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Corv茅e d鈥檈au 脿 la rivi猫re 脿 Madagascar : la plupart des Africains n鈥檕nt toujours pas acc猫s 脿 de l鈥檈au propre et potable.

Photo: Panos / Jean-Leo Dugast

Il y a six ans encore, Eugenia Uwamahoro et plusieurs de ses huit enfants devaient parcourir chaque jour 2 kilom猫tres jusqu鈥櫭� une rivi猫re pour se procurer environ 140 litres d鈥檈au pour boire, faire la cuisine et la lessive et abreuver quatre vaches. Il y avait bien une pompe dans leur village de Nyakabingo, situ茅 dans le district de Gicumbi au Rwanda, mais elle fonctionnait mal. Le Gouvernement rwandais, avec le soutien financier du Fonds des Nations Unies pour l鈥檈nfance (UNICEF), a alors r茅par茅 la pompe et le village a engag茅 un g茅rant qui assure son entretien.

鈥溍嘺 a rendu ma vie plus facile, d茅clare 脿 Afrique Renouveau Mme Uwamahoro. Maintenant nous pouvons nous reposer.鈥� La pompe ne lui 茅pargne pas seulement beaucoup de temps et d鈥檈fforts, elle lui fournit 茅galement tous les jours l鈥檈au n茅cessaire 脿 un prix plus bas que celui pratiqu茅 par les porteurs d鈥檈au villageois qui la transportent de la rivi猫re.

De nombreux villageois 鈥渟ont heureux de payer pour ce meilleur service鈥�, d茅clare Kamaru Tstoneste qui assure le fonctionnement de la pompe. Mais certains ne peuvent pas payer le prix demand茅. Les chefs communautaires ont alors dress茅 une liste des foyers les plus n茅cessiteux et la r茅visent de temps en temps. 鈥淐e groupe obtient gratuitement une quantit茅 d鈥檈au d茅termin茅e鈥�, a expliqu茅 M. Tstoneste 脿 Afrique Renouveau. Il ajoute cependant que 鈥渓es vieilles habitudes persistent. Il y en a qui refusent de payer pour de l鈥檈au et qui vont toujours 脿 la rivi猫re鈥�.

Mme Uwamahoro et ses voisins ont la chance non seulement d鈥檃voir acc猫s 脿 de l鈥檈au, mais aussi d鈥檃voir un certain choix en termes de source et de prix. La plupart des Africains n鈥檕nt pas cette chance. Sur l鈥檈nsemble du continent, la moiti茅 des foyers ruraux n鈥檕nt pas d鈥檈au potable. La situation est plus favorable dans les zones urbaines, o霉 80 % de la population b茅n茅ficient d鈥檜n approvisionnement en eau. Cependant, plus de la moiti茅 de ces citadins n鈥檕nt pas de robinet dans leur maison ou leur cour, d鈥檃pr猫s l鈥橭rganisation mondiale de la sant茅 (OMS) et l鈥橴NICEF.

L鈥檌ronie de la situation est que l鈥橝frique a des ressources abondantes en eau douce mais听le continent utilise actuellement seulement 4 % de son eau douce.

Un objectif 茅loign茅

Les dirigeants africains se sont engag茅s 脿 assurer un acc猫s universel 脿 l鈥檈au potable dans le cadre du Nouveau partenariat pour le d茅veloppement de l鈥橝frique (NEPAD) ainsi que de leur soutien aux objectifs du Mill茅naire pour le d茅veloppement (OMD), qui ont 茅t茅 adopt茅s par les dirigeants du monde entier en 2000.

Un point d鈥檈au communautaire dans un village d鈥橢thiopie : la gestion de l鈥檈au par la communaut茅 plut么t que par une soci茅t茅 publique ou commerciale pourrait 锚tre pr茅f茅rable dans les r茅gions les plus pauvres et les plus isol茅es.

Photo: UN / Evan Schneider

Le septi猫me de ces OMD est de diminuer de moiti茅 d鈥檌ci 脿 2015 le nombre de personnes qui n鈥檕nt pas d鈥檃cc猫s durable 脿 de l鈥檈au potable et 脿 un syst猫me d鈥檃ssainissement 茅l茅mentaire. En Afrique subsaharienne, ce pourcentage a 茅t茅 r茅duit de 52 脿 44 % entre 1990 et 2004. Mais l鈥檕bjectif, qui est de 26 %, est encore tr猫s 茅loign茅.

Certains pays comme le S茅n茅gal, le Gabon, l鈥橭uganda et l鈥橝frique du Sud augmentent consid茅rablement le nombre de branchements au r茅seau d鈥檈au et les volumes fournis aux zones urbaines gr芒ce 脿 des investissements publics aussi bien que priv茅s. Selon un rapport d鈥櫭﹙aluation de l鈥橭NU de juin 2007 sur les progr猫s accomplis pour atteindre les OMD, le S茅n茅gal est 鈥渆n passe d鈥檃tteindre les objectifs pour l鈥檈au et l鈥檃ssainissement gr芒ce 脿 un programme d鈥檌nvestissement national financ茅 avec l鈥檃rgent des bailleurs de fonds鈥�.

L鈥橝frique se heurte 脿 un certain nombre de difficult茅s pour 茅largir l鈥檃cc猫s 脿 l鈥檈au potable, dont notamment le nombre insuffisant de personnels qualifi茅s et d鈥檌nstitutions performantes. La p茅nurie d鈥檈au ou la pollution posent des probl猫mes particuliers 脿 certains pays. Les ressources limit茅es dont disposent la plupart des pays constituent l鈥檕bstacle le plus courant. 鈥淟鈥檌nsuffisance de fonds est la premi猫re raison pour laquelle le continent ne peut fournir suffisamment d鈥檈au potable鈥�, a expliqu茅 脿 Afrique Renouveau Peter Akari, responsable principal des politiques du Fonds africain pour l鈥檈au 脿 la Banque africaine de d茅veloppement (BAD).

Pas de solution unique

D鈥檕霉 viendra l鈥檃rgent ? Les bailleurs de fonds, comme au S茅n茅gal, constituent une source. Mais il est probable qu鈥檌ls ne fourniront qu鈥檜ne partie des 5 milliards de dollars qu鈥檕n estime annuellement n茅cessaires 脿 la r茅alisation de l鈥橭MD relatif 脿 l鈥檈au.

D鈥檃pr猫s le Programme des Nations Unies pour le d茅veloppement (PNUD), le montant total actuel des d茅penses budg茅taires consacr茅es 脿 l鈥檈au et 脿 l鈥檃ssainissement en Afrique subsaharienne est d鈥檈nviron 800 millions de dollars par an. Ce montant pourrait sans doute atteindre 2,5 milliards de dollars si les fournisseurs de service prenaient des mesures de 鈥渞ecouvrement des co没ts鈥� (faire payer les usagers) et si les collectivit茅s locales mobilisaient des ressources financi猫res. De plus, sous la pression de la Banque mondiale et du Fonds mon茅taire international (FMI), un certain nombre de pays ont cherch茅 脿 obtenir des investissements priv茅s pour 茅tendre leurs syst猫mes d鈥檃dduction d鈥檈au.

Selon l鈥橭NG britannique Water Aid, 鈥渋l n鈥檈xiste pas de solution unique pour que tous aient acc猫s 脿 l鈥檈au. Il est donc impossible de dire en termes g茅n茅raux s鈥檌l est souhaitable que la fourniture et la gestion de ces services soient contr么l茅es par des instances priv茅es, publiques ou communautaires. Chaque situation doit 锚tre examin茅e au cas par cas et on doit trouver pour chaque communaut茅 une solution adapt茅e et durable qui corresponde 脿 ses moyens et qui prenne en compte les int茅r锚ts des plus pauvres鈥�.

Le Rapport sur le d茅veloppement humain 2006 du PNUD parvient au m锚me constat : pour chercher 脿 茅largir l鈥檃cc猫s 脿 l鈥檈au potable, 鈥渋l convient de d茅finir au cas par cas l鈥櫭﹒uilibre ad茅quat entre public et priv茅, en fonction des valeurs et des circonstances locales鈥�.

La responsabilit茅 des gouvernements

En fin de compte, estime Henry Ndede, coordonnateur pour les questions de l鈥檈au du Programme des Nations Unies pour l鈥檈nvironnement (PNUE), bas茅 脿 Nairobi (Kenya), ce sont les gouvernements africains qui doivent servir les plus de 300 millions de personnes aujourd鈥檋ui priv茅es d鈥檈au potable de meilleure qualit茅. Les gouvernements, a-t-il d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau, 鈥渄oivent mettre en place de bonnes politiques de l鈥檈au s鈥檌ls veulent que le secteur priv茅 participe 脿 la distribution d鈥檈au鈥�.

Il cite l鈥檈xemple du Kenya o霉 une politique adopt茅e en 1999 a entra卯n茅 une am茅lioration de la qualit茅 de l鈥檈au fournie par le syst猫me de distribution public du pays, renforc茅 la perception des redevances et multipli茅 les forages de puits dans les zones rurales. Une loi sur l鈥檈au vot茅e en 2002 a d茅centralis茅 la gestion des ressources hydrauliques et leur distribution. On a form茅 des soci茅t茅s publiques locales au niveau des municipalit茅s pour g茅rer l鈥檈au. Elles ont largement atteint leur objectif, qui consistait 脿 augmenter de 50 % le nombre de clients b茅n茅ficiant d鈥檜ne eau de meilleure qualit茅 et 脿 r茅duire les pertes d鈥檈au de plus de 40 %, le tout sans hausse des tarifs.

Certaines soci茅t茅s publiques de distribution d鈥檈au africaines 鈥渟ont dirig茅es efficacement par des structures de gestion locales鈥�, note Stephen Donkor, Conseiller principal pour les questions de l鈥檈au 脿 la Commission 茅conomique pour l鈥橝frique (CEA), qui a son si猫ge 脿 Addis-Abeba (Ethiopie). Leurs bons r茅sultats, ajoute-t-il, d茅mentent l鈥檌mage n茅gative que certains ont des services collectifs africains, intrins猫quement inefficaces, a-t-il d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau.

L鈥檃cc猫s 茅quitable 脿 l鈥檈au n鈥檈n reste pas moins un d茅fi, m锚me au Kenya. 鈥淒ans les zones urbaines, les infrastructures alimentent les quartiers d鈥檜rbanisation planifi茅e, mais pas les quartiers qui s鈥檌mplantent de fa莽on sauvage鈥�, rapporte le groupe de d茅fense des consommateurs de Washington, Public Citizen. 鈥淟es habitants des quartiers planifi茅s ont acc猫s au r茅seau d鈥檃dduction d鈥檈au. [Mais] la r茅gularit茅 de l鈥檃pprovisionnement en eau varie d鈥檜n endroit 脿 l鈥檃utre.鈥�

Compressions budg茅taires et privatisation

Jusqu鈥檃ux ann茅es 1980, la distribution de l鈥檈au 茅tait essentiellement une activit茅 茅tatique, assur茅e par les pouvoirs publics par l鈥檌nterm茅diaire d鈥檈ntreprises de services publics. Celles-ci 茅taient financ茅es par le budget du gouvernement, principalement gr芒ce aux bailleurs de fonds ou aux revenus fiscaux. Les tarifs de raccordements au r茅seau 茅taient minimes. Ceux qui n鈥櫭﹖aient pas raccord茅s au r茅seau dans les villes et certains habitants des campagnes, obtenaient leur eau de bornes-fontaines publiques, la plupart du temps gratuitement. Mais ces syst猫mes publics ne fournissaient aucun service 脿 des millions de gens.

La crise 茅conomique et les politiques d鈥檃ust茅rit茅 pr么n茅es par la Banque mondiale et le FMI ont oblig茅 les gouvernements africains 脿 r茅duire les d茅penses de service public, y compris pour l鈥檈au, et dans un certain nombre de cas 脿 privatiser les installations existantes.

鈥淥n esp茅rait que le secteur priv茅, viendrait prendre le contr么le des soci茅t茅s publiques et les g茅rerait selon la loi du profit tout en investissant pour 茅tendre le r茅seau, explique M. Donkor. Les investisseurs priv茅s n鈥檕nt pas trouv茅 le secteur de l鈥檈au en Afrique tr猫s attractif du point de vue financier. Les b茅n茅fices n鈥櫭﹖aient pas suffisants pour justifier leurs investissements."

Dans les ann茅es 90, on a offert aux soci茅t茅s 茅trang猫res des incitations plus importantes, telles que l鈥檈xon茅ration temporaire d鈥檌mp么ts et la libert茅 totale de rapatrier leurs b茅n茅fices. Mais m锚me avec ces avantages, les investisseurs priv茅s ont continu茅 脿 pr茅f茅rer l鈥橝sie et l鈥橝m茅rique latine 脿 l鈥橝frique subsaharienne.

L鈥橝frique a par cons茅quent souffert de d茅cennies de sous-investissement dans ses 茅quipements d鈥檃dduction d鈥檈au. Au vu de cette situation et 脿 cause de la gestion m茅diocre des services collectifs en Afrique subsaharienne, ce secteur largement public ne pouvait pas maintenir les services existants, encore moins offrir de nouveaux raccordements.

Les 茅cueils du 鈥榬ecouvrement des co没ts鈥�

Le recouvrement des co没ts est devenu une pratique de plus en plus fr茅quente. Pour les soci茅t茅s de distribution priv茅es, l鈥檃ugmentation des tarifs et la collecte de redevances 茅taient indispensables pour d茅gager des b茅n茅fices. Mais les soci茅t茅s publiques ont 茅galement consid茅r茅 l鈥檃ugmentation des tarifs comme un moyen de r茅duire leurs pertes financi猫res et d鈥檃ccro卯tre leurs ressources.

Pour de nombreux Africains, qui n鈥檃vaient jamais 茅t茅 raccord茅s au r茅seau ou qui obtenaient leur eau de fournisseurs d鈥檈au priv茅s pratiquant des prix exorbitants, les nouveaux tarifs pouvaient sembler int茅ressants. Mais pour les plus pauvres, ces co没ts 茅taient g茅n茅ralement prohibitifs.

Globalement, l鈥橝frique du Sud a fait des progr猫s remarquables pour 茅largir l鈥檃cc猫s 脿 l鈥檈au. Au temps de l鈥檃partheid, environ un tiers de la population n鈥檃vait aucun acc猫s 脿 l鈥檈au potable. Mais avec l鈥檃rriv茅e au pouvoir de l鈥橝frican National Congress en 1994, la nouvelle constitution a proclam茅 que l鈥檃cc猫s 脿 l鈥檈au potable 茅tait un droit fondamental. En 2004, 脿 peu pr猫s 88听% de la population avaient acc猫s 脿 de l鈥檈au potable.

La politique d茅finie accorde 脿 tous ceux qui ont acc猫s au r茅seau de distribution 25 litres d鈥檈au par jour gratuitement. Au-del脿 de ce seuil, les usagers doivent payer l鈥檈au 脿 des tarifs qui augmentent fortement en fonction du volume. Les soci茅t茅s priv茅es comme les soci茅t茅s de service public locales ont strictement appliqu茅 la pratique du recouvrement des co没ts, ce qui a touch茅 le plus durement les foyers les plus pauvres. En 2002, une ONG de Johannesburg, Rural Development Services Network, estimait que quelque 10 millions de personnes avaient vu leur alimentation en eau coup茅e 脿 un moment ou 脿 un autre au cours des huit ann茅es pr茅c茅dentes, faute d鈥檃voir r茅gl茅 leurs factures.

Deux ann茅es auparavant, une 茅pid茅mie de chol茅ra avait ravag茅 la province de KwaZulu-Natal, tuant environ 300 personnes. Les autorit茅s sanitaires d茅couvrirent que de nombreuses personnes habitant les zones les plus touch茅es avaient recours 脿 de l鈥檈au puis茅e dans des rivi猫res et des lacs pollu茅s, leur alimentation en eau ayant 茅t茅 coup茅e pour cause de non-paiement. Le gouvernement a r茅agi en installant dans de nombreuses communaut茅s 脿 faibles revenus des bornes-fontaines publiques et en introduisant de bas tarifs fixes.

Nouvelle gestion au Ghana

En Afrique occidentale, le Ghana a essay茅 de surmonter ses difficult茅s en engageant une nouvelle 茅quipe de direction ext茅rieure pour g茅rer son service public de distribution d鈥檈au.

La soci茅t茅 de distribution publique Ghana Water Company, Ltd. (GWCL) fournissait auparavant de l鈥檈au 脿 environ la moiti茅 des 20 millions d鈥檋abitants du pays. Mais elle avait commenc茅 脿 perdre de l鈥檃rgent. Elle ne pouvait par cons茅quent proc茅der 脿 aucune r茅paration importante ni 茅tendre le r茅seau. En 2005, les autorit茅s d鈥橝ccra estimaient que les fuites des canalisations obsol猫tes faisaient perdre quotidiennement 脿 la compagnie la moiti茅 des 450 millions de litres d鈥檈au distribu茅s.

Ruby Amable, habitante d鈥橝shongman, un quartier 脿 revenus moyens de la capitale, fait partie des nombreux clients qui ont alors 茅t茅 priv茅s de service. Elle a essay茅 d鈥檃ller chercher de l鈥檈au dans un quartier voisin, mais celui-ci non plus 鈥渘鈥檃vait plus de canalisations en 茅tat de fonctionner depuis deux ans鈥�, a racont茅 Mme Amable 脿 Afrique Renouveau. Elle et ses voisins n鈥檈n continuaient pas moins 脿 recevoir r茅guli猫rement des factures mensuelles de la compagnie de distribution simplement parce que leurs maisons 茅taient raccord茅es au r茅seau.

Pour obtenir l鈥檈au n茅cessaire 脿 sa famille de quatre personnes, Mme Amable n鈥檃 eu d鈥檃utre solution que d鈥檈n acheter aux propri茅taires de camions-citernes priv茅s. Elle doit d茅penser mensuellement l鈥櫭﹒uivalent de 50 dollars pour remplir la citerne du toit de sa maison.

A la demande de la Banque mondiale, le gouvernement a restructur茅 la GWCL, qui en 2001 a augment茅 ses tarifs de plus de 90 %. Afin de rendre GWCL plus financi猫rement rentable et d鈥檃ttirer les investisseurs potentiels, le gouvernement a aussi annul茅 100 millions de dollars de dettes dues par la compagnie.

En 2005, le gouvernement a r茅ussi 脿 obtenir une subvention de 103 millions de dollars de la Banque mondiale, et 17 millions de dollars suppl茅mentaires provenant de bailleurs de fonds bilat茅raux. Le gouvernement esp茅rait que cette fra卯che infusion de fonds permettrait 脿 GWCL de remplacer les 茅quipements obsol猫tes et de r茅parer les canalisations 脿 l鈥檕rigine des fuites. Il lui a 茅galement fix茅 pour objectif de raccorder 50 000 nouveaux foyers au r茅seau et d鈥檌nstaller 350 bornes-fontaines publiques dans les principales villes du Ghana d鈥檌ci 脿 2011.

La Banque mondiale avait pos茅 comme condition 脿 sa subvention que le gouvernement confie la gestion de GWCL 脿 une soci茅t茅 priv茅e. Deux soci茅t茅s multinationales de distribution d鈥檈au, Vittens des Pays-Bas et Rand Water d鈥橝frique du Sud, ont form茅 une filiale, Aqua Vitens Rand, Ltd. (AVRL), qui a remport茅 un contrat de gestion de cinq ans. Elle a commenc茅 脿 g茅rer le r茅seau de distribution de GWCL en janvier 2006. L鈥檈ntretien du syst猫me, les investissements en nouveaux 茅quipements et l鈥檈xtension du r茅seau de distribution restaient 脿 la charge de la soci茅t茅 publique.

Pr猫s de deux ans plus tard, de nombreux clients n鈥檕nt toujours pas d鈥檈au. Les responsables de GWCL attribuent cette situation 脿 la crise 茅nerg茅tique du Ghana, due au bas niveau de l鈥檈au dans la retenue du barrage hydro-茅lectrique d鈥橝kosombo. Les dirigeants d鈥橝VRL soulignent les probl猫mes d鈥檌nvestissement, 鈥淒es progr猫s vers l鈥檕bjectif de 50 000 nouveaux raccordements au r茅seau ont 茅t茅 faits, mais ils sont lents car les services n茅cessaires 脿 cette expansion n鈥檕nt pas 茅t茅 mis en place鈥�, a d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau Stanley Martey, directeur de la communication d鈥橝VRL.

Les d茅tracteurs ghan茅ens d鈥橝VRL sont d鈥檃ccord sur l鈥檌mportance des investissements mais remettent en question l鈥檌d茅e d鈥檌ntroduire une 茅quipe dirigeante de l鈥檈xt茅rieur. Steve Manteaw, membre de la direction de la Coalition nationale ghan茅enne contre la privatisation de l鈥檈au, a expliqu茅 脿 Afrique Renouveau que 鈥渓e probl猫me du r茅seau de distribution d鈥檈au du Ghana n鈥檈st pas vraiment une question de gestion, mais plut么t d鈥檌nvestissement. Les conduites sont 芒g茅es et il y a un besoin d鈥檌nvestissements massifs鈥�.

La Banque mondiale maintient que l鈥檃m茅lioration de la gestion et l鈥檃ccroissement des investissements sont essentiels. 鈥淩edresser GWCL pour en faire un service public viable exige des progr猫s en investissements et en efficacit茅, d茅clare Ventura Bengoechea, responsable principal pour les questions de l鈥檈au 脿 la Banque. Nous esp茅rons que ces derniers r茅sulteront du contrat de gestion sign茅, 脿 condition que les investissements soient faits. Par eux-m锚mes, des investissements massifs ne changeraient pas la situation de GWCL.鈥�

Moyens n茅cessaires

Le d茅fi auquel font face de nombreux gouvernements africains n鈥檈st pas seulement de trouver de l鈥檃rgent pour faire des investissements vitaux, mais aussi d鈥檃cqu茅rir le savoir-faire technique pour utiliser plus efficacement leurs ressources et de mettre sur pied les organismes capables de les g茅rer correctement.

M. Akari de la BAD explique que dans des pays comme l鈥橭uganda et le Mozambique, qui ont chacun une population d鈥檈nviron 20 millions, il faudra, pour atteindre l鈥橭MD relatif 脿 l鈥檈au, installer 鈥渜uelque 1000 points d鈥檈au, creus茅s 脿 la main ou par forage et 茅quip茅s de pompes 脿 main, plus chaque ann茅e 30 r茅seaux de canalisations et mettre en place des soci茅t茅s de distribution dans 5 grandes villes et 15 villes moins importantes鈥�.

Pour cela, dit M. Akari, ces pays auront besoin de professionnels qualifi茅s ainsi que de mat茅riels de travaux publics, de forage et de construction. Dans certains pays africains,听ces moyens ne sont tout simplement pas disponibles.

Actuellement, explique M. Donkor de la CEA, 鈥渓a plupart des subventions sont assorties de conditions officieuses qui forcent les gouvernements africains 脿 engager des experts des pays bailleurs de fonds pour r茅aliser ces projets鈥�. Ces pays ont donc du mal 脿 retenir leurs propres sp茅cialistes du secteur de l鈥檈au. 鈥淓n excluant les sp茅cialistes locaux de la r茅alisation de tels projets, on r茅duit l鈥檃ttractivit茅 du secteur de l鈥檈au et force de nombreux professionnels 脿 partir鈥�, ajoute-t-il.

En r茅ponse 脿 ce probl猫me, le Groupe Eau-Afrique des Nations Unies听dresse un annuaire des experts africains du secteur. En aidant ces experts 脿 trouver du travail dans d鈥檃utres pays africains, cette initiative ne contribuera pas seulement 脿 favoriser l鈥檌nt茅gration r茅gionale, elle am茅liorera aussi 脿 long terme le soutien aux projets concernant l鈥檈au sur le continent.

A l鈥檕ccasion de la Journ茅e mondiale de l鈥檈au, le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, M. Ban Ki-Moon, a d茅clar茅 le 22 mars : 鈥淟a voie 脿 suivre est claire: il faut renforcer les capacit茅s institutionnelles et la gouvernance 脿 tous les niveaux, promouvoir davantage de transferts de technologie, mobiliser plus de ressources financi猫res, et transposer 脿 une plus grande 茅chelle les pratiques optimales et les enseignements tir茅s de l鈥檈xp茅rience.鈥�