Le Mozambique a jou茅 un r么le si important dans l'histoire de notre continent, et c'est un pays si vivant et si beau, que venir ici a toujours 茅t茅 une grande joie. Mais lors de cette visite, tout en 茅tant heureux de vous retrouver, je partage 茅galement votre douleur et votre frustration face 脿 la crise humanitaire provoqu茅e par le conflit 脿 Cabo Delgado.
En tant que Sous-Secr茅taire g茅n茅ral des Nations Unies et responsable de la lutte contre le SIDA, je suis venu au Mozambique pour exprimer ma solidarit茅 avec vous et pour apprendre comment renforcer notre soutien. En ces moments douloureux pour le Mozambique, nous, les Nations Unies, sommes avec vous.
Comme nous l'ont dit tous les Mozambicains, qu'ils soient membres du gouvernement, d'organisations de la soci茅t茅 civile ou de communaut茅s, l'impact de la crise humanitaire se croise avec l'impact social et 茅conomique de la crise climatique, de la COVID-19, de l'茅pid茅mie de VIH en cours et de la crise aigu毛 de la dette que le pays subissait d茅j脿 avant l'arriv茅e de la pand茅mie. Comme ils l'ont 茅galement not茅, alors que les effets de ces crises se font sentir dans toute la soci茅t茅, ces crises ne sont pas v茅cues de la m锚me mani猫re par tous, mais exacerbent les in茅galit茅s pr茅existantes.
Vivre avec le VIH
Environ 2,2 millions de Mozambicains vivent avec le VIH, soit le deuxi猫me plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde apr猫s l'Afrique du Sud. Chaque heure au Mozambique, quatre adolescentes ou jeunes femmes contractent le VIH. Le COVID-19 et le conflit dans le Cabo Delgado ont fait reculer les progr猫s qui avaient 茅t茅 accomplis au Mozambique pour vaincre le VIH et le sida et qui avaient permis de sauver des vies.
Les services essentiels, notamment les soins de sant茅 sexuelle et reproductive et le traitement du VIH, ont 茅t茅 perturb茅s, de nombreuses personnes vivant avec le VIH et les populations vuln茅rables ont 茅t茅 confront茅es 脿 une stigmatisation accrue, et l'impact sur la fr茅quentation scolaire a augment茅 le risque de nouvelles infections par le VIH chez les adolescentes. On m'a dit qu'il y avait eu une augmentation de 18 % des cas de violence fond茅e sur le genre par rapport 脿 2019.
Et juste en ce moment, les finances publiques sont limit茅es par le fardeau exacerb茅 de la dette qui 茅tait d茅j脿 difficile au Mozambique avant la COVID-19 et, bien qu'il y ait eu un all茅gement de la dette bienvenu dans l'Initiative de suspension du service de la dette, cela n'a pas suffi 脿 fournir au Mozambique l'espace fiscal dont il a besoin, surtout 脿 c么t茅 de la chute spectaculaire de la collecte des recettes en 2020 et 2021.
Mais il y a de l'espoir
Tout d'abord, nous constatons que les r茅ponses communautaires contribuent 脿 la lutte contre la COVID-19 et 脿 la r茅ponse humanitaire. Les d茅cennies d'exp茅rience prouv茅e d'une r茅ponse efficace au VIH men茅e par les communaut茅s ont contribu茅 脿 informer ces derni猫res, et en effet les communaut茅s affect茅es par le VIH ont jou茅 des r么les de premier plan.
L'ONUSIDA aide les organisations communautaires 脿 fournir des services de pr茅vention du VIH et 脿 retrouver les patients sous traitement antir茅troviral qui ont arr锚t茅 leur traitement et 脿 les remettre sous traitement, notamment en leur fournissant des fournitures pour plusieurs mois. En s'appuyant sur les le莽ons tir茅es de la diminution de 20 % des d茅c猫s li茅s au sida au Mozambique depuis 2010, les projets pilotes de r茅duction des risques et les efforts de d茅stigmatisation montrent comment aborder les pand茅mies de la mani猫re la plus efficace.
Deuxi猫mement, nous avons assist茅 脿 la mont茅e en puissance d'une campagne mondiale de plaidoyer, dont le Mozambique est l'un des principaux champions, en faveur du vaccin populaire COVID-19, afin d'acc茅l茅rer l'acc猫s aux m茅dicaments en demandant aux entreprises de renoncer aux brevets et de partager leurs connaissances et leur savoir-faire. L'augmentation de la production est le seul moyen de garantir des vaccins et des traitements pour tous.
Le CDC Afrique a d茅fini la mani猫re dont la production africaine peut 锚tre augment茅e 脿 mesure que les obstacles sont lev茅s. Le groupe des "Elders", d'anciens dirigeants mondiaux, repr茅sent茅 par Gra莽a Machel, a contribu茅 脿 rallier la conscience du monde. La majorit茅 du public occidental et de nombreux l茅gislateurs occidentaux exhortent 茅galement leurs propres gouvernements 脿 partager les recettes des vaccins pour aider le monde 脿 sortir de la crise. Ils savent que nous ne pourrons la surmonter qu'ensemble.
Troisi猫mement, nous assistons 脿 travers l'Afrique 脿 la r茅union d'un vaste mouvement en faveur de l'茅ducation et de l'autonomisation des filles. "Education Plus" est une initiative politique de haut niveau, soutenue par une puissante campagne bas茅e sur les droits, pour des politiques et des investissements accrus qui garantiront l'ach猫vement de la scolarit茅, gr芒ce 脿 un enseignement secondaire gratuit et de qualit茅 pour toutes les filles et tous les gar莽ons, et qui renforceront cet objectif par : des environnements sans violence, l'acc猫s 脿 une 茅ducation sexuelle compl猫te, le respect de la sant茅 et des droits sexuels et reproductifs et l'acc猫s aux services, et l'autonomisation 茅conomique des jeunes femmes gr芒ce 脿 des transitions entre l'茅cole et le travail.
Ensemble, ces interventions ne r茅duiront pas seulement de fa莽on spectaculaire les infections au VIH. Elles permettront 茅galement de r茅duire les grossesses pr茅coces. Actuellement, 14 % des filles au Mozambique ont un enfant avant l'芒ge de 15 ans, et 57 % des filles ont un enfant avant l'芒ge de 18 ans.
Tous les Mozambicains sont d茅termin茅s 脿 faire mieux pour nos filles. Il existe des preuves irr茅futables que l'茅ducation et l'autonomisation des filles stimulent 茅galement le d茅veloppement et la croissance 茅conomiques. Et pour les filles et les jeunes femmes elles-m锚mes, l'茅galit茅 n'a pas de prix.
Quatri猫mement, alors que le monde discute des d茅fis de la situation budg茅taire difficile exacerb茅e par le COVID-19, nous constatons une reconnaissance croissante du fait que les investissements dans la sant茅, l'茅ducation et l'autonomisation ne sont pas des d茅penses inabordables, mais des investissements vitaux pour la reprise et le d茅veloppement national. Nous constatons 茅galement une reconnaissance croissante du fait que le choc des crises de la dette ne peut 锚tre absorb茅 uniquement par les d茅biteurs, et que l'action d'all猫gement de la dette est encore trop limit茅e.
Comme l'a not茅 le Secr茅taire g茅n茅ral des Nations Unies, le monde a besoin d'un processus pour "mettre fin aux cycles mortels des vagues d'endettement, des crises mondiales de la dette et des d茅cennies perdues". Nos multiples crises n'annoncent pas un moment pour reculer dans l'investissement dans les services publics universels, mais un moment pour intensifier.
Ensemble, nous devons trouver et allouer des fonds pour nous assurer que nous ne laissons personne de c么t茅. Pas dans la rh茅torique, mais dans la r茅alit茅. Il est essentiel et urgent d'augmenter l'aide, d'annuler la dette, de garantir une 茅mission plus ambitieuse de droits de tirage sp茅ciaux (la monnaie du FMI) et une r茅affectation importante 脿 l'Afrique, de cr茅er de nouvelles sources de revenus nationaux progressifs et de lutter contre les flux financiers illicites et l'茅vasion fiscale.
En tant qu'ONU, nous ne sommes pas seulement 脿 vos c么t茅s dans l'imm茅diat, mais aussi pour les ann茅es 脿 venir. Nous sommes 脿 vos c么t茅s pour r茅soudre la crise humanitaire ; nous sommes 茅galement 脿 vos c么t茅s pour lutter contre les in茅galit茅s et les effets du changement climatique, afin qu'ensemble nous puissions vaincre le COVID-19, le VIH/SIDA et la pauvret茅.
En faisant preuve d'audace, ensemble, nous pouvons surmonter les crises auxquelles nous sommes confront茅s.
Mme Byanyima est la Directrice ex茅cutive de l'ONUSIDA.
