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Selon un nouveau rapport de l’UNFPA, un nombre impressionnant de femmes n’est pas libre des choix qui concernent son corps

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Selon un nouveau rapport de l’UNFPA, un nombre impressionnant de femmes n’est pas libre des choix qui concernent son corps

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9 Avril 2020
Yveka, 17, visits a UNFPA mobile clinic in Haiti. Haiti's former Minister of Women, Dr. Lise Marie Dejean, says many women lack autonomy over their bodies and health
UNFPA
Yveka, 17 ans, se rend dans une clinique mobile de l’UNFPA en Haïti. Le Dr Lise Marie Dejean, ex-ministre des Droits des femmes, explique que de nombreuses femmes manquent d’autonomie dans les choix qu’elles font pour leur corps et leur santé.

Sur neuf grossesses, Kadiatou a malheureusement donné naissance à cinq enfants morts-nésÌý; les accouchements ont tous eu lieu à son domicile, dans une région rurale du Mali. Elle a chaque fois accouché sans l’aide d’une personne qualifiée, et n’a jamais reçu de soins prénatals.

Rien de tout cela n’a été un choix.

Sa neuvième grossesse s’est terminée par un travail prolongé et des douleurs terribles, ce qui a conduit à une fistule obstétricale, une blessure traumatique qui crée une incontinence chronique, et qui peut aussi provoquer des douleurs, une infection et même le rejet de la personne par sa communauté.

Malgré les circonstances, la famille de son mari a refusé de l’autoriser à demander des soins.

«ÌýMon mari voulait m’envoyer à Bamako pour y être soignéeÌý», explique à l’UNFPA Kadiatou, qui a 46 ans, «Ìýmais son petit frère s’y est opposé, en disant que ce n’était pas si graveÌý».

Elle a souffert pendant un an avant d’enfin bénéficier de la chirurgie réparatrice dont elle avait besoin.

Le cas de Kadiatou n’est pas isoléÌý: des millions de femmes dans le monde n’ont pas le pouvoir de faire des choix essentiels en ce qui concerne leur corps et leur santé.

Kadiatou was not empowered to seek care after she developed an obstetric fistula, a traumatic birth injury.
Kadiatou n’a pas eu le droit de demander des soins après avoir développé une fistule obstétricale, qui est une blessure traumatique survenant parfois lors d’un accouchement.

UnÌýÌýpropose, pour la première fois, une vue d’ensemble du pouvoir de décision qu’ont les femmes sur leur corps. Les conclusions sont consternantes.

En s’appuyant sur des données provenant de 57 pays, on constate qu’un quart des femmes n’a pas la possibilité de décider de son propre accès aux soins de santé. Un quart des femmes de ces 57 pays n’a pas le pouvoir de refuser un rapport sexuel avec son mari ou partenaire. Près d’une femme sur 10 n’est pas libre de ses choix en matière de contraception.

Seules 55Ìý% des femmes sont en mesure de faire leurs propres choix dans ces trois domaines à la fois.Ìý

Dans plus de 40Ìý% de ces pays, le pouvoir de décision des femmes ne s’améliore pas, et va jusqu’à régresser. Au Bénin, par exemple, 41% des femmes pouvaient faire ces choix en 2006, contre 36% en 2018.

«ÌýLes femmes ne parlaient presque jamaisÌý»

Le Dr Lise Marie Dejean a pu constater tout cela par elle-même lorsqu’elle exerçait dans le sud-ouest d’Haïti.

«ÌýJe me souviens de la période où j’animais des sessions de formation pour les couples sur la santé procréativeÌý», raconte-t-elle. «ÌýLes femmes ne parlaient presque jamais. C’étaient toujours les hommes qui s’exprimaientÌý».

The world has agreed to achieve the Sustainable Development Goals, an ambitious set of goals to improve human welfare. These new data will help track progress towards the Sustainable Development Goal on gender equality.
Le monde entier s’est mis d’accord sur des Objectifs de développement durable, un ensemble de buts à atteindre pour améliorer le bien-être de chacun et chacune. Ces nouvelles données vont permettre de mesurer les progrès faits dans la poursuite de...

Ces expériences ont beaucoup marqué le Dr Dejean. Elle est par la suite devenue la toute première ministre du Statut et des Droits des femmes, et a fondé l’association féministe Solidarite Fanm Ayisyen.

Les nouvelles données de l’UNFPA montrent que plus de 20Ìý% des femmes haïtiennes ne sont pas libres de faire leurs propres choix en matière de santé. On estime être presque identique la part de femmes qui ne peuvent pas refuser un rapport sexuel avec leur partenaire. 7Ìý% ne peuvent pas prendre de décision en matière de contraception. De façon générale, seules 59% des femmes haïtiennes ont la capacité de faire leurs propres choix dans ces trois domaines à la fois.

La pauvreté et l’isolation rurale peuvent aggraver les choses. «ÌýDans deux localités isolées de Grande Anse, Lopineau et Massanga, j’ai également remarqué que c’étaient les hommes – membres de communautés paysannes – qui venaient me demander un contraceptif pour leur femme. En d’autres termes, lorsque les femmes avaient recours à la contraception, c’était par une méthode choisie par un hommeÌý», ajoute le Dr Dejean. «ÌýTout cela reflète à mon avis un manque d’autonomie chez les femmesÌý».

Entre la loi et la réalité, un gouffre

Le nouveau rapport de l’UNFPA lance également un système permettant de mesurer l’application par les gouvernements des lois de protection de l’accès des femmes à l’information et aux services deÌý.Ìý

Au Mali, où vit Kadiatou, sont en place 79Ìý% des lois et des régulations nécessaires à la garantie de l’accès total et égalitaire aux droits et à la santé sexuelle et procréative. Les lois du Mali garantissent par exemple l’accès aux soins de santé maternelle. Cela rend le cas de Kadiatou particulièrement éclairantÌý: les lois n’ont pas suffi à soutenir son droit à une grossesse et un accouchement sûrs.

Laws in Mali protect women's access to maternal health care. But the data show that, in some places, there is a gulf between laws and women's realities.
Les lois du Mali protègent l’accès des femmes aux soins de santé maternelle. Pourtant, les données montrent que dans certaines régions, il existe un gouffre entre les lois et la réalité de ce que vivent les femmes.

En réalité, le Mali fait partie des pays présentant un écart significatif entre les mesures légales mises en place pour protéger l’autonomie des femmes, et les expériences réelles de celles-ci. Les résultats de l’étude peuvent permettre d’identifier les actions nécessaires et les endroits où les appliquer. Certains pays ont besoin d’intervenir pour améliorer les comportements et l’éducation, tandis que d’autres présentent encore des lacunes juridiques immenses.

Le rapport souligne également un autre manque crucialÌý: plus de 100 pays du monde n’ont pas de données disponibles sur le pouvoir de décision des femmes sur leur santé sexuelle et procréative, ni sur les lois qui garantissent leur accès à l’information et aux services de santé.

«ÌýIl est urgent d’agir pour recueillir ces données, à la fois dans les pays à faibles et moyens revenus et dans les pays à hauts revenus, pour concrétiser notre engagement en faveur d’un accès universel aux droits et à la santé sexuelle et procréativeÌý», déclare Mengjia Liang, spécialiste des données pour l’UNFPA, qui a travaillé sur ce rapport.

«ÌýAvant d’avoir ces données, nous savions déjà que le choix des femmes en matière de santé sexuelle et procréative était une difficulté énorme, et que des lois restrictives étaient en place, mais nous n’avions pas de chiffres qui le prouvaientÌý», ajoute Emilie Filmer-Wilson, experte des droits de la personne auprès de l’UNFPA, qui a également travaillé sur ce rapport. «ÌýCes données nous montrent qu’il est urgent d’intensifier nos efforts pour soutenir les droits des femmes et leur libre-arbitreÌý».

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