La Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf) a le potentiel de sortir des millions de personnes de la pauvret茅 et de mettre fin 脿 l'ins茅curit茅 alimentaire chronique en Afrique. Toutefois, son succ猫s repose sur la ratification et la mise en 艙uvre par les pays, en particulier dans le secteur agricole.
L'Afrique d茅pend de ses exportations vers le reste du monde de produits agricoles de base tels que le cacao, le caf茅, le coton, le tabac et les 茅pices pour g茅n茅rer les devises 茅trang猫res dont elle a tant besoin. Mais le continent est un importateur net d'aliments de base tels que les c茅r茅ales, les huiles v茅g茅tales, les produits laitiers et la viande.
La part du commerce agricole intra-africain dans le total des 茅changes agricoles africains reste constamment inf茅rieure 脿 20 %, soit l'une des plus faibles de toutes les r茅gions. Le commerce total entre les pays africains n'a repr茅sent茅 que 2 % au cours de la p茅riode 2015-2017, contre 67 % pour le commerce intrar茅gional entre les pays europ茅ens, 61 % pour l'Asie et 47 % pour les Am茅riques, selon l'organisation commerciale de l'ONU, la CNUCED.
La ZLECAf vise 脿 changer cette situation. Il a cr茅茅 la plus grande zone de libre-茅change au monde, repr茅sentant un march茅 de 1,2 milliard de consommateurs, et engage les pays 脿 supprimer la plupart des barri猫res tarifaires et non tarifaires afin d'am茅liorer la circulation des biens et des services entre les pays, stimulant ainsi la croissance 茅conomique.
Mais depuis que les 茅changes commerciaux dans le cadre de l'AfCFTA ont d茅but茅 le 1er janvier 2021, seuls 36 des 55 脡tats membres de l'Union africaine ont ratifi茅 l'accord.
L'importance de l'agriculture
C'est dans l'agriculture que les ambitions de la ZLECAf peuvent trouver le terrain le plus fertile, notamment en d茅veloppant des cha卯nes de valeur r茅gionales inclusives autour des produits de base prioritaires, sous l'impulsion d'un secteur priv茅 dynamique et diversifi茅 compos茅 de petits exploitants, d'agriculteurs commerciaux, de transformateurs et de prestataires de services.
Le renforcement des capacit茅s nationales de production alimentaire et des liens avec les march茅s r茅gionaux fournira aux pays une base solide pour stimuler le commerce r茅gional. Les politiques et les programmes doivent encourager le secteur priv茅 脿 injecter de nouveaux investissements, 脿 ajouter de la valeur aux produits de base, 脿 concurrencer les importations et 脿 cr茅er des emplois.
Approche r茅gionale
De nombreuses communaut茅s 茅conomiques r茅gionales du continent ont d茅j脿 identifi茅 des produits de base strat茅giques 脿 d茅velopper dans des cha卯nes de valeur r茅gionales : L'Afrique de l'Est a donn茅 la priorit茅 au riz, aux haricots et aux produits laitiers, entre autres. L'Afrique de l'Ouest a donn茅 la priorit茅 au sorgho, au b茅tail, aux poissons et aux produits de l'aquaculture, entre autres. Les priorit茅s de l'Afrique australe sont le soja et l'arachide.
Cette approche r茅gionale a le potentiel d'absorber les petits exploitants agricoles, y compris les femmes et les jeunes, et les micro, petites et moyennes entreprises, et de les connecter au secteur priv茅 plus large qui domine les march茅s des intrants et des produits.听
L'int茅gration accrue des parties prenantes le long des cha卯nes de valeur agricoles, des agriculteurs aux transformateurs, des transporteurs aux d茅taillants, est susceptible de cr茅er des emplois durables et d'am茅liorer la productivit茅 agricole 脿 long terme et, en d茅finitive, la s茅curit茅 alimentaire et la nutrition.
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En cette Ann茅e internationale des fruits et l茅gumes, la r茅duction des droits de douane sur les aliments frais et l'茅limination progressive des barri猫res non tarifaires pourraient permettre 脿 un plus grand nombre de personnes en Afrique d'avoir acc猫s 脿 des aliments nutritifs et diversifi茅s. La derni猫re analyse de la FAO montre que pr猫s d'un milliard de personnes en Afrique n'ont pas les moyens d'avoir une alimentation saine.
Un changement de paradigme par rapport au statu quo
L'accroissement des 茅changes commerciaux entre les pays africains constitue un changement de paradigme par rapport 脿 la routine. Le succ猫s de la plus grande zone de libre-茅change du monde repose sur les gouvernements et le secteur priv茅.
Les pays et les entreprises sont confront茅s 脿 des obstacles majeurs, tels que l'incompatibilit茅 des r猫gles d'origine et des exigences en mati猫re de s茅curit茅 alimentaire et d'茅tiquetage, et doivent surmonter la faiblesse des infrastructures telles que les t茅l茅communications et les r茅seaux routiers, ainsi que le besoin d'informations de qualit茅 sur les march茅s.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Union africaine ont r茅cemment lanc茅 un cadre visant 脿 aider les pays 脿 s'adapter au nouveau march茅 unique.听
L'un des principaux objectifs du est de soutenir les pays pour tripler le commerce intra-africain des produits et services agricoles, qui est l'un des sept engagements pris par les gouvernements africains dans le cadre de la adopt茅e en 2014.
Permettre un secteur priv茅 robuste est une premi猫re 茅tape importante, car les petites et moyennes entreprises sont des partenaires essentiels dans la transformation structurelle de l'agriculture et des syst猫mes alimentaires en Afrique.
Les gouvernements doivent cr茅er des r茅seaux acheteurs-fournisseurs, reliant les petits et moyens producteurs, y compris les petits exploitants, aux acheteurs locaux et r茅gionaux. Les femmes et les jeunes doivent 锚tre associ茅s 脿 ces efforts.
Pour passer de syst猫mes de production ax茅s sur la subsistance 脿 des syst猫mes plus ax茅s sur le march茅, efficaces, inclusifs, r茅silients et durables, il faut am茅liorer la productivit茅, les intrants, la m茅canisation et la gestion post-r茅colte au niveau des exploitations, gr芒ce aux investissements, 脿 la technologie, 脿 l'innovation et aux connaissances indig猫nes.听
On estime que la lib茅ralisation tarifaire pourrait g茅n茅rer des gains de bien-锚tre allant jusqu'脿 16,1 milliards de dollars et une croissance du commerce intra-africain de 33 %.
脌 plus long terme, le march茅 unique africain a le potentiel de cr茅er un environnement commercial positif et plus comp茅titif pour l'agriculture, encourageant de nouveaux investissements et, en fin de compte, un secteur agricole moderne, dynamique, productif, inclusif, r茅silient et durable qui peut sortir des millions d'Africains de la pauvret茅.听
M. Abebe Haile-Gabriel est le Sous-Directeur g茅n茅ral et Repr茅sentant r茅gional pour l'Afrique de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
