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Chaque jour des milliers d鈥橝fricains vivant 脿 l鈥櫭﹖ranger font la queue dans des centres de transfert de fonds pour envoyer chez eux les quelques dollars qu鈥檌ls ont pu 茅conomiser. Une partie de ces sommes provenant des Etats-Unis, de l鈥橝rabie Saoudite, de l鈥橝llemagne, de la Belgique, de la Suisse et de la France 鈥� les principales sources des fonds envoy茅s aux pays en d茅veloppement 鈥� est achemin茅e jusque dans les r茅gions les plus rurales de l鈥橝frique. L鈥檃rgent ainsi re莽u pourra permettre d鈥檈nvoyer un enfant 脿 l鈥櫭ヽole, de construire une maison ou d鈥檃cheter de quoi nourrir ceux qui sont rest茅s au pays.

Au fil des ans, la r茅gion de Kayes, au Mali, a b茅n茅fici茅 de tels transferts de fonds. D鈥檃pr猫s la Banque mondiale, l鈥檃rgent envoy茅 par des Maliens vivant en France a contribu茅 脿 la construction de 60 % des infrastructures. Environ 40 associations de Maliens 茅migr茅s en France ont apport茅 leur appui financier 脿 pr猫s de 150 projets, dont la valeur totale sur 10 ans a 茅t茅 茅valu茅e 脿 3 millions d鈥檈uros.

Une publicit茅 pour des services de transfert de fonds 脿 Mogadishu (Somalie), pays fortement tributaire de l鈥檃rgent des 茅migr茅s.

Photo: Panos / Sven Torfinn

Mais la plus grande partie des sommes qu鈥檈nvoient chez eux les 茅migr茅s ne sont pas comptabilis茅es, et ne sont donc pas prises en compte dans les statistiques nationales de nombreux pays. Les planificateurs du d茅veloppement accordent cependant de plus en plus d鈥檌mportance au suivi de cet argent. Cela aidera les pouvoirs publics 脿 essayer d鈥檈n faire une plus grande source de financement du d茅veloppement et 脿 mieux r茅partir cet argent dans des secteurs productifs.

Dans de nombreux pays du continent, les politiques et r茅glementations financi猫res et mon茅taires font obstacle au transfert des fonds et 脿 leur investissement efficace. 鈥淒ans un continent aussi pauvre en capitaux que l鈥橝frique, on ne peut ignorer cette source de revenus, indique Mills Soko, chercheur 脿 l鈥橧nstitute of International Affairs d鈥橝frique du Sud. En Afrique, elle ne re莽oit pas l鈥檃ttention qu鈥檈lle m茅rite."

Un certain nombre de pays en d茅veloppement, notamment le Br茅sil, le Mexique, l鈥橧nde et les Philippines, ont adopt茅 des mesures incitatives visant 脿 canaliser ces transferts de fonds dans des comptes d鈥櫭﹑argne et des fonds d鈥檌nvestissement locaux. D鈥檃pr猫s une soci茅t茅 priv茅e, Bannock Consulting, ces pays ont mis en place des plans d鈥櫭﹑argne-retraite pour les 茅migr茅s, accordent des pr锚ts 脿 des taux pr茅f茅rentiels ou des aides aux entreprises cr茅茅es gr芒ce 脿 des transferts de fonds et permettent aux immigr茅s r茅cemment rentr茅s dans leur pays d鈥檃voir acc猫s 脿 des capitaux. Ils b茅n茅ficient ainsi d鈥檜n grand nombre de citoyens vivant 脿 l鈥櫭﹖ranger.

Trop souvent, les d茅bats sur l鈥櫭﹎igration mettent l鈥檃ccent sur la fuite des comp茅tences et de la main-d鈥檕euvre des pays pauvres vers les pays riches. On estime 脿 3,6 millions le nombre d鈥橝fricains 茅parpill茅s dans le monde, certains ayant suivi une formation tr猫s pouss茅e. Le d茅part de ces 茅migr茅s prive de comp茅tences et de main d鈥櫯搖vre des secteurs essentiels de l鈥櫭ヽonomie. L鈥檃griculture, secteur-cl茅 dans de nombreux pays africains, a p芒ti de l鈥檈xode des zones rurales. En cons茅quence, les gouvernements africains s鈥檈fforcent souvent de d茅courager les migrations.

Le nombre de personnes vivant en dehors de leur pays d鈥檕rigine n鈥檃 jamais 茅t茅 aussi 茅lev茅 qu鈥檃ujourd鈥檋ui. En 2000, on estimait ce nombre 脿 175 millions de personnes dans le monde (soit un habitant de la plan猫te sur 35). Avec la mondialisation, ces chiffres devraient augmenter de 2 脿 3 % par an selon les pr茅visions. Les transferts de fonds sont l鈥檕ccasion pour les pays en d茅veloppement de b茅n茅ficier de leurs citoyens qui ont choisi de vivre et de travailler 脿 l鈥櫭﹖ranger, au lieu de se concentrer sur les aspects n茅gatifs de ces migrations.

Une source de fonds croissante

Les envois de fonds correspondent 脿 la part des revenus gagn茅s 脿 l鈥櫭﹖ranger que les migrants rapatrient chez eux. Ces envois sont de deux types, selon qu鈥檌ls sont officiels ou non. Les transferts officiels passent par des banques, des organismes de transfert de fonds et parfois Internet. Les envois non-officiels se font par des amis ou les migrants eux-m锚mes ou par le biais de r茅seaux traditionnels, qui dans certains pays ont pour nom hawala ou chiti et permettent de d茅poser aupr猫s d鈥檜n interm茅diaire dans un pays donn茅 de l鈥檃rgent qui sera retir茅 dans un autre pays aupr猫s d鈥檜n associ茅.

S鈥櫭﹍evant 脿 126 milliards de dollars en 2004, les envois de fonds constituent la deuxi猫me source de devises 茅trang猫res des pays en d茅veloppement. Cette m锚me ann茅e, les flux d鈥檌nvestissements 茅trangers directs ont atteint 165 milliards de dollars et le montant total de l鈥檃ide publique au d茅veloppement 79 milliards de dollars.

Depuis quelques ann茅es, les potentialit茅s des transferts de fonds suscitent un int茅r锚t croissant. Dans un rapport intitul茅 Global Development Finance 2005: Mobilizing Finance and Managing Vulnerability, la Banque mondiale consid猫re que ces transferts de fonds constituent une source de plus en plus importante de financement du d茅veloppement, qui, dans certains pays, d茅passe l鈥檃ide publique au d茅veloppement. 鈥淟es fonds envoy茅s dans les pays en d茅veloppement par des 茅migr茅s travaillant 脿 l鈥櫭﹖ranger, r茅sidents ou non r茅sidents ont augment茅, d鈥檃pr猫s les estimations, de 10 milliards de dollars (8 %) en 2004, pour atteindre 126 milliards de dollars鈥�, indique la Banque. L鈥檃nn茅e pr茅c茅dente, ils avaient progress茅 de 17 milliards de dollars, cette hausse ayant en grande partie eu lieu dans les pays 脿 faible revenu. La plupart des pays de destination sont des pays 脿 revenu interm茅diaire, mais les fonds transf茅r茅s dans des pays pauvres jouent un r么le important par rapport au produit int茅rieur brut, note la Banque.

Cependant, les chiffres publi茅s par la Banque ne tiennent compte que des transferts de fonds officiels. Si l鈥檕n y ajoute les flux non-officiels, le montant total pourrait 锚tre 2,5 fois plus 茅lev茅. 鈥淟es flux passant par des voies informelles 鈥� ne sont pas comptabilis茅s dans les statistiques officielles, mais l鈥檕n pense qu鈥檌ls sont tr猫s importants鈥�, pr茅cise la Banque.

Pour un sans-papier zimbabw茅en qui travaille 脿 Dallas, au Texas (Etats-Unis), les transferts non-officiels constituent la meilleure solution. 鈥淐omme beaucoup de mes coll猫gues, je passe par des r茅seaux informels d鈥檃mis pour envoyer de l鈥檃rgent dans mon pays, parce que je n鈥檃i pas de papiers.鈥� Il envoie au moins 200 dollars par mois et parfois jusqu鈥櫭� 1000 dollars. Il pr茅f猫re 茅galement les transferts informels en raison du taux de change plus 茅lev茅 du march茅 parall猫le, sur lequel les n茅gociants accordent un taux jusqu鈥櫭� deux fois sup茅rieur au taux officiel.

Des syst猫mes financiers insuffisants

D鈥檃pr猫s l鈥櫭ヽonomiste zimbabw茅en John Robertson, si beaucoup de citoyens zimbabw茅ens b茅n茅ficient des fonds envoy茅s de l鈥櫭﹖ranger, ce n鈥檈st pas le cas de la banque centrale, qui a pourtant d茅sesp茅r茅ment besoin de devises 茅trang猫res. Le pays manque cruellement de devises depuis que le Fonds mon茅taire international (FMI) et la Banque mondiale ont cess茅 de lui accorder leur soutien il y a quelques ann茅es, en raison de la crise politique qui ravage le pays depuis les 茅lections contest茅es de 2000. Comme dans beaucoup d鈥檃utres pays africains, l鈥檌nsuffisance ou la non existence de syst猫mes financiers officiels dissuadent les transferts de fonds officiels en direction du Zimbabwe. Le secteur financier national est en grande difficult茅 depuis quelques ann茅es et de nombreuses banques ont 茅t茅 contraintes de fermer.

Pour faire des fonds d茅tenus par les Zimbabw茅ens vivant 脿 l鈥櫭﹖ranger une source de devises 茅trang猫res, la banque centrale a mis en place l鈥檃n dernier le syst猫me de transfert de fonds Homelink. Mais ce syst猫me n鈥檃 suscit茅 qu鈥檜n int茅r锚t limit茅. 鈥淟ors de la mise en place du programme, on a constat茅 beaucoup d鈥檈nthousiasme de la part des personnes vivant 脿 l鈥櫭﹖ranger, mais cela s鈥檈st att茅nu茅, explique M. Robertson. La principale raison en est qu鈥檌l y a un 茅cart important entre le taux de vente officiel des devises 茅trang猫res et le taux du march茅 parall猫le."

D鈥檃utres pays africains ont trouv茅 des moyens de surmonter des probl猫mes du m锚me ordre. Constatant que les r茅seaux informels servaient 脿 contourner une r茅glementation restrictive des transferts de devises, le Soudan a simplement d茅valu茅 sa monnaie. En cons茅quence, les clients jugent maintenant plus int茅ressants les taux de change officiels.

L鈥橭uganda a d茅r茅glement茅 son march茅 financier, notamment en autorisant des comptes en devises 茅trang猫res et en assouplissant les 茅changes de devises. Cela aurait eu pour effet d鈥檃ccro卯tre les transferts de fonds officiels.

Mais de nombreux pays peuvent difficilement rem茅dier 脿 un probl猫me dont ils n鈥檕nt pas conscience. Beaucoup de pays africains ne disposent d鈥檃ucune donn茅e quant 脿 la nature ou au montant des flux qu鈥檌ls re莽oivent. D鈥檃pr猫s la Banque mondiale, moins des deux tiers des pays africains font 茅tat de transferts de fonds. 鈥淟es flux passant par des r茅seaux informels ne sont pas du tout comptabilis茅s鈥�, indique la Banque.

Retard de l鈥橝frique

Si les transferts de fonds en direction de l鈥檈nsemble des pays en d茅veloppement ont plus que doubl茅 dans les dix derni猫res ann茅es, ils ont peu progress茅 en Afrique, constate la Banque. Les transferts de fonds en direction de l鈥橝frique s鈥櫭﹍evaient 脿 9 milliards de dollars en 1990 ; en 2003, ils avaient atteint 14 milliards de dollars, soit environ 15 % de l鈥檈nsemble des flux en direction des pays en d茅veloppement. Au cours des dix derni猫res ann茅es, l鈥橢gypte et le Maroc ont 茅t茅 les principaux b茅n茅ficiaires en Afrique et l鈥橝frique du Nord a re莽u plus de 60 % du montant total des transferts.

En Afrique subsaharienne, le Nig茅ria est le principal pays b茅n茅ficiaire, recevant de 30 脿 60 % des fonds envoy茅s dans la r茅gion. Bien qu鈥檕n ne dispose pas de statistiques officielles, les 茅conomistes estiment que les fonds que les Nig茅rians envoient dans leur pays depuis diff茅rentes r茅gions du monde d茅passent maintenant 1,3 milliard de dollars par an, constituant ainsi la deuxi猫me source de devises 茅trang猫res pour le pays apr猫s les exportations de p茅trole.

Dans certaines 茅conomies de plus petite taille, les fonds envoy茅s par les citoyens travaillant 脿 l鈥櫭﹖ranger repr茅sentent une part importante du revenu national. Le Lesotho re莽oit l鈥櫭﹒uivalent de 30 脿 40 % de son produit int茅rieur brut (PIB) des travailleurs de l鈥櫭﹖ranger, vivant principalement en Afrique du Sud, pays voisin. D鈥檃pr猫s la Banque, en Erythr茅e, les transferts de fonds repr茅sentent 194 % de la valeur des exportations et 19 % du PIB. Pendant les ann茅es 1990, ces envois de fonds comblaient 80 % du d茅ficit de la balance des paiements courants du Botswana.

Pour de nombreux pays africains recevant d鈥檌mportants transferts de fonds, le d茅fi consiste 脿 les canaliser dans des programmes qui b茅n茅ficient 脿 l鈥檈nsemble de la soci茅t茅. Les participants 脿 une r茅union r茅gionale de la Commission mondiale sur les migrations internationales (CMMI) tenue au Cap (Afrique du Sud) en mars 2005 ont reconnu que si les transferts de fonds pouvaient effectivement contribuer 脿 la r茅duction de la pauvret茅 et au d茅veloppement, les pays de la r茅gion devaient s鈥檈fforcer davantage d鈥檈n am茅liorer les effets positifs.

La CMMI, un groupe mondial d鈥櫭﹖udes des questions relatives aux migrations internationales, a 茅t茅 cr茅茅e en 2003 par le Secr茅taire g茅n茅ral de l鈥橭NU Kofi Annan et un groupe de pays int茅ress茅s, dont l鈥橝frique du Sud. Elle vise 脿 contribuer 脿 l鈥櫭﹍aboration de politiques mondiales coh茅rentes et globales sur les migrations.

Promouvoir le d茅veloppement

D鈥檃pr猫s la Banque mondiale, l鈥檌mpact des transferts de fond sur le d茅veloppement d茅pendra de leur continuit茅, laquelle d茅pendra du degr茅 de facilit茅 avec lequel l鈥檃rgent peut 锚tre transf茅r茅. La Banque estime que si les frais de transaction 茅taient r茅duits ne serait-ce que de 5 %, les fonds envoy茅s dans les pays en d茅veloppement augmenteraient de 3,5 milliards de dollars par an. Dans de nombreux pays, les transferts de fonds officiels sont co没teux et parfois lourdement impos茅s. Des chercheurs am茅ricains qui ont 茅tudi茅 les diff茅rents moyens de r茅duire les frais de transaction indiquent que ces co没ts s鈥櫭﹍猫vent en moyenne 脿 environ 12,5听% des sommes transf茅r茅es, ce qui repr茅sente de 10 脿 15 milliards de dollars par an.

Il serait 茅galement int茅ressant pour les pays africains de promouvoir les r茅seaux de transfert officiels, par exemple en encourageant par diverses mesures incitatives les b茅n茅ficiaires 脿 茅pargner davantage dans le cadre du secteur bancaire officiel. Pour rendre les transferts officiels plus attirants, les pays pourraient 茅galement offrir des taux de change favorables et mettre en place des syst猫mes bancaires fonctionnant bien. Dans certains pays, les banques officielles n鈥檈xistent que dans les agglom茅rations urbaines, ce qui ne laisse aux habitants des zones rurales pas d鈥檃utre choix que de d茅pendre du secteur parall猫le.

Certains pays ont adopt茅 des approches novatrices, en proposant par exemple des services de transfert de fonds aux communaut茅s d鈥櫭﹎igr茅s se trouvant dans les pays industrialis茅s. A Paris (France), trois banques 鈥� la Banque de l鈥橦abitat du S茅n茅gal, la Banque de l鈥橦abitat du Mali et la Banque des Ivoiriens de France 鈥� accordent des avantages aux citoyens de leurs pays respectifs, avec des taux inf茅rieurs 脿 ceux des interm茅diaires du secteur priv茅. R茅sultat : ces banques effectuent environ 400 transferts de fonds par jour. En 1999, d鈥檃pr猫s l鈥橭rganisation internationale pour les migrations (OIM), quelque 24 millions de dollars ont 茅t茅 transf茅r茅s au S茅n茅gal par le m锚me moyen, ce qui repr茅sente environ 25 % de l鈥檈nsemble des transferts de fonds en direction de ce pays cette ann茅e-l脿.

Suivre l鈥檃rgent 脿 la trace

L鈥檃rgent que les travailleurs 茅migr茅s envoient chez eux est en grande partie destin茅 脿 la consommation des m茅nages, indique la Banque mondiale. Ces sommes servent 脿 l鈥櫭ヾucation, 脿 la sant茅 et 脿 d鈥檃utres formes de d茅veloppement du capital humain ou bien sont investies dans des terres, du b茅tail ou la construction de logements. 鈥淯ne plus petite partie est affect茅e 脿 des investissements comme l鈥櫭﹑argne ou la cr茅ation d鈥檈ntreprise, ou le remboursement de dettes, par exemple des emprunts pour partir 脿 l鈥櫭﹖ranger鈥�, peut-on lire dans une 茅tude de la Banque mondiale intitul茅e Migrant Labour Remittances in Africa: Reducing Obstacles to Developmental Contributions, r茅alis茅e par MM. Cerstin Sander et Samuel Maimbo.

L鈥檃rgent envoy茅 par les travailleurs 茅migr茅s peut financer des projets de construction et de d茅veloppement.

Photo: Panos / Sven Torfinn

Les 茅conomies qui d茅pendent trop des transferts de fonds pour financer le d茅veloppement s鈥檈xposent cependant 脿 certains risques, note l鈥橭IM. Contrairement 脿 l鈥檃ide, les transferts de fonds en direction des diff茅rents pays d鈥橝frique sont tr猫s variables et impr茅visibles. De 1980 脿 1999, les transferts en direction de l鈥橢gypte ont vari茅 d鈥檜ne ann茅e 脿 l鈥檃utre de 17 % en moyenne, ceux en direction du Cameroun, du Cap-Vert, du Niger et du Togo de plus de 50 % et ceux en direction du Botswana, du Ghana, du Lesotho et du Nig茅ria de plus de 100听%. Naturellement, les 茅conomies fortement tributaires de ces flux financiers sont frapp茅es de plein fouet lorsque ces flux diminuent soudainement, et des familles peuvent du jour au lendemain se trouver d茅munies.

Le Burkina Faso en est une bonne illustration. Les flux se sont effondr茅s, passant de 187 millions de dollars en 1988 脿 67 millions en 1999, en grande partie du fait de la crise 茅conomique et politique de la C么te d鈥橧voire, o霉 travaillent de nombreux Burkinab茅. En cons茅quence, la part des transferts de fonds dans le PIB a diminu茅, passant de 8,8 % en 1980 脿 2,6 % en 1999. En 2003, les transferts de fonds en direction du Burkina Faso n鈥櫭﹖aient plus que de 50 millions de dollars. Dans ces pays, le d茅fi consiste 脿 g茅rer les transferts de fonds, tout en diversifiant l鈥櫭ヽonomie de fa莽on 脿 r茅duire la d茅pendance vis-脿-vis de ces transferts.

Pr茅l猫vements abusifs

Une partie non n茅gligeable des fonds envoy茅s dans les pays pauvres ne parvient pas 脿 ses destinataires. Elle vient 脿 la place gonfler les poches des interm茅diaires. Il ressort d鈥檜ne 茅tude r茅alis茅e en mars 2005 par le Minist猫re du d茅veloppement international du Royaume-Uni que 18 banques et centres de transfert de fonds analys茅s pr茅-levaient jusqu鈥櫭� 40 % des sommes envoy茅es 脿 l鈥櫭﹖ranger par leurs clients, notamment dans des pays africains comme le Ghana, le Kenya et le Nig茅ria. Le Minist猫re estime que les transferts de fonds provenant du Royaume-Uni avoisinent chaque ann茅e 4,2 milliards de dollars, ce qui repr茅sente 78 % du budget total de l鈥檃ide 茅trang猫re nationale.

Pour aider les consommateurs 脿 acc茅der aux meilleures m茅thodes de transfert de fonds 脿 l鈥櫭﹖ranger, le d茅partement a cr茅茅 un site Web () qui donne des informations sur les agences de transfert de fond, les taux de change et les frais de transaction.

Discrimination

Dans les pays industrialis茅s, les immigr茅s subissent 茅galement une discrimination du fait des politiques des secteurs public et priv茅, 脿 cause desquelles il leur est difficile de gagner un salaire d茅cent, indique M. Bala Sanusi de la coalition African Diaspora Voices for Africa鈥檚 Development (ADVAD), bas茅e au Royaume-Uni.

鈥淐ertaines politiques d鈥檌mmigration en vigueur sont injustes pour les Africains de la diaspora, indique-t-il, car elles restreignent la libert茅 de circulation de travailleurs qualifi茅s et les emp锚chent ainsi de chercher de meilleures possibilit茅s d鈥檈mploi. Dans un message remis 脿 la Commission pour l鈥橝frique cr茅茅e par le Premier Ministre britannique Tony Blair, l鈥橝DVAD a critiqu茅 certaines r茅glementations adopt茅es par les pays industrialis茅s, notamment depuis les attentats terroristes qui ont eu lieu aux Etats-Unis le 11 septembre 2001. Du fait du renforcement des mesures de s茅curit茅, il est plus difficile qu鈥檃uparavant pour les immigr茅s originaires des pays pauvres d鈥檈ntrer dans les pays industrialis茅s ou d鈥檡 vivre et d鈥檈ffectuer des t芒ches aussi simples qu鈥檕uvrir un compte en banque.

Souvent, les banques n鈥檈ffectuent des transferts de fonds que pour les d茅tenteurs de comptes. Or les immigr茅s peuvent avoir du mal 脿 ouvrir un compte, car il faut pr茅senter un justificatif d鈥檈mploi et de r茅sidence et une pi猫ce d鈥檌dentit茅. Rien qu鈥檃ux 脡tats-Unis. les estimations du nombre d鈥檌mmigr茅s clandestins varient de 7 脿 plus de 20 millions.

Les r茅glementations nouvelles ou plus strictes 鈥渧isant notamment 脿 conna卯tre ses clients, adopt茅es dans le cadre des programmes de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d鈥檃rgent, se traduisent par un meilleur contr么le et une responsabilisation et une transparence plus grandes鈥�, notent MM. Sander et Maimbo dans l鈥櫭﹖ude de la Banque mondiale. Mais ces r茅glementations 鈥渙nt 茅galement rendu plus difficile l鈥檃cc猫s aux banques, 脿 la fois pour les particuliers et les organismes de transfert de fonds鈥�.

Elaboration de politiques

Ce qu鈥檌l est urgent de faire, explique la Ministre des affaires int茅rieures de l鈥橝frique du Sud, Novisiwe Mapisa-Nqakula, c鈥檈st de maintenir l鈥檕uverture et le caract猫re constructif du d茅bat. A pr茅sent, explique-t-elle, le d茅bat semble se caract茅riser 鈥減ar l鈥檌mportance accord茅e 脿 la s茅curit茅 au d茅triment du d茅veloppement鈥�. Le d茅bat doit au contraire 鈥渟鈥檃ppuyer sur une approche qui place les int茅r锚ts de l鈥檈nsemble de l鈥檋umanit茅 avant les int茅r锚ts particuliers d鈥橢tats ou de groupes d鈥橢tats鈥�.

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鈥淐omme beaucoup de mes coll猫gues, je passe par des r茅seaux informels d鈥檃mis pour envoyer de l鈥檃rgent dans mon pays, parce que je n鈥檃i pas de papiers.鈥�

鈥� un Zimbabw茅en travaillant aux Etats-Unis

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Il faut d鈥檃bord, explique-t-elle, constituer un solide ensemble de recherches sur les questions ayant trait 脿 la migration et au d茅veloppement. Les donn茅es portant sur la mobilit茅 des travailleurs qualifi茅s en Afrique et 脿 l鈥檈xt茅rieur de l鈥橝frique restent floues. Les relations complexes entre migrations internationales, formation, march茅s de l鈥檈mploi et questions 茅conomiques et s茅curitaires annexes n鈥檕nt pour la plupart pas 茅t茅 茅tudi茅es. Environ deux tiers des pays d鈥橝frique subsaharienne ne publient actuellement aucune donn茅e sur les transferts de fonds. Dans ces pays, investir dans des syst猫mes de suivi permettrait de comprendre la nature et la quantit茅 de ces flux d鈥檃rgent.

L鈥檃n dernier, au sommet du Groupe des huit qui s鈥檈st tenu 脿 Sea Island (Etats-Unis), les pays industrialis茅s se sont engag茅s 脿 am茅liorer les flux financiers ainsi que les m茅thodes de collecte des donn茅es, dans les pays d鈥檕rigine et de destination. Ils se sont engag茅s 脿 coop茅rer 脿 cette fin avec les institutions financi猫res internationales, comme la Banque mondiale.

R茅duction de la pauvret茅

A l鈥櫭ヽhelle nationale, il convient, d鈥檃pr猫s les experts, d鈥櫭﹍aborer des politiques co-h茅rentes de migration et de d茅veloppement et de les int茅grer aux programmes de d茅ve-loppement 茅conomique. Dans de nombreux pays, les documents de strat茅gie pour la r茅duction de la pauvret茅, qui constituent les principaux moyens de r茅duire la pauvret茅, ne font aucune mention des migrations. La Banque mondiale, qui, avec le FMI, d茅cide des pr锚ts accord茅s aux pays en d茅veloppement dans le cadre des documents de strat茅gie, a indiqu茅 en mars 2004 que ces documents faisaient preuve d鈥檜ne grande ambivalence vis-脿-vis des migrations 鈥� soit en ne les consid茅rant pas comme une question importante soit en n鈥檃bordant pas du tout le sujet. L鈥櫭﹖ude des documents de strat茅gie r茅alis茅e par la Banque note que le plus souvent, lorsque les migrations 茅conomiques sont mentionn茅es, 鈥渆lles sont jug茅es n茅gatives鈥�, de nombreux pays consid茅rant qu鈥檈lles les privent de ressources humaines essentielles 脿 leur d茅veloppement. Seuls le Cap-Vert et le S茅n茅gal mentionnent l鈥櫭﹎igration sous un angle positif dans leur document de strat茅gie et proposent tous deux des strat茅gies visant 脿 promouvoir les transferts de fonds et 脿 faire participer les 茅migr茅s au d茅veloppement national. Le Cap-Vert signale cependant que les transferts de fonds ont 茅t茅 r茅duits du fait de politiques restrictives des pays h么tes.

Comme ailleurs, dans de nombreux pays africains, les migrations rel猫vent souvent de plusieurs minist猫res ayant des int茅r锚ts divergents et parfois contraires. Les dirigeants charg茅s d鈥檃utres questions internationales, comme les n茅gociations commerciales, ne comprennent souvent pas les r茅percussions de leurs travaux sur les migrations internationales.

La Banque mondiale pr茅dit que, en 2020, les transferts de fonds en direction des pays en d茅veloppement atteindront chaque ann茅e 200 milliards de dollars. Les pays africains ne peuvent se permettent d鈥櫭猼re les laiss茅s-pour-compte de cette source de plus en plus importante de financement. D鈥檃pr猫s l鈥檃ncien ambassadeur des Etats-Unis au Nig茅ria, Howard Jeter, les 茅conomies de plus grande taille comme le Nig茅ria devraient montrer l鈥檈xemple en 茅laborant des politiques visant 脿 faire participer et 脿 faire appel 脿 leurs cito-yens vivant 脿 l鈥櫭﹖ranger.

鈥淟a diaspora africaine rec猫le de tr猫s riches comp茅tences financi猫res, techniques et intellectuelles, explique-t-il. L鈥橝frique doit exploiter ces ressources humaines et mat茅rielles en vue de rem茅dier aux d茅fis que posent le d茅veloppement, la d茅gradation de l鈥檈nvironnement, la s茅curit茅 alimentaire, l鈥檃pprovisionnement 茅nerg茅tique, le VIH/sida et la croissance 茅conomique 茅quitable.鈥�