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Le sens du devoir dont ont fait preuve neuf soldats de la paix de l鈥橭NU tomb茅s le 25 f茅vrier sous les balles des rebelles dans l鈥橢st de la R茅publique d茅mocratique du Congo est un sombre rappel du prix 茅lev茅 qu鈥檌l faut parfois payer pour la paix. Ce sacrifice contraste cruellement avec le comportement d鈥檜ne petite minorit茅 de 鈥渃asques bleus鈥� coupables d鈥檈xploitation et de violences sexuelles qui ont port茅 atteinte 脿 la cr茅dibilit茅 de la mission des Nations Unies au Congo (MONUC). Le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU, Kofi Annan, a d茅nonc茅 ces m茅faits qui ont sali la r茅putation de l鈥橭rganisation. Il a adopt茅 pour y mettre fin de nouvelles mesures 茅nergiques, dont un couvre-feu pour les militaires de la tomb茅e de la nuit jusqu鈥檃u lever du jour et l鈥檌nterdiction de tout contact illicite avec la population locale.

Des enqu锚teurs ont 茅t茅 d茅p锚ch茅s sur place pour donner suite aux all茅gations d鈥檃bus sexuels commis par le personnel de l鈥橭NU, ce qui a entra卯n茅 des dizaines d鈥檈xpulsions et des poursuites p茅nales par les gouvernements des pays d鈥檕rigine des auteurs de ces actes. La Vice-Secr茅taire g茅n茅rale, Louise Fr茅chette, s鈥檈st rendue en Afrique de l鈥橭uest aupr猫s des missions de maintien de la paix pour souligner la politique de 鈥渢ol茅rance z茅ro鈥� de l鈥橭rganisation envers les agressions sexuelles, la maltraitance des enfants et la prostitution.

Soldats de la paix de la MONUC 脿 Bunia (Congo oriental) : ils ont un devoir de protection envers les civils.

Photo : AP Photo / Sayyid Azim

Malgr茅 ces initiatives, les informations parues dans la presse indiquent que des comportements r茅pr茅hensibles se poursuivent au sein de missions de maintien de la paix. Cela montre combien il est difficile de maintenir la discipline parmi quelque 80 000 soldats et civils actuellement d茅ploy茅s dans 16 pays, sans compter une nouvelle mission pr茅vue pour le Soudan. A cela s鈥檃joute le fait 鈥� souvent m茅connu 鈥� que la formation, le commandement et la discipline des troupes incombent presque enti猫rement aux Etats membres qui fournissent les contingents. Ceci limite la possibilit茅 qu鈥檃 l鈥橭NU d鈥檌mposer des normes aux op茅rations de maintien de la paix et peut faire croire 脿 tort que l鈥橭rganisation tol猫re les abus sexuels ou n鈥檈n tient aucun compte.

Alors que les enqu锚teurs analysent les m茅faits pr茅sum茅s de membres de plusieurs missions de maintien de la paix et qu鈥檌l appara卯t de plus en plus clairement que des abus ont 茅t茅 commis par des casques bleus en Ha茂ti, au Burundi et au Lib茅ria, M. Annan a rappel茅 au Conseil de s茅curit茅 en f茅vrier que le succ猫s de la lutte contre ces abus 鈥渘e devrait pas se juger par une diminution mais, au contraire, par une augmentation probable des accusations鈥� 脿 mesure que l鈥檕n d茅couvrira de nouveaux cas. 鈥淚l ne faut n茅gliger aucune piste."

Lorsqu鈥檌l a 茅t茅 question pour la premi猫re fois d鈥檃bus sexuels commis par des casques bleus en R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC), au d茅but de l鈥檃nn茅e derni猫re, le D茅partement du maintien de la paix a demand茅 au Bureau des services de contr么le interne (BSCI) de l鈥橭NU de proc茅der 脿 une enqu锚te. Le Bureau a mis au jour des abus consternants. Un ancien membre civil de la mission a 茅t茅 expuls茅 apr猫s la d茅couverte par la police congolaise de vid茅os et de photographies dans lesquelles il 茅tait entour茅 d鈥檈nfants et de jeunes femmes congolais. Il est maintenant en prison en France dans l鈥檃ttente de son proc猫s. D鈥檃utres all茅gations mettaient en cause des membres du personnel en uniforme de la mission des Nations Unies en R茅publique d茅mocratique du Congo, stationn茅s dans la ville de Bunia 脿 l鈥橢st du pays, qui ont 茅t茅 accus茅s de faire appel 脿 des prostitu茅es et d鈥檕ffrir 脿 des r茅fugi茅es 鈥� dont certaines n鈥檃vaient que 12 ans 鈥� de l鈥檃rgent et des vivres en 茅change de rapports sexuels.

D茅but mars, les enqu锚teurs du BSCI avaient d茅j脿 recommand茅 des mesures disciplinaires 脿 l鈥檈ncontre de neuf civils membres de la MONUC et de 65 soldats, dont 63 ont 茅t茅 expuls茅s de la mission et rapatri茅s. Ils ont not茅 toutefois que certaines affaires avaient 茅t茅 class茅es car les victimes ne pouvaient identifier leurs agresseurs ou bien s鈥檡 refusaient.

"La r茅putation des casques bleus a 茅t茅 gravement ternie par leur propre faute. Nous ne nous arr锚terons pas tant que le casque bleu n'aura pas recouvr茅 son 茅clat."
-- Mme Jane Holl Lute, Sous-Secr茅taire g茅n茅rale aux op茅rations de maintien de la paix

Selon les enqu锚teurs, l鈥檃bsence de programme visant 脿 appliquer la politique de 鈥渢ol茅rance z茅ro鈥� adopt茅e depuis longtemps 脿 l鈥橭NU 茅tait 鈥渢out aussi troublante鈥�. Cette politique a 茅t茅 renforc茅e ces derni猫res ann茅es face aux probl猫mes qui se sont pos茅s et int茅gr茅e aux efforts visant 脿 obtenir une repr茅sentation plus 茅quilibr茅e des hommes et des femmes dans les op茅rations de maintien de la paix et une plus grande sensibilisation au sexisme. Elle interdit tout rapport sexuel avec des personnes 芒g茅es de moins de 18 ans ainsi que l鈥檕ctroi d鈥檃rgent, de biens ou de services contre des faveurs sexuelles ; la fr茅quentation de maisons closes ou d鈥檃utres lieux d茅clar茅s 鈥渉ors d鈥檃cc猫s鈥� et toute conduite consid茅r茅e comme relevant de la violence et de l鈥檈xploitation sexuelles ou sexuellement d茅gradante. Le BSCI a toutefois indiqu茅 que la MONUC n鈥檃vait pas mis en place de dispositifs visant 脿 faire respecter ces mesures 鈥� ce qui 茅tait, selon les enqu锚teurs, une 鈥渁pplication z茅ro鈥� de la tol茅rance z茅ro.

Adoption de mesures r茅pressives

鈥淣ous sommes devant un probl猫me bien r茅el et non pas devant un probl猫me de relations publiques qu鈥檌l nous faut pr茅senter sous un jour favorable, a d茅clar茅 Jean-Marie Gu茅henno, le Secr茅taire g茅n茅ral adjoint aux op茅rations de maintien de la paix apr猫s la parution du rapport le 8 janvier. Nous devons r茅solument et sans attendre chercher ensemble une solution 脿 ce probl猫me. Et nous devons emp锚cher que cela ne se reproduise 脿 l鈥檃venir."

脌 cette fin, M. Annan et d鈥檃utres hauts responsables de l鈥橭NU ont impos茅 脿 la MONUC et 脿 d鈥檃utres membres du maintien de la paix de nouvelles restrictions ; ils ont intensifi茅 la surveillance et les mesures d鈥檃pplication, ont modifi茅 la formation, le commandement et les m茅thodes disciplinaires en accord avec les pays fournisseurs de contingents. Ces nouvelles mesures n鈥檕nt toutefois pas encore permis d鈥櫭﹍iminer l鈥檌nconduite sexuelle. Certains critiques, dont des membres conservateurs du Congr猫s am茅ricain, ont alors exig茅 que l鈥橭NU impose des sanctions plus lourdes aux casques bleus incrimin茅s et aux gouvernements ne punissant pas les d茅linquants.

Toutefois, le Secr茅tariat de l鈥橭NU n鈥檃 jamais 茅t茅 investi par les Etats-Unis et les autres grandes puissances membres de l鈥橭NU d鈥檜ne telle autorit茅. Bien que le r猫glement du personnel de l鈥橭NU et les codes de conduite du personnel de maintien de la paix aient 茅t茅 r茅guli猫rement renforc茅s ces derni猫res ann茅es, c鈥檈st 脿 chacun des pays fournisseurs de contingents qu鈥檌l incombe de donner effet 脿 ces r猫gles, en sanctionnant notamment les violations. Conform茅ment aux accords r茅gissant les liens entre l鈥橭NU et les pays fournisseurs de contingents, les troupes de maintien de la paix sont d茅ploy茅es en tant que contingents nationaux et chaque contingent a ses propres commandants. L鈥橭NU peut demander que les personnes soup莽onn茅es d鈥檃ctes r茅pr茅hensibles soient rapatri茅es et que le pays qui a fourni le contingent prenne les mesures disciplinaires qui s鈥檌mposent et interdise aux suspects de participer 脿 l鈥檃venir 脿 des missions. Mais l鈥橭rganisation ne peut engager de poursuites p茅nales contre les casques bleus ni les condamner en cas d鈥檌nconduite. C鈥檈st 脿 chaque gouvernement de d茅cider s鈥檌l y a lieu de punir ses ressortissants en cas d鈥檌nconduite lors de missions de l鈥橭NU et, si tel est le cas, de la peine 脿 infliger.

Consciente de ces difficult茅s, Mme Jane Holl Lute, Sous-Secr茅taire g茅n茅rale aux op茅rations de maintien de la paix, a donn茅 en mars un aper莽u des diverses mesures d茅j脿 adopt茅es par le Secr茅tariat de l鈥橭NU lors d鈥檜ne s茅ance d鈥檌nformation destin茅e aux membres du Congr猫s am茅ricain. 鈥淪茅par茅ment, ces mesures peuvent para卯tre insuffisantes, a admis Mme Lute. Mais ensemble, elles constituent un programme exhaustif qui refl猫te notre d茅termination."

En ce qui concerne la MONUC, l鈥橭NU a :

鈥� interdit les contacts non officiels et fraternisations du personnel de la mission avec la population locale

鈥� impos茅 aux militaires un couvre-feu, qui les emp锚che de quitter leur base durant leurs heures de libert茅 la nuit

鈥� interdit au personnel en uniforme de porter une tenue civile pour faciliter la surveillance et l鈥檌dentification du personnel de l鈥橭NU

鈥� accru sa coop茅ration avec la police congolaise afin de r茅duire les contacts non officiels entre le personnel de l鈥橭NU et les femmes du pays

鈥� renforc茅 la formation portant sur les codes de conduite de l鈥橭NU et les r猫glements r茅gissant le personnel en ce qui concerne la violence et l鈥檈xploitation sexuelles

鈥� d茅sign茅 certains 茅tablissements commerciaux locaux, dont des maisons closes et certains bars, comme 茅tant interdits d鈥檃cc猫s au personnel de l鈥橭NU

鈥� am茅lior茅 les 茅quipements et les installations de loisir sur la base

鈥� am茅lior茅 les communications avec la population locale et les autorit茅s civiles, et notamment cr茅茅 une 鈥渓igne directe鈥� confidentielle permettant de signaler des abus

鈥� mis en place un nouveau d茅partement au sein de la MONUC pour enqu锚ter sur toute nouvelle all茅gation.

Le Secr茅taire g茅n茅ral a demand茅 que 100 policiers militaires de plus soient d茅ploy茅s pour aider 脿 mettre en oeuvre les nouvelles restrictions impos茅es 脿 la MONUC, qui dispose actuellement de quelque 18 000 soldats et civils, dont 175 policiers civils d茅tach茅s dans des antennes 茅parpill茅es dans un pays grand comme l鈥橢urope occidentale.

M. Annan a 茅galement promis de demander des comptes 脿 toute personne, dans la cha卯ne hi茅rarchique, qui serait d茅clar茅e complice de ces abus. Six officiers sup茅rieurs marocains ont 茅t茅 relev茅s de leurs fonctions et des changements de direction s鈥檃nnoncent pour cette mission en difficult茅. En d茅but d鈥檃nn茅e, une 茅quipe d鈥檈xperts dirig茅e par la Sous-Secr茅taire g茅n茅rale, Angela Kane, s鈥檈st rendue en RDC pour sept semaines pour enqu锚ter sur les accusations qui subsistent et 茅tudier les proc茅dures de la MONUC en mati猫re de discipline et de commandement.

Des r茅formes ont 茅galement lieu au Si猫ge de l鈥橭NU 脿 New York. Une antenne permanente charg茅e d鈥檈nqu锚ter sur la violence et l鈥檈xploitation sexuelles a 茅t茅 cr茅茅e dans le bureau de M. Gu茅henno et une 茅quipe de travail interd茅partementale charg茅e d鈥檈nqu锚ter sur les abus sexuels et dirig茅e par la Sous-Secr茅taire g茅n茅rale, Mme Lute, coordonne toutes les mesures prises et formule des recommandations sur la suite 脿 donner. Des agents charg茅s de veiller au respect des r猫gles adopt茅es par l鈥橭NU contre l鈥檌nconduite sexuelle ont 茅t茅 d茅p锚ch茅s dans tous les pays o霉 se trouvent des missions de maintien de la paix et les conseillers charg茅s de la question des droits de l'homme et de la parit茅 entre les sexes re莽oivent une formation plus solide.

Dialogue avec les pays fournisseurs

M. Annan a 茅galement engag茅 un dialogue avec les pays fournisseurs de contingents et charg茅 l鈥橝mbassadeur de Jordanie aupr猫s de l鈥橭rganisation des Nations Unies, le Prince Zeid Ra鈥檃d Zeid al-Hussein, d鈥櫭﹍aborer des propositions en vue d鈥檜ne r茅forme g茅n茅rale de la discipline et de la formation. Dans un rapport d茅taill茅 rendu public le 24 mars, le Prince Zeid a recommand茅, notamment, que l鈥橝ssembl茅e g茅n茅rale demande aux pays qui fournissent des contingents d鈥檈nqu锚ter sur les accusations d鈥檌nconduite sexuelle formul茅es par les enqu锚teurs de l鈥橭NU et de lui rendre compte de l鈥檃boutissement de chaque affaire. Des poursuites disciplinaires devront 锚tre engag茅es dans le pays d鈥檃ccueil autant que faire se peut, et chaque soldat de la paix devra r茅pondre financi猫rement des abus qu鈥檌l a commis en versant des d茅dommagements aux victimes, y compris une pension alimentaire pour l鈥檈ntretien d鈥檜n enfant.

S鈥檌l est difficile de se mettre d鈥檃ccord sur l鈥檃pplication du r猫glement du personnel de l鈥橭NU, c鈥檈st en partie, a expliqu茅 Mme Lute au Congr猫s am茅ricain, parce que certaines des actions qui sont interdites aux soldats de la paix, notamment la fr茅quentation de prostitu茅es et les relations intimes avec des mineurs de moins de 18 ans, sont licites dans certaines r茅gions du monde. Les lois et les moeurs de chacun des 103 pays qui fournissent des contingents 茅tant tr猫s disparates et leurs syst猫mes nationaux de justice p茅nale et militaire ne disposant pas tous des m锚mes moyens d鈥檃ction, il est extr锚mement difficile de se mettre d鈥檃ccord sur un code de conduite applicable 脿 tous.

Il est 茅galement difficile d鈥檕btenir les preuves n茅cessaires pour engager des poursuites p茅nales. L鈥橭NU est tenue de respecter les normes juridiques internationales de r茅gularit茅 des proc茅dures, dont la pr茅somption d鈥檌nnocence. Or, les agressions sexuelles sont difficiles 脿 prouver m锚me dans les pays qui disposent d鈥檜ne police et d鈥檜n syst猫me de justice p茅nale ad茅quats. Les enqu锚teurs de l鈥橭NU peuvent avoir d鈥櫭﹏ormes difficult茅s 脿 constituer des dossiers dans les zones de conflit car ils sont souvent face 脿 des victimes et des t茅moins d茅j脿 traumatis茅s par la violence et qui craignent d鈥檃voir 脿 subir les cons茅quences de leur collaboration avec des enqu锚teurs.

M茅fiance vis-脿-vis des d茅nonciations

Les difficult茅s sont aussi d鈥檕rdre politique. Les enqu锚teurs du Bureau des services de contr么le interne ont signal茅 des cas d鈥檌nconduite parmi les membres des contingents d鈥檜n grand nombre de pays. Toutefois, les repr茅sentants de certains des pays qui fournissent le plus de contingents, et qui sont tous des pays en d茅veloppement, ont dit leur inqui茅tude de voir leur pays montr茅 du doigt et critiqu茅 en raison des m茅faits d鈥檜ne poign茅e d鈥檌ndividus. Ces inqui茅tudes n鈥檕nt fait que s鈥檃ccentuer lorsque certains ont critiqu茅 la mani猫re dont l鈥橭NU a g茅r茅 le scandale et exig茅 que l鈥橭rganisation nomme express茅ment les pays d鈥檕rigine des contrevenants. D鈥檃utres sugg猫rent que l鈥檕n interdise compl猫tement aux pays qui n鈥檈ngagent pas de poursuites contre les accus茅s de participer aux missions de maintien de la paix.

M. Annan et d鈥檃utres hauts fonctionnaires ont indiqu茅 que les discussions en cours avec les pays qui fournissent des contingents sont sur la bonne voie. Selon eux, le fait que le Maroc ait annonc茅 que six de ses soldats qui servaient en RDC ont fait l鈥檕bjet d鈥檌nculpations p茅nales traduit la volont茅 des Etats d鈥檕bliger ceux qui ont commis des abus 脿 rendre compte de leurs actes. La France et l鈥橝frique du Sud ont 茅galement engag茅 des poursuites p茅nales contre le personnel de la MONUC soup莽onn茅 d鈥檌nconduite.

Mais avec pr猫s de 80 000 militaires et civils actuellement sur le terrain et une nouvelle mission importante autoris茅e au Soudan, l鈥橭NU a d茅j脿 du mal 脿 trouver suffisamment de soldats pour toutes ses missions. Certains hauts fonctionnaires de l鈥橭NU craignent que la publicit茅 n茅gative ou les initiatives pouvant donner l鈥檌mpression de porter atteinte 脿 la question d茅licate de la souverainet茅 nationale ne persuadent certains des pays qui fournissent le plus de contingents de retirer leurs troupes ou de r茅duire leur participation au maintien de la paix.

Le besoin de casques bleus ayant atteint un niveau sans pr茅c茅dent et un grand nombre de pays du Nord 茅tant plus r茅ticents qu鈥檃uparavant 脿 fournir des troupes, on con莽oit sans peine que les responsables du maintien de la paix s鈥檌nqui猫tent de la r茅duction du nombre d鈥橢tats participants. 鈥淣ous pourrions remporter un succ猫s rapide en termes de relations publiques en d茅non莽ant les pays concern茅s, a reconnu Mme Lute. Mais nous sacrifierions l鈥檈ngagement 脿 long terme que nous avons pris avec les Etats membres afin de nous assurer leur coop茅ration et leur engagement鈥� en vue de r茅formes.

鈥業l faut que jeunesse se passe鈥�

L鈥橭NU s鈥檈fforce 茅galement de rem茅dier 脿 certains aspects de la culture militaire qui peuvent expliquer en partie l鈥檌nconduite sexuelle des soldats de la paix, en particulier la tol茅rance implicite des abus dont font preuve les commandants et les hauts fonctionnaires civils sur le terrain. On forme par n茅cessit茅 les soldats 脿 锚tre agressifs, 脿 dominer et 脿 prendre des risques. Il est entendu depuis longtemps que ce sont l脿 des qualit茅s sur le champ de bataille mais qui peuvent avoir des r茅percussions sur les relations entre soldats et population civile locale, en particulier lorsque ces jeunes gens ne sont plus soumis aux interdits de la culture et des lois de leur pays. Un grand nombre de commandants militaires ont 茅galement tendance 脿 fermer les yeux sur certains contacts sexuels entre soldats et civils, par exemple sur la prostitution. Les liaisons de ce type sont souvent consid茅r茅es comme in茅vitables.

Toutefois, l鈥橭NU s鈥檈n prend maintenant ouvertement 脿 ces attitudes laxistes et s鈥檈fforce d鈥檌nstaurer un climat de discipline rigoureuse dans toutes les missions de maintien de la paix, en accentuant le devoir de protection que les casques bleus ont envers les civils. 鈥淟a r茅putation des casques bleus a 茅t茅 gravement ternie par leur propre faute. Nous ne nous arr锚terons pas tant que le casque bleu n鈥檃ura pas recouvr茅 son 茅clat鈥�, d茅clare Mme Lute.

D茅j脿, presque toutes les arm茅es du monde forment leurs membres aux codes de conduite militaire et au respect des droits des civils dans les conflits. L鈥橭NU exige aussi des pays qui fournissent des contingents qu鈥檌ls dispensent une formation suppl茅mentaire portant sur les r猫glements et les politiques de l鈥橭NU et notamment sur la tol茅rance z茅ro ainsi que sur leurs autres responsabilit茅s en tant que repr茅sentants de la communaut茅 internationale. Les programmes de formation de l鈥橭NU sur les droits et les vuln茅rabilit茅s des femmes et des filles en temps de conflit ont 茅t茅 renforc茅s ces derni猫res ann茅es 脿 la suite des abus commis, dans le cadre des efforts de l鈥橭NU visant 脿 obtenir une repr茅sentation plus 茅quilibr茅e des hommes et des femmes et 脿 sensibiliser 脿 ces questions dans toutes les op茅rations de maintien de la paix.

Bien que le r猫glement et les codes de conduite du personnel de maintien de la paix aient 茅t茅 renforc茅s, c'est 脿 chacun des pays fournisseurs de contingents qu'il incombe de donner effets 脿 ces r猫gles.

Les r茅centes r茅v茅lations montrent toutefois que les programmes de formation et les codes de conduite n鈥檕nt qu鈥檜n effet restreint si les chefs civils et militaires ne veillent pas 脿 leur strict respect. En 2002, des membres du personnel de l鈥橭NU et des organisations humanitaires des camps administr茅s par l鈥橭NU au Lib茅ria, en Sierra Leone et en Guin茅e ont 茅t茅 accus茅s d鈥檃voir forc茅 des r茅fugi茅es et de jeunes enfants 脿 茅changer des faveurs sexuelles contre des vivres, des m茅dicaments et d鈥檃utres produits qui leur faisaient cruellement d茅faut. Le Bureau des services de contr么le interne a 茅galement enqu锚t茅 sur ces accusations 鈥� remarquablement similaires 脿 celles qui ont 茅t茅 port茅es en RDC 鈥� mais a class茅 l鈥檃ffaire faute de preuves. Certaines organisations humanitaires et de d茅fense des droits de l'homme ont reproch茅 脿 l鈥橭NU de minimiser ces all茅gations.

Les all茅gations faisant 茅tat de pratiques r茅pr茅hensibles de membres du personnel de maintien de la paix de l鈥橭NU remontent au moins 脿 1992鈥�1993, lors du d茅ploiement au Cambodge. Ces all茅gations, qui portaient surtout sur la fr茅quentation de prostitu茅es, ont 茅t茅 rejet茅es 脿 l鈥櫭﹑oque par le chef de la mission qui s鈥檈st content茅 d鈥檕bserver qu鈥檌l fallait bien que jeunesse se passe. Certains membres de la police civile et militaire de la mission de l鈥橭NU en ex-Yougoslavie ont aussi 茅t茅 accus茅s d鈥檃voir particip茅 脿 un trafic d'锚tres humains et 脿 des r茅seaux de prostitution aliment茅s par la pr茅sence dans la r茅gion d鈥檜n grand nombre de soldats de la paix de l鈥橭NU et de l鈥橭TAN. Bien qu鈥檜n certain nombre de personnes aient 茅t茅 relev茅es de leurs fonctions, l鈥檈nqu锚te officielle qui a 茅t茅 men茅e a, encore une fois, conclu 脿 l鈥檌nsuffisance de preuves.

Contrairement 脿 ses habitudes ant茅rieures, l鈥橭NU a pris des mesures 茅nergiques et publiques pour faire face au scandale actuel et 茅viter qu鈥檌l ne se reproduise. Mais m锚me ces mesures, a affirm茅 le repr茅sentant de l鈥橭NU en RDC, ont 茅t茅 prises tardivement. Prenant la parole fin janvier 脿 la Radio de l鈥橭NU, l鈥橝mbassadeur Atoki Ileka a d茅clar茅 que le gouvernement avait pour la premi猫re fois en 2000 fait part de ses inqui茅tudes sur les actes r茅pr茅hensibles de membres du personnel de l鈥橭NU mais que 鈥渞ien n鈥檃vait 茅t茅 fait. On en est maintenant arriv茅 脿 un scandale et parce que le monde entier est au courant ... l鈥橭NU est en train de prendre des mesures pour r茅gler le probl猫me鈥�.

Cependant, l鈥檃mbassadeur a 茅galement rendu hommage 脿 la MONUC pour son r么le dans le processus de paix en RDC et not茅 que les casques bleus ont permis de mettre fin 脿 une guerre au cours de laquelle des dizaines de milliers de femmes et de fillettes congolaises ont 茅t茅 brutalement viol茅es, agress茅es et r茅duites 脿 l鈥檈sclavage par diverses forces militaires congolaises. Ce qui est tragique, a-t-il poursuivi, c鈥檈st en partie le fait 鈥渜u鈥檜n grand nombre de Congolais n鈥檕nt plus confiance en l鈥橭NU et il nous faut leur redonner confiance . . . L鈥橭NU a un r么le capital 脿 jouer en RDC et nous devons r茅gler ce probl猫me au plus vite鈥�.

L'aide aux victimes

The Democratic Republic of the Congo鈥檚 minister of women and family affairs, Ms. Fabiola Faida Mwangilwa, says that it is vital to assist the country鈥檚 tens of thousands of victims of sexual violence, often committed by Congolese warring factions -- but also by some UN peacekeepers. 鈥淭he women of the DRC are demanding reparations,鈥� she told Africa Renewal. 鈥淚t is not just about repatriating a soldier, it is about a crime that was committed.鈥� In addition to sustaining physical and emotional injuries, many of the girls have been ostracized by their families and communities, she says.

Femmes qui ont 茅t茅 viol茅es par un groupe d'insurg茅s au Congo : Il est essentiel de venir en aide aux victimes.

Photo : AFP / Getty Images / Gianluigi Guercia

Selon la Ministre des affaires f茅minines et familiales de la R茅publique d茅mocratique du Congo, Mme Fabiola Faida Mwangilwa, il est essentiel de venir en aide aux dizaines de milliers de personnes qui, dans le pays, ont 茅t茅 victimes de violences sexuelles souvent commises par les factions congolaises en guerre 鈥� mais parfois aussi par des casques bleus. 鈥淟es femmes de la R茅publique d茅mocratique du Congo exigent des r茅parations鈥�, a-t-elle d茅clar茅 脿 Afrique Renouveau. 鈥淚l ne s鈥檃git pas simplement de rapatrier les soldats coupables ; il faut tenir compte du fait qu鈥檜n crime a 茅t茅 commis."

Ind茅pendamment des blessures physiques et affectives qu鈥檈lles subissent, un grand nombre de ces jeunes filles sont ostracis茅es par leur famille et leur communaut茅, indique-t-elle.

L鈥檃utre probl猫me qui se pose est celui des enfants n茅s 脿 la suite d鈥檃gressions sexuelles ou de rapports sexuels bas茅s sur l鈥檈xploitation. 鈥淚l faut que l鈥橭NU se charge en partie de ces enfants鈥�, a-t-elle ajout茅. 鈥淟orsque les [agressions] sont le fait de groupes arm茅s bellig茅rants, cela peut se comprendre dans une certaine mesure mais quand les soldats sont l脿 pour prot茅ger la population, c鈥檈st tr猫s pr茅occupant."

Le gouvernement de la RDC et l鈥橭rganisation des Nations Unies ont entrepris un projet commun visant 脿 aider les personnes qui ont 茅t茅 victimes d鈥檈xploitation et de violence sexuelles 脿 reb芒tir leur vie. Ce projet porte essentiellement sur :

• l鈥檕ctroi de soins m茅dicaux
• un changement de lieu de r茅sidence et une r茅insertion
• un soutien et des soins psychologiques
• la protection et l鈥櫭ヾucation des enfants

La Belgique a apport茅 une contribution de 8,7 millions d鈥檈uros 脿 ce projet et lui a ainsi permis de fonctionner dans trois provinces sur les 11 que compte le pays. Il faut, a conclu Mme Mwangilwa, que les donateurs renforcent de toute urgence leur appui.