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La santé maternelle s’améliore en Afrique

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La santé maternelle s’améliore en Afrique

Mais trop nombreuses sont celles qui meurent encore de complications à l'accouchement
Photo: UN/Eskinder Debebe

Ces dernières années, les cris stridents d'un nouveau-né apportent plus de joie que d'angoisse dans les maternités à travers l'Afrique. Gifty Addico, conseillère du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), basée en Afrique du Sud explique que c'est parce que la mortalité maternelle est en baisse sur le continent. De nouveaux chiffres dans un rapport de l'ONU, Tendance en matière de Mortalité Maternelle: de 1990 à 2010, montrent que la mortalité maternelle affiche une baisse de 41% au cours des 10 dernières années en Afrique sub-saharienne.

«Plus de mères et leurs bébés restent en vie après la naissance, et c'est un très bon signe», commente Mme Addico, d’une voix de plus en plus empreinte d’émotion. «Mais nous devons redoubler d’effort pour s'assurer que chaque mère vit pour voir son enfant,» a-t-elle déclaré à Afrique Renouveau.

Mortalité maternelle en baisse

Une campagne de sensibilisation baptisée Chaque Femme, Chaque Enfant, initiée par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, en Septembre 2010, soutient les efforts visant à réduire la mortalité maternelle. Cette campagne a pour objectif de sauver 16 millions de femmes et d'enfants d'ici à 2015, dans le cadre d’une directive élargie des Objectifs du Millénaire pour le développement de l’ONU.

Un programme similaire avait été lancé un an plus tôt. L'initiative menée par l’Afrique, a initié la Campagne pour l'Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA), mis en place par l'Union africaine, en partenariat avec le FNUAP. Plutôt que de développer de nouvelles stratégies et plans, elle a apporté un grand soutien à ceux existants sur le terrain.

En trois ans, depuis l'initiation de CARMMA, 37 des 54 pays d'Afrique ont pris des mesures pour améliorer les programmes et services nationaux de santé maternelle. Environ 30 ont pris des engagements politiques explicites, comme la mobilisation de fonds réservé uniquement à la santé maternelle. Le Rwanda offre désormais des incitations financières aux établissements de santé les plus performants.

Le Dr Wilfred Ochan, un représentant adjoint du FNUAP, déclarait à Afrique Renouveau que CARMMA a exhorté les pays africains à mettre sur pied «une feuille de route pour la santé de la mère et du nouveau-né». L’Ouganda et le Kenya, par exemple, se concentrent sur la formation des sages-femmes, l'amélioration du délai d’intervention des ambulances, l’encouragement de la mobilisation communautaire, la réduction du nombre d'enfants mort-né et une augmentation de l'utilisation des programmes de planning familial.

Akinyele Eric Dairo, responsable de programme et conseiller technique au FNUAP, a déclaré à Afrique Renouveau que la santé maternelle s'est améliorée grâce à «la plus grande attention que l'Union africaine et ses États membres» ont consacré à ce problème.

Les Enfants orphelins de mère

Cependant avec de tels progrès, la triste réalité demeure que chaque année, plus d'un million d'enfants se retrouvent orphelins. Globalement, une sur 30 femmes meure encore des complications liées à l'accouchement, et un demi-million d'entre-elles meurent de causes évitables, rapporte le FNUAP. «Ce qui est inacceptable», souligne Mme Addico. «Simplement inacceptable.»

Des frais élevés pour des services de maternité et d'hospitalisation, l'accès aux services de santé proches limité ou inexistante et un personnel de santé réduit sont quelques-uns des facteurs qui affectent la santé maternelle, explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Par conséquent, les complications lors de l'accouchement peuvent présenter des risques très élevés aussi bien pour la santé maternelle qu’infantile.

Mme Addico décrie la fragilité des systèmes de santé en Afrique. Les mères qui arrivent à l'hôpital peuvent attendre de longues heures avant de voir un médecin. Les installations ne disposent pas souvent de ressources adéquates – en matériel comme en personnel - pour aider les mères à accoucher.

L'OMS signale aussi que les femmes, en particulier les jeunes futures mères, pourraient ne pas être pleinement conscientes des risques pour la santé quand elles sont à terme. Les jeunes femmes qui sont devenues enceintes et ont accouché entre 15 et 20 ans sont deux fois plus susceptibles de mourir pendant l'accouchement que les femmes à l’âge de 20 ans ou plus. Les filles de moins de 15 ans sont cinq fois plus susceptibles de mourir pendant l'accouchement.

«C'est quelque chose que nous devons changer», insiste le Dr Ochan. Il croit que travailler en partenariat avec les chefs religieux et culturels influents pourrait permettre de résoudre certains de ces problèmes.

Les barrières religieuses ont longtemps constitué des défis, reconnait Mme Addico. Par exemple, certains établissements de santé gérés par des groupes religieux, pourraient ne pas offrir des services de planning familial ou d'autres alternatives qu’ils n’approuvent pas. La Communauté Est-africaine a fait un effort d’harmoniser les politiques dans la région en s’assurant que les femmes qui vont dans les hôpitaux religieux soient également suivies par un établissement sanitaire alternatifs.

L’accès limité aux soins de santé pour les patientes souffrant du VIH / sida constitue un autre obstacle, souligne Mme Addico. «Nous avons tendance à oublier que les femmes vivant avec le VIH ont des besoins maternels et reproductifs à cause de la stigmatisation liée au sida. Nous ne pouvons pas les ignorer.»

Plus d’investissement nécessaire

Malgré des améliorations significatives en matière de santé maternelle, soutient M. Dairo, il existe encore «un besoin très urgent d’intensifier les interventions en santé maternelle.» ce dernier souligne que les investissements dans la santé des femmes, en particulier la santé sexuelle et reproductive, peuvent empêcher la mort pendant l'accouchement.

Selon le FNUAP, seulement six pays (le Rwanda, le Botswana, le Niger, le Malawi, la Zambie et le Burkina Faso) ont atteint l'objectif d'allouer au moins 15% de leur budget annuel à la santé, un objectif fixé lors du sommet africain sur le VIH / sida tenu à Abuja, au Nigeria, en 2000.

Par ailleurs, M. Dairo ajoute que la plupart des pays qui ont atteint l'objectif de 15% l'ont fait «grâce aux contributions de donateurs extérieurs au secteur de la santé.» Il propose que les pays africains mettent délibérément et systématiquement de côté de l'argent à partir de leurs propres budgets de soins de santé, «surtout quand il s'agit de prendre soins des femmes et des enfants.»

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