29 novembre 2017

I.????? ANCRER LES FEMMES ET LES INFRASTRUCTURES DE PAIX AU NIVEAU NATIONAL DANS L’ARCHITECTURE AFRICAINE DE PAIX ET DE S?CURIT?

La participation insuffisante des femmes à la prévention des conflits et aux négociations de paix est un point important de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies 1325 (2000) qui est peu appliqué. La contribution significative des femmes aux initiatives locales de médiation et de prévention des conflits et le r?le prépondérant qu’elles jouent continuent d’être largement ignorés et faiblement soutenus. C’est pourquoi, depuis 2010, le Groupe des Sages de l’Union africaine (UA), déjà chargé d’attirer l’attention du public sur des questions largement ignorées, a publié un document intitulé ? Atténuer les vulnérabilités des femmes et des enfants dans les conflits armés ? centré sur les moyens de renforcer la participation des femmes et des jeunes aux négociations de paix et de sensibiliser aux effets de la guerre et à la violence sexuelle à l’égard des femmes et des enfants. Le rapport préconise au moins quatre actions essentielles devant être prises par la Commission de l’Union africaine : a) la création du Bureau de l’envoyé spécial pour les femmes, la paix et la sécurité; b) le lancement du Programme quinquennal Genre, paix et sécurité 2015-2020 ; c) la mise en ?uvre d’une Session ouverte du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité ; et d) le lancement du Réseau africain des femmes dans la prévention des conflits et la médiation de la paix (FemWise).

Ces recommandations ont été approuvées par les ?tats membres lors d’une décision de l’Assemblée de l’AU en juillet 2017, qui a officialisé la création de FemWise-Africa en tant qu’organe subsidiaire du Groupe. FemWise-Africa est appelé à centrer ses efforts sur le renforcement du r?le des femmes dans la prévention des conflits et la médiation dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) en fournissant un moyen de mener des activités stratégiques, de renforcer les capacités et de créer des réseaux visant à améliorer la mise en ?uvre des engagements en faveur de l’inclusion des femmes dans le maintien de la paix en Afrique. Le réseau veillera à ce que les processus de paix en Afrique soient élaborés avec la contribution du leadership et de la participation des femmes. Il a déjà démarré ses activités en fournissant un soutien technique et de médiation à quatre processus de paix en cours en Afrique et a été chargée en juillet 2017 par le Président de la Commission de l’UA de déployer des efforts pour rendre son comité directeur pleinement opérationnel.

II.??? LE QUATRI?ME GROUPE DES SAGES

Lors de la 29e session ordinaire de l’Assemblée des Chefs d’?tat et de Gouvernement de l’Union africaine, qui a eu lieu les 3 et 4 juillet 2017 à Addis-Abeba, en ?thiopie, les dirigeants ont approuvé les propositions faites par le Président en vue de la nomination de cinq nouveaux membres du Groupe des Sages. Alors que l’UA se prépare à inaugurer son quatrième Groupe des Sages en octobre 2017, le moment est venu de rappeler son parcours remarquable d’une décennie en tant qu’instrument de prévention et de règlement des conflits, contribuant par la volonté et la détermination de ses membres?à renforcer la capacité de l’Union à lutter contre le fléau de la violence sur notre continent.

Conforme à la pratique et aux modalités de l’opération développée par les membres du premier Groupe des Sages nommés en 2007, il est prévu que les prochains membres continueront de renforcer ce pilier essentiel de l’Architecture africaine de paix et de sécurité en ayant recours à la diplomatie préventive et aux activités de médiation, en fixant les priorités et en sensibilisant aux questions essentielles liées à la paix et à la sécurité qui touchent le continent africain. Ils soutiendront aussi le Conseil de paix et de sécurité ainsi que le Président de la Commission. Les nouveaux membres de ce Groupe des Sages sont : Dr Specioza Wandira Kazibwe – Ouganda (pour la région de l’Afrique de l’Est), M. Amr Moussa – ?gypte (pour la région de l’Afrique du Nord), Mme Ellen Johnson Sirleaf – Liberia (pour la région de l’Afrique de l’Ouest), Mme Honorine Nzet Bitéghé – Gabon (pour la région de l’Afrique centrale), et M. Hifikepunye Pohamba? – Namibie (pour la région de l’Afrique australe).

Avec un Groupe composé de telles personnalités, les attentes de l’Union sont naturellement élevées. Chaque nouveau membre a démontré son engagement sans faille à l’Afrique et à l’Union dans sa quête pour la paix, la stabilité et le développement de tous les peuples du continent. Leur expérience individuelle et collective ainsi que leurs connaissances renforceront, à n’en pas douter, les efforts déployés par l’UA dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits violents. Dans l’attente de la cérémonie inaugurale de ce quatrième Groupe des Sages, examinons de plus près le fonctionnement, les actions et les opérations de ce pilier essentiel de l’APSA.

III.?? D?FINITION DU CONTEXTE, DU CADRE ET DES CRIT?RES POUR LES INTERVENTIONS DU GROUPE DES SAGES1

C’est en 1991 que fut mentionnée pour la première fois la nécessité d’un Conseil des Sages en Afrique dans la déclaration proposant une ? Conférence sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération en Afrique (CSSDCA) ?, adoptée par l’Assemblée des chefs d’?tat et de gouvernement de l’Organisation de l’Union africaine lors du sommet qui s’est tenu à Kampala, en Ouganda. Un appel spécifique a été lancé pour établir un ? Conseil des Sages en Afrique pour la paix ?, qui est devenu aujourd’hui le Groupe des Sages. Celui-ci a été créé en vertu de l’article 11 du ? Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ?, principalement pour soutenir les efforts déployés par le Conseil et le Président de la Commission de l’UA, en particulier dans la prévention des conflits. En créant le Groupe des Sages, l’Union africaine a reconnu l’importance des mécanismes traditionnels de règlement des conflits et leur pertinence dans la prévention et la médiation des différends et des conflits dans l’Afrique contemporaine2.

En outre, tel qu’il est stipulé dans le Protocole du Conseil de paix et de sécurité, ? à la demande du Conseil de paix et de sécurité ou du Président de la Commission, ou de sa propre initiative, le Groupe des Sages entreprend les actions jugées appropriées pour venir en appui aux efforts du Conseil de paix et de sécurité et du Président de la Commission en vue de la prévention des conflits, et se prononcer sur toutes les questions liées à la promotion et au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique3 ?. Cette dernière disposition lui permet de faire entendre sa propre voix et de soutenir, de faciliter et d’initier différentes mesures de diplomatie préventive visant à régler les différends en cours. Pourtant, cette disposition, peut-être plus que les autres, a généralement été mal interprétée comme donnant au Groupe ? le pouvoir de faciliter les différends potentiels ou en cours et de servir de médiateur de sa propre initiative4 ?. Il est donc important de rappeler la définition du r?le consultatif du Groupe ainsi que de son r?le opérationnel qui porte de manière très spécifique sur les questions de prévention des conflits et non pas de médiation proprement dite.

De plus, le premier Groupe des Sages a été nommé en 2007, cinq ans après la mise en vigueur du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité et environ trois ans après l’inauguration de ce Conseil en mai 2004. Le fait qu’il ait été l’un des derniers piliers à commencer la mise en ?uvre de l’APSA est, à de nombreux égards, symptomatique montrant que l’approche de la gestion des conflits adoptée par l’institution était plus réactive que préventive.

Les modalités de son fonctionnement, adoptées par le Conseil de paix et de sécurité le 12 novembre 2007, assurent que le Groupe peut ? faciliter l’établissement de canaux de communication entre le Conseil et le Président de la Commission, d’une part, et des parties impliquées dans un différend, d’autre part, afin d’empêcher qu’un tel différend ne dégénère en conflit ouvert5 ?. Les membres du Groupe peuvent mener à bien des missions d’établissement des faits et assurer la navette diplomatique entre les parties au conflit6. L’adoption des mesures de confiance et des processus de réconciliation efficaces font également partie des modalités d’action du Groupe7. Dans les situations d’après conflit, le Groupe peut aussi fournir un appui aux équipes de médiation, ? assister et conseiller des parties sur les voies et moyens de régler des différends liés à la mise en ?uvre d’accords de paix ? et les encourager à ? mettre en ?uvre des processus de réconciliation8 ?.

Lors de leur première réunion statutaire qui s’est tenue le 18 décembre 2007 à Addis-Abeba, les membres du Groupe s’étaient convenus de mener régulièrement des consultations avec des spécialistes, des universitaires et la société civile sur les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité au moyen de rapports thématiques annuels d’analyses prospectives destinés à renforcer leur capacité à anticiper et à identifier les nouvelles situations de conflit nécessitant l’attention du Groupe et de l’Union. ? ce jour, ils ont rédigé quatre rapports thématiques : ? Les conflits et la violence politique résultant des élections ? (2012), ? Paix, justice et réconciliation en Afrique ? (2013), ? Atténuation des vulnérabilités des femmes et des enfants dans les conflits armés ? et ? Renforcement de la gouvernance politique pour la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique9 ?. Dans ses rapports, le Groupe a aussi pr?né la stricte application de ses recommandations par la Commission et, parfois, a aussi agi comme instrument de la mise en ?uvre.

Les paragraphes suivants fourniront des exemples concrets des interventions opérationnelles proactives du Groupe conformément aux critères définis par les membres en 2007 :

  • Le niveau d’attention régionale et internationale qui est déjà accordé dans une situation de conflit. Les conflits qui ont été négligés à cause d’un manque de ressources ou pour toute autre raison peuvent être? des? cas où le Groupe peut intervenir.
  • Si le Conseil de paix et de sécurité est déjà saisi d’un conflit particulier et si une attention supplémentaire accordée par le Groupe peut renforcer les efforts existants.
  • Si une situation donnée demeure en conflit pendant une période considérable ou risque de dégénérer en un conflit, malgré des efforts de médiation et de négociation multiples. Dans une telle situation, le Groupe peut conseiller et renforcer les efforts existants, insuffler une nouvelle impulsion aux processus de médiation ou aborder avec un nouveau regard la dynamique de conflit en jeu.
  • Si une situation de conflit se détériore et se dégrade soudainement et, finalement
  • Si une situation de conflit conna?t des difficultés dans la mise en ?uvre d’un accord de paix et s’il y a donc un risque de retour au conflit10.

IV.?? LE GROUPE DES SAGES F?TE SES DIX ANS : VUE D’ENSEMBLE DE SON INSTITUTIONALISATION, DE SES ACTIVIT?S ET DE SES CONTRIBUTIONS DE 2007 ? 2017

Une discussion sur l’institutionnalisation progressive du Groupe au cours des dix dernières années fournit quelques réflexions essentielles qui peuvent inspirer les activités futures du Groupe. Le premier Groupe des Sages (2007-2010) a principalement veillé à ce que son mandat soit mené à bien et que la transformation de ses modalités de fonctionnement devienne une réalité sur le terrain. Les membres initiaux ont ouvert de nouveaux horizons en fournissant une analyse prospective afin de sur veiller les nouvelles menaces importantes qui pèsent sur la paix et la sécurité, d’y réfléchir et de prendre position, les portant à l’attention des organes de l’UA dans un rapport thématique annuel. Ils ont commencé, d’abord avec hésitation,?à s’investir dans la diplomatie préventive et le rétablissement de la paix, en particulier au moyen de nombreuses missions dans les pays qui organisaient des élections, malgré des ressources très limitées et, parfois, la résistance des ?tats membres.

Membres du premier Groupe des Sages

(décembre 2007 à décembre 2010)

Nom du membre

Pays d’origine

Représentation régionale

Ahmed Ben Bella*

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Afrique du Nord

Miguel Trovoada

S?o Tomé et Príncipe

Afrique centrale

Salim Ahmed Salim

Tanzanie

Afrique de l’Est

Brigalia Bam

Afrique du Sud

Afrique australe

Elisabeth Pognon

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Afrique de l’Ouest

*Président du Groupe des Sages de l’Union africaine

Le mandat du deuxième Groupe des Sages (2010 à 2014) a montré l’importance de ce mécanisme caractérisé par une expansion des activités, le développement de relations étroites avec d’autres institutions au sein de l ’Union et la diffusion du groupe avec la création, en mai 2013, du Réseau panafricain des Sages (PanWise), un réseau de médiateurs et d’organismes de médiation en Afrique. Le Groupe et son secrétariat ont joué un r?le clé en développant les ? retraites du Caire ? maintenant traditionnelles et en agissant en tant que groupe de l’appui à la médiation au sein de la Commission en facilitant, entre autres, la formation par le renforcement des capacités et la production de connaissances destinées aux envoyés spéciaux de l’Union, aux représentants spéciaux et aux médiateurs sur le terrain.

Membres du deuxième Groupe des Sages

(décembre 2010 à décembre 2014)

Nom du membre

Pays d’origine

Représentation régionale

Ahmed Ben Bella*

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Afrique du Nord

Marie Madeleine Kalala-Ngoy

RDC

Afrique centrale

Salim Ahmed Salim

Tanzanie

Afrique de l’Est

Kenneth Kaunda

Zambie

Afrique australe

Mary Chinery-Hesse

Ghana

Afrique de l’Ouest

?

* Président du Groupe des Sages de l’Union africaine

Le troisième Groupe des Sages (2014 à 2017) a consacré des efforts importants afin de faciliter et de remplir les fonctions de médiation dans les processus de différends politiques inscrits en tête de l’ordre du jour du Conseil de paix et de sécurité de l’UA ainsi que sur celui du Conseil de sécurité des Nations Unies, mettant l’accent sur les priorités concernant les femmes, la paix et la sécurité en convaincant l’Assemblée de l’UA d’intégrer la participation des femmes dans la structure de l’APSA par la mise en place du Réseau africain des femmes dans la prévention des conflits et la médiation de la paix (FemWise).

Membres du troisième Groupe des Sages

(septembre 2014 à septembre 2017)

?

Nom du membre

Pays d’origine????

Représentation régionale

?

Lakhdar Brahimi

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Afrique du Nord

Albina Faria de Assis Pereira Africano

Angola

Afrique centrale

Specioza Kazibwe

Ouganda

Afrique de l’Est

Luísa Diogo*

Mozambique

Afrique australe

Edem Kodjo

Togo

Afrique de l’Ouest

* Présidente du Groupe des Sages de l’Union africaine, la première femme à présider le Groupe depuis sa création.

V.??? LES DIFF?RENTES APPROCHES ADOPT?ES PAR LE GROUPE DES SAGES DANS LA PR?VENTION DES CONFLITS EN FONCTION DES CONTEXTES : EXEMPLES CONCRETS

La première mission du Groupe des Sages en République centrafricaine en 2007 a été réalisée ? peu de temps après la nomination des membres du Groupe et donc avant que les modalités n’aient été adoptées et que le Groupe n’ait été officiellement inauguré11 ?. Cette mission a, de nombreuses fa?ons, fourni un modèle pour ce type de missions ainsi que l’appui spécifique supplémentaire que le Groupe pouvait apporter aux efforts de prévention et de rétablissement de l’Union, et donc à l’APSA.? Au cours de cette mission, les membres du Groupe ont évalué la situation politique dans le pays et préparé la mise en place d’un dialogue politique ouvert à tous. Le Groupe a mené une série de consultations avec les partis politiques nationaux, les syndicats, les organisations de la société civile et les membres du corps diplomatique représentés dans le pays. Suite au mandat donné au Groupe par Fran?ois Bozizé, Président de la République centrafricaine, pour évaluer les insurrections armées, le Groupe s’est d?ment acquitté de cette t?che en dehors du pays. Puis, il a compilé et présenté un rapport au Président Bozizé recommandant qu’un dialogue national soit organisé12 .

Lorsque le Groupe a tenu sa deuxième réunion statutaire les 17 et 18 juillet 2008, la prévention des conflits résultant d’élections contestées a été l’une des priorités figurant sur son ordre du jour (et celui de l’Union) et d?ment choisie comme réflexion thématique de cette année-là, une décision ? influencée par la violence post-électorale qui avait touché le Kenya en janvier et en février 2008 ainsi que par la crise engendrée par le Zimbabwe13 ?. Le Groupe a décidé que ? ses membres devraient entreprendre des missions pour recueillir des informations afin d’évaluer la situation et examiner les modalités de l’engagement du Groupe ? en cas de violence électorale14.

Le travail du Groupe sur la violence électorale est aussi un exemple de ce que l’on considère comme une phase de découverte : cela indique qu’il trouve sa place et une spécialisation dans la prévention de la violence électorale. Depuis, il a effectué de nombreuses missions dans des pays qui organisaient des élections, malgré des ressources limitées et la résistance des ?tats membres.

Les réunions statutaires du Groupe, qui ont lieu tous les trois mois, ont également fourni une occasion d’interagir directement avec les partis et les parties prenantes dans les situations de conflit comme, par exemple, lors des consultations organisées avec les parties prenantes somaliennes pendant la quatrième réunion statutaire en novembre 2008 ou lors des consultations avec les responsables du gouvernement tunisien au cours de la douzième réunion statutaire en avril 2012. En outre, au cours de plusieurs de ces réunions, le Groupe a invité des parties prenantes et des experts pour organiser des exposés spécifiques sur les situations de conflit en cours.

En ao?t 2010, le Groupe des Sages a lancé au Caire ce qui allait devenir une réunion annuelle importante en rapport avec ses propres activités et celles de la Commission : ? La retraite de haut niveau de l’UA sur la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique ?. Huit ans plus tard, elle continue de rassembler des dirigeants, des envoyés spéciaux et des représentants de l’UA, les communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux, les Nations Unies, l’Union européenne, la Ligue des ?tats arabes et d’autres pour débattre des questions opérationnelles et stratégiques. Ces rassemblements sont devenus essentiels pour les activités de l’organisation liées à la diplomatie préventive et à la médiation. Les ? retraites du Caire ? comme on les appellera (qui ont, depuis, eu lieu à Abidjan, à Arusha, à Windhoek et à Charm-el Cheikh) comprennent aussi une réunion à huit clos d’une journée entre le Président, la Commission de l’UA et tous les envoyés spéciaux, les médiateurs de l’UA ainsi que le Groupe des Sages pour promouvoir l’échange des expériences et la planification stratégique.

Les premiers mois de 2011 ont été marqués par des soulèvements populaires en Tunisie et en ?gypte ainsi que par la détérioration progressive de la situation en Libye. En Tunisie, l’annonce le?19 mars 2011 d’un référendum constitutionnel et la préparation d’élections présidentielles et législatives prévues en septembre et octobre de la même année ont incité la Commission, avec la participation du Groupe des Sages, à redoubler d’efforts. Ils comprenaient, entre autres, les bons offices, des visites effectuées par le Président lui-même en Tunisie et en ?gypte en mars 2011 pour enquêter et établir les faits, suivies d’une série de visites du Groupe en Tunisie en avril 2011, 2012 et 2013.

Les situations en ?gypte, en Libye et en Tunisie ont été au centre des débats de la 10e réunion du Groupe qui a eu lieu à Addis-Abeba le 12 mai 2011. Y ont pris part les représentants du Conseil des Sages de la Communauté économique des ?tats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Comité des Sages du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA)15. Pendant ses réunions sur l’?gypte tenues les six premiers mois de 2011, le Conseil de paix et de sécurité a demandé à la Commission de mener des missions d’évaluation périodiques et de faciliter le processus de transition16. Suite à cette demande, le Groupe a été affecté en ?gypte avec les membres du Comité des Sages du COMESA.

Dans le cadre des efforts déployés par l’UA pour promouvoir un déroulement pacifique et transparent des deuxièmes?élections consécutives au conflit en République démocratique du Congo, le Groupe est présent dans le pays depuis 2011 et ce jusqu’au début de 2017. Il a mené une série de missions d’information et d’établissement des faits et facilité le dialogue avec les responsables de haut niveau du COMESA, de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté économique des ?tats de l’Afrique centrale (CEEAC)17. Afin de maintenir la dynamique déjà en place, les missions du Groupe ont été suivies par les missions du Président de la Commission de l’UA, accompagné par l’un de ses membres. Ces efforts ont montré l’importance du type d’engagement que seule une structure comme le Groupe peut fournir afin d’offrir une tribune aux nombreux partis politiques d’opposition congolais, de promouvoir un processus axé sur l’ouverture et de renforcer la cohésion entre les partenaires. Le Groupe a ainsi pu tester la doctrine développée dans son premier rapport thématique concernant l’objectif de ces missions et le moment choisi pour les envoyer.

En janvier 2012, le Groupe a entrepris avant les élections plusieurs missions au Sénégal avec la CEDEAO et joué un r?le de médiateur pour sortir de l’impasse politique et électorale où se trouvait le pays où des manifestations violentes avaient eu lieu dans la capitale contre la tentative du Président Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat aux élections présidentielles.

Poursuivant leurs efforts dans les missions menées conjointement avec les communautés économiques régionales, le groupe Comité des Sages du COMESA et des représentants de l’Autorité intergouvernementale pour le développement se sont également rendus au Kenya en janvier 2013 dans une mission d’évaluation pré-électorale avant les élections générales en mars 2013. La mission a mené des consultations avec différentes parties prenantes afin d’appuyer ? les efforts menés par le Gouvernement du Kenya, tous les acteurs politiques et la société civile en créant les conditions propices à la tenue d’élections libres, transparentes, crédibles et pacifiques ? et en lan?ant la première mission d’observation électorale à long terme de l’UA dans le pays18 ?.

R?FLEXIONS EN GUISE DE CONCLUSION

? Le r?le du Groupe des Sages pour prévenir le déclenchement de conflits violents en Afrique ? a jusqu’ici consisté à fournir des informations et une analyse des expériences d’un important pilier de l’APSA. L’objectif consistait à débattre de l’institutionnalisation progressive du Groupe au cours des dix dernières années et de présenter des considérations pouvant être utiles à l’avenir aux opérations du Groupe. Pour bien comprendre le Groupe des Sages, il faut d’abord prendre en compte les dimensions juridiques et normatives, les modalités régissant ses opérations ainsi que la logique, certains diraient la philosophie, sur laquelle repose sa propre existence. Cela étant, si celles-ci permettent en partie de déterminer les effets de l’institutionnalisation de cette structure au sein de l’UA, c’est dans le domaine de l’action, des opérations que se traduisent le bien-fondé et le potentiel réel du Groupe.?? ?

Notes

1????? Pour un historique détaillé du Groupe des Sages couvrant la période de 2007 à 2015, se référer à Jo?o Gomes Porto et Kapinga Yvette Ngandu, ? The African Union’s Panel of the Wise: a concise history ? (Durban, Afrique du Sud, Centre africain pour la résolution constructive des conflits (ACCORD), 2015). Disponible sur le site .

2??? Ibid.

3??? Union africaine, Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (Addis-Abeba, 2002), article 11, para.4.

4??? Voir par exemple, Jamila El-Abdellaoui, ? The Panel of the Wise: a comprehensive introduction to a critical pillar of the African 国产AV and Security Architecture ?, document ISS, n° 193 (Pretoria, Institute for Security Studies, ao?t 2009); Tim Murithi et Charles Mwaura, ? The Panel of the Wise, in Africa’s New 国产AV and Security Architecture: Promoting Norms and Institutionalizing Solutions ?, Ulf Engel et Jo?o Gomes Porto, dir. (Farnham, Surrey, England, Burlington Vermont, Ashgate Pub. Co., 2010), p. 78.

5??? Union africaine, Modalités de fonctionnement du Groupe des Sages telles qu’adoptées par le Conseil de paix et de sécurité lors de sa 100eme réunion tenue le 12 novembre 2007 (Addis-Abeba, 2007), sect. III (1b).

6??? Ibid., sect. III (1c, d).

7??? Ibid., sect. III (1e).

8??? Ibid., sect. III (1f, g, e).

9??? Voir le Groupe des Sages de l’Union africaine, ? Les conflits et la violence politique résultant des élections : Consolider le r?le de l’Union?africaine dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits ?,?rapport du Groupe des Sages de l’UA (New York, International 国产AV?Institute, African Union, 2012); Groupe des Sages de l’Union africaine,?? Paix, justice et réconciliation en Afrique: Opportunités et défis liés à?la lutte contre l’impunité ?, rapport du Groupe des Sages de l’UA (New?York, International 国产AV Institute, African Union, 2013); Conseil de?paix et de sécurité et Groupe des Sages de l’Union africaine, ? Expert?report on eliminating vulnerabilities of women and children in armed?conflicts ?, Addis-Abeba, 2014; et Groupe des Sages de l’Union africaine, ? Strengthening Political Governance for 国产AV, Security, and Stability in Africa ?, rapport final, Addis-Abeba, 2012.

10? Groupe des Sages de l’Union africaine, ? Draft programme of work for 2008”, Inaugural Meeting of the Panel of the Wise, PoW/3(I)”, Addis Ababa, décembre 2007. Disponible sur le site .

11? El-Abdellaoui, ? Panel of the Wise ?, p.5.

12? El-Abdellaoui, ? Panel of the Wise ?, p.6.

13? Murithi et Mwaura, ? The Panel of the Wise ?, p. 82. Voir aussi Ramtane Lamamra, ? Preface ?, dans Panel of the Wise: A Critical Pillar of the African 国产AV and Security Architecture, Secretariat of the Panel of the Wise (Addis-Abeba, Union africaine, 2008).

14? Groupe des Sages de l’Union africaine, ? déclaration à la presse ?, 2e réunion, POW/PR(II), Addis-Abeba, 17 juillet 2008.

15? Groupe des Sages de l’Union africaine, ? Communiqué ?, 10e? réunion du Groupe des Sages, POW/PR/COMM(X), Addis-Abeba, 12 mai 2011.

16? Assemblée des Chefs d’?tat et de gouvernement de l’Union africaine, rapport du Conseil de paix et de sécurité sur ses activités et l’état de la paix et de la sécurité en Afrique, document de l’Assemblée /AU/4 (VII), Assemblée, quatorzième session ordinaire, Addis-Abeba, 1er juillet 2011.

17? Ces organisations étaient respectivement représentées par l’ambassadeur Simbi Mubako (Zimbabwe), membre du Comité des Sages du COMESA; Mme Liberata Mulamula (Tanzanie), Secrétaire exécutive de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL); le Juge John Billy Tendwa (Tanzanie), Président du Conseil consultatif régional de la SADC; et Yaya Mahamat Liguita (Tchad), Présidente de la Commission électorale du Tchad.?Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, déclaration à la presse, 298e réunion, PSC/PR/BR.2 (CCXCVIII), Addis-Abeba, 17 novembre 2011.

18? Voir Groupe des Sages de l’Union africaine, communiqué de presse : AU and COMESA High Level Officials on Pre-Election Assessment Mission and the Launch of AU Long-term Elections Observation Mission to Kenya, Addis-Abeba, 16 janvier 2013.?

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