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De meilleures prévisions économiques

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De meilleures prévisions économiques

Mais les estimations varient et les incertitudes sont légion
Afrique Renouveau: 
AP Photo/ Tom Hanson

Les résultats économiques de l’Afrique au cours des trois dernières décennies ont été mitigés, les années 80 étant souvent qualifiées de “décennie perdue” tandis que le redressement s’est amorcé au milieu des années 90. Depuis, l’Afrique subsaharienne a enregistré des taux de croissance bien supérieurs à 3 % par an, contre seulement 1 % pendant la première moitié des années 90.

Dans leurs récents rapports, divers organismes de développement et institutions financières internationales analysent les perspectives économiques de l’Afrique. Si la tendance générale est à la hausse, leurs prévisions divergent (voir tableau). Ainsi, la Banque mondiale prévoit une croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique de 3,6 % cette année alors que pour le Fonds monétaire international (FMI), le taux de croissance serait de 5,4 %.

Ces disparités tiennent en partie au fait que ces institutions s’appuient sur différentes hypothèses concernant la croissance économique mondiale, les cours du pétrole et des produits de base, les flux d’aide et d’autres variables économiques et géopolitiques. Par ailleurs, l’étendue de leurs données et leurs méthodes de calcul varient, ce qui entraîne des disparités dans les estimations des résultats passés et les prévisions. Les pays envoient souvent différentes séries de données à chaque institution, en fonction de ses critères propres. En outre, l’utilisation d’années de référence différentes pour l’estimation du PIB en prix constants peut être source de divergences.

En ce qui concerne les projections par pays, la pondération de certains facteurs jugés importants pour l’avenir peut considérablement influer sur les prévisions. C’est ainsi que pour les pays réputés mieux intégrés à l’économie mondiale, plus d’importance est accordée à des facteurs extérieurs comme la croissance de l’économie mondiale ou les fluctuations des taux de change. Enfin, les données sur l’Afrique ne sont pas toujours fiables. Il s’agit, la plupart du temps, d’estimations et non de valeurs réelles.

Aléas climatiques et produits de base

Selon l’Etude économique et sociale mondiale 2004, publiée par le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, la croissance se poursuivra en Afrique en 2004 et 2005 et se traduira essentiellement par une augmentation de la production agricole et industrielle dans de nombreux pays africains. Une augmentation substantielle des exportations de produits manufacturés vers l’Union européenne et les Etats-Unis, du fait de l’ouverture des marchés et de l’essor des exportations de produits non pétroliers, devrait aussi améliorer les perspectives économiques à court terme. Toutefois, les mauvaises conditions climatiques pourraient perturber la production agricole et le renchérissement des prix du pétrole pourrait avoir une incidence grave sur les pays importateurs de pétrole.

Dans son rapport économique sur l’Afrique 2004, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) prévoit une croissance du PIB moyen en Afrique de 4,4 % en 2004 contre 3,8 % l’année précédente. A l’instar du Département des affaires économiques et sociales, elle prévoit un accroissement de la production agricole en raison notamment de meilleures conditions climatiques allant de pair avec une augmentation des prix des exportations de métaux et minéraux africains sur le marché mondial.

Sans donner de chiffres précis concernant la croissance en 2005, la CEA affirme que les perspectives de développement du continent à court terme ont été renforcées par des réformes politiques et économiques judicieuses. En outre, certains pays sont parvenus à la paix, ce qui leur permet de tirer parti de l’accroissement de l’aide et des investissements intérieurs et étrangers.

Afrique : croissance réelle du PIB (évolution annuelle en pourcentage)
Institution
2002
2003
2004
2005
DAES
3.4
4.4
4.5
4.7
CEA
3.2
3.8
4.4
--
FMI
3.5
4.3
4.5
5.4
OCDE-BAD
2.7
3.6
3.6
4.0
Banque Mondiale
3.1
3.0
3.2
3.6
Sources: DAES, CEA, FMI, OCDE-BAD et Banque mondiale.

Selon le dernier rapport du FMI sur les “Perspectives de l’économie mondiale”, les meilleurs résultats de l’Afrique tiennent à divers facteurs, dont : une plus grande stabilité macroéconomique, la reprise de l’économie mondiale, la hausse de la demande de produits primaires (surtout en 2004), de meilleures conditions climatiques dans certains pays, la réduction du fardeau de la dette extérieure du continent et un accès relativement plus facile aux marchés des pays développés.

Un ‘écart de développement’ persistant

Selon M. Raghuram Rajan, conseiller économique et directeur de la recherche du FMI, ces acquis demeurent fragiles. Les taux de croissance actuels ne suffiront pas, ajoute-t-il, à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015, l’un des objectifs du Millénaire pour le développement. La difficulté pour l’Afrique est d’assurer une croissance forte et soutenue.

The 2004 African Economic Outlook, produced jointly by the industrialized countries’ Organization for Economic Cooperation and Development (OECD) and the African Development Bank (ADB), attributes its forecast of a slight rise in growth in 2005 to three main elements: favourable international commodity prices, higher levels of international aid and improved security in key countries. But it warns that the recovery could be short-lived if sluggish economic growth persists in the euro zone, the destination for about half of Africa’s exports.

Le rapport sur les “Perspectives économiques africaines 2004”, établi conjointement par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – qui regroupe des pays industrialisés – et la Banque africaine de développement (BAD), attribue ses prévisions d’une légère croissance en 2005 à trois éléments principaux : des cours internationaux des produits de base favorables, un accroissement de l’aide et l’amélioration de la sécurité dans des pays clés.

Mais la relance pourrait être de courte durée si la croissance économique demeure faible dans la zone euro, destination de la moitié environ des exportations africaines.

Dans les “Perspectives économiques mondiales et les pays en développement 2005”, la Banque mondiale prévoit également des taux de croissance plus élevés pour 2004 et 2005, en se fondant en partie sur l’hypothèse d’une relance de l’activité économique en Europe. S’il est vrai que les pays producteurs de pétrole profiteront d’un accroissement de la demande, les économies des pays africains importateurs de pétrole resteront vulnérables. Pour l’économiste en chef de la Banque mondiale, M. François Bourguignon, malgré l’amélioration notable des résultats de l’Afrique, la croissance sur le continent restera à la traîne du reste du monde. Et, dit-il, ‘l’écart de développement’ se creusera encore.


*David Mehdi Hamam est économiste principal au Bureau du Conseiller spécial des Nations Unies pour l'Afrique