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Qui prot¨¦gera nos filles ?

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Qui prot¨¦gera nos filles ?

Multiplier les efforts pour mettre fin aux pratiques culturelles et ¨¤ la violence dont les filles sont victimes
Pavithra Rao
Afrique Renouveau: 
Schoolgirls during an awareness program  ceremony against circumcision (FGM) in Nakuru, Kenya.   ??Alamy
Photo: Alamy
Des ¨¦coli¨¨res assistent ¨¤ la c¨¦r¨¦monie d¡¯inauguration d¡¯un programme de lutte contre l¡¯excision (MGF) ¨¤ Nakuru au Kenya. Photo: Alamy

Jeune, Consolee Nishimwe a connu les pires violences qu'une fille ¨¤ peine adolescente pouvait conna?tre. En 1994, en plein g¨¦nocide rwandais, des rebelles arm¨¦s de machettes se sont attaqu¨¦s aux familles comme la sienne et les ont for?¨¦es? ¨¤ se cacher la nuit.

C'est aussi ¨¤ cette p¨¦riode qu'un de ses voisins l¡¯a viol¨¦e ¨¤ plusieurs reprises. Peu apr¨¨s, les rebelles ont attaqu¨¦ sa famille, tuant son p¨¨re et ses fr¨¨res et obligeant Consolee ¨¤ fuir son pays. Aujourd¡¯hui ?g¨¦e d¡¯une trentaine d¡¯ann¨¦es, Consolee r¨¦side aux ?tats-Unis. Elle a racont¨¦ son exp¨¦rience dans un livre : Tested to the Limit: A Genocide Survivor¡¯s Story of Pain, Resilience and Hope (? Aux limites du supportable : la douleur, la r¨¦silience et l'espoir d'une survivante du g¨¦nocide ?).?

L'exp¨¦rience de Consolee illustre la trag¨¦die de milliers de jeunes filles qui ont v¨¦cu le g¨¦nocide au Rwanda ou d¡¯autres conflits dans des pays comme la R¨¦publique centrafricaine, la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo et le Sud-Soudan. Comme dans de nombreuses parties du monde, le viol, en p¨¦riode de troubles, peut tr¨¨s vite devenir une arme de guerre.

Selon ONU-Femmes, l'agence mondiale charg¨¦e de promouvoir l'¨¦galit¨¦ des sexes et l'autonomisation? des femmes, sept femmes sur dix dans le monde sont confront¨¦es au moins une fois dans leur vie ¨¤ des violences physiques ou sexuelles.

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Le viol n'est pourtant qu'une? des nombreuses formes de violences ou pratiques culturelles pr¨¦judiciables que? les jeunes Africaines continuent de subir. On d¨¦nombre aussi? la mutilation g¨¦nitale f¨¦minine (MGF) ou les mariages pr¨¦coces forc¨¦s. Malgr¨¦ des ann¨¦es de sensibilisation aux risques de la MGF, des milliers de jeunes filles dans le monde continuent d¡¯y ¨ºtre soumises. Pour un nombre plus important d'entre elles encore, le mariage forc¨¦, parfois d¨¨s l'?ge de 9 ans, est une r¨¦alit¨¦.?

Ainsi en Somalie, 98% des filles ?g¨¦es de? 5 ¨¤ 15 ans subissent une MGF.?

Selon les experts m¨¦dicaux, les MGF peuvent avoir des r¨¦percussions physiques et mentales sur le long terme. Elles peuvent aussi provoquer des chocs septiques, h¨¦morragies et intoxications sanguines qui peuvent se r¨¦v¨¦ler mortels selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

Parmi les effets ¨¤ long terme des MGF, on peut citer? des probl¨¨mes comme l'incontinence urinaire, les douleurs lors des rapports sexuels et des complications pendant et apr¨¨s l'accouchement. Les risques de d¨¦c¨¨s pour la m¨¨re ou l¡¯enfant lors de l'accouchement augmentent et les m¨¨res qui survivent peuvent souffrir de complications postnatales? d¨¦bilitantes.

Les pays ¨¤ forte pr¨¦valence de MGF tendent ¨¤ avoir des taux de mortalit¨¦ maternelle de 550 pour 100 000 naissances vivantes alors qu¡¯en Afrique du Sud, o¨´ la MGF est interdite en vertu de la Loi sur les enfants, le taux de mortalit¨¦ maternelle est de 300 pour 100 000 naissances vivantes.

Selon l'UNICEF, la mortalit¨¦ maternelle? a diminu¨¦ de 44% entre 1990 et 2015, passant de 385 ¨¤ 216 d¨¦c¨¨s pour 100 000 naissances vivantes, soit une baisse de 2,3% par an. Bien qu'impressionnante, cette baisse repr¨¦sente moins de la moiti¨¦ du taux annuel de 5,5% requis? pour atteindre en 2015 une r¨¦duction des trois quarts de la mortalit¨¦ maternelle, comme le pr¨¦voyaient les Objectifs du Mill¨¦naire pour le d¨¦veloppement.

Alors m¨ºme que? les d¨¦fenseurs des droits des femmes continuent de r¨¦clamer une interdiction totale de cette pratique n¨¦faste dans le monde, certains Africains de la diaspora continueraient ¨¤ envoyer leurs filles au pays pour qu'elles soient excis¨¦es.

Compte tenu de leurs effets n¨¦fastes, pourquoi les MGF sont-elles encore pratiqu¨¦es en Afrique ? L'Organisation mondiale de la sant¨¦ (OMS) pointe du doigt les croyances ¨¤ la fois socioculturelles, psychosexuelles, religieuses ou hygi¨¦nistes, associ¨¦es ¨¤ la pression sociale qui oblige ¨¤ se conformer ¨¤ ces pratiques pour assurer aux? filles la possibilit¨¦ de contracter mariage.?

Mariage pr¨¦coce

Les filles mineures mari¨¦es ¨¤ des adultes sont aussi plus expos¨¦es ¨¤ la violence sexiste. Des ¨¦tudes montrent que les ¨¦pouses enfants sont plus susceptibles d'¨ºtre battues par leur mari que celles qui se marient une fois? adultes.

Selon Filles, Pas ?pouses (Girls Not Brides), un collectif d¡¯organisations de la soci¨¦t¨¦ civile qui luttent contre le mariage des enfants, ? plus la diff¨¦rence d'?ge entre les filles et leurs maris est grande, plus la probabilit¨¦ augmente que ces jeunes filles soient? victimes de
violence conjugale ?.

?Selon ONU-Femmes, il y a plus de 700 millions d'¨¦pouses enfants dans le monde, les cinq premiers pays concern¨¦s ¨¦tant en Afrique. Avec 76% de mineures mari¨¦es, le Niger arrive en premi¨¨re position, suivi de la R¨¦publique centrafricaine ¨¤ ¨¦galit¨¦ avec le Tchad (68%), du Mali (55%) et du Burkina Faso (52%).

Obliger les enfants ¨¤ se marier constitue? une violation de leurs droits fondamentaux, car entre autres cons¨¦quences, le mariage prive l¡¯enfant de son droit ¨¤ l'¨¦ducation. En 2016, l'UNICEF a soulign¨¦ que les filles qui vont ¨¤ l¡¯¨¦cole acqui¨¨rent non seulement une instruction, mais se marient aussi plus tard et sont donc plus m?res et mieux ¨¦quip¨¦es pour am¨¦liorer leur bien-¨ºtre socio¨¦conomique ou ¨¦motionnel.

?Les Nations Unies estiment que chaque ann¨¦e, 15 millions d¡¯enfants sont mari¨¦es. ?

Pas d'acc¨¨s ¨¤ la contraception

Selon le FNUAP, les cons¨¦quences n¨¦gatives des mariages pr¨¦coces sont exacerb¨¦es par le manque d'acc¨¨s ¨¤ la contraception et ¨¤ l'¨¦ducation reproductive. La moiti¨¦ des grossesses adolescentes (des moins de 20 ans) dans le monde se produisent en Afrique subsaharienne et selon l'OMS, la R¨¦publique d¨¦mocratique du Congo et l'?thiopie sont loin devant.

Selon le Centre am¨¦ricain d'innovation et de diffusion de la recherche en mati¨¨re de? population de l'Institut Guttmacher, la cl¨¦ de la pr¨¦vention des grossesses chez les mineures, adolescentes ou femmes non pr¨¦par¨¦es est la sensibilisation aux bienfaits de la sant¨¦ reproductive. Le centre soutient? qu'une meilleure sensibilisation aux questions de sant¨¦ reproductive permettrait de r¨¦duire de 83% les grossesses non d¨¦sir¨¦es.

Par ailleurs, le centre constate? que si des services de sant¨¦ comme la distribution de contraceptifs ¨¦taient correctement administr¨¦s, les d¨¦c¨¨s dus aux avortements ¨¤ risques pourraient diminuer de 84%.?

S'attaquer aux probl¨¨mes

Alors que les experts continuent de chercher des moyens de prot¨¦ger les jeunes filles, certains pays ont ¨¦labor¨¦ des lois pour les prot¨¦ger. Vingt-quatre pays, dont le Burkina Faso, l'?thiopie, le Kenya et le Nig¨¦ria, punissent d¨¦sormais les contrevenants aux lois contre les MGF de peines qui vont de six mois de prison ¨¤ la prison ¨¤ vie.?

Certains pays font aussi des progr¨¨s, lents mais r¨¦guliers, dans leurs efforts d'¨¦radication des mariages d¡¯enfants. Ainsi, en juillet 2016, le gouvernement gambien a d¨¦clar¨¦ que le fait d'¨¦pouser? des filles de moins de 18 ans constituait d¨¦sormais une infraction p¨¦nale? passible de condamnations pouvant aller jusqu'¨¤ 20 ans d¡¯emprisonnement. La pratique est ¨¦galement interdite en Tanzanie.

En 2015, l'ONU a tenu son premier Sommet des filles africaines sur l'¨¦limination du? mariage des enfants en Afrique. Des mesures visant ¨¤ imposer l¡¯?ge de 18 ans comme ?ge l¨¦gal du mariage, ainsi que les peines applicables aux contrevenants, ont ¨¦t¨¦ examin¨¦es.?

R¨¦cemment, ¨¤ l'occasion de la Journ¨¦e internationale de la tol¨¦rance z¨¦ro ¨¤ l'¨¦gard des mutilations g¨¦nitales f¨¦minines, la Directrice ex¨¦cutive? d'ONU-Femmes, Phumzile Mlambo- Ngcuka, s'est exprim¨¦e en faveur d'un ? monde o¨´ r¨¨gne l¡¯¨¦galit¨¦ des? sexes et o¨´ les filles peuvent choisir? leur avenir ? ¨C un monde o¨´ elles puissent vivre ¨¤ l'abri? des MGF et de la? violence. ? ?

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