reproduire dans tous les parcs. ? Hawassa, 85 % des effluents industriels sont recyclés3.
En Afrique du Sud, le projet , une initiative de l’ONUDI qui a démontré le potentiel d’amélioration de l’efficacité énergique dans la production industrielle dans ce pays est un autre exemple. Les intrants énergétiques représentant un co?t de production important pour les industries, les énergies propres ainsi que l’efficacité énergétique sont progressivement devenus des déterminants essentiels de la compétitivité économique et de la croissance durable. En Afrique du Sud, la mise en place de systèmes de gestion de l’énergie dans les entreprises industrielles a permis de réduire les co?ts de l’énergie et de diminuer les émissions. Entre janvier 2016 et avril 2008, le projet a permis à quelque 80 entreprises d’économiser 335 GWh d’énergie (équivalent à 331,1 tonnes de CO2)4.
Les pays africains devraient adopter une approche globale de la politique industrielle, en mettant en ?uvre des stratégies d’industrialisation claires et propres qui favorisent des possibilités économiques équitables et tiennent compte de l’urgence de la lutte contre la crise climatique.
L’ONUDI et d’autres entités multilatérales et régionales travaillent avec les gouvernements africains ainsi qu’avec des entreprises du secteur privé pour promouvoir une industrialisation durable avec des initiatives dans des domaines comme le transfert de technologie, le développement de la cha?ne de valeur agroalimentaire, les énergies renouvelables et le développement de zones économiques spéciales et de parcs industriels.
Notes
1?Justin Yifu Lin, ??Flying Geese to Leading Dragons: New Opportunities and Strategies for Structural Transformation in Developing Countries??, document de travail de recherche sur les politiques de la Banque mondiale n° 5702 (Banque mondiale, 2011). Disponible sur le site?:?.
2?Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, ??Ethiopia: developing inclusive and sustainable industrial parks??,?Making It: Industry for Development, n° 27 (quatrième trimestre, 2019). Disponible sur le site?:?.
3?Tara Donaldson, ??Ethiopia Opens Eco-Friendly Industrial Park for Textile Production??, Sourcing Journal, 18 juillet 2016. Disponible sur le site?:?.?
4?Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, ??Top industry awards for South African industrial energy efficiency project??, 27 novembre 2019. Disponible sur le site?:?.???
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