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Le changement climatique repr茅sente une autre pierre d'achoppement pour l'obtention de r茅sultats en mati猫re de d茅veloppement, car les inondations, les s茅cheresses, les cyclones et autres risques naturels continuent de ravager l'Afrique, annulant les progr猫s r茅alis茅s au fil des d茅cennies.

Pour une Afrique qui croule d茅j脿 sous la pauvret茅, la dette, l'effritement des syst猫mes de sant茅 et une myriade d'autres probl猫mes, se remettre de la double crise de la COVID-19 et du changement climatique s'av茅rera une t芒che insurmontable.

Comme c'est le cas pour l'Afrique, l'industrialisation, l'urbanisation accrue et la croissance d茅mographique entra卯nent une demande soutenue de min茅raux, de m茅taux et de charbon 脿 l'茅chelle mondiale. Selon les Nations Unies, le nombre de personnes vivant dans les villes passera de 4,2 milliards actuellement 脿 7,3 milliards d'ici la fin du si猫cle.

听Selon les pr茅visions, l'Afrique aura le taux d'urbanisation le plus rapide du monde d'ici 脿 2050, mais c'est peut-锚tre la qu锚te d'une reprise verte qui est 脿 l'origine de la plus forte demande de min茅raux. Alors que nous red茅marrons nos 茅conomies 茅branl茅es par la pand茅mie, il est important d'adopter un mod猫le de d茅veloppement 茅conomique qui r茅duise les risques environnementaux, climatiques et de catastrophe et dont les b茅n茅fices sociaux et 茅conomiques profitent 脿 ceux qui se trouvent au bas de la pyramide, ce que l'on appelle la "reprise inclusive, verte et r茅siliente".

Au c艙ur d'une relance verte se trouve la transition vers une 茅nergie propre pour stimuler les 茅conomies, ce qui implique l'adoption de technologies qui r茅duisent les 茅missions, comme l'茅nergie 茅olienne et solaire, et la diminution des technologies bas茅es sur les combustibles fossiles, comme celles d茅riv茅es du charbon. 听

Si elle n'est pas bien g茅r茅e, la "sortie" de secteurs de l'茅conomie tels que le charbon pourrait entra卯ner des pertes massives d'emplois et de moyens de subsistance pour des millions de travailleurs et de communaut茅s dans les pays africains riches en combustibles fossiles qui connaissent d茅j脿 la pauvret茅 et l'in茅galit茅, comme l'Afrique du Sud, le Mozambique, le Nigeria, l'Angola, le Tchad et le Gabon, d'o霉 la notion de transition vers la justice. Elle peut 茅galement mettre un frein 脿 l'enthousiasme suscit茅 par les nouvelles d茅couvertes de combustibles fossiles dans des pays comme l'Ouganda et le Mozambique, r茅duisant ainsi leurs espoirs de prosp茅rit茅 茅conomique 脿 long terme. 听Ces pays pourraient se retrouver avec un casse-t锚te pour g茅rer les travailleurs, les communaut茅s et les actifs bloqu茅s.

Les min茅raux largement ignor茅s

Alors que les 茅nergies propres et la d茅carbonisation des investissements et des financements internationaux semblent dominer le discours sur le d茅veloppement, on parle moins des min茅raux, notamment des terres rares, des m茅taux et des mat茅riaux de construction n茅cessaires 脿 cette fin.

Un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale (2020) r茅v猫le que la production de min茅raux tels que le graphite, le lithium et le cobalt, pourrait augmenter de pr猫s de 500 % d'ici 脿 2050 pour r茅pondre 脿 la demande croissante de technologies 茅nerg茅tiques propres.

On estime que plus de 3 milliards de tonnes de min茅raux et de m茅taux seront n茅cessaires pour d茅ployer les 茅nergies 茅olienne, solaire et g茅othermique, ainsi que le stockage de l'茅nergie, requis pour atteindre un avenir en dessous de 2掳C. L'intensit茅 min茅rale est telle que m锚me si le taux de recyclage du cuivre et de l'aluminium est de 100 %, le recyclage et la r茅utilisation ne permettront toujours pas de r茅pondre 脿 la forte demande.

Il est surprenant de constater que les principaux cadres et programmes politiques africains, tels que l'Agenda 2063, la Zone de libre-茅change continentale africaine (ZLECAf), la Vision mini猫re africaine et le plus r茅cent Programme de stimulation verte de l'Afrique (2021), ne mentionnent pas les liens entre les min茅raux, l'action climatique et la relance verte.

Cependant, comme toute autre activit茅 mini猫re ou de d茅veloppement, les minerais 脿 l'origine de la transition vers une 茅nergie propre ont un co没t social et environnemental et, paradoxalement, une empreinte carbone propre, de l'extraction 脿 l'utilisation finale. L'exploitation mini猫re terrestre s'installe dans des zones plus 茅loign茅es, 茅cologiquement et biologiquement sensibles, telles que les zones de vie sauvage, et peut entra卯ner la d茅forestation, le d茅placement des communaut茅s locales, la cr茅ation de montagnes de d茅chets souvent toxiques et la pollution des 茅cosyst猫mes d'eau douce.

Des min茅raux pour l'action climatique

Les pays africains sont richement dot茅s de ces "min茅raux pour l'action climatique".

Environ 70 % du cobalt mondial - utilis茅 pour les batteries des t茅l茅phones portables et des voitures 茅lectriques - provient de la R茅publique d茅mocratique du Congo (RDC), et un pourcentage important de Madagascar. Des pays comme le Zimbabwe et la Namibie poss猫dent des r茅serves de lithium parmi les plus importantes au monde.

Alors que la demande mondiale augmente et que la ru茅e vers ces min茅raux par les entreprises des pays riches s'intensifie, il est essentiel de cr茅er des conditions de concurrence 茅quitables pour que les pays africains et les communaut茅s locales directement touch茅es par leur extraction b茅n茅ficient 茅galement de leurs ressources sur le plan social et 茅conomique.

Ces pays ne doivent pas souffrir de la "mal茅diction des ressources" et s'enfoncer davantage dans la pauvret茅 et l'in茅galit茅, la d茅gradation de l'environnement, les risques pour la sant茅 et la s茅curit茅, mais doivent b茅n茅ficier des financements, des technologies, des capacit茅s et de la protection sociale n茅cessaires.

La valorisation des min茅raux et la capacit茅 脿 n茅gocier des contrats gagnant-gagnant avec le secteur priv茅 et 脿 lutter contre la corruption sont essentielles si l'Afrique veut parvenir 脿 une transformation sociale et 茅conomique 脿 long terme gr芒ce aux industries extractives.

Tr猫s peu de pays africains exportent des produits min茅raux 脿 valeur ajout茅e. Le cas du Botswana, qui s'est int茅gr茅 脿 la cha卯ne de valeur de l'industrie du diamant en investissant dans la taille et le polissage des diamants et en cr茅ant des emplois locaux, devrait servir d'exp茅rience d'apprentissage pour les autres pays africains.

Par exemple, les pays riches en lithium pourraient envisager la fabrication locale de batteries lithium-ion pour exploiter les march茅s locaux, r茅gionaux et mondiaux des v茅hicules 茅lectriques et de l'industrie solaire. Dans le m锚me temps, ils peuvent contribuer 脿 atteindre leurs objectifs nationaux 茅nonc茅s dans leur contribution d茅termin茅e au niveau national (CDN) dans le cadre de l'accord de Paris sur le changement climatique.

Solutions num茅riques vertes

Des solutions num茅riques vertes plus sophistiqu茅es, telles que l'utilisation de robots pour la r茅cup茅ration de COVID-19 et de drones pour la livraison de m茅dicaments, adopt茅es par le Rwanda, devraient d茅montrer aux autres pays africains qu'il est possible de le faire dans le contexte des pays les moins avanc茅s si la volont茅 politique est suffisante.

Les d茅fis qui emp锚chent les gains sociaux et 茅conomiques transformateurs et 茅volutifs du secteur extractif, tels qu'茅nonc茅s dans la Vision mini猫re africaine, doivent encore 锚tre relev茅s. Il s'agit notamment des importants d茅ficits d'infrastructures qui entravent la circulation des biens et des services, de la faiblesse des march茅s locaux pour les produits min茅raux, qui refl猫te le faible niveau g茅n茅ral d'industrialisation de l'Afrique, des d茅ficiences technologiques, des faibles niveaux de recherche et de d茅veloppement et des importantes lacunes en mati猫re de comp茅tences sur le continent.

La transition vers une 茅nergie propre doit respecter les normes internationales en mati猫re de travail, de sant茅, de s茅curit茅 et de droits de l'homme, en particulier les droits de l'enfant et de la femme et la protection sociale des groupes vuln茅rables. La transition doit 茅galement exploiter le dividende de la jeunesse africaine, compte tenu des taux 茅lev茅s de ch么mage des jeunes sur le continent, qui cr茅ent un terrain fertile pour l'extr茅misme violent, les conflits civils et d'autres maux sociaux.

Mme Mukarakate est la conseill猫re r茅gionale du PNUD pour le climat en Afrique.