Le professeur Benedict Oramah porte de nombreuses casquettes. Il est pr茅sident de la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), pr茅sident du conseil d'administration du Fonds d'intervention de l'UA pour la COVID-19 et membre de l'African Vaccine Acquisition Task Team (AVAT), une initiative de la Commission de l'UA et de ses partenaires visant 脿 permettre aux Africains d'acc茅der aux vaccins COVID-19. Avec en toile de fond le d茅but de la distribution de 400 millions de vaccins aux pays africains, Kingsley Ighobor d'Afrique Renouveau a interview茅 le professeur Okey Oramah sur les besoins de vaccination de l'Afrique et les d茅fis de l'approvisionnement, ainsi que sur la r茅alisation de l'objectif de fabrication de produits pharmaceutiques sur le continent. En voici des extraits :听
听
COVAX tient-il ses promesses ?
La plupart des doses 茅taient cens茅es provenir d'Inde, mais 脿 un moment donn茅, le pays a impos茅 une interdiction d'exportation qui a entrav茅 les livraisons. Donc, il y a eu quelques d茅ceptions et听
d'autres probl猫mes. Je ne suis pas un expert en la mati猫re, mais il y a maintenant une prise de conscience que quelque chose doit se produire rapidement pour que COVAX puisse tenir ses promesses, sinon l'Afrique continuera d'锚tre 脿 la tra卯ne dans ce domaine.听
Mettez-vous la pression sur COVAX pour obtenir les 400 millions de doses promises ?
Il y a beaucoup de pression. Pour 锚tre honn锚te, nous recevons des r茅ponses. Le gouvernement am茅ricain a fait des dons, dont certains sont en cours de distribution. Les 贵谤补苍莽补颈蝉 ont 茅galement annonc茅 des dons. Nous pensons que gr芒ce 脿 ces efforts, en plus des n么tres, nous pourrons atteindre les 60 % dont nous parlons. Je dois 茅galement remercier la Fondation Mastercard qui a fait don, par l'interm茅diaire de l'AVATT, d'environ 67 millions de doses d'une valeur de 500 millions de dollars.听
Certains pays ont conclu des accords bilat茅raux. En tenez-vous compte dans votre plan de distribution pour savoir qui re莽oit quelles quantit茅s ?听
Non, nous ne faisons pas de dons, pour ainsi dire. C'est COVAX qui fait des dons. Nous livrons ce que les pays africains commandent par notre interm茅diaire. Avant les commandes, je suppose qu'ils ont d茅j脿 pris en compte ce qu'ils ont, les dons qu'ils re莽oivent, et tout 莽a.听
L'Afrique est-elle capable de fabriquer ses propres produits pharmaceutiques ? Afreximbank soutient-elle une initiative 脿 cet 茅gard ?
Pourquoi pas ? Par exemple, pour les vaccins Johnson & Johnson que nous achetons, le remplissage et la finition sont effectu茅s par l'usine Aspen Pharmacare en Afrique du Sud. Ici, en 脡gypte [le si猫ge d'Afreximbank est au Caire], Vacsera [le fabricant de vaccins] s'efforce de commencer 脿 produire des vaccins. Des entreprises en Alg茅rie, au Nigeria et au S茅n茅gal esp猫rent produire des vaccins.听
En ce qui concerne les produits pharmaceutiques, il existe une bonne opportunit茅 pour l'Afrique. Le probl猫me que nous rencontrons est l'acc猫s aux march茅s. L'une des choses que nous essayons de changer est d'amener les agences qui passent d'茅normes commandes 脿 repenser leur strat茅gie, afin de donner 脿 l'Afrique la possibilit茅 de produire des produits pharmaceutiques.听
Nous avons eu des discussions tr猫s fructueuses avec l'UNICEF 脿 cet 茅gard, et Afreximbank est pr锚te, et je sais que d'autres banques le sont aussi. Nous avons sign茅 un protocole d'accord avec la Soci茅t茅 financi猫re africaine pour collaborer et soutenir des projets de fabrication de vaccins en Afrique.
Nous devons cr茅er cette capacit茅 de fabrication de produits pharmaceutiques car il existe un march茅 pour ces produits. En fait, nous sommes le march茅. Ces m茅dicaments nous arrivent ; les acheteurs ach猫tent les produits sur d'autres march茅s et nous les envoient ensuite. Nous voulons donc changer cette situation. Nous avons vu le danger d'une surconcentration de la production en quelques endroits.听
La mise en 艙uvre effective de la zone de libre-茅change continentale africaine ( Zlecaf) sera-t-elle utile 脿 cet 茅gard ?听
Bien s没r, c'est l'une des raisons d'锚tre de la Zlecaf. Un march茅 int茅gr茅 cr茅era des cha卯nes d'approvisionnement ; les march茅s commenceront 脿 se consolider, et nous aurons ce pouvoir d'achat qui permettra de produire davantage sur le continent.听
Si les gens peuvent acheter des choses dans n'importe quelle partie de l'Afrique, vous verrez une agr茅gation de la demande. Aujourd'hui, nous sommes un march茅 fragment茅. Nous n'avons pas d'informations sur ce qui se passe de l'autre c么t茅 de la fronti猫re.听
La Zlecaf Et lorsque nous y parviendrons et que nous consoliderons le march茅, nous commencerons 脿 changer la donne sur le continent.
Comment l'Afrique peut-elle acqu茅rir la technologie n茅cessaire 脿 la fabrication de ses produits pharmaceutiques, 茅tant donn茅 que les entreprises des pays avanc茅s ont tendance 脿 prot茅ger les secrets technologiques ?
La technologie est une question de propri茅t茅 intellectuelle, n'est-ce pas ? Les connaissances sont cumulatives. Revenez en arri猫re, disons il y a 35 ans, 40 ans. La Chine 茅tait-elle ce qu'elle est aujourd'hui ? Poss茅dait-elle alors la technologie qu'elle poss猫de aujourd'hui ?听
Nous devons trouver un moyen de favoriser le transfert de technologie, en particulier pour quelque chose qui assurera la s茅curit茅 sanitaire.
脌 Afreximbank, nous disposons d'un m茅canisme qui permet aux entreprises 茅trang猫res d'accorder plus facilement des licences pour leurs technologies aux fabricants africains. Nous garantissons le paiement des redevances ou des droits de licence, nous garantissons que les droits de licence seront utilis茅s conform茅ment aux termes de l'accord, et nous garantissons que rien ne sera expropri茅. L'alternative est ce que nous ne voulons pas, o霉 les gens volent la technologie. Nous voulons un transfert de technologie 茅quitable et transparent.
De m锚me, nous devons commencer 脿 renforcer les capacit茅s de nos institutions 茅ducatives afin que les Africains puissent contribuer de mani猫re significative au savoir mondial et poss茅der la propri茅t茅 intellectuelle. C'est ainsi que nous pensons que les choses devraient 茅voluer. Donc, nous aidons 脿 payer l'acc猫s 脿 la technologie, nous aidons 脿 financer la fabrication - c'est 脿 court terme. Mais au fil du temps, nous devons aider notre peuple 脿 cr茅er sa technologie.听
Le directeur du CDC Afrique, le Dr John Nkengasong, appelle 脿 la co-cr茅ation. Nous pouvons co-cr茅er parce que nous avons les connaissances et les ressources locales. Si vous regardez notre biodiversit茅, par exemple, ce que nous avons qui a permis d'alimenter l'industrie pharmaceutique est incroyable.
