19 juin 2020 ¡ª Ce mois de juin, les traditionnelles marches des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) auront lieu virtuellement, pand¨¦mie oblige, pour la premi¨¨re fois depuis 50 ans. Un moindre mal pour cette communaut¨¦ tr¨¨s vuln¨¦rable au coronavirus et que les Nations Unies appellent ¨¤ inclure dans tous les plans de r¨¦ponse et de rel¨¨vement.
Par le biais de sa campagne ? ?, destin¨¦e ¨¤ promouvoir l¡¯¨¦galit¨¦ des droits et le traitement ¨¦quitable des personnes LGBTI, l¡¯ONU rappelle qu¡¯elle est leur alli¨¦e en ce ? mois de fiert¨¦ ? terni par la COVID-19. Cette marque de solidarit¨¦ est relay¨¦e par toute la famille onusienne, unie contre l¡¯homophobie et la transphobie comme dans le combat contre le virus.
Les droits de l'homme sont universels. Ce nous c¨¦l¨¦brons la communaut¨¦ + et continuons ¨¤ travailler pour un monde sans discrimination dans lequel tous les ¨ºtres humains sont trait¨¦s avec dignit¨¦
¡ª ONU D¨¦veloppement (@pnudfr)
Pour l¡¯heure, la pand¨¦mie continue d¡¯exacerber les d¨¦fis auxquels est confront¨¦e la communaut¨¦ LGBTI. Le rappelle dans une que bon nombre de ces personnes ont un syst¨¨me immunitaire affaibli, notamment celles atteintes du VIH/sida, ce qui accro?t le risque de d¨¦velopper une forme s¨¦v¨¨re de la maladie.
En outre, elles font souvent l¡¯objet de discriminations et de stigmatisation lorsqu¡¯elles cherchent ¨¤ obtenir des soins de sant¨¦, en raison notamment des lois qui punissent les relations homosexuelles ou qui prennent pour cible les personnes transgenres au motif de leur identit¨¦ ou de leur expression du genre, pr¨¦cise le HCDH.
Pour les m¨ºmes raisons extra-m¨¦dicales, ajoute-t-il, la surcharge des syst¨¨mes de sant¨¦ peut se traduire par un arr¨ºt des soins propos¨¦s aux personnes LGBTI, y compris le traitement et le d¨¦pistage du VIH, les traitements hormonaux et les traitements de r¨¦affirmation de l¡¯identit¨¦ de genre pour les transgenres.
? Les personnes LGBTI sont parmi les plus vuln¨¦rables et marginalis¨¦es dans de nombreuses soci¨¦t¨¦s ?, a Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l¡¯homme. ? Dans les pays o¨´ les relations homosexuelles sont criminalis¨¦es ou les personnes transgenres sont cibl¨¦es, elles pourraient m¨ºme ne pas se faire soigner par crainte d'¨ºtre arr¨ºt¨¦es ou expos¨¦es ¨¤ de la violence ?.
La crise comme pr¨¦texte ¨¤ un recul des droits des LGBTI
Dans certains pays, le HCDH rel¨¨ve une augmentation de la rh¨¦torique homophobe et transphobe. ? Selon plusieurs rapports, la police se sert ¨¦galement des directives relatives ¨¤ la COVID-19 pour attaquer les organisations LGBTI et les prendre pour cible ?, d¨¦plore-t-il.
? l¡¯occasion de la , organis¨¦e le 17 mai, le a appel¨¦ les gouvernements ¨¤ mettre imm¨¦diatement fin aux arrestations arbitraires et discriminatoires de personnes LGBTI sur la seule base de leur orientation sexuelle ou de leur identit¨¦ de genre.
Depuis le d¨¦but de la pand¨¦mie, a alert¨¦ cette agence onusienne, il a ¨¦t¨¦ fait ¨¦tat de personnes transgenres assassin¨¦es ¨¤ Porto Rico, d¡¯arrestations de personnes LGBTI en ?gypte, en R¨¦publique unie de Tanzanie et en Ouganda, ainsi que d¡¯une augmentation des violences et des abus au Cameroun et en R¨¦publique de Cor¨¦e.
? La crise de la COVID-19 r¨¦v¨¨le et exacerbe les in¨¦galit¨¦s, les violences et les abus dont est victime chaque jour la communaut¨¦ LGBTI ?, Winnie Byanyima, Directrice ex¨¦cutive de l¡¯ONUSIDA. ? Nous devons briser l¡¯omerta contre ces lois draconiennes qui servent uniquement ¨¤ pousser ces personnes davantage en marge de la soci¨¦t¨¦ ?.
En Hongrie, l¡¯¨¦tat d¡¯urgence a ¨¦t¨¦ utilis¨¦ pour interdire l¡¯inscription du changement de sexe ¨¤ l¡¯¨¦tat civil et la reconnaissance juridique de l¡¯identit¨¦ de genre des personnes transgenres. Un amendement l¨¦gislatif en ce sens a ¨¦t¨¦ vot¨¦ le 19 mai par le parlement de ce pays, malgr¨¦ les protestations internationales.
Par ailleurs, plusieurs pays comme le Panama et le P¨¦rou ont mis en place des restrictions ¨¤ la libert¨¦ de circulation fond¨¦es sur le sexe, comme des jours de sortie altern¨¦s pour les femmes et les hommes. De telles mesures ? exposent les personnes non binaires et transgenres ¨¤ un risque ¨¦lev¨¦ de discrimination, car ces derni¨¨res sont susceptibles d¡¯¨ºtre arr¨ºt¨¦es et interrog¨¦es ?, d¨¦nonce le HCDH.
Le fait, pour sa part, ¨¦tat d¡¯un nombre croissant de situations o¨´ des pouvoirs d'exception sont utilis¨¦s pour cibler la communaut¨¦ LGBTI. Achim Steiner, Administrateur du PNUD, en particulier le ? recours abusif aux technologies num¨¦riques pour surveiller les mouvements des personnes pendant les p¨¦riodes de confinement ou de couvre-feu ?.
Dans les situations d¡¯urgence humanitaire, les migrants et demandeurs d¡¯asile LGBTI sont particuli¨¨rement expos¨¦s ¨¤ la discrimination, ¨¤ l¡¯exclusion et au harc¨¨lement, indique dans une sur l¡¯impact de la pand¨¦mie. Parmi eux, les cat¨¦gories les plus vuln¨¦rables sont les transgenres, les jeunes, les personnes vivant avec le VIH et les sans-abris.
Victimes du confinement et de la crise ¨¦conomique
Les mesures de confinement d¨¦cr¨¦t¨¦es pour endiguer la propagation du virus ont ¨¦galement des effets pervers pour cette communaut¨¦. ? De nombreux jeunes LGBTI sont contraints ¨¤ l¡¯isolement dans des environnements hostiles, sans soutien de la part des membres de leur famille ou de leurs cohabitants ?, note le HCDH.
? Cela peut accro?tre leur exposition ¨¤ la violence, ainsi que leur anxi¨¦t¨¦ et leur d¨¦pression ?, pr¨¦vient-il, jugeant crucial que les services d¡¯assistance et les foyers d¡¯accueil restent disponibles pour ces personnes durant la p¨¦riode pand¨¦mique. Un appel repris par l¡¯, qui que les personnes LGBTI victimes de violences puissent b¨¦n¨¦ficier d¡¯un acc¨¨s aux soins de sant¨¦ et d¡¯une aide pour la nourriture et l¡¯h¨¦bergement.
L¡¯inqui¨¦tude de l¡¯ONU porte aussi sur l¡¯acc¨¨s au travail et aux moyens de subsistance, largement r¨¦duits par le ralentissement ¨¦conomique d? ¨¤ la crise sanitaire. Les personnes LGBTI sont en effet plus susceptibles d¡¯¨ºtre au ch?mage et de vivre dans la pauvret¨¦ que la population en g¨¦n¨¦ral.
Aux Etats-Unis, pays le plus touch¨¦ par la COVID-19, 17% des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et queers avaient perdu leur emploi d¨¦but mai, contre 13% pour le reste de la population active, selon un sondage r¨¦alis¨¦ pour Human Rights Campaign, un groupe de d¨¦fense des LGBTQ. De plus, 42% de ces personnes se disaient en difficult¨¦s financi¨¨res, une proportion sup¨¦rieure de six points ¨¤ celle des h¨¦t¨¦rosexuels interrog¨¦s.
Cette situation est aggrav¨¦e par le fait que de nombreux membres de la communaut¨¦ LGBTI travaillent dans le secteur informel et n¡¯ont pas droit ¨¤ des cong¨¦s de maladie r¨¦mun¨¦r¨¦s, ¨¤ des indemnit¨¦s de ch?mage et ¨¤ une couverture de sant¨¦. Selon l¡¯, la COVID-19 a un ¨¦norme impact sur les pr¨¨s de 1,6 milliard de travailleurs de l¡¯¨¦conomie informel, dont les revenus ont baiss¨¦ de 60% depuis le d¨¦but de la pand¨¦mie.
En raison de politiques discriminatoires en mati¨¨re de cong¨¦s pay¨¦s ne couvrant pas tous les genres de mani¨¨re ¨¦gale, les personnes LGBTI risquent en outre de ne pas pouvoir prendre de cong¨¦s pour s¡¯occuper des membres de leur foyer. Elle se retrouvent priv¨¦es de ce droit ? du fait que leurs familles ne correspondent pas aux mod¨¨les traditionnels ?, pointe l¡¯OIT
Inclure les LGBTI dans la r¨¦ponse ¨¤ la COVID-19
? Alors que la pand¨¦mie poursuit son ¨¦volution, l'ONU continuera de mettre en ¨¦vidence ces injustices, ainsi que la n¨¦cessit¨¦ pour chacun d'¨ºtre prot¨¦g¨¦ et inclus dans la r¨¦ponse ¨¤ la crise ?, a le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral de l¡¯ONU, Ant¨®nio Guterres, dans un message contre l¡¯homophobie, la transphobie et la biphobie. L¡¯occasion pour lui de d¨¦noncer une ? stigmatisation accrue en raison du virus ?.
Reprenant le th¨¨me choisi cette ann¨¦e pour la Journ¨¦e internationale du 17 mai, Mme Bachelet a quant ¨¤ elle le monde ¨¤ se dresser contre la haine et ¨¤ ? briser le silence ? qui entoure la discrimination et la violence subies par les personnes LGBTI. ? Combattons les attitudes et les r¨¦cits homophobes, transphobes et biphobes qui ont un impact si d¨¦vastateur sur la vie de tant d'¨ºtres humains dans le monde ?, a-t-elle affirm¨¦.
A la veille de cette journ¨¦e symbolique, 96 experts des Nations Unies et sp¨¦cialistes internationaux des droits de l¡¯homme ont publi¨¦ une invitant les ?tats ¨¤ ? donner de la visibilit¨¦ aux personnes LGBTI et ¨¤ les prot¨¦ger dans le contexte de la pand¨¦mie ?.
En particulier, ils leur ont demand¨¦ de ? faire en sorte que cette urgence de sant¨¦ publique n'exacerbe pas les id¨¦es fausses, les pr¨¦jug¨¦s, les in¨¦galit¨¦s ou les obstacles structurels existants, ni n'entra?ne une augmentation de la violence et de la discrimination ¨¤ l'encontre des personnes ayant des orientations sexuelles et des identit¨¦s de genre diff¨¦rentes ?.
Pour atteindre efficacement ces objectifs, les experts ont enjoint les ?tats ¨¤ ? s'engager avec les personnes, les organisations et les communaut¨¦s LGBTI dans la conception, la mise en ?uvre et l'¨¦valuation des mesures adopt¨¦es pour r¨¦pondre ¨¤ la pand¨¦mie ?.
Les mesures prises en r¨¦ponse ¨¤ la COVID-19 doivent ¨ºtre ¨¦labor¨¦es ? avec la participation des communaut¨¦s LGBTI ?, a V¨ªctor Madrigal-Borloz, Expert ind¨¦pendant de l¡¯ONU sur la protection contre la violence et la discrimination fond¨¦es sur l¡¯orientation sexuelle et l¡¯identit¨¦ de genre. A ses yeux, il est urgent d¡¯agir, faute de quoi l¡¯impact de la pand¨¦mie sur ces personnes - repr¨¦sent¨¦es de mani¨¨re disproportionn¨¦e dans les rangs des pauvres, des sans-abris et des exclus des soins de sant¨¦ ¨C ? se fera sentir sur plusieurs g¨¦n¨¦rations ?.
M. Madrigal-Borloz est aussi l¡¯auteur d¡¯un rapport des Nations Unies appelant ¨¤ l¡¯interdiction mondiale des ? th¨¦rapies de conversion ?, pratiques visant ¨¤ ? changer les orientations sexuelles non h¨¦t¨¦ronorm¨¦es et les identit¨¦s de genre non cisnorm¨¦es ?, encore en vigueur dans 68 pays. Ce rapport, dont la pr¨¦sentation a ¨¦t¨¦ retard¨¦e du fait des restrictions de mouvement li¨¦s ¨¤ la crise actuelle, doit ¨ºtre remis au le 29 juin.