Je m'appelle Saria Osman El-Amin, j'ai 24 ans et je suis m茅decin. J'habite 脿 Khartoum, au Soudan. 听Je travaille au centre d'appel de la Corona dans le cadre du plan strat茅gique du Minist猫re de la sant茅 pour aider 脿 contr么ler la propagation de la COVID-19.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le secteur de la sant茅 et qu'est-ce qui vous a pouss茅 脿 choisir une carri猫re dans ce secteur ? Avez-vous des craintes ou des regrets ?
Je travaille comme agent de sant茅 depuis janvier 2019, plus pr茅cis茅ment comme m茅decin-chef, apr猫s avoir obtenu mon dipl么me de m茅decine en 2018. Mes parents sont m茅decins, donc j'ai grandi en entendant constamment des discussions sur la sant茅 脿 la maison, et je suppose que cela m'a inculqu茅 l'amour de la m茅decine. J'ai toujours aim茅 aider les gens et je pense qu'锚tre une personne compatissante m'a encore plus aid茅 dans ce domaine.
Je ne regrette pas du tout d'avoir 茅tudi茅 la m茅decine, ma seule crainte est de ne pas d茅couvrir assez t么t ma passion pour la m茅decine et de me retrouver 脿 travailler dans un domaine qui ne me pla卯t pas. Je veux travailler dans un domaine que j'aime beaucoup, pour pouvoir exceller et ne pas m'ennuyer facilement.
Comment contribuez-vous 脿 la lutte contre le COVID-19 dans votre pays ?
Environ deux semaines apr猫s le premier cas de la COVID-19 ici au Soudan, j'ai rejoint le centre d'appel de la Corona, qui d茅pend du Minist猫re de la sant茅. Nous recevons environ 15 000 appels par jour en provenance de tous les 脡tats et r茅gions du Soudan.
En tant que m茅decin, quel est votre r么le au sein du centre d'appel ?
Mon travail comprend les 茅l茅ments suivants :
- Sensibiliser les appelants en les informant sur les modes de transmission et de pr茅vention, ainsi que sur les sympt么mes de la COVID-19, et sur la mani猫re correcte de s'isoler chez soi ;
- 听Identifier les cas suspects de la COVID-19 et en informer l'茅quipe de r茅action rapide afin qu'elle puisse atteindre le patient et pr茅lever un 茅chantillon pour le tester ; et
- Guider et orienter les appelants vers les h么pitaux ouverts les plus proches disponibles au cas o霉 le patient 茅prouverait un essoufflement ou des sympt么mes d'urgence.
Comment votre travail a-t-il 茅volu茅 depuis l'apparition de COVID-19 ?
Mes heures de travail allaient de 8 脿 12 heures par jour et comprenaient des 茅quipes du matin et de nuit. Mon travail initial n'a pas beaucoup chang茅 car d猫s que j'ai termin茅 mon internat et rempli mes papiers, la COVID-19 a 茅clat茅. C'est alors qu'ils ont lanc茅 une annonce pour trouver des volontaires pour venir travailler au centre d'appel.
Qu'est-ce qui vous affecte le plus dans cette situation COVID-19 et qu'est-ce qui vous permet de continuer et comment vous en sortez-vous ?
Ce qui me touche le plus, c'est le sentiment d'impuissance, de nombreux appelants du centre disant que les couvre-feux ont grandement affect茅 leur travail. Beaucoup de gens ici per莽oivent leur revenu quotidiennement, donc un jour sans travail signifie un jour sans revenu, donc sans pouvoir nourrir leur famille. Ils appellent le centre en nous suppliant de mettre fin au couvre-feu, mais dans ma position, il n'y a rien que je puisse faire ou promettre.
De plus, certains patients du COVID-19 nous appelaient 脿 bout de souffle pour nous aider 脿 les faire entrer dans les centres d'isolement pour y 锚tre soign茅s.
Ce qui m'a permis de continuer, c'est la chaleur des appelants, leur fa莽on de nous remercier et de prier pour nous, en nous disant que nous faisions un excellent travail. Ils ont dit que sans nous, ils n'auraient jamais eu d'informations sur cette pand茅mie. La majorit茅 des personnes qui ont appel茅 venaient de r茅gions 茅loign茅es et surtout rurales o霉 il n'y a pas de t茅l茅vision ou de connexion Internet pour les tenir au courant.
Cependant, d'autres appelants ne croyaient pas que la COVID-19 茅tait r茅el. Lorsque je parviens 脿 convaincre un interlocuteur douteux que la COVID-19 est en fait r茅el et non une sorte de mythe, je suis satisfait d'avoir pu changer quelqu'un.
Quelle strat茅gie, selon vous, a bien fonctionn茅 dans ce combat et qu'est-ce qui n'a pas fonctionn茅 ? Que faut-il faire pour gagner la guerre contre la COVID-19 ?
Le confinement et les rappels constants, par le biais de publicit茅s dans les m茅dias et d'茅missions t茅l茅vis茅es, de l'importance de rester chez soi et de maintenir une distanciation sociale s没re, ont 茅t茅 cruciaux dans la lutte contre la COVID-19 dans mon pays. Pendant les premiers mois o霉 le virus est arriv茅 ici, les 茅missions de t茅l茅vision ont accueilli des m茅decins et d'autres experts pour 茅duquer les gens sur le virus.
Le centre d'appel de la Corona a 茅galement jou茅 un r么le cl茅 dans l'茅ducation des masses et a contribu茅 脿 freiner la propagation du virus, car les appelants pouvaient entrer en contact direct avec les professionnels m茅dicaux du minist猫re de la sant茅.
Si le confinement a jou茅 un r么le 茅norme dans le contr么le de la propagation du virus, il a 茅galement pos茅 certains probl猫mes 茅conomiques, en particulier pour les personnes qui gagnent leur vie au quotidien.
Pour gagner la guerre contre la COVID-19, nous devons tous rester vigilants, responsables, sages et conscients. Les gens devraient continuer 脿 faire attention et ne pas supposer que le virus a miraculeusement disparu. Il convient de respecter la distanciation sociale, de porter des masques et d'utiliser les d茅sinfectants de mani猫re appropri茅e jusqu'脿 ce qu'un vaccin se r茅v猫le efficace et s没r.
Quel est votre message aux habitants de votre pays, et aux Africains en g茅n茅ral, en cette p茅riode de COVID-19 ?
Je voudrais dire 脿 mes compatriotes soudanais et au grand peuple africain que ce n'est pas le moment de baisser la garde et d'agir comme si tout 茅tait rentr茅 dans l'ordre. La COVID-19 est toujours parmi nous et peut nous infecter partout et 脿 tout moment si nous ne respectons pas les mesures de s茅curit茅 appropri茅es. Restons attentifs 脿 notre environnement et n'abandonnons pas encore, jusqu'脿 ce qu'un vaccin s没r et efficace soit mis au point.听
