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L’agro-industrie rentable et ‘cool’ !

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L’agro-industrie rentable et ‘cool’ !

Mavis Nduchwa, Botswanaise, 33 ans, propriétaire d’une ferme d’alimentation animale
Afrique Renouveau: 
Mavis Nduchwa.   ??Mavis Nduchwa
Photo: Mavis Nduchwa
Mavis Nduchwa. Photo: Mavis Nduchwa

En recherchant sur Google les secteurs dans lesquels les femmes d'affaires africaines ont réussi, il y a peu de chance d'y trouver le secteur agricole.

Mavis Nducha a pourtant défié la norme avec la création d'une ferme d’alimentation animale privée au Botswana, son pays d'origine.?

Née dans une ferme de la région rurale de Francistown, près de la frontière avec le Zimbabwe, Mme Nduchwa, 33 ans, s'est intéressée très jeune à l’agriculture. En grandissant, l'appel de la vie urbaine l'amène à passer un dipl?me en gestion immobilière et h?telière?

Elle constate rapidement le co?t élevé des intrants agricoles qui étranglent les fermiers de sa communauté. Elle comprend alors que la production locale et la vente à bas prix de produits destinés à l'alimentation animale seraient une alternative aux produits importés qui permettraient de soutenir l'industrie agricole.?

En 2011, elle quitte son travail pour créer la ferme Chabana avec son mari et associé Brighton Chabana.?

Six ans plus tard, sa ferme est devenue une entreprise agroalimentaire fructueuse. Mme Nduchwa considère qu'il faut encourager les femmes car elles peuvent accomplir autant que les hommes. “Nous sommes tous des êtres humains et nous devrions avoir les mêmes opportunités,” déclare-t-elle à Afrique Renouveau, estimant que l’agro-industrie est l’avenir de l’Afrique et doit être promue auprès des jeunes. ?

“Il est important que l’agriculture soit ‘cool’ aux yeux des jeunes afin de les attirer”, dit-elle. ?

Tout dépendra de la rentabilité du secteur et des besoins auxquels il pourra subvenir.?

La ferme Chabana possède une surface d’une centaine d’hectares, où sont cultivés des céréales et des légumes comme la mongette (une plante fouragère utilisée pour nourrir le bétail), le ma?s, le tournesol, le sorgho, les haricots et l’arachide.? ?

Le gouvernement du Botswana lui a récemment accordé un contrat de deux millions de dollars afin de fournir le marché local en pois bambara.?

“Lorsqu’il pleut suffisamment, nous pouvons facilement fournir les pois ; mais lorsqu’il ne pleut pas assez, cela devient difficile”, confie Mme Nduchwa.?

Le Botswana étant un pays semi-aride, la culture se déroule pendant la saison des pluies, entre octobre et avril. Il est plus difficile de répondre à la demande lors de la saison sèche.?

Lors d’une bonne saison, la ferme Chabana peut gagner jusqu’à 1,5 millions de dollars.?

Outre ses opérations journalières, la ferme, qui emploie dix personnes à temps plein, propose également une formation de six semaines sur la gestion d’une ferme avicole, destinée aux femmes célibataires sans emploi : une opportunité pour elles de lancer leur propre entreprise.?

Mme Nduchwa souligne que ses études ont largement contribuées à sa réussite. Son dipl?me lui a donné les compétences nécessaires pour lancer son entreprise et la légimité pour lever des fonds. En 2015, elle a été re?ue au sein du Tony Elumelu Entrepreneurship Programme (TEEP), le programme de création d’entreprise du milliardaire nigérian Tony Elumelu. Sa fondation aide les entreprises susceptibles de contribuer à la création d’un million de nouveaux emplois au cours des dix prochaines années et de générer au moins 20 milliards de dollars de bénéfices en Afrique. ?

Il est important?que l’agriculture soit vue comme?? cool ? pour attirer les jeunes vers ce secteur d’activité.

Les entrepreneurs choisis pour le TEEP participent à un programme de formation de neuf mois qui inclut l’élaboration en ligne d’un business plan sur douze semaines, une formation au développement et un programme de mentorat, suivi d'un séminaire de deux jours. Après la conception du business plan, les entrepreneurs re?oivent un capital d’investissement de 5 000 dollars, qui n’a pas à être remboursé. Ils ont également droit à un second financement avec un prêt de 5 000 dollars ou l’équivalent en capitaux propres. ?

La ferme Chabana produit des volailles et des oeufs, employant pour ce faire des femmes dans la région de Francistown, ce qui perment à Mme Nduchwa d’étendre ses activités. “Nos premiers acheteurs se trouvent dans les villages environnants ; nous leur vendons des produits de base comme le ma?s, les haricots, les oeufs”, indique-t-elle.?

D'après Mme Nduchwa, les femmes entrepreneurs sont confrontées à des obstacles spécifiques : un accès plus limité à la propriété foncière et des politiques gouvernementales patriarcales car ce sont traditionnellement les hommes qui possèdent la terre. ?

Autre problème : le mépris pour l’agriculture, notamment l’élevage. Elle suggère la mise en place de mesures destinées à changer la perception de l’agriculture pour la rendre plus “cool”. Les cursus de formation des jeunes devraient correspondre davantage au marché du travail et promouvoir l'agriculture, principale source de croissance économique en Afrique.? ?

Pour atteindre le deuxième Objectif de développement durable, "éliminer la faim", il faudrait qu’un “agripreneur” (un agriculteur entrepreneur) puisse avoir “ accès facilement aux investissements et aux aides ”, suggère Mme Nduchwa. ?

Songeant à sa propre expérience et à l’émancipation des femmes, elle déclare :?“Il n’y a pas de carrières réservées aux hommes ; ce n’est pas un monde d’hommes. L’avenir de l’Afrique est entre nos mains”.?

Pour Mme Nduchwa, l’avenir est prometteur. Sa ferme promeut l'emploi des femmes tandis que ses projets de formation permettent d'acquérir des compétences et? des ressources nécessaires pour développer d’autres secteurs agroalimentaires.?

Gr?ce à ses réalisations et à une gestion irréprochable, la ferme Chabana fait gagner à l'agriculture des points de “coolitude”.? ? ?