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De plus en plus de femmes ¨¤ la t¨ºte des start-ups

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De plus en plus de femmes ¨¤ la t¨ºte des start-ups

Des obstacles persistent dans l¡¯industrie de la technologie
An image of Finbarr Toesland
Afrique Renouveau: 
Tolu Komolafe, co-founder of the Ladies in Tech organization based in Lagos, Nigeria. Photo: Andela / Mohini Ufeli
Photo: Andela / Mohini Ufeli
Tolu Komolafe, co-fondatrice de l¡¯organisation Ladies in Tech bas¨¦e ¨¤ Lagos, Nigeria. Photo: Andela / Mohini Ufeli

?premi¨¨re vue, l¡¯Afrique subsaharienne affiche le taux le plus ¨¦lev¨¦ de femmes entrepreneurs au monde : 27 %.

³¢¡¯¾±²Ô»å¾±³¦±ð MasterCard des femmes entrepreneurs de 2017 a class¨¦ deux pays africains, l¡¯Ouganda (34,8 %) et le Botswana (34,6 %), comme ayant le pourcentage le plus ¨¦lev¨¦ de femmes entrepreneurs ¨¤ l¡¯¨¦chelle mondiale.

Mais dans de nombreux pays d¡¯Afrique, la plupart des entreprises dirig¨¦es par des femmes sont de petites soci¨¦t¨¦s avec de faibles opportunit¨¦s de croissance. Les femmes entrepreneurs ne sont pas r¨¦parties uniform¨¦ment sur le continent et les chiffres sont disproportionn¨¦s au Botswana, au Ghana, au Nig¨¦ria, au Kenya, en Ouganda et en Zambie.

? La plupart de ces entreprises ont tendance ¨¤ n¡¯avoir aucun employ¨¦ et de faibles perspectives de croissance : ce sont essentiellement des entreprises d¡¯auto-entrepreneurs orient¨¦es vers les consommateurs ?, a rapport¨¦ CNN en 2015.

Dans l¡¯industrie technologique, peu de femmes cr¨¦ent des start-ups. En utilisant les leviers appropri¨¦s, les femmes pourraient lib¨¦rer leur potentiel, selon Eunice Baguma Ball, fondatrice de Africa Technology Business Network (ATBN) ¨¤ Londres, qui promeut l¡¯acc¨¨s ¨¤ des ressources susceptibles de cr¨¦er un ? ¨¦cosyst¨¨me d¡¯innovation ?

paritaire en Afrique.

Univers masculin

? Les femmes entrepreneurs africaines confront¨¦es ¨¤ des difficult¨¦s financi¨¨res lors de la cr¨¦ation de leur entreprise ont besoin de soutien ?, explique Mme Ball dont l¡¯organisation soutient les innovateurs africains en leur donnant acc¨¨s ¨¤ un r¨¦seau mondial d¡¯investisseurs.

? l¡¯¨¦chelle mondiale, les hommes repr¨¦sentent 92 % des partenaires des 100 principales soci¨¦t¨¦s ¨¤ capital-risque, et les start-ups cr¨¦¨¦es par des femmes ne re?oivent que 2 % des investissements de ces soci¨¦t¨¦s.

En Afrique, seulement 9 % des start-ups ont des dirigeants femmes, selon une ¨¦tude r¨¦alis¨¦e en 2016 par Venture Capital for Africa, une organisation bas¨¦e aux Pays-Bas.

Selon Odunayo Eweniyi, cofondateur et directeur de l¡¯exploitation de Piggybank.ng, une plateforme d¡¯¨¦pargne en ligne bas¨¦e ¨¤ Lagos, rien n¡¯explique cet ¨¦tat de fait.

Un facteur majeur, dit-elle, est la culture. ? Le principe d¡¯une start-up est de s¡¯aventurer dans quelque chose de dangereux, risqu¨¦ et plus difficile que d¡¯habitude. D¨¨s leur plus jeune ?ge, les femmes sont conditionn¨¦es pour penser que ces comportements ne sont pas faits pour elles. Les femmes ne sont pas autoris¨¦es ¨¤ nourrir de grandes ambitions et ont donc tendance ¨¤ participer aux entreprises les moins risqu¨¦es.¡±

Rosemary Egbo, auteur et entrepreneur, chroniqueur pour business.com, a d¨¦clar¨¦ que les institutions financi¨¨res ? n¡¯¨¦taient pas aussi promptes ¨¤ accorder des pr¨ºts aux femmes qu¡¯aux hommes entrepreneurs, consid¨¦r¨¦s comme de meilleurs preneurs de risque ?.

Sahar Nasr, ministre ¨¦gyptienne de l¡¯Investissement et de la Coop¨¦ration internationale, qualifie de ? malavis¨¦e la perception selon laquelle les femmes sont des clients risqu¨¦s ? en termes de pr¨ºt. Elle recommande ? une discrimination positive dans les domaines juridiques et r¨¦glementaires car la tradition emp¨ºche la plupart des femmes de poss¨¦der des biens, ce qui limite leur acc¨¨s aux financements, faute de garantie ?.

La perception des femmes comme m¨¨res et m¨¦nag¨¨res est plus ancr¨¦e dans les pays africains qu¡¯en Europe ou en Am¨¦rique du Nord. Par cons¨¦quent, les conseillers pour les femmes entrepreneurs africaines qui ne tiennent pas compte de leur situation culturelle sp¨¦cifique, ont peu de chance d¡¯¨ºtre ¨¦cout¨¦s.

¡°Pour surmonter les barri¨¨res culturelles, les femmes entrepreneurs africaines ont besoin de connaissances de base sur la sant¨¦, l¡¯¨¦ducation, la s¨¦curit¨¦ financi¨¨re et la pr¨¦vention¡±, affirme Mme Ball.

L¡¯industrie technologique en Afrique ne fournit pas beaucoup de mod¨¨les f¨¦minins, source d¡¯inspiration, selon Mme Eweniyi.

N¨¦anmoins, Forbes inclut plusieurs femmes dans sa liste des 30 meilleurs jeunes entrepreneurs en Afrique pour 2018, y compris Nthabiseng Mosia d¡¯Afrique du Sud, Rahma Bajun de Tanzanie et Ronke Bamisedun du Nigeria.

? ? bien des ¨¦gards, le fait qu¡¯il y ait si peu de femmes dans des r?les de direction signifie qu¡¯il y a beaucoup moins de compr¨¦hension et d¡¯empathie envers les femmes. S¡¯il y avait plus de femmes ¨¤ des postes de direction, il y aurait moins de discrimination ¨¤ leur encontre, car elles useraient de leur influence pour lutter contre une telle discrimination ?, note Mme Eweniyi.

Elle soutient que d¡¯anciens r¨¦seaux d¡¯affaires masculins d¨¦tiennent beaucoup de pouvoir en Afrique et recommande la cr¨¦ation de r¨¦seaux d¡¯affaires f¨¦minins pour que les femmes partagent leur expertise et leurs exp¨¦riences.

Dans la mesure o¨´ de nombreux accords commerciaux sont n¨¦goci¨¦s de mani¨¨re informelle dans des contextes masculins comme les bars et les clubs sociaux, des r¨¦seaux d¡¯entreprises f¨¦minins peuvent contribuer ¨¤ uniformiser les r¨¨gles du jeu.

? Le d¨¦fi consiste ¨¤ amener davantage de femmes entrepreneurs ¨¤ rejoindre ces r¨¦seaux. Nous devons sensibiliser ¨¤ tous les niveaux sur l¡¯importance de partager des id¨¦es et des exp¨¦riences avec d¡¯autres femmes. Ces r¨¦seaux ne doivent pas ¨ºtre per?us uniquement comme des moyens de lever des fonds, mais aussi comme un espace de soutien, de connaissance des affaires et de communaut¨¦s ?, soutient Mme Omotolani.

Il y a un argument financier pour soutenir les femmes dans les start-ups technologiques, affirment les experts.

Le pouvoir d¡¯achat des femmes continue d¡¯augmenter sur le continent, pressant les entreprises technologiques de comprendre les besoins et les attentes des femmes qui sont les mieux plac¨¦es pour concevoir des produits qui r¨¦pondent aux pr¨¦f¨¦rences des consommatrices.

Selon un article de la soci¨¦t¨¦ ¨¤ capital-risque Illuminate Ventures, les entreprises technologiques dirig¨¦es par des femmes ont un retour sur investissement sup¨¦rieur de 35 % ¨¤ celui des hommes.

? L¡¯autonomisation ¨¦conomique des femmes entra?ne de meilleurs r¨¦sultats pour la soci¨¦t¨¦, puisque celles-ci investissent g¨¦n¨¦ralement 90 % de leurs revenus dans leurs familles et communaut¨¦s, contrairement ¨¤ 30-40 % pour les hommes ?, d¨¦clare Mme Ball.

Les femmes africaines comprennent profond¨¦ment les d¨¦fis socio¨¦conomiques de l¡¯Afrique.

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ATBN a fond¨¦ le projet #HerFutureAfrica pour cr¨¦er du contenu en ligne, organiser des camps d¡¯initiation ¨¤ l¡¯innovation et offrir du mentorat.

Le projet #HerFutureAfrica est une r¨¦ponse ¨¤ la critique r¨¦pandue selon laquelle, la plupart des conseils d¡¯affaires en ligne adress¨¦s aux femmes se concentrent sur un public occidental.

Mme Ball dit que le soutien aux femmes africaines dans le secteur technologique devrait ¨ºtre adapt¨¦ ? pour leur permettre de surmonter certains obstacles qui leur sont propres afin qu¡¯elles puissent rivaliser avec succ¨¨s ?.

Elle consacre la majeure partie de son livre, Founding Women: African Women Who Are Defying the Odds to Build Successful Businesses in Tech, ¨¤ ce sujet.

?La repr¨¦sentation f¨¦minine dans l¡¯¨¦cosyst¨¨me des start-ups africaines est tr¨¨s importante ?, ajoute-t-elle. Par ? ¨¦cosyst¨¨me des start-ups ?, elle entend les soci¨¦t¨¦s ¨¤ capital-risque, les organismes de financement, les r¨¦seaux de mentorat et les start-ups elles-m¨ºmes.

Certains pays d¡¯Afrique du Nord d¨¦veloppent d¨¦j¨¤ de tels ¨¦cosyst¨¨mes rivalisant avec ceux du Kenya, du Nigeria et de l¡¯Afrique du Sud. Le Maroc abrite des dizaines de start-ups ambitieuses dirig¨¦es par des femmes, dont WaystoCap, la plate-forme de commerce transfrontalier bas¨¦e ¨¤ Casablanca.

L¡¯incubateur d¡¯entreprises Womenpreneur Initiative, bas¨¦ ¨¤ Bruxelles, identifie les entreprises dirig¨¦es par des femmes ¨¤ travers le Moyen-Orient et l¡¯Afrique du Nord et les aide ¨¤ acqu¨¦rir les comp¨¦tences n¨¦cessaires pour passer ¨¤ l¡¯¨¦chelle sup¨¦rieure.

Des incubateurs d¡¯entreprise les accompagnent avec des financements et des services techniques.

En r¨¦sum¨¦, insiste Mme Ball : ? Il est n¨¦cessaire de construire un r¨¦servoir de talents f¨¦minins avec des comp¨¦tences et l¡¯ambition de cr¨¦er des start-ups technologiques ¨¤ succ¨¨s, et cela n¨¦cessite de changer l¡¯ancienne mentalit¨¦ selon laquelle la technologie ou les grandes entreprises sont l¡¯apanage des hommes ?.? ? ?