Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Je suis Calvin Mwila Chilufya, technicien en radiographie médicale et technologue en tomodensitométrie de 40 ans. Je travaille actuellement à l'h?pital privé Lenmed Health Bokamoso à Gaborone, la capitale du Botswana. J'ai suivi une formation en Zambie, mon pays d'origine, puis j'ai poursuivi mes études en Afrique du Sud et au Bangladesh.
Depuis combien de temps travaillez-vous dans le secteur de la santé ? Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir une carrière dans le secteur de la santé ? Avez-vous des craintes ou des regrets ?
J'ai commencé à travailler comme technicien en radiographie en 2004. Je suis arrivé au Botswana deux ans après le début de ma carrière et j'ai travaillé pour un h?pital de mission pendant sept ans avant de rejoindre l'h?pital privé Bokamoso. J'étais animé par la passion d'aider l’humain et de voir les gens sortir de leurs problèmes de santé. Je tire plaisir des contributions que j'apporte à la santé publique.
En raison du confinement, mon travail a changé radicalement dans tous les sens. Du c?té positif, nous traitons maintenant un nombre limité de patients et cela nous donne le temps de bien les gérer. De l’autre c?té, il y a une crainte instinctive à chaque rencontre de contracter la COVID-19 puis d'infecter ma famille et mes amis.
Comment contribuez-vous à la lutte contre COVID-19 ? En quoi votre travail a-t-il changé depuis l'apparition de COVID-19 ?
En tant que technicien en radiographie, je suis directement impliqué car les patients COVID-19 ont des problèmes respiratoires et le service de radiologie est la première ligne d'investigation.
La sécurité est primordiale et il est de ma responsabilité de m'assurer que je ne suis pas infecté et que je n'infecte pas les patients avec la COVID-19. Bien que nous ayons des lacunes, j'essaie d'utiliser tous les appareils à ma disposition comme les équipements de protection individuelle (EPI), en respectant les protocoles établis comme le décongestionnement de notre service et en encourageant nos patients et collègues à observer la distanciation sociale. Je conseille également les personnes qui visitent le service de radiologie sur les dangers de cette pandémie et m'assure qu'elles portent toujours un masque.
Je dois être très prudent et ne laisser aucune place à l'erreur. Le défi évident réside dans les longues heures de travail et les gardes. Il faut donc que, même lorsqu'on est réveillé, les précautions précèdent toute activité clinique.
Mon lieu de travail a brusquement changé, il s'est quelque peu transformé en "zone de guerre", car nous devons nous battre pour nos précieuses vies à chaque coucher et lever du soleil.
Qu'est-ce qui vous affecte le plus dans cette situation COVID-19 ? Qu'est-ce qui vous permet de continuer ? Comment faites-vous face à la situation ?
Ce qui me préoccupe le plus, c'est de mener une bataille qui semble perdue d'avance, sans vaccin ni remède en vue.
Le sentiment que ma profession est ma vocation me permet de tenir. Je reste motivé par le fait qu’en toute bataille, on a besoin de soldats s en première ligne. Pour l'amour de l'humanité et le souci des autres, le travail doit se poursuivre. Servir est un privilège.
Pendant cette période, j'écoute toujours des conférenciers motivateurs pour renforcer mon moral. Se concentrer sur le positif dans les moments d'adversité est le meilleur remède. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous battre pour éradiquer cette menace mondiale avant qu'elle ne nous relègue tous à l’histoire.
Quelle stratégie, selon vous, a bien fonctionné dans ce combat et qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Que faut-il faire pour gagner la guerre contre la COVID-19 ?
Pour moi, le confinement a été la plus grande garnison qui a contribué à calmer cette pandémie cauchemardesque. Je pense que c'est une réussite pour le Botswana.
Cependant, le fait que les gens doivent continuer à gagner leurs vies a été le plus grand défi contre COVID-19. La maladie nous a surpris et la plus grande partie de la population n'avait pas de réserves alimentaires durables.
La solution ultime pour lutter contre ce virus est de découvrir un remède, sinon, des mesures temporaires comme le confinement devraient être maintenues et soutenues au niveau mondial, avec une approche pluridisciplinaire, cohérente et coordonnée au niveau international.
Quel est votre message aux habitants de votre pays, et à vos concitoyens africains en général, en cette période de la COVID-19 ?
La COVID-19 est un ennemi qui peut détruire des générations. On a besoin de tout le monde pour protéger les vies. Je nous encourage tous à rester en sécurité, à assurer la sécurité des autres et à faire front commun pour qu'ensemble nous puissions sortir victorieux.
Acceptons le fait que nous sommes confrontés à une infortunée crise et que nous devons nous adapter à la "nouvelle normalité". Que Dieu bénisse le Botswana ! Que Dieu bénisse le reste du monde !