1 juin 2007

Depuis que j'ai assist¨¦ ¨¤ la Conf¨¦rence de Kyoto sur les changements climatiques en 1997, j'ai suivi avec un grand int¨¦r¨ºt le d¨¦veloppement du d¨¦bat international sur cette question. Il existe peu de forces pouvant modifier litt¨¦ralement le paysage mondial comme le changement climatique. La hausse du niveau des oc¨¦ans, la fonte des glaces, le dess¨¨chement des lacs et la transformation des for¨ºts tropicales humides en savanes sont des ph¨¦nom¨¨nes caus¨¦s par le changement climatique.


Ces changements sont d¨¦j¨¤ visibles, mais les impacts devraient s'aggraver. Le r¨¦chauffement climatique a non seulement des cons¨¦quences environnementales mais aussi sociales, ¨¦conomiques et m¨ºme sur la s¨¦curit¨¦. Il s'agit donc d'une menace touchant tous les domaines.


Cependant, malgr¨¦ les conclusions scientifiques du Groupe d'experts international sur l'¨¦volution du climat (GIEC), selon lesquelles le changement climatique est une r¨¦alit¨¦ et qu'il est caus¨¦ par l'activit¨¦ humaine, l'action internationale est loin d'¨ºtre suffisante. Pour surmonter cette vaste inertie et passer ¨¤ l'action, d'importants efforts politiques et ¨¦conomiques seront n¨¦cessaires, du niveau des chefs d'?tat et de gouvernement ¨¤ celui des collectivit¨¦s locales.


Heureusement, le changement climatique a ¨¦t¨¦ ¨¤ nouveau inscrit ¨¤ l'ordre politique international. Comme cela a ¨¦t¨¦ le cas avec le Protocole de Kyoto, les entreprises et les gouvernements--locaux et nationaux--sont de plus en plus nombreux ¨¤ reconna¨ªtre que le changement climatique est une priorit¨¦. Les m¨¦dias aussi ont multipli¨¦ les reportages sur le changement climatique, et la publication des derniers rapports du GIEC a suscit¨¦ une attention double de celle qui avait entour¨¦ le rapport pr¨¦c¨¦dent publi¨¦ il y a cinq ans.


Le Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies, Ban Ki-moon, a fait du changement climatique une de ses priorit¨¦s et a dit qu'il ¨¦tait urgent que les pays se mettent d'accord sur la cr¨¦ation d'un cadre solide d'ici ¨¤ 2010 pour assurer une continuit¨¦ entre la fin de la premi¨¨re p¨¦riode d'engagements du Protocole de Kyoto en 2012 et la mise en vigueur d'un plan futur. Or, d'importants obstacles devront ¨ºtre surmont¨¦s avant la conclusion d'un accord. Les ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre responsables du changement climatique augmentent--et ne diminuent pas--et nombre de pays ont indiqu¨¦ qu'ils ne sont pas pr¨ºts ¨¤ sacrifier leurs int¨¦r¨ºts ¨¦conomiques sans avoir la garantie que tous les autres feront des efforts similaires.


Mais il y a aussi d'autres raisons de m¨¦fiance : la majorit¨¦ du 1,2 milliard de personnes qui vivent avec un dollar par jour ou moins se trouve dans les pays en d¨¦veloppement qui n'ont pas grand-chose ¨¤ voir avec le probl¨¨me. Beaucoup se demandent pourquoi les pays pauvres devraient ¨ºtre limit¨¦s dans leurs efforts de d¨¦veloppement quand les populations des pays industriels vivent ¨¤ l'aise et ont un style de vie marqu¨¦e par une consommation ¨¦lev¨¦e. Ce n'est pas une question nouvelle--elle a ¨¦t¨¦ examin¨¦e lors du Sommet Plan¨¨te Terre de Rio de Janeiro en 1992 qui a lanc¨¦ ? Action 21 ?, le programme d'action pour un d¨¦veloppement durable approuv¨¦ par tous les pays. Les ?tats Membres ont convenu que tous les peuples et tous les pays avaient le droit de se d¨¦velopper mais que le d¨¦veloppement devait int¨¦grer les pr¨¦occupations ¨¦conomiques, sociales et environnementales. Ils ont ¨¦galement reconnu que les pays industrialis¨¦s devaient aider les pays en d¨¦veloppement en leur fournissant les ressources et les technologies n¨¦cessaires pour assurer un d¨¦veloppement durable.


Le GIEC a montr¨¦ qu'il existait des solutions pour r¨¦pondre efficacement au changement climatique et qu'elles n'¨¦taient pas tr¨¨s co?teuses. Mais pour les mettre en ?uvre, il faut la volont¨¦ de tous les pays. Nous devons construire la confiance entre les pays avant qu'il ne soit trop tard ou que les co?ts ne soient trop ¨¦lev¨¦s pour agir. Le co?t de l'inaction d¨¦passe de loin le co?t de l'action. Quoi que nous fassions, la temp¨¦rature de la plan¨¨te continuera d'augmenter dans les ann¨¦es ¨¤ venir. Selon le GIEC, la temp¨¦rature moyenne augmentera de 2 et 5 °C, avec une meilleure estimation de 3 °C, ou de 5,4 °F, d'ici 2100. Plus on attend pour agir, plus les ¨¦missions ¨¤ gaz ¨¤ effet de serre s'accumuleront dans l'atmosph¨¨re, ce qui entra¨ªnera une hausse des temp¨¦ratures. En revanche, selon les rapports du GIEC, en agissant d¨¨s maintenant, nous pouvons limiter le changement climatique ¨¤ un niveau plus facilement g¨¦rable.


La Conf¨¦rence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra ¨¤ Bali, en Indon¨¦sie, en d¨¦cembre 2007, sera essentielle dans le d¨¦veloppement d'une action mondiale ¨¤ long terme pour lutter contre le changement climatique. ? Bali, les pays devront mettre au point une strat¨¦gie mondiale approuv¨¦e et mise en ?uvre par tous. Mais avant Bali, nous devons ¨¦laborer des principes directeurs pour aider ¨¤ traiter tous les aspects du probl¨¨me. Par exemple, il nous faut reconna¨ªtre que les pays industrialis¨¦s devront ¨ºtre les premiers ¨¤ r¨¦duire les ¨¦missions et que les pays en d¨¦veloppement devront ¨ºtre encourag¨¦s ¨¤ poursuivre des strat¨¦gies de d¨¦veloppement ¨¤ faibles ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre. Pour limiter les ¨¦missions, les pays en d¨¦veloppement devront ¨¦galement pouvoir b¨¦n¨¦ficier d'incitations ainsi que de mesures d'adaptation. Tout cela pourrait ¨ºtre li¨¦ ¨¤ un march¨¦ du carbone plus important qui offre une occasion de r¨¦duire les co?ts de r¨¦duction des ¨¦missions et de mobiliser des fonds.


Des partenariats public-priv¨¦ renforc¨¦s, le d¨¦veloppement plus rapide de nouvelles technologies et un engagement renouvel¨¦ ¨¤ am¨¦liorer les technologies renouvelables existantes joueront un r?le important dans la r¨¦duction des ¨¦missions de gaz ¨¤ effet de serre. La demande ¨¦nerg¨¦tique croissante n¨¦cessitera un investissement de 20 millions de millions de dollars en infrastructure ¨¦nerg¨¦tique jusqu'en 2030. La d¨¦cision d'utiliser des technologies plus propres et plus efficaces pourrait sauver des vies d¨¨s maintenant et de l'argent ¨¤ long terme.


L'ONU jouera un r?le important dans la prise en charge du probl¨¨me en prenant connaissance des donn¨¦es scientifiques pr¨¦sent¨¦es dans les rapports du GIEC, offrant une tribune pour la n¨¦gociation d'accords mondiaux, tels que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, et l'adoption de nouvelles id¨¦es et initiatives, comme le M¨¦canisme pour un d¨¦veloppement propre et les march¨¦s d'¨¦change de carbone. Le syst¨¨me des Nations Unies, au travers ses institutions qui encouragent le d¨¦veloppement, veille ¨¤ ce que l'action men¨¦e pour lutter contre le changement climatique n'ait pas d'effet n¨¦gatif sur les programmes de r¨¦duction de la pauvret¨¦ mais, au contraire, renforce cet effort.
C'est une chose de recommander des moyens de lutter contre le r¨¦chauffement climatique, c'en est une autre de les mettre en ?uvre. Pour montrer l'exemple, l'ONU s'engage dans des travaux de r¨¦novation de ses b?timents pour les rendre conformes aux normes respectueuses de l'environnement. L'Organisation examine des projets pour r¨¦nover son si¨¨ge construit il y a cinquante ans avec, comme objectif, une r¨¦duction de la consommation ¨¦nerg¨¦tique de 30 % ainsi que l'adoption de mesures d'efficacit¨¦ ¨¦nerg¨¦tique, de conservation de l'eau et de recyclage des d¨¦chets.


Mais les gouvernements et les organisations ne pourront, ¨¤ eux seuls, lutter contre le changement climatique. Nous sommes tous concern¨¦s et devons commencer ¨¤ agir dans notre vie quotidienne pour que tous les peuples pr¨¦sents et futurs n'aient pas ¨¤ subir les cons¨¦quences du changement climatique.

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