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Les femmes rwandaises occupent maintenant la premi猫re place mondiale dans les parlements nationaux, avec 49听% de repr茅sentantes contre une moyenne mondiale de 15,1听%. Cette ann茅e, le pays comm茅more le g茅nocide de 1994, au cours duquel les femmes rwandaises ont 茅t茅 tu茅es, humili茅es, pers茅cut茅es ou ont subi des s茅vices sexuels lors d'un massacre qui a dur茅 100 jours et fait plus de 800听000 morts.

Alors que le pays traverse une p茅riode de reconstruction, les femmes jouent un r么le plus actif. Non seulement elles dirigent pr猫s du tiers des m茅nages, mais en outre elles occupent des emplois anciennement r茅serv茅s aux hommes, notamment dans les secteurs du b芒timent et de la m茅canique.

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Trois des femmes 茅lues au parlement rwandais en septembre 2003. De gauche 脿 droite : Constance Rwaka, Solange Tuyisenge et Athanasie Gahondogo.

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Photo : 漏PNUD / Julie Pulowski

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Toutefois, c'est dans le secteur politique que les avanc茅es ont 茅t茅 les plus notables. Gr芒ce 脿 la nouvelle constitution, 24 des 80 si猫ges de la chambre basse du parlement sont r茅serv茅s aux femmes. Lors des 茅濒别肠迟颈辞苍s g茅n茅rales de septembre 2003, les premi猫res apr猫s le g茅nocide, 15 autres femmes ont 茅t茅 茅lues au titre des si猫ges non r茅serv茅s, portant ainsi 脿 39 leur nombre 脿 la chambre basse. A la chambre haute, sur 20 si猫ges, 6 sont r茅serv茅s aux femmes. Pour atteindre ces objectifs, les femmes rwandaises se sont livr茅es 脿 un lobbying tenace, ont contribu茅 脿 la r茅daction de la nouvelle constitution et 茅labor茅 des directives 茅lectorales garantissant des si猫ges aux candidates. Elles ont pu aussi exiger la cr茅ation d'un minist猫re charg茅 de promouvoir des politiques favorables aux femmes.

"Dans les situations d'apr猫s conflit en particulier, lorsque de nouvelles constitutions et structures l茅gislatives sont mises en place, il est imp茅ratif que les femmes soient pr茅sentes 脿 la table des n茅gociations de paix et qu'elles participent 脿 la prise des d茅cisions apr猫s la guerre", dit la Directrice ex茅cutive du Fonds de d茅veloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Noeleen Heyzer. Le Fonds a particip茅 脿 la reconstruction apr猫s le g茅nocide au Rwanda, en aidant les femmes 脿 se pr茅parer 脿 occuper des postes politiques.

"Il sera int茅ressant de voir ce que l'entr茅e d'autant de femmes 脿 l'Assembl茅e nationale apportera 脿 la politique au Rwanda", d茅clare l'Union interparlementaire, organisation dont le si猫ge est 脿 Gen猫ve et qui repr茅sente 138 parlements dans le monde. Son pr茅sident, Anders Johnsson, fait observer que l'histoire de la participation des femmes 脿 la prise de d茅cisions trouve certes son origine dans les pays nordiques mais c'est maintenant le Rwanda qui prend le pas sur le chef de file de longue date qu'茅tait la Su猫de, pays o霉 45 % des parlementaires sont des femmes.

Les femmes et la politique

Le mouvement en faveur de la promotion des femmes 脿 des postes de d茅cision a pris de l'ampleur au cours des ann茅es 80 et au d茅but des ann茅es 90 gr芒ce 脿 une s茅rie de conf茅rences internationales. Une impulsion lui a 茅t茅 donn茅e par la quatri猫me Conf茅rence mondiale sur les femmes, tenue 脿 Beijing (Chine) en 1995, au cours de laquelle un appel a 茅t茅 lanc茅 aux Etats pour qu'ils assurent aux femmes 30 % au moins de repr茅sentation dans leurs gouvernements respectifs. En septembre 2000, lors du Sommet du Mill茅naire, les dirigeants du monde se sont engag茅s 脿 "promouvoir l'茅galit茅 des sexes et l'autonomisation des femmes comme des moyens efficaces de lutter contre la pauvret茅, la faim et la maladie et de favoriser un d茅veloppement qui soit v茅ritablement durable". Lors de cette r茅union, les dirigeants du monde ont adopt茅 huit objectifs, collectivement d茅nomm茅s objectifs du Mill茅naire pour le d茅veloppement, dont celui de l'茅galit茅 des sexes. Depuis lors, le nombre de femmes occupant des postes de d茅cision n'a cess茅 d'augmenter.

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Bien que l'Afrique subsaharienne soit l'une des r茅gions les plus pauvres du monde, elle compte un nombre plus 茅lev茅 de femmes parlementaires que bien des pays plus riches.

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"Diff茅rentes 茅tudes ont montr茅 que dans toutes les strat茅gies de d茅veloppement efficace les femmes jouent un r么le central", note le Secr茅taire g茅n茅ral de l'ONU, Kofi Annan. Lorsque les femmes sont parties prenantes, indique-t-il, les avantages sont imm茅diats -- les familles se portent mieux, elles sont mieux nourries et leurs revenus, leur 茅pargne et leurs investissements augmentent. "Ce qui est vrai pour les familles l'est 茅galement pour les communaut茅s et, 脿 long terme, pour l'ensemble du pays."

La mani猫re dont le Rwanda a r茅ussi 脿 faire entrer les femmes sur la sc猫ne politique, refl猫te la situation d'un nombre r茅duit mais croissant de pays d'Afrique subsaharienne. En Afrique du Sud et au Mozambique, par exemple, les femmes d茅tiennent 30听% des si猫ges au parlement, atteignant ainsi l'objectif international fix茅. La repr茅sentation des femmes dans les parlements nationaux en Afrique subsaharienne atteint la moyenne mondiale de 15听% environ. Bien que l'Afrique subsaharienne soit l'une des r茅gions les plus pauvres du monde, elle compte un nombre plus 茅lev茅 de femmes parlementaires que bien des pays plus riches, fait observer l'UNIFEM dans son听Rapport sur la promotion de la femme dans le monde de 2002.听Aux Etats-Unis, en France et au Japon par exemple, les femmes occupent un peu plus de 10听% des si猫ges au parlement.

Syst猫mes de quotas

Entre 2000 et 2002, 23 pays d'Afrique subsaharienne ont organis茅 des 茅濒别肠迟颈辞苍s et le nombre de femmes parlementaires a augment茅 dans 14 d'entre eux. La plupart des pays ont vu une augmentation consid茅rable de la participation des femmes gr芒ce au syst猫me de quotas, une forme de discrimination positive en faveur des femmes. A l'茅chelle mondiale, 30 pays environ sur les 190 et plus que compte la plan猫te, appliquent un syst猫me de quotas en faveur des femmes en politique.

En Ouganda, dit Mme B茅atrice Kiraso, 茅lue au parlement en 1996, le syst猫me de quotas a enclench茅 le processus visant 脿 am茅liorer la participation des femmes 脿 la politique nationale. Un cycle a 茅t茅 engag茅, au cours duquel "les femmes ont pris confiance en elles-m锚mes, ouvrant ainsi de nouvelles possibilit茅s". Le syst猫me de quotas en Ouganda est d没 aux origines du gouvernement actuel issu de la gu茅rilla des ann茅es 80, au cours de laquelle les femmes ont combattu aux c么t茅s des hommes dans l'Arm茅e nationale de r茅sistance (NRA).

Dans chaque zone conquise par les rebelles, des conseils locaux ont 茅t茅 mis en place, chacun ayant une secr茅taire charg茅e des affaires f茅minines. Lorsque la NRA a pris le pouvoir en 1986, elle a introduit ce syst猫me sur la sc猫ne politique nationale. En 1994, le gouvernement du Pr茅sident Yoweri Museveni a nomm茅 Mme Wandira Kazibwe Vice-Pr茅sidente, faisant d'elle l'une des femmes 脿 occuper l'un des postes les plus 茅lev茅s sur la sc猫ne politique africaine.

En Afrique du Sud aussi, les femmes ont jou茅 un r么le essentiel dans la lutte de lib茅ration nationale et aujourd'hui elles b茅n茅ficient d'un syst猫me de quotas adopt茅 par le parti au pouvoir, l'African National Congress (ANC).

Trois principaux syst猫mes de quotas sont appliqu茅s en Afrique :

Quotas constitutionnels --听Certains pays, dont le Burkina Faso et l'Ouganda, ont des dispositions constitutionnelles r茅servant aux femmes des si猫ges au parlement national.

Quotas au titre de la loi 茅lectorale --听Des dispositions sont pr茅vues dans la loi nationale, comme au Soudan.

Quotas au niveau des partis politiques --听Les partis adoptent des r猫gles internes pr茅voyant un certain pourcentage de femmes candidates. C'est le cas des partis au pouvoir en Afrique du Sud et au Mozambique.

Manque d'appui

Cependant, si l'introduction de quotas permet de rem茅dier 脿 la sous-repr茅sentation des femmes en mati猫re de prise de d茅cisions, cette pratique b茅n茅ficie rarement de l'appui des acteurs politiques importants ou rencontre une certaine opposition dans les soci茅t茅s 脿 forte tradition patriarcale. Comme dans le cas du d茅bat autour des mesures en faveur des groupes d茅favoris茅s, les opposants au syst猫me de quotas estiment qu'il constitue une discrimination 脿 l'茅gard des hommes.

Le Zambia National Women's Lobby Group accuse son gouvernement de manquer de volont茅 politique. Bien que le Gouvernement zambien ait ratifi茅 divers instruments internationaux visant 脿 promouvoir la femme dans le secteur politique, indique le groupe, "aucun de ces instruments n'a 茅t茅 int茅gr茅 dans la l茅gislation nationale". Les pratiques culturelles et traditionnelles qui soumettent la femme 脿 la domination de l'homme ont aussi emp锚ch茅 les femmes de parvenir 脿 l'茅galit茅 en politique. Les femmes se heurtent 脿 des obstacles tels que "les conflits, les menaces, les attitudes n茅gatives, les st茅r茅otypes sociaux et le manque d'appui de l'茅lectorat", fait observer le groupe.

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Electrice 脿 Mpumalanga (Afrique du Sud) : C'est aux femmes qu'incombe au premier chef la responsabilit茅 du changement.

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Photo : 漏iAfrika Photos / Eric Miller

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Selon l'Institut pour la d茅mocratie et l'assistance 茅lectorale (IDEA) de Stockholm, les femmes politiques du monde entier se heurtent au "mod猫le masculin" de la politique. Dans de nombreux cas, elles n'ont pas l'appui des partis politiques ni acc猫s 脿 une 茅ducation ni 脿 une formation de qualit茅 leur permettant d'entrer en politique. "La vie politique est organis茅e selon des normes et valeurs masculines, voire tr猫s souvent pour un mode de vie masculin", note Margaret Dongo, femme politique zimbabw茅enne. "Mais cela doit changer et changera." Le Zimbabwe est l'un des 4 pays d'Afrique subsaharienne o霉 la proportion de femmes parlementaires a baiss茅 avec les 茅濒别肠迟颈辞苍s de 2000-2002.

Les quotas prescrits par la l茅gislation sont "compl猫tement inadmissibles", a dit 脿 Gender Links, groupe de d茅fense des int茅r锚ts de la femme, Douglas Gibson, le chef du groupe parlementaire "Alliance d茅mocratique", parti d'opposition d'Afrique du Sud. "Diriez-vous donc que 10 % des membres de l'茅quipe de cricket devraient 锚tre des Blancs et le reste des Noirs car telle est la structure de la nation ? Certainement pas, puisque ce n'est pas tout le monde qui veut jouer au cricket."A la diff茅rence de l'ANC, parti au pouvoir, l'Alliance d茅mocratique ne r茅serve pas de si猫ges aux femmes.

Il reste encore 脿 faire

Il ne suffit pas d'accro卯tre la part des si猫ges qui reviennent aux femmes au parlement, indique l'UNIFEM dans son rapport, car cela ne garantit pas que les d茅cisions prises seront favorables 脿 la majorit茅 des femmes. "Cette d茅marche ne peut que permettre aux femmes de lutter 脿 armes 茅gales", dit cet organisme des Nations Unies. De nombreux facteurs emp锚chent les femmes 茅lues de promouvoir des lois favorables aux femmes. Ce peut-锚tre notamment en raison des choix politiques limit茅s que les parlementaires peuvent faire 脿 cause des conditions dont sont assortis les pr锚ts octroy茅s par les institutions financi猫res internationales. Elles peuvent aussi avoir les mains li茅es face aux "constitutions nationales qui limitent le pouvoir du parlement par rapport au pouvoir ex茅cutif du gouvernement, et face aux partis politiques qui imposent une discipline stricte 脿 leurs membres".

Certains militants de l'茅galit茅 entre les sexes soutiennent aussi que les quotas peuvent constituer un "plafond de verre" au-del脿 duquel les femmes ne peuvent pas avancer 脿 moins de s'engager dans une autre lutte. Selon d'autres, les femmes qui parviennent au pouvoir gr芒ce 脿 ce syst猫me pourraient 锚tre sous-茅valu茅es ou per莽ues comme n'ayant aucun m茅rite politique. Les quotas "ne peuvent constituer qu'une solution transitoire ... pas une panac茅e propre 脿 instaurer une d茅mocratie v茅ritable", dit Mme Mata Sy Diallo, ancienne Vice-Pr茅sidente de l'Assembl茅e nationale s茅n茅galaise.

Selon l'institut IDEA, les femmes politiques du monde entier sont d茅savantag茅es en mati猫re de ressources financi猫res, 茅tant donn茅 que les femmes constituent la majorit茅 des pauvres dans le monde et que, dans de nombreuses soci茅t茅s patriarcales, elles ne peuvent 锚tre propri茅taire de biens et qu'elles ne poss猫dent pas de fonds personnels. Malgr茅 ces obstacles, l'institut sugg猫re dans une 茅tude r茅cente, que les femmes du monde entier apprennent les r猫gles de la politique, cr茅ent les conditions qui permettront une plus grande participation f茅minine et, 脿 terme, changent les r猫gles afin de les adapter aux besoins de la majorit茅 des femmes.

Selon Mme Birgitta Dahl, parlementaire su茅doise, "les partis politiques, les syst猫mes d'enseignement, les organisations non gouvernementales, les syndicats, les 茅glises -- tous doivent assumer la responsabilit茅, 脿 leur niveau, de promouvoir syst茅matiquement la participation des femmes, de la base au sommet."

La pr茅sidente du parlement sud-africain, Frene Ginwala, souligne que c'est au premier chef aux femmes qu'incombe cette responsabilit茅. "Dans toute soci茅t茅 et situation, ce sont les personnes les plus touch茅es qui doivent susciter le changement", dit-elle. "Ceux qui sont privil茅gi茅s b茅n茅ficient d'un syst猫me qui marginalise les autres. C'est 脿 nous, les femmes, d'engendrer le changement."